Vous avez peut-être déjà entendu parler du “DAS” des smartphones à plusieurs reprises. Certains constructeurs ont déjà été épinglés pour ne pas avoir respecté les normes à ce sujet. Dernièrement, c'est Apple qui était sous le feu des projecteurs à ce sujet.
Pour y voir plus clair, faisons le point sur ce que représente le DAS de nos smartphones, à quoi sert-il, comment le mesure-t-on et pourquoi vous devriez-vous vous y intéresser de près pour votre santé et celle de ceux de vos proches.
Le DAS, qu'est-ce que c'est ?
L'acronyme “DAS“ signifie Débit d'Absorption Spécifique”. Il s'exprime en Watt par kilogramme (W/kg). L'unité de mesure du DAS est valable pour toutes les ondes comprises entre 100 kHz et 10 GHz.
Le DAS sert de mesure de référence pour quantifier l'énergie transportée par les ondes radioélectriques qui sont absorbées localement par le corps humain.
C'est grâce à ces ondes radioélectriques que nos téléphones communiquent avec les antennes-relais.
Jusqu'alors obligatoire pour les smartphones uniquement, l'obligation d'information du consommateur sur le DAS sera étendu à tous les équipements radioélectriques dès le 1er juillet 2020.
Cette obligation concerne tous les appareils ayant vocation à être utilisés près du corps humain, comme les tablettes, les smartphones ou encore les montres connectées.
Quels sont les risques d'un DAS trop élevé ?
Il est maintenant avéré que l'exposition aux ondes provoque, entre autres, l'échauffement des tissus de notre corps.
Le 21 octobre 2019, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES), a souligné les effets biologiques sur l'activité cérébrale dans les cas d'un niveau de DAS supérieur à 2 W/kg.
L'Organisation mondiale de la Santé a également classé comme cancérogène l'exposition aux ondes électromagnétiques. Cette exposition aurait également un impact sur la mémoire et la qualité du sommeil, entre autres. Certaines personnes disent également souffrir d'électrosensibilité.
Une exposition trop forte et/ou trop prolongée aurait des effets délétères sur notre santé. Pour en savoir plus sur les ondes et leurs effets sur notre corps, nous vous invitons à consulter notre dossier complet sur le sujet.
Les différents types de DAS
Il n'existe pas un DAS, mais des DAS destinés à mesurer notre exposition due aux smartphones que nous utilisons quotidiennement. Pour chaque modèle, les marques de téléphonie mobile vendant leurs produits en Europe doivent démontrer qu'ils respectent bien ces normes.
- Le DAS tête : cette mesure existe pour refléter l'usage que nous avons de nos téléphones lors d'une conversation vocale avec le mobile porté à l'oreille. Pour ce type de DAS, la limite est fixée à 2 W/kg.
- Le DAS tronc : cette mesure répond au cas d'usage où notre téléphone se trouve prêt du tronc, dans notre manteau ou un sac par exemple. La mesure doit être faite sur plusieurs faces de l'appareil, entre 0 et 5mm du corps.
- Le DAS membre : le cas d'usage est ici celui d'un téléphone que l'on tient dans la main, dans notre poche ou contre notre bras en faisant du sport. La limite est cette fois fixée à 4 W/kg.
Comment mesure-t-on le DAS ?
C'est l'agence nationale des fréquences (ANFR) qui se charge de contrôler la conformité des appareils mis sur le marché.
Il est important de préciser qu'aucun contrôle préalable n'est fait avant la mise sur le marché des produits. L'essentiel des contrôles est fait par sondage pour vérifier la présence des mentions légales obligatoires concernant le DAS dans les documents qui accompagnent le téléphone.
Des contrôles aléatoires sont faits à postériori sur des points de vente où l'ANFR prélève un ou plusieurs produits pour lui faire subir des tests pour déterminer le niveau de DAS.
Dans le laboratoire
Dans la mesure ou une sonde de mesure est utilisée, les tests ne peuvent être faits sur des êtres vivants.
Un “fantôme” est alors utilisé. Il s'agit d'un mannequin constitué d'une coque en fibre de verre intégrée à une table en bois.
Cette coque est remplie d'un liquide simulant les tissus humains et leur échauffement. Il permet la mesure "tête", "main droite et gauche", ainsi que la mesure d'un appareil porté au corps.
Cette configuration est testée pour chaque bande de fréquences et pour chaque technologie (2G, 3G, 4G, 5G).
DAS mesuré et DAS réel
Revenons un instant sur la manière dont a été définie cette limite de 2 W/kg. Dans un premier temps, des expériences ont été menées, comme souvent, sur des rats.
Après avoir été exposés à des rayons non ionisants, on a constaté un échauffement des tissus des rongeurs lorsque le niveau d'émission dépassait 4 W/kg.
Un constat qui résultait d'une exposition du corps entier du sujet.
Or, lorsque nous utilisons notre smartphone, l'exposition aux ondes est plus localisée et ne concerne pas le corps entier.
C'est en prenant cet élément en compte que la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants (CIPRNI) a établi la valeur limite à ne pas dépasser de 2 W/kg.
L'ANFR précise également qu'elle cherche dans ses mesures à déterminer le DAS maximal que peut produit un terminal.
Le terme “maximal” a son importance, car l'environnement dans lequel sont contrôlés les smartphones (laboratoire isolé ne permettant pas de capter réseau mobile) est un environnement “extrême” dans lequel il n'est pas habitué à évoluer, ce qui ne reflète pas les conditions réelles d'utilisation d'un smartphone.
Lors de ses tests intensifs, l'ANFR place le téléphone à distance réglementaire du sujet (dans plusieurs positions), la mesure du DAS est ensuite prise lorsque le mobile émet à sa puissance maximale, 100% du temps, pendant 6 minutes.
En réalité, un smartphone n'émet des ondes qu'environ 50% du temps lors d'un appel vocal, 10% du temps lorsque vous naviguez sur internet ou regardez une vidéo.
L'ANFR mesure donc volontairement les produits dans des conditions plus intensives que celles d'un usage réel.
Le DAS réel peut donc varier dans une proportion de 1 à 32 000 en moyenne dans d'excellentes conditions de réception, et de 1 à 800 000 par rapport au DAS maximal lorsque la réception est mauvaise.
Pourquoi certains téléphones ont un DAS plus élevé que d'autres ?
On peut donc légitimement se poser la question des facteurs qui font que les smartphones ont un DAS plus ou moins important.
Les composants sont évidemment des facteurs clé dans le niveau de DAS.
Ainsi, un smartphone avec des composants de bonne qualité sont capable de trouver plus facilement du réseau en émettant plus ou moins d'ondes.
Concrètement, un mobile avec un DAS mesuré élevé peut en réalité atteindre ce niveau maximum que très rarement, car ses bonnes antennes lui permettent de capter le réseau en émettant un niveau d'ondes faible ou moyen.
À l'inverse, un mobile avec un DAS mesuré plus faible peu très bien émettre plus d'ondes si ses composants sont de moins bonne qualité, ce qui l'oblige à se rapprocher plus souvent de son niveau maximal d'émission pour bien capter le réseau.
À l'heure où le nombre de téléphones réellement testé par l'ANFR est marginal par rapport aux modèles disponibles sur le marché, mesurer l'efficacité réelle des composants de chaque smartphone serait un processus encore plus fastidieux et couteux.
Comment connaitre le DAS de son téléphone ?
Sur les affiches publicitaires comme sur les points de vente physiques, l'affichage de la mesure du DAS est obligatoire.
Vous pouvez également retrouver le niveau de DAS sur le site internet du constructeur, ainsi que sur la boite et la notice technique de votre smartphone.
L'ANFR propose également sa propre application “Open Barres” pour mesurer vous-même le DAS de votre mobile.
Elle mesure à intervalle régulier la puissance du signal reçu par le téléphone. La démarche se veut collaborative, avec différentes informations affichées :
Les mesures de DAS transmises par le fabricant à l'ANFR grâce à votre utilisation de l'application depuis votre smartphone sur les réseaux français.
Les mesures prises directement par l'ANFR sur certains mobiles lors de ses contrôles.
La puissance du signal reçu à partir du réseau de votre opérateur mobile sur vos trajets grâce à a fonction “mes parcours”. Plus le signal est important, moins votre téléphone aura besoin de fonctionner à son niveau maximum de DAS.
Vous pouvez retrouver l'application Open Barres sur le Google Play ici.
Notez que la version iOS de l'application n'est toujours pas disponible, Apple n'ayant toujours pas donné son autorisation à l'ANFR pour avoir accès à l'API permettant de mesurer le signal.
Vous pouvez également retrouver le DAS des téléphones testés par l'ANFR à cette adresse. 40 smartphones ont été testés en 2019.
Comment limiter l'émission d'ondes par votre smartphone
Voici quelques gestes simples qui vont vous permettre de réduire votre exposition aux ondes en utilisant votre smartphone.
La première recommandation est de téléphoner avec une oreillette ou un kit mains libres (filaire ou Bluetooth) afin d'éloigner le mobile de votre tête. Si vous n'avez pas de kit mains libres ou que vous ne pouvez utiliser le haut-parleur, éloigner au moins le téléphone de votre tête dans les secondes qui suivent la numérotation. C'est le moment ou le niveau d'émission d'onde est le plus fort, avant de se stabiliser pendant l'appel.
La deuxième recommandation est de privilégier les SMS et les messageries instantanées. En plus d'éloigner le téléphone de votre tête, votre mobile ne va émettre des ondes qu'au moment de l'envoi de votre SMS pour se connecter à l'antenne relais, contrairement à une conversation téléphonique où le téléphone se connectera plusieurs fois pour renouveler la connexion (encore plus en déplacement).
Troisièmement, éviter les appels lorsque vous vous déplacez à grande vitesse. Dans ces conditions, le téléphone doit se connecter successivement à plusieurs antennes-relais et doit émettre beaucoup plus d'ondes pour y arriver. Évitez donc de passer des appels dans le train par exemple. Rappelons que téléphoner en voiture est interdit par la loi.
Quatrièmement, éviter de téléphone dans les zones où la réception est mauvaise. Par exemple dans les ascenseurs, les parkings et souterrains. Le meilleur moyen pour savoir si vous captez bien est de regarder le nombre de barrettes sur votre téléphone. Plus la couverture réseau est mauvaise, plus votre smartphone doit émettre des ondes pour se connecter à une antenne relais.
Toutes ses recommandations sont d'autant plus importantes pour les enfants, les jeunes et les personnes équipés d'implants électroniques (pacemaker, pompe à insuline, etc.).
Les accessoires “anti-ondes” sont-ils efficaces ?
Certains fabricants se sont engouffrés dans la peur des ondes pour commercialiser des accessoires “anti-ondes” plus ou moins couteux à l'efficacité discutable. Tour d'horizