Remettre sur pieds une personne paraplégique est un défi de taille pour la communauté scientifique. Mais grâce aux exosquelettes et à la réalité virtuelle, cette perspective devient petit-à-petit une possibilité réelle. C'est principalement en stimulant le cerveau des patients que chercheurs et médecins parviennent à faire en sorte qu'une personne à la moelle épinière endommagée retrouve de la mobilité, alors que la situation était considérée comme irréversible il y a de ça quelques années.
Miguel Nicolelis est le principal auteur d'une étude qui démontre les possibilités de cette combinaison. Ce professeur de l'université de Duke travaille sur la question avec son équipe, et est parvenu à faire passer la moitié des patients qui participent à son programme d'une paralysie complète à, désormais, incomplète. « Personne n'a jamais imaginé qu'un jour, nous serions en mesure de parler de la possibilité d'utiliser des interfaces cerveau-machine pour induire la récupération neurologique partielle chez les patients qui ont été diagnostiqués comme ayant une lésion complète de la moelle épinière » explique le scientifique. « Comme vous pouvez l'imaginer, c'est pour nous une étape très importante. »
Concrètement, comment ça marche ? La réalité virtuelle est utilisée sur le patient paralysé pour envoyer des informations au cerveau, en lui donnant l'impression que la personne est en train d'avancer sur ses deux pieds. Il s'agit en réalité d'un avatar virtuel, mais l'information stimule le cerveau et donne des informations concernant la manière dont il interprète les données liées à la marche. Ces signaux du cerveau sont ensuite convertis en commandes mécaniques destinées à alimenter l'interface homme-machine de l'exosquelette. C'est ainsi que des patients équipés d'un tel appareil peuvent bénéficier d'une assistance personnalisée.
Une récupération en dehors de la machine
Mais ce n'est pas le seul résultat qu'a donné le travail de l'équipe de Nicolelis : les chercheurs ont également découvert au bout de 7 mois d'expérience que la démarche stimulait tellement certains patients que ce le système nerveux de ces derniers récupérait très concrètement ses fonctions. « Au bout de 10 mois, un patient est passé de la situation où il ne pouvait pas rester debout avec des attelles, à celle où il est capable de marcher à l'aide d'un déambulateur, des attelles, et l'aide du thérapeute. » La théorie de Miguel Nicolelis, c'est que la combinaison des technologies utilisées oblige les patients à imaginer un mouvement de façon intense, ce qui pousse à travailler « des circuits neuraux dormants ayant survécus au traumatisme de la blesse initiale ».Les chercheurs ont encore beaucoup de travail avant de parvenir à comprendre précisément le phénomène et l'optimiser davantage, mais cette découverte s'avère très positive et encourageante.