Le constructeur allemand BMW constitue incontestablement l'un des grands précurseurs de l'intégration des technologies embarquées dans les voitures. Depuis 1998 et le lancement de ses premiers services connectés, il a introduit d'innombrables innovations sur le marché.
Avec Audi, Mercedes-Benz et plus récemment Tesla, BMW fait partie des pionniers du développement des voitures connectées et autonomes. À plusieurs reprises, le constructeur munichois a été le premier à introduire des technologies de rupture en Europe et parfois même dans le monde. Retour sur les temps forts qui ont marqué l'ascension technologique du constructeur avant de découvrir ses dernières nouveautés à bord de ses bolides high-tech. En piste !
La BMW Série 8 est l'un des modèles de la marque les plus avancés en termes de technologies disponibles en série ou en options
Les dates clés de la transition technologique
Avec l'aide du constructeur, nous nous sommes replongés à la fin des années 90 et les tous débuts d'Internet pour retracer jusqu'à aujourd'hui les dates clés de ses principales innovations qui ont contribué à la naissance de la voiture connectée et autonome. Le groupe BMW s'est en effet illustré très tôt dans le domaine de la connectivité intelligente embarquée avec sa solution BMW ConnectedDrive. Il a commencé à proposer ses premiers services connectés baptisés BMW Assist et BMW Telematics à partir de 1998. L'offre comprenait des services de conciergerie, l'information trafic actualisée, et l'appel d'urgence intelligent. La connexion passait alors par le biais du téléphone du client.L'année 2001 est marquée par l'arrivée de iDrive qui est l'interface de commande développée par BMW pour ses systèmes d'infotainment. Associée à une molette de commande centrale située sur la console centrale entre les deux sièges avant, elle a pour but de permettre au conducteur de piloter l'ordinateur de bord et son système multimédia sans quitter les yeux de la route. Malgré l'arrivée des écrans tactiles à bord des véhicules il y a quelques années, BMW n'a jamais abandonné cette molette qui caractérise désormais les BMW et qui apporte encore aujourd'hui un vrai plus en termes de confort d'utilisation.
Le groupe allemand ne ménage pas non plus ses efforts pour développer la partie logicielle indispensable à la gestion des unités de contrôle/commande électroniques (ECU) qui prolifèrent dans les véhicules. Il est ainsi des premiers en 2003 à créer en partenariat avec Bosch, Daimler Chrysler, Volkswagen et Siemens le consortium Autosar (Automative open system architecture) dans le but de développer une architecture logicielle standardisée et ouverte destinée à la programmation des ECU (Engine Control Unit ou unité de contrôle moteur).
Rejoint depuis par l'ensemble des acteurs de l'industrie automobile, le consortium a permis de mettre en place des spécifications internationales pour structurer les logiciels embarqués et harmoniser toute l'architecture électronique des voitures. De la même manière, BMW avec PSA et General Motors est à l'origine de la création du consortium GENIVI Alliance qui a joué un rôle très important dans le développement des systèmes standardisés d'infotainment. BMW propose par ailleurs l'un des systèmes embarqués les plus avancés du marché en matière de commandes vocales grâce à un partenariat de très longue date avec le spécialiste Nuance (scindé en une société autonome appelée Cerence pour la partie automobile en 2019) connu pour son logiciel de reconnaissance vocale Dragon Drive.
