La sortie de la 12e génération de processeurs d’Intel aura été l’occasion d’introduire une nouvelle architecture dite hybride associant des cœurs « performants » et des cœurs « efficaces », mais aussi le PCI Express 5.0 et la DDR5. S’il est encore trop tôt pour juger des progrès du PCIe Gen 5, nous avons voulu voir plus en détail le cas de cette mémoire vive de nouvelle génération.
Alder Lake est une petite révolution pour Intel qui n’avait plus introduit autant de nouveautés sur une seule génération de processeurs depuis bien longtemps. L’Américain n’a toutefois pas souhaité faire table rase du passé et flairant sans doute des problèmes d'approvisionnement en DDR5, il a décidé de rendre ses nouveaux processeurs compatibles DDR5 autant que DDR4. Si les cartes mères haut de gamme optent pour la DDR5, tous les constructeurs disposent aussi de cartes en DDR4. Nous avions à cœur de voir l’avantage à passer à la nouvelle RAM.
Les forces en présence
Avant de démarrer notre dossier, précisons que le but de cet article n’est pas de revenir sur les forces et faiblesses de la DDR5 SDRAM comme il serait plus juste d’appeler cette nouvelle génération de mémoire vive. Il y a quelques mois, nous vous avons préparé un papier retraçant l’historique de la mémoire PC pour déboucher sur les améliorations de la « petite dernière ». Nous vous invitons à lire notre article « Faisons le point sur les apports de la DDR5 » pour en savoir plus à ce niveau.
Aujourd’hui, notre but est de comparer les performances lorsque la 12e génération de processeurs Intel est associée d’un côté à de la DDR4 et de l’autre à de la DDR5. Vous vous en doutez, pour ce faire, nous avons été contraints de monter deux configurations que nous avons tenté de rendre aussi proches que possible l’une de l’autre. En premier lieu, nous avons utilisé le même processeur, le fameux Core i9-12900K que nous avons testé il y a quelques semaines. Pour le refroidir, nous avons repris le MEG CoreLiquid S360 utilisé lors de ce même test.
Bien malin qui pourra distinguer la MAG Z690 Tomahawk WiFi DDR4 de la MAG Z690 Tomahawk WiFi DDR5 © MSI
Le gros morceau de ces deux configurations est bien sûr représenté par la carte mère. Nous avons ici fait confiance à deux extrêmement proches de chez MSI que nous remercions chaudement au passage pour avoir rendu ce dossier possible : les MAG Z690 Tomahawk WiFi DDR5 et MAG Z690 Tomahawk WiFi DDR4. Bien sûr, elles ne sont pas rigoureusement identiques, mais leur proximité est telle que nous vous mettons au défi de les identifier en regardant les deux photos ci-dessus et, bien sûr, sans lire les légendes avant ce petit défi.
Le jeu des 7 différences se poursuit et, au passage, un (très) grand merci à MSI pour le prêt des deux cartes © MSI
Histoire d’enfoncer le clou, nous ajoutons une petite photo de l’I/O shield des deux cartes Tomahawk et, là encore, il est absolument impossible de distinguer les deux cartes mères. MSI les commercialise d’ailleurs à des tarifs similaires, même si la version DDR5 est souvent une vingtaine d’euros plus onéreuse (360 euros contre 340 euros). Enfin, pour valider ces tests, il nous fallait de la mémoire vive. Là, nous avons arrêté notre choix sur trois lots : de la G.Skill RipJaws 5 Series F4-4400 et de la G.Skill Trident Z Royal Elite F4-4800 pour la DDR4 ainsi que de la G.Skill Trident Z5 RGB F5-6000 pour la DDR5.
RipJaws 5 Series F4-4400, Trident Z Royal Elite F4-4800 et Trident Z5 RGB F5-6000 : un (très) grand merci aussi à G.Skill pour le prêt de ces trois lots de barrettes mémoire © G.Skill
Configuration DDR4
- Processeur : Intel Core i9-12900K
- Carte mère : MSI MAG Z690 Tomahawk WiFi DDR4
- Mémoire : G.Skill Trident Z Royal Elite F4-4800 (2x 16 Go)
- Carte graphique : Asus TUF RTX 3080 Gaming OC
- SSD : Western Digital WD_Black SN850 1 To
- Refroidissement : MSI MEG CoreLiquid S360
- Alimentation : be quiet! Straight Power 11
Configuration DDR5
- Processeur : Intel Core i9-12900K
- Carte mère : MSI MAG Z690 Tomahawk WiFi DDR5
- Mémoire : G.Skill Trident Z5 RGB F5-6000 (2x 16 Go)
- Carte graphique : Asus TUF RTX 3080 Gaming OC
- SSD : Western Digital WD_Black SN850 1 To
- Refroidissement : MSI MEG CoreLiquid S360
- Alimentation : be quiet! Straight Power 11
Deux configurations qui ont donc permis de conduire de multiples mesures. Nous n’avions ni le temps ni les moyens de tester toutes les combinaisons possibles et nous avons retenu six « états ».
- DDR4 @ 3200 MHz, la configuration classique (17-18-18-38)
- DDR4 @ 3600 MHz, une solution un peu plus « experte » (17-18-18-38)
- DDR4 @ 4000 MHz, il a fallu passer en Gear 2 dans le BIOS (17-18-18-38)
- DDR5 @ 4800 MHz, la base pour de la DDR5 sur Alder Lake (40-40-40-76)
- DDR5 @ 5200 MHz, une solution un peu plus « experte » (36-36-36-75)
- DDR5 @ 6000 MHz, pour tirer le meilleur de nos barrettes (36-36-36-75)
Enfin, de manière on ne peut plus logique, nous avons conservé des configurations logicielles identiques sur les multiples séries de tests en DDR4 puis en DDR5. Toutes les mesures ont ainsi été réalisées sur un Windows 11 64-bit en version 21H2 v22000.376. Côté chipset Z690, nous utilisions les pilotes Intel v2047.100.0.1039 alors que pour la carte graphique Asus TUF RTX 3080 avaient été installés les pilotes GeForce Game Ready v497.29 WHQL.
Tests mémoire : la DDR5 impressionne côté débits
Sans surprise, notre premier test met évidemment en scène le module d'AIDA64 consacré aux performances de la mémoire vive. Sans surprise non plus, la DDR5 tire largement son épingle du jeu des débits.
La hiérarchie est même on ne peut plus simple à établir puisque à mesure que la fréquence augmente, les débits également. La DDR5 à 6 000 MHz est ainsi largement devant toutes les autres configurations possibles alors que la DDR4 à 3 200 MHz ferme la marche.
Un commentaire d'importance toutefois pour évoquer la latence. Celle-ci pose effectivement problème sur la DDR5 avec, sur notre configuration en 4 800 MHz, une mesure à 87,3 ns contre 66,5 ns pour le « standard » de la DDR4 (en 3 200 MHz).
Soulignons cependant que ce n'est pas une fatalité et que les fabricants de DDR5 ont bon espoir de venir réduire cette latence. D'ailleurs, notons que nos barrettes de DDR5-6000 avec d'excellents timings sont capables d'une latence mesurée à 70,6 ns.
Performances « applicatives »
Nous enchaînons les mesures avec un petit tour sur Cinebench R20 qui insiste davantage sur les performances processeurs : il est donc tout à fait normal que la configuration mémoire n'ait qu'un impact limité sur les résultats enregistrés.
En single thread, les mesures sont d'ailleurs pour ainsi dire dans la marge d'erreur d'un tel logiciel. On note cependant qu'en multi thread, ce sont même les configurations avec de la DDR4 qui emportent la mise, même si l'avance reste limitée.
Geekbench 5 n'est pas un logiciel que nous avons l'habitude de présenter sur nos pages de résultats, mais il nous semblait intéressant de le faire figurer ici, car il prend en quelque sorte le contrepied de Cinebench R20 alors qu'il insiste lui aussi sur les performances du seul processeur.
En effet, si on retrouve la même constance sur le test single core qu'avec Cinebench R20, les résultats sont complètement inversés sur le test multi core. Dans ce cas, la DDR5 remporte la mise et l'écart est d'ailleurs autrement plus conséquent que précédemment. Difficile dans ces conditions de conclure quoi que ce soit avec ces mesures CPU.
PCMark10 est l'outil qui se veut plus représentatif d'une utilisation réelle de la machine : il simule effectivement diverses activités que l’on peut être amenées à réaliser, au quotidien et mêle ainsi des travaux de bureautique, de la visioconférence, de l’édition photo / vidéo et de la navigation Web.
Notons qu'il vient nettement battre en brèche les enseignements que l'on pouvait tirer d'AIDA64. La DDR5 offre certes des débits bien supérieurs, mais cela ne se ressent pas dans un usage « classique » du PC, et ce, que l'on soit davantage « bureautique » ou « création de contenus ».
Performances dans les jeux
F1 2021 n'est clairement pas le meilleur jeu vidéo pour mettre en lumière les différences entre nos plateformes. On remarque certes que la DDR5 semble prendre un léger ascendant sur la DDR4, mais les écarts entre les deux technologies restent très faibles à plus ou moins 2%.
De plus, nous n'observons pas de réelle hiérarchie au sein de l'une ou de l'autre des deux générations de mémoire vive. Ainsi, troquer notre DDR5-4800 pour de la fulgurante DDR5-6000 ne permet aucun bénéfice. Bien la peine de se ruiner dans une telle mémoire.
Dernière grosse production signée Ubisoft, Far Cry 6 n'est guère plus démonstratif. Nous retiendrons tout de même que la DDR5-6000 prend ici la première place, confirmant la (très relative) domination de la nouvelle génération de mémoire vive.
Il est important de rappeler au passage que pour garder notre DDR4 stable à 4 000 MHz, nous avons été contraints de passer en Gear 2 dans le BIOS ce qui semble ici avoir un impact sur les performances relevées et expliquerait les meilleures performances en DDR4-3600.
Nouveau venu dans nos mesures de performances, Marvel's Guardians of the Galaxy est surtout l'occasion de mettre enfin en lumière d'importantes différences en fonction des générations et des fréquences de la RAM.
D'abord, on retient une certaine hiérarchie entre DDR4 et DDR5, même si nous ne nous expliquons pas les piètres performances en DDR5-4800. Ensuite, on note que la DDR5-6000 vient clairement se démarquer de la DDR4-3200 avec des résultats en hausse de 24%.
Si Marvel's Guardians of the Galaxy était l'occasion d'établir une hiérarchie claire, ce n'est pas du tout le cas sur Red Dead Redemption 2. Pour être tout à fait honnêtes, nous sommes même surpris de voir à quel point les réglages de la RAM semblent avoir peu d'importance.
Shadow of the Tomb Raider a été conçu par le même studio que Marvel's Guardian of the Galaxy, mais il n'utilise officiellement pas le même moteur. Pour autant, on retrouve en partie la hiérarchie précédemment établie qui vient consacrer (de peu certes), la DDR5.
Plutôt que de pousser à investir dans de la DDR5, précisons toutefois que les aventures de Lara Croft incitent plutôt à choisir de la bonne DDR4 puisqu'en 3 600 MHz / 4 000 MHz, l'ancienne génération est à même de taquiner la petite nouvelle.
Nous terminons nos mesures avec Sid Meier's Civilization VI pour un test qui doit théoriquement se focaliser sur l'intelligence artificielle et donc la puissance brute du processeur. Les écarts sont logiquement assez faibles entre nos deux générations de RAM.
Pour autant, alors que Sid Meier's Civilization VI ne fait jamais le grand écart, nous remarquons le petit ascendant pris par la DDR5 sur sa grande sœur. Rien de suffisant pour justifier un lourd investissement, mais peut-être ce que l'on pourrait appeler une promesse pour l'avenir.
DDR4 vs. DDR5 sur Alder Lake, l’avis de Clubic
En réalisant ce dossier, nous n'avions pas la prétention de présenter un tableau exhaustif du rapport des forces entre DDR4 et DDR5. Nous avons volontairement limité les mesures afin de proposer quelque chose de plus digeste, mais aussi bien sûr de moins complet.
Il faut, de plus, bien comprendre que la DDR5 n'en est qu'à ses débuts et qu'il pourrait être intéressant de reconduire ces tests dans un ou deux ans afin d'évaluer la progression de cette nouvelle génération qui, les divers acteurs du marché l'ont déjà décidé, va remplacer la DDR4.
Nous sommes cependant là pour juger de la situation actuelle et rien ne permet de justifier le surcoût engendré par une configuration en DDR5. En fonction des applications et des jeux utilisés, les gains seront faibles, voire nuls avec de la DDR5-4800.
En revanche, le surcoût d'une plateforme en DDR5 – il ne faut pas oublier le surcoût engendré par la carte mère elle-même – est bien réel. Disons que la DDR5 est une solution d'avenir, mais que pour le moment, il est surtout urgent… d'attendre.