Pour la Cour des comptes, Ariane 6 doit évoluer (avant même d'avoir décollé)

Bastien Contreras
Publié le 07 février 2019 à 20h04
Ariane 5

Prévue pour 2020, la fusée Ariane 6 permettra-t-elle de rivaliser efficacement avec ses concurrents ? Aucune chance en l'état, selon la Cour des comptes. L'institution a en effet épinglé le lanceur dans un rapport, pointant du doigt son retard technologique.

Comme tous les ans, la Cour des comptes publie un rapport relatif à la gestion des comptes des services publics. Parmi les sujets abordés cette année, figure la conquête spatiale et l'organisme en profite pour donner son point de vue sur le futur lanceur Ariane 6.

Des concurrents plus puissants qu'auparavant

Et le moins qu'on puisse dire, c'est que la Cour des comptes ne cherche pas à épargner Arianespace et l'Agence spatiale européenne (ESA).

En premier lieu, le rapport met en avant les nouveaux défis du marché. Si l'accès à l'espace concernait autrefois essentiellement la défense ou les télécommunications, il possède aujourd'hui de multiples applications, telles que la géolocalisation ou les technologies liées aux objets connectés et aux véhicules autonomes. Et au-delà des enjeux commerciaux, il est également question d'influence politique pour les États.

De plus, l'Europe doit aujourd'hui faire face à une concurrence accrue, avec de nouvelles puissances comme la Russie ou la Chine, mais également des acteurs privés tels que SpaceX, l'entreprise d'Elon Musk. La Cour des comptes appelle donc les pays européens à unir leurs efforts, s'ils veulent exister sur un marché global si compétitif.

Une technologie déjà dépassée

C'est d'ailleurs le sens du futur lanceur Ariane 6, financé par l'Europe et qui doit lui permettre d'accéder à l'espace de façon autonome. Problème : d'après la Cour des comptes, la technologie employée apparaît déjà obsolète, alors que la production de la fusée n'est même pas encore achevée. Par conséquent, le lanceur « doit évoluer rapidement pour rester compétitif », face à des concurrents américains qui ont déjà recours à des technologies de rupture et des lanceurs réutilisables (autrement dit, qui peuvent être récupérés après un tir).

L'une des causes de ce retard viendrait d'une pénurie des marchés publics en Europe. Les rivaux américains d'Ariane 6 s'appuient en effet largement sur cette source de revenus pour mettre au point de nouvelles technologies. La Cour des comptes appelle donc à une plus grande implication des partenaires européens, qui auraient tout intérêt à contribuer au développement de leur propre programme spatial.

Source : Bloomberg

Bastien Contreras
Par Bastien Contreras

Ingénieur télécom reconverti en rédacteur web. J'écris sur les high tech, les jeux vidéo, l'innovation... J'ai d'ailleurs été responsable d'accélérateur de startups ! Mais je vous réserve aussi d'autres surprises, que vous pourrez découvrir à travers mes articles... Et je suis là aussi si vous voulez parler actu sportive, notamment foot. Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est comme du FIFA, mais ça fait plus mal aux jambes.

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Commentaires (10)
yvesl

la cour des comptes, encore un truc qui devrait pas exister…

Fulmlmetal

La cour des comptes est peut etre experte en compte mais pas en ce qui concerne l’activité spatiale.
Le fait que Ariane 6 ne soit pas réutilisable n’est pas un élément de retard ou de rupture technologique. La réutilisation ne fait pas vraiment gagner d’argent à Spacex, c’est surtout qu’elle lui permet une plus grande cadence de tir, mais pour cela il faut le soutien des institutions qui doivent fournir pleins de lancements, ce que fait les USA avec les vols militaires ou vers ISS. Malheureusement en europe, nos sat militaires et scientifiques ont les lancent avec les fusées russes principalement donc cherchez l’erreur.
Ariane 6 sera compétitive, et je ne voit pas en quoi elle esera en retard technologiquemetn sur ses concurrents US. Quand aux russes ils sont plutot à la ramasse et son les premières victimes de SpaceX, et les chinois se limitent au marché asiatique.

Niverolle

“La Cour des comptes appelle donc à une plus grande implication des partenaires européens” ==> Ah, c’est donc ça, (comme toujours) Airbus et Safran veulent (encore) plus de sous sous dans leurs poches…

Si tant est que ces fameux “partenaires européens” en aient quoi que ce soit à f…tre de notre (chère) Cour des Comptes, c’était avant la validation du projet Ariane 6 (fin 2014), qu’il fallait émettre des doutes (si tant est qu’ils soient justifiés).

avandoorine

LA réutilisation fait gagner de l’argent à SpaceX c’est une simple question de maths, entre produire un nouveau premier étage et en réutilisé l’économie de coût est bien là. Et SpaceX n’en est qu’au début Cela ne fait que deux ou trois vols qu’ils ont la version Block 5 réutilisable plus de deux fois.

Ariane 6 profitera sûrement sur les commandes institutionnelles, mais la fiabilité de SpaceX est là avec son coût inférieur, mais aussi une politique commerciale plus agressive. Il est sûr que SpaceX est un concurrent avec lesquels il faut compter, et clairement Ariane 6 n’est “qu’une évolution” ca améliorera peut être les choses, mais elle n’est pas là de voler, et pendant ce temps d’autres sociétés vont aussi se lancer sur le marché, comme Blue Origin.

manu0086

Une question de maths? t’as une idée des coûts pour qu’elle devienne réutilisable? Tu ne fais pas des maths, t’as juste une logique simpliste découlant du marketing de Musk.
Sais-tu qu’il y a énormément de produits qui coûtent moins cher à produire qu’à recycler/rénover? cette logique ne t’est jamais venu à l’esprit?
De plus, elles seront moins réutilisables qu’espéré initialement… ce sont toutes les estimations initiales qui ne valent déjà plus rien. Actuellement, ils ne savent pas si cela sera réellement économique.

En attendant, les USA paient beaucoup plus cher qu’à la concurrence pour soutenir SpaceX qui n’est pas rentable… combien de temps cela va durer?
Perso, je crois beaucoup plus en Blue Origin et Boeing… d’ailleurs la NASA ne met pas tous ses oeufs dans le même panier et ne prend pas les promesses de SpaceX pour acquis.

Niverolle

“simple question de maths” ==> justement cela n’a rien d’évident, puisque l’on perd le bénéfice des économies d’échelle, et que la charge utile est forcément amputée par rapport à celle d’un lanceur optimisé pour un seul vol (et donc sacrifié) comme Ariane.
Il n’existe pas à proprement parler de version optimisé du Falcon, mais on passe de 8,3T GTO en version sacrifié, à 5,5T GTO en version réutilisable, soit une perte de 34% qui se traduit directement sur le ratio $/kg.
Toute la question est alors de connaitre le pourcentage que représente l’économie d’un premier étage par rapport à un cycle complet de lancement/récupération/maintenance, sachant que la maintenance n’est pas une constante (pour les moteurs SSME de la navette, conçu pour une cinquantaine de vols, elle devenait de plus en plus délicate à chaque nouveau cycle, au point de devenir ruineuse au alentour du dixième cycle).
En 2018, Elon Musk nous a gratifié d’un “first stage 60 percent of cost, second stage 20, fairing 10, everything else 10”, sauf que cela ne colle pas avec les données publiées par la NASA, et que le “everything else” semble très optimiste pour une campagne de tir (rien qu’avec l’intégration on ne doit pas être loin de ce 10%).
Mais même en supposant que le premier étage représente effectivement 60% du prix final, cela nous amène à une économie maximum théorique de 26%(toujours en terme de $/kg), et forcement moins dans la réalité puisqu’il faut prendre en compte la récupération et la maintenance. A ce sujet, Gwynne Shotwell avait évoqué un objectif à long terme de 3 M$ (!?!), ce qui nous amènerait autour des 20% d’économie.
Mais bon, en l’état, on manque encore totalement de recul (la navette aussi semblait géniale à ses débuts)… Il faudra encore quelques années, avant de savoir si une maintenance expresse est viable/fiable sur une dizaine de cycle.

bonzour

Ce n’est pas le travail de la cour des comptes de se mêler d’autres choses que la validité des comptes.
C’est devenu le pouvoir à la place du pouvoir.
En plus donner leur avis sur tout et n’importe quoi, c’est proprement inadmissible. On avait déjà la technocratie version Bruxelles maintenant on a l’idiotcratie cour des comptes, qui je le répète n’a aucun droit à agir comme elle le fait.

KlingonBrain

La cour des comptes n’a pas à ma connaissance de pouvoir. Et attirer l’attention sur des choses non rentables ou non efficaces est justement dans leurs attributions.
Au passage, qui sait, ils ont peut être réalisé une étude de la situation un peu plus sérieuse que ce qu’on peut lire dans des commentaires de news.

Une chose qui semble se confirmer, c’est que nos “diplomés d’élite” ne semblent pas très créatifs face aux équipes américaines ou allemandes qui sont plus hétéroclites. La plupart des entreprises françaises ne semblent parvenir à survivre à l’ouverture a la concurrence.

manu0086

Oui c’était bien les estimations en 2016… on est en 2019 et y’a eu pas mal de changements entre temps…

dancod

Tu as raison, aujourd’hui il n’y a plus aucun politicien ou institution qui dépense n’importe comment sur n’importe quoi… Ca sert plus à rien de les contrôler, ils sont tous tellement intègres que tu paies tes impôts les yeux fermés en sachant que chaque centime sera dépensé au bien public…

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