Les premiers services numériques
À partir de 2004, le constructeur équipe progressivement ses modèles d'une carte SIM intégrée en usine. Un bond en avant qui permet aux clients d'accéder à de nouveaux services à bord tels que des dépêches d'actualité, des prévisions météorologiques ou encore des fonctions bureautiques via la plateforme BMW Online. La même année, le constructeur est encore le premier en Europe à intégrer dans la Serie 5 le système Head up Display (affichage tête haute). Héritée des avions de chasse, cette technologie inaugurée quelques années plus tôt aux États-Unis par Chevrolet sur la Corvette C5 projette sur le pare-brise des informations routières importantes (vitesse, instructions de navigation GPS, limitations...) directement dans le champ de vision du conducteur.Cet instrument qui renforce considérablement la sécurité au volant en permettant au conducteur de ne pas quitter les yeux de la route est désormais un équipement de série chez BMW. Quatre ans plus tard en 2008, BMW est encore l'un des premiers à introduire un navigateur Internet dans l'ordinateur de bord de son vaisseau amiral Série 7. Si tout cela peut sembler bien banal aujourd'hui, il faut se rendre compte qu'à l'époque les systèmes d'infotainment de certains constructeurs se résumaient à un autoradio double DIN avec un affichage en noir et blanc.
La conquête électrique
Même si Toyota est arrivée très en avance sur le marché de l'électrisation, BMW a depuis largement rattrapé son retard. Dès 2010, le constructeur commercialise deux modèles X6 et Série 7 « ActiveHybrid » intégrant ses premières motorisations hybrides simples. Trois ans plus tard en 2013, il lance la petite citadine 100% électrique BMW i3 adoptée depuis par de nombreux services de police à travers le monde. Bien avant que l'hybridation rechargeable ne devienne LA motorisation en vogue, il fait sensation en 2014 avec son spectaculaire roadster BMW i8 PHEV. Ce bolide futuriste produit en série embarque un moteur essence 3 cylindres 1,5 litre turbo de 231 chevaux et un bloc électrique de 143 ch (96 kW) supplémentaires. Avec ses 374 ch cumulés, la i8 bondit de 0 à 100 km/h en 4,4 secondes et peut foncer jusqu'à une vitesse maximale de 250 km/h. Elle peut rouler une trentaine de km jusqu'à 120 km/h sans dépenser une goutte d'essence.Après cette démonstration, le groupe a mis les bouchées doubles pour développer sa gamme électrifiée. Dès 2015, il lance trois modèles hybrides rechargeables BMW X5 xDrive40e, BMW 330e et BMW 225x. Des modèles qui entrent aujourd'hui dans leur troisième génération avec des performances de plus en plus intéressantes. Selon le constructeur, ses modèles rechargeables les plus efficients peuvent désormais rouler entre 80 et 100 km en mode 100% électrique. La dernière BMW i3 offre quant à elle une autonomie de 300 km. Avec 13% de parts de marché en Europe, BMW est le deuxième plus important constructeur de voitures électrifiées en Europe derrière Tesla qui truste 17% de PDM.
Les BMW i3 et i8 sont les deux premiers modèles électriques et rechargeables à avoir été lancés par le constructeur / BMW
En route vers la voiture autonome
Durant la dernière décennie, le constructeur a mis le turbo sur le développement des technologies d'assistance à la conduite et de conduite automatisée regroupées sous le nom de BMW Personal CoPilot. Outre une alliance avec Audi et Daimler (Mercedes-Benz) avec qui il a racheté la cartographie HERE de Nokia pour ne pas être dépendants de Google Maps, il n'a cessé de multiplié les partenariats stratégiques avec de grands noms du secteur high-tech, dont Intel, Mobileye, Nvidia, Nuance, ou encore IBM. Dès 2006, une BMW Série 3 bouclait en mode autonome le circuit de Hockenheim !À partir de 2011, des prototypes de voitures automatisés ont notamment été expérimentés sur l'autoroute A9 entre Munich et Nuremberg, puis sur une autoroute de Las Vegas en 2014. Sa production en série de modèles BMW à conduite autonome s'est accélérée depuis l'inauguration en 2018 à Munich du BMW Group Autonomous Driving Campus : un campus entièrement dédié au développement des voitures autonomes comptant pas moins de 1 800 experts des quatre coins du monde. Son engagement constant et ses énormes investissements dans le développement des voitures autonomes se traduisent aujourd'hui par l'intégration de nouvelles technologies et de systèmes de conduite intelligente de premier plan dans de nombreux modèles de BMW.
La course à l'innovation
Hormis Tesla qui le fait depuis longtemps, BMW est l'un des premiers constructeurs à proposer des mises à jour à distance (Over The Air) pour son système d'infotainment ConnectedDrive. Une évolution majeure qui lui permet de pousser à distance des correctifs ou de nouveaux services sur ses modèles connectés. Sans oublier une application mobile associée à ses véhicules parmi les plus évoluées du marché. Outre de nombreuses commandes à distance pour allumer les phares, klaxonner, mettre en route la ventilation, elle inclut le service Digital Key qui permet d'accéder au véhicule via un smartphone.En attendant que les voitures autonomes deviennent peut-être un jour une réalité, le constructeur développe des systèmes de conduite autonome classés par niveaux sur une échelle de 1 à 5 : assistance à la conduite, conduite semi-automatique, conduite hautement automatisée, conduite entièrement automatisée, et voiture autonome. À l'heure actuelle, toutes les BMW intègrent des systèmes de niveau 1. Parmi les plus impressionnants, citons le système de stationnement automatique Park Assist capable de garer la voiture en créneau ou en bataille sans aucune intervention du conducteur (Série 8, X5, X6 et X7). Inauguré sur la dernière Série 7, le système Remote Control Parking de niveau 2 permet quant à lui de garer la voiture à distance sans conducteur, via une commande dédiée sur la clé de contact.
À l'occasion du lancement de la dernière Série 1 au mois d'octobre 2019, BMW a présenté son nouveau système Auto-Reverse. Grâce aux caméras et les multiples capteurs du véhicule, ce dernier enregistre en permanence les derniers 50 mètres parcourus en marche avant (jusqu'à 35 km/h) afin de pouvoir les effectuer ensuite en totale autonomie en marche arrière ! Un système bluffant qui permet de sortir d'une ruelle ou d'une impasse étroite sans avoir à toucher le volant. Introduit en 2018 sur la BMW Série 8 et X5, l'Auto-Reverse est désormais déployé sur toute la gamme. Un pas de plus vers la conduite hautement automatisée...
Le système Auto-Reverse prend la main pour faire les derniers 50 mètres parcourus en mode autonome / Jérôme Cartegini pour Clubic
Les systèmes BMW Personal CoPilot comprennent également de nombreuses fonctions innovantes pour assister le conducteur au quotidien. La régulation active de la vitesse Stop&Go adapte par exemple la vitesse en fonction de la distance (configurée au préalable) du véhicule précédent, tout en étant capable de freiner automatiquement en urgence en cas de risque de collision que l'on se trouve sur une autoroute ou en ville. Certains modèles comme la Série 8 vont encore plus loin avec un système de conduite semi-automatisé de niveau 2. Capable de prendre le contrôle du volant à la place du conducteur, il peut freiner ou au contraire accélérer en fonction de la situation.
Toute la gamme de BMW intègre des assistances de conduite de niveau 1 et 2/ Jérôme Cartegini pour Clubic
Et demain ?
Si BMW n'est évidemment pas le seul constructeur à introduire des nouvelles technologies, il a souvent un temps d'avance sur la plupart de ses concurrents. L'objectif du constructeur est désormais d'intégrer des systèmes hautement automatisés de niveau 3 dans ses véhicules à partir de 2021. Concrètement, cela signifie qu'il sera possible, dans certaines situations (autoroutes, embouteillages...), de laisser les assistances de conduite prendre le volant.Une nouvelle étape et un saut technologique qui promet d'être fascinant. Il faudra par contre sans doute encore patienter de nombreuses années avant qu'il puisse déployer des systèmes entièrement automatisés de niveau 4. Ce n'est pourtant qu'une fois cette dernière étape franchie que BMW et ses partenaires pourront commencer à envisager de faire rouler un jour leurs voitures autonomes.