En moyenne, ils ont tendance à dépasser les limitations de vitesse 24 % plus fréquemment que les conducteurs qui roulent en mode manuel et commettent des excès de vitesse un peu plus importants.
Instinctivement, on pourrait estimer que le régulateur de vitesse adaptatif rend la conduite plus sûre : il permet de conserver ses distances de sécurité sans s’en soucier et évite le phénomène du « pied lourd ». Pas si simple, puisqu'il y aurait un effet néfaste. Les automobilistes utilisant ce mécanisme rouleraient à des vitesses plus élevées et commettraient donc plus d’excès de vitesse.
Un système vendu comme plus sécuritaire mais qui ne l’est pas forcément
C’est ce qui ressort d’une étude publiée par l’IIHS (Insurance Institute for Highway Safety). Des chercheurs ont étudié le comportement routier de 40 conducteurs pendant quatre semaines. La moitié des sujets se sont vu confier une Volvo S90 2017 ; l’autre moitié une Land Rover Range Rover Evoque 2016. Dans les deux cas, les véhicules étaient équipés d’un régulateur de vitesse adaptatif. Ils embarquaient également des caméras et capteurs qui déterminaient les conditions de conduite et l'utilisation du régulateur de vitesse adaptatif.
En moyenne, sur les quatre semaines d’expérience, les 40 participants ont effectué 25 trajets et parcouru 830 km. Cette distance était essentiellement effectuée en conduite manuelle (60 %) ; à 32 % grâce au régulateur de vitesse adaptatif et à 7,3 % avec le Pilot Assist (qui, selon Volvo, « aide le conducteur à garder la voiture entre les marquages latéraux au sol tout en conservant une distance temporelle prédéfinie au véhicule précédent »).
Lorsqu’ils utilisaient le régulateur de vitesse adaptatif ou le Pilot Assist, les conducteurs avaient tendance à dépasser les limites de vitesse plus souvent (+ 24 %) et à commettre des excès de vitesse légèrement supérieurs. Ceux-ci étaient de 6,1 mph en moyenne en conduite manuelle, soit 9,8 km/h, mais de 7 mph avec le régulateur de vitesse adaptatif, soit 11,3 km/h. Ces différences ne sont ni corrélées au type de véhicule ni au nombre de trajets. En revanche, elles sont exacerbées sur des portions de route limitées à 55 mph (88 km/h environ).
Un excès de 1 mph pas si anodin selon les chercheurs
Comme le pointe l’étude, une augmentation de la vitesse d’à peine 1 mph peut paraître dérisoire. Seulement en matière d’accidentologie, cette hausse ne serait pas si anodine.
Pour nous en convaincre, les auteurs de l’étude s’appuient sur le modèle de Nilsson-Elvik. D’après ce modèle, les différences de vitesses mises en lumière par cette étude se traduisent par un accroissement du risque d’accidents avec des dommages matériels de 3 %, d’accidents avec blessés de 4 % et surtout d’accidents mortels de 10 % sur une route limitée à 55 mph.
Cette étude amène donc au constat suivant : en matière de sécurité routière, l’innovation technologique n’est pas forcément synonyme de réduction du risque d’accident, au contraire. Par conséquent, les auteurs invitent à prendre en considération les conséquences que peut avoir un système tel que le régulateur de vitesse adaptatif sur la vitesse de conduite réelle.
Source : IIHS