Lincoln Clay est un bon gars qui n'a pas eu la vie facile. De retour de la guerre du Vietnam, il regagne New Bordeaux en 1968, et il n'est clairement plus plus le même qu'au moment où il était parti. Pour assurer sa survie, il accepte de tremper dans une affaire de cambriolage, dont ses associés du moment l'assurent qu'elle va rapporter gros... Seulement, Lincoln et sa famille de cœur se font trahir bien comme il faut, et le bidasse en reconversion est le seul à s'en tirer, non sans mal. Il découvre alors que c'est la mafia italienne qui est à l'origine du carnage visant à porter un coup à la mafia noire, dont Lincoln fait partie. C'est là que la quête de vengeance commence...
Ma famille à moi, c'est celle que j'ai choisie
De prime abord, on pourrait s'interroger sur la proposition dans le contexte de la série Mafia. Les doutes sont rapidement balayés par une intrigue qui démarre sur les chapeaux de roue : une mise en scène use habilement de flashbacks pour expliquer comment Lincoln en est arrivé à copiner avec les Italiens et met en lumière qu'avant même d'être trahi par eux, il avait déjà pas mal d'ennemis sur le dos. Car le héros de Mafia III est un personnage qui a de l'épaisseur : orphelin recueilli par la pègre de New Bordeaux, Lincoln n'est pas un malfrat ordinaire. Ses motivations et son affection pour sa famille adoptive font de lui un personnage rapidement attachant, alors même que la première scène du jeu permet de tirer à bout portant dans la tête d'un type ligoté sur une chaise.La narration du jeu s'annonce comme l'un de ses points forts. Sans trop en dire pour ne pas gâcher la surprise, disons qu'elle valorise une certaine anticipation des événements : on comprend très vite que l'histoire de Lincoln ne va pas simplement se résumer à une banale quête de vengeance. Durant la présentation de l'E3, on avait pu découvrir les différents alliés de Clay, à savoir Cassandra, Vito et Burke. La première heure permet de rencontrer Cassandra, et de cerner ses motivations. Clairement, l'entourage de Lincoln n'est pas composé d'enfants de choeur, et les intérêts des uns n'étant pas ceux des autres, il va falloir composer avec des divergences non négligeables.
Baston ou infiltration ?
Côté gameplay, le jeu laisse très vite le choix entre une approche brutale et une approche discrète. Selon le niveau de difficulté choisi, les ennemis sont plus ou moins sur leur garde et permettent de faire le ménage de manière discrète, jusqu'à un certain point tout du moins. Car Mafia III n'est pas un jeu d'infiltration pur jus, et Lincoln attire nécessairement l'attention sur lui à certains moments. On trouve donc des phases de jeu où tuer tous les ennemis est nécessaire pour progresser : c'est principalement le cas dans les missions scriptées. Dans d'autres cas, on peut rallier un point précis sur la carte, sans avoir à dézinguer tout le monde, mais mieux vaut être prudent, car les adversaires de Lincoln sont généralement bien armés.Heureusement, Clay n'est pas seul, et il est possible d'appeler des alliés à la rescousse pour avoir un petit coup de main si les ennemis sont trop nombreux. Mais attention : les fusillades, tout comme une conduite trop peu respectueuse du code de la route, ont tendance à attirer la police. Cette dernière se joint donc à la fête, bien décidée à mettre un terme aux affrontements mafieux. Bizarrement, c'est après le joueur que la police en a, même si des ennemis bien plus nombreux sont généralement dans le coin : mieux vaut alors fuir la zone pour échapper au rayon d'alerte de la police.
De ce côté-là, le jeu ne réinvente pas la roue et s'inspire des mécaniques des précédents Mafia, ou encore de titres comme GTA. On apprécie cependant quelques mécaniques qui apportent un challenge supplémentaire, comme le signalement de crimes qu'il est possible de stopper : en 1968, les téléphones portables n'existent pas, et les civils qui voient Lincoln commettre des méfaits doivent donc partir à la recherche d'un téléphone pour appeler la police. On peut alors décider de fuir au plus vite ou de stopper l'alerte à sa source... Tout est une question de choix.
La richesse de l'open world
L'ambiance de Mafia III s'annonce très convaincante. Et la ville elle-même y est clairement pour beaucoup. New Bordeaux est l'un des personnages centraux du jeu, avec ses quartiers aux atmosphères si différentes, ses habitants qui varient d'un coin à l'autre de la ville, et ses rues animées. Réécriture de la Nouvelle-Orléans, New Bordeaux accueille un carnaval de Mardi Gras qui est le théâtre du début des événements du jeu. A déambuler au milieu des habitants costumés, certains dans un état d'ébriété avancé, on prend conscience que l'ambiance du jeu est totalement associé à celui de la ville.Et le meilleur dans tout ça, c'est que nous n'avons exploré qu'une infime partie de la carte mise à disposition du joueur. Outre la ville, il sera possible d'aller dans le bayou et de visiter des zones accessibles uniquement lors de missions spécifiques. Et progressivement dans l'histoire, les quartiers seront libérés par Lincoln, puis gérés par ses différents alliés. En fonction de ces choix, la ville évoluera...
Classique mais profond
Malgré un gameplay classique qui rappelle celui de la plupart des open world urbains - notons d'ailleurs que la maniabilité des véhicules s'avère plutôt convaincante - Mafia III a vite fait de prendre aux tripes avec une intrigue percutante, et des thèmes qui s'avèrent encore tristement d'actualité malgré le décalage entre notre époque et celle du jeu. Le racisme, la ségrégation, la pauvreté et la plongée dans les sombres méandres de la pègre sont autant de composantes de l'histoire de Mafia III, des thèmes plutôt rares dans les jeux vidéo.Le studio Hangar 13 semble en tout cas avoir soigné le travail et, même s'il faudra aller au-delà des trois premières heures de jeu pour voir si le titre tient ses promesses, il y a clairement de nombreuses raisons de patienter jusqu'au 7 octobre pour goûter à la version finale du jeu.