Prévue pour 2020, la fusée Ariane 6 permettra-t-elle de rivaliser efficacement avec ses concurrents ? Aucune chance en l'état, selon la Cour des comptes. L'institution a en effet épinglé le lanceur dans un rapport, pointant du doigt son retard technologique.
Comme tous les ans, la Cour des comptes publie un rapport relatif à la gestion des comptes des services publics. Parmi les sujets abordés cette année, figure la conquête spatiale et l'organisme en profite pour donner son point de vue sur le futur lanceur Ariane 6.
Des concurrents plus puissants qu'auparavant
Et le moins qu'on puisse dire, c'est que la Cour des comptes ne cherche pas à épargner Arianespace et l'Agence spatiale européenne (ESA).En premier lieu, le rapport met en avant les nouveaux défis du marché. Si l'accès à l'espace concernait autrefois essentiellement la défense ou les télécommunications, il possède aujourd'hui de multiples applications, telles que la géolocalisation ou les technologies liées aux objets connectés et aux véhicules autonomes. Et au-delà des enjeux commerciaux, il est également question d'influence politique pour les États.
De plus, l'Europe doit aujourd'hui faire face à une concurrence accrue, avec de nouvelles puissances comme la Russie ou la Chine, mais également des acteurs privés tels que SpaceX, l'entreprise d'Elon Musk. La Cour des comptes appelle donc les pays européens à unir leurs efforts, s'ils veulent exister sur un marché global si compétitif.
Une technologie déjà dépassée
C'est d'ailleurs le sens du futur lanceur Ariane 6, financé par l'Europe et qui doit lui permettre d'accéder à l'espace de façon autonome. Problème : d'après la Cour des comptes, la technologie employée apparaît déjà obsolète, alors que la production de la fusée n'est même pas encore achevée. Par conséquent, le lanceur « doit évoluer rapidement pour rester compétitif », face à des concurrents américains qui ont déjà recours à des technologies de rupture et des lanceurs réutilisables (autrement dit, qui peuvent être récupérés après un tir).L'une des causes de ce retard viendrait d'une pénurie des marchés publics en Europe. Les rivaux américains d'Ariane 6 s'appuient en effet largement sur cette source de revenus pour mettre au point de nouvelles technologies. La Cour des comptes appelle donc à une plus grande implication des partenaires européens, qui auraient tout intérêt à contribuer au développement de leur propre programme spatial.
Source : Bloomberg