Plus que quelques jours… Le buzz autour de Thomas Pesquet a repris de plus belle autour de l'astronaute, qui s'envolera le 23 avril du Centre Spatial Kennedy en capsule Crew Dragon. Mais au-delà des derniers préparatifs, en quoi va consister la « Mission Alpha », et pourquoi en entendrez vous autant parler ?
Rien d'inhabituel lorsqu'il y a un bon communiquant au bout de la chaine…
L'heure du départ
« Ce n'est pas forcément un mauvais moment pour quitter la Terre », explique l'astronaute français, invité ces derniers jours sur l'ensemble des plateaux télévisés et radios de l'hexagone, et même sur Twitch dans l'émission Popcorn. Les spectateurs peuvent retrouver l'une de leurs personnalités préférées (5e place en France en 2018 lors d'un sondage du JDD) :Thomas Pesquet est de retour sur le devant de la scène, en contrepoint à ces derniers mois où sa communication était restreinte au strict minimum. C'est aussi parce qu'à quelques jours de son départ, le dixième astronaute français est dans la « bulle » imposée par les autorités américaines avant le départ.
En plus de se livrer sur ses appréhensions, sur la volonté d'accomplir une mission ou sur l'honneur d'avoir été choisi pour commander la Station Spatiale Internationale, l'astronaute européen vient d'être nommé « Ambassadeur de bonne volonté » de la FAO, l'organisation des Nations-Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture.
A quelques jours de son décollage sur Crew Dragon, le voici de retour en Floride, au Centre Spatial Kennedy. Dernières répétitions avec la capsule, inspection du véhicule avant son transfert sur le pas de tir… S'il ne s'agit que du troisième vol habité avec le nouveau véhicule de SpaceX, les équipes sur place sont déjà bien rôdées. En effet, même si on les voit peu, des « répétitions générales » ont déjà eu lieu ce printemps sans les astronautes.
Et Thomas Pesquet, tout comme ses camarades de l'équipage Crew-2, ont déjà eu l'occasion de suivre toute la campagne de vol de leurs collègues de Crew-1, puisqu'ils étaient sur place. Il n'y en a pas trace (ou presque) sur les réseaux, curiosité d'une campagne préparée dans un silence tout relatif avec de rares images. Car la préparation au vol est menée avant tout dans les locaux de SpaceX, qui impose des règles drastiques, et que la crise sanitaire à empêché Thomas de disposer d'une équipe de communication aussi importante que lors de son premier vol.
Expliquer d'Alpha jusqu'à Z
Ces derniers mois ont été chargés, et la préparation au vol sur Crew Dragon n'en était qu'une des facettes. Après tout, même s'il est le premier européen à faire le trajet dans la capsule américaine, son rôle sera essentiellement celui d'un passager au cours de ces 23 heures de vol. En effet, Shane Kimbrough et Megan McArthur seront aux commandes… et encore : Crew Dragon, à moins que la situation l'exige, manœuvre de façon automatisée.
Car c'est avant tout cette nouvelle mission de six mois qu'il fallait préparer. Si de grands médias l'ont interrogé sur sa capacité à prendre du temps pour lui, ses aptitudes au commandement, son état d'esprit ou son engagement pour l'environnement, peu se sont intéressés à ce qui représentera la base de la mission alpha : un important programme scientifique quotidien.
Sur la station, Thomas Pesquet partagera son temps, comme ses six autres compagnons, entre activités scientifiques, maintenance et sport (en plus de périodes de temps libre, essentiellement le soir et le dimanche). Les expériences auxquelles il va se consacrer seront nombreuses et variées, de la routine médicale la plus basique( comme la mesure de la vue toutes les 4 semaines ou des prises de sang) jusqu'à des essais uniques de mécanique des fluides, de fusion des matériaux, de génération de cellules souches ou de récolte des salades des essais Veggie. Il aura bien entendu un axe spécifique pour les expériences de l'ESA, dont plusieurs fonctionnent depuis des années comme MARES, Everywear, Fluidics, ECHO… Et 12 expériences spécifiques à la mission Alpha et gérées depuis la France par le centre CADMOS à Toulouse.
Une partie de ces expériences concernent des activités de tous les jours pour son voyage de longue durée en orbite, comme l'Eco Pack, une mousse de protection pour des aliments qui est elle-même comestible (en réalité 3 expériences pour limiter les emballages), Dreams, un bandeau connecté qui va analyser son sommeil, ou le pack de réalité virtuelle Immersive Exercise qui le projettera dans des environnements divers et variés lorsqu'il sera sur le tapis de course ou sur le vélo elliptique de la station.
Il y a la pince acoustique Telemaque qui permet de déplacer des objets ou des liquides sans les toucher, l'expérience Celebral Ageing qui se penche sur l'échelle moléculaire du vieillissement du cerveau, le test de mesure de l'exposition aux radiations grâce à une fibre optique Lumina, et le contrôle d'un robot à distance dans l'expérience Pilote. Plus de 2 000 écoles en France participeront à l'expérience Blob, qui comparera l'évolution terrestre et en orbite de ces drôles d'entités tandis que les deux dernières, TetrISS et Eklosion, sont directement issues d'un concours étudiant nommé Generation ISS qui a eu lieu en 2019.
Au total, il n'est pas rare qu'un seul astronaute soit impliqué dans plus d'une centaine d'études lors d'une seule mission longue…
Ecartez-vous, on sort !
Parmi les activités préparées à Houston, Thomas Pesquet est également formé pour les sorties extravéhiculaires (EVA). Bonus non négligeable, il en a déjà réalisé deux… dont une avec Shane Kimbrough, qu'il retrouve comme compagnon de voyage sur cette mission. Si la programmation des prochaines activités en scaphandre n'est pas connue, elles sont attendues au mois de juillet et il est probable que l'astronaute européen soit sollicité, que ce soit pour installer un ou plusieurs des nouveaux panneaux solaires de l'ISS qui arriveront au mois de juin, ou pour parachever l'activation de la nouvelle plateforme européenne (semi-privée) Bartolomeo. Toutefois, il y a déjà eu des voyages avec des déceptions de ce côté-là, ou des changements de programmation : il faudra donc être patients.
En France, la mission de Thomas Pesquet devrait être largement couverte (au moins pour les grandes étapes), à la fois parce que ses témoignages précédents, son expérience et son caractère ont touché le grand public lors de sa première mission Proxima, mais aussi par un logique effet « national », un astronaute ayant toujours une cote de popularité plus grande dans son pays d'origine. Le succès de l'annonce de son commandement de l'ISS (une première pour un Français, mais la 4e pour un astronaute européen) en témoigne.
Oui nide you
L'agence spatiale européenne, qui a lancé sa campagne de recrutement des astronautes le 31 mars (vous avez jusqu'à mai pour déposer vos dossiers) devrait également mettre ce vol en avant pour motiver les futurs candidats. Il faut dire que les nouvelles rotations à 7 astronautes donnent un nombre record d'opportunités de vol pour les astronautes de l'ESA : tandis que Thomas Pesquet s'envole, l'Allemand Matthias Maurer et l'Italienne Samantha Cristoforetti sont déjà en préparation pour leurs missions respectives à l'automne 2021 et au printemps 2022.
Et vous, qu'attendez-vous de ce nouveau vol de Thomas Pesquet ? Des photographies depuis l'espace ? Des informations sur le déroulement des expériences ? Son emploi du temps ? N'hésitez pas à nous le dire en commentaire !