Au préalable une précision importante : pour profiter de l'effet 3D, il vous faut déjà un écran compatible, capable d'atteindre un taux de rafraîchissement de 120 Hz, c'est-à-dire deux fois supérieur au standard habituel de 60 Hz. Mais pour afficher toutes les images en double, votre ordinateur devra également être équipé d'une carte graphique musclée. A l'heure actuelle, seul NVIDIA et sa technologie 3D Vision, permet d'accéder à l'affichage tridimensionnel. Il vous faudra au minimum une 8800 GT, pour être opérationnel. Et bien sûr le kit NVIDIA 3D Vision, composé des lunettes 3D et de leur récepteur infrarouge (kit vendu séparément). Sans oublier une configuration PC à la hauteur (variable selon les jeux vidéo). Si vous souhaitez en savoir plus sur la technologie 3D Vison propre à NVIDIA, vous pouvez consulter ce dossier. Pour nos tests, nous avons utilisé une GeForce GTX 470.
Ce qu'il vous faut pour accéder à la vision tridimensionnelle
Présentation de l'écran
En dehors de son pied orange, caréné tel une armure de robot futuriste, le design de l'Acer GD245HQ est d'une banalité absolue ! Qu'Acer ne soit pas tombé dans la caractérisation souvent exagérée de l'environnement gamer, soit. Point de vue polyvalence, c'est plutôt une bonne chose. Mais en termes d'ergonomie, le constructeur aurait pu faire des efforts. Hormis l'inclinaison de la dalle (-5 à 15°), le GD245HQ est totalement dépourvu d'articulation : pas de rotation de la base, pas de réglage en hauteur du pied ni de pivot de la dalle. Pour un usage bureautique, le GD245HQ ne se montre donc pas très confortable.L'inclinaison de -5° à 15° de la dalle comme seule articulation
Niveau équipement, le GD245HQ est aussi dépouillé que son pied est rigide : pas de haut-parleur, ni de connectique USB, de prise casque latérale ou encore de webcam... La finition très plastique est quelconque (mais l'assemblage reste correct). Nous voilà donc contraints et forcés de nous rabattre sur la connectique. Là, Acer se rattrape en intégrant une prise HDMI en plus des VGA, DVI et sortie audio. Les deux connectiques numériques, HDMI et DVI, sont compatibles HDCP. Poursuivons ce tour d'horizon des caractéristiques en notant la taille particulière de la dalle, 23,6 pouces (60 cm) en résolution 1 920 x 1 080 points soit un ratio de 16/9e. Une spécificité intéressante pour regarder des films mais du 1 920 x 1 200 points aurait été préférable afin de bénéficier d'une plus grande hauteur d'écran en jeu vidéo. Le GD245HQ dispose en revanche d'un dalle TN 2 ms qui mettra tout le monde d'accord sur le plan de la réactivité, à défaut de délivrer des angles de vision consistants (technologie TN oblige...).
Connectique vidéo et sortie audio
Enfin, du côté de l'OSD (menu On Screen Display), l'ergonomie s'améliore... légèrement. D'emblée, le ressenti est plutôt négatif. En effet, les cinq boutons servant aux réglages sont situées sous la tranche inférieure de la dalle : c'est pas franchement pratique de ne pas voir les touches sur lesquelles appuyer. Mais heureusement, l'interface du menu est relativement simple. Une pression sur n'importe quel bouton affiche un bandeau de sélection avec cinq entrées : modes pré-programmés Acer eColor Management (personnalisé, bureautique, standard, graphisme et film), réajustement automatique, menu de réglages, volume sonore et choix de l'entrée vidéo.
Boutons servant aux réglages de l'écran
Choix initial de l'OSD et modes Acer eColor Management
Le menu principal est découpé en quatre onglets, dont deux vous serviront essentiellement. L'onglet Image d'abord, qui offre les réglages de luminosité, contraste et couleurs de la dalle (chaud, froid ou RVB personnalisés). Et l'onglet Réglages, qui donne accès à la fonction ACM (Adaptative Contrast Management) pour activer ou désactiver le contraste dynamique. En termes d'ergonomie, il est difficile de comprendre pourquoi Acer n'a pas regroupé l'ACM avec les autres paramètres d'image. Et la navigation à quatre touches n'est pas très plaisante (deux pour avancer ou ressortir des menus, deux pour modifier les choix et les valeurs). Bon, après on ne passe pas sa vie dans l'OSD...
Menus Image et Réglages de l'OSD
Caractéristiques techniques
Acer GD245HD | |
Caractéristiques générales | |
Taille | 23,6 pouces / 60 cm |
Aspect de la dalle | Mate |
Ratio | 16 : 9 |
Résolution Max | 1 920 x 1 080 pixels |
Luminosité max | 300 cd / m² |
Contraste normal / dynamique | N.C. / 80 000 : 1 |
Temps de réponse | 2 ms |
Pitch | 0,276 mm |
Angles de vision | 170° H / 160° V (CR 10:1) |
Conso électrique max / min | 30,5 W / 0,8 W |
Connectique vidéo | VGA, DVI, HDMI |
Norme HDCP | Oui |
Autre connectique | 1 sortie audio |
Haut-parleurs intégrés | Non |
Rotation du pied | Non |
Pivot de la dalle | Non |
Inclinaison dalle | -5° à 15° |
Réglage en hauteur | Non |
Câbles inclus | Alim, VGA, DVI |
Dimensions (L x H x P) | 57,5 x 41,8 x 19,4 cm |
Poids | 5,1 kg |
La 3D et les jeux
Une fois le taux de rafraîchissement de la carte graphique réglé sur 120 Hz dans les pilotes 3D Vision NVIDIA, nous voilà prêts à jouer en affichage stéréoscopique. Notez qu'il faut impérativement se connecter en DVI, avec un câble Dual Link (24 broches), pour accéder aux 120 Hz. En HDMI la norme 1.3, la plus récente à l'heure actuelle, ne permet pas d'atteindre cette fréquence de rafraîchissement.Nous lançons donc Batman Arkham Asylum. Verdict : ça fonctionne très bien ! L'écran suit la cadence sans broncher, l'effet 3D procure une expérience de jeu tout à fait unique. La quête vers un réalisme absolu progresse très nettement avec la troisième dimension. Le seul reproche qu'on puisse formuler, c'est que le relief reconstitué reste dans l'écran : les yeux peuvent se balader dans une profondeur de champ appréciable mais on ne perçoit jamais des éléments jaillir vers soi en dehors de l'écran. En termes techniques, cela s'explique par le fait que les développeurs de jeux vidéo n'exploitent pas encore le Z-buffer positif (ou bien trop rarement) : quand les jeux sont programmés en 3D, ils se limitent généralement à faire varier le Z-buffer négatif. Egalement, il faut arriver à supporter les lunettes mais ça c'est une autre histoire...
Rendus avec différentes profondeurs de champ (réglée sur le récepteur infrarouge des lunettes)
Quid de la réactivité
L'autre variable cruciale pour le jeu vidéo, c'est la réactivité de la dalle. Là, Acer annonce un temps de réponse de 2 ms : dans la théorie c'est rapide donc parfait pour les jeux vidéo exigeants. A vue d'oeil, ces dires semblent se confirmer : toutes les images s'enchainent dans la fluidité, sans rémanence notable. Il reste donc à effectuer un test simple pour quantifier cette réactivité : nous lançons une animation avec le logo de Clubic qui défile en boucle et nous photographions la scène avec une haute vitesse d'obturation. Résultats : sur 30 clichés, le GD245HQ obtient 21 vues parfaitement propres, 6 avec une ombre rémanente (peu gênante) et 3 avec une image fantôme transparente. En somme, 90 % des photos capturées sont soit tout à fait nettes, soit avec une légère ombre derrière : une très belle performance, le GD245HQ est résolument rapide !90 % des photos réalisées sont nettes ou avec une légère ombre rémanente : le GD245HQ est un écran très réactif
Pour les films
Le GD245HQ présente trois atouts importants pour satisfaire une utilisation cinéphile : il est Full HD, compatible HDCP et il bénéficie d'un ratio 16/9e. A cela s'ajoute une quatrième donnée importante, que nous venons de mettre en avant : l'écran est peu enclin à la rémanence. Les scènes d'action où les séquences s'enchaînant rapidement affichent donc un bon niveau de précision. Que reste-t-il donc à vérifier ? La densité du niveau de contraste et la façon dont la dalle contient (ou exhibe) le fourmillement.Pour ce qui est du niveau de contraste, annoncé à 80 000 : 1 en mode dynamique mais sans la moindre précision sur le contraste naturel, le résultat est correct, mais sans plus. Avec notre sonde Blue Eye Pro de LaCie, nous avons mesuré un taux maximum de 791 : 1 (point blanc à 292,9 cd/m² pour un point noir à 0,37 cd/m²). L'option contraste dynamique, appelée ici ACM, opère très discrètement. De là à dire qu'elle est inutile, il n'y a qu'un pas que nous pouvons franchir sans trop de crainte. Son action se résume à une subtile intensification des noirs avec un léger rehaussement des blancs... Bon, l'avantage c'est que l'ACM ne génère pas de sauts de luminosité comme cela arrive sur certains écrans. Guère efficace mais pas gênant pour autant !
ACM désactivé puis activé
Pour ce qui est du fourmillement maintenant, il est bien contenu quand on visionne un support de qualité comme un Blu-ray, mais devient assez prononcé sur un DVD. Il suffit de pendre un peu de recul (la diagonale de 23,6 pouces le permet) et le désagrément disparait. Notez enfin que les angles de vision sont, comme d'habitude avec les dalle de type TN, assez faibles. Latéralement l'intensité lumineuse reste assez élevée mais la colorimétrie s'altère ; verticalement la luminosité s'effondre rapidement. Dans l'ensemble, le GD245HQ reste une bonne dalle pour regarder des films.
Et la 3D là-dedans ?
Pour l'instant le support manque : on ne trouve pas encore de Blu-ray 3D compatibles avec le 3D Vision stéréoscopique de NVIDIA ni de logiciel compatible. Mais sachez que l'arrivée de ces nouvelles galettes est imminente (mai-juin 2010)! En attendant, nous avons pu tester l'extrait de la vidéo HD Nürburgring 24 Hour Race en 3D sur le site de NVIDIA : c'est vraiment prometteur ! Si vous avez vu Avatar en 3D, vous pouvez imaginer ce qui vous attend, avec de réels effets de relief à l'extérieur de l'écran (Z-buffer positif). Ca donne envie de s'équiper...Autre possibilité : utiliser l'algorithme 3D de Power DVD 10, qui reconstitue de manière artificielle les images doublées avec n'importe quel DVD (pas Blu-ray). Mais là le résultat n'est pas agréable du tout, l'affichage perfectible faisant loucher sans donner d'impression de profondeur. Rigolo mais pas convaincant.
Colorimétrie
Il nous reste à voir si la colorimétrie du GD245HQ est fidèle ou pas. Pour cela, nous utilisons la sonde de calibrage LaCie Blue Eye Pro. La marche à suivre est la suivante : il faut laisser chauffer le moniteur pendant une bonne heure pour que son affichage se stabilise. Pendant ce temps, il faut paramétrer le logiciel, notamment lui indiquer comment nous souhaitons calibrer notre écran. Nous avons opté pour un ensemble approprié pour de la retouche d'image sous Windows : gamma de 2,2, température de couleur en 6 500 K et luminance à 140 cd/m². Ensuite, nous commençons par effectuer un premier rapport d'affichage avec tous les réglages d'usine. Lors de cette étape, le logiciel Blue Eye Pro v4.2.2 fait se succéder différentes couleurs normalisées à l'écran pendant que la sonde mesure le rendu affiché. Il en ressort un Delta E moyen, c'est-à-dire une quantification de l'écart entre les couleurs normalisées et celles restituées par l'écran. Le logiciel retourne également le Delta E maximum, obtenu sur une des couleurs testées. Voici les résultats obtenus :Colorimétrie avec les réglages d'usine
Avec un Delta E moyen de 3,0, nous pouvons dire que l'écran Acer GD245HQ se montre relativement fidèle par défaut. Il exhibe une dominante assez visible dans les bleus, et affiche une luminosité beaucoup trop importante, mais la colorimétrie reste acceptable, y compris pour effectuer des retouches sans trop risquer de décalage. Maintenant, nous opérons le calibrage jusqu'à obtenir un profil ICC. Une fois l'opération effectuée, nous lançons à nouveau le rapport d'affichage : le Delta E moyen tombe alors à 0,6 ! C'est tout-à-fait adapté pour de la retouche d'image fidèle.
Colorimétrie avec une fois l'écran calibré
Inutile en revanche d'essayer de faire un étalonnage à la louche avec le logiciel Acer eDisplay Management fourni : vous n'allez que dégrader la qualité d'affichage...
Tentative d'étalonnage ratée avec Acer eDisplay Management
Conclusion
Premier écran 23,6 pouces à cumuler la résolution Full HD et la fréquence de rafraîchissement de 120 Hz nécessaire à la 3D stéréoscopique, l'Acer GD245HQ est une réussite sur le plan technologique ! L'effet tridimensionnel avec un ensemble 3D Vision NVIDIA est déjà bien saisissant, et surtout très prometteur : dès que les supports seront davantage optimisés (Z-buffer positif) et plus nombreux (jeux adaptés encore assez rares et Blu-ray 3D pas encore commercialisés), l'intérêt de la 3D prendra une tout autre envergure !Sa dalle TN 2 ms est une des plus rapides qui soient, ce qui constitue un réel atout et pour le jeu vidéo, et pour la vidéo. Bonne surprise également : ce moniteur restitue les couleurs avec un degré de justesse appréciable. Fidélité colorimétrique qui devient même très élevée moyennant un étalonnage de la dalle. Notre principal grief à l'encontre du GD245HQ : son ergonomie très basique le rend assez inconfortable pour une utilisation bureautique. A quand la démocratisation des pieds réglables en hauteur et des socles rotatifs ?! Et son prix reste assez élevé... surtout qu'il vous faudra acquérir une bonne carte graphique, le kit 3D Vision NVIDIA et un PC performant pour profiter des joies de la 3D. A noter toutefois qu'une simple carte graphique de type GeForce GT 240 suffit à un usage cinéphile de la 3D. N'en demeure pas moins que tout ceci n'est pas à la portée de toutes les bourses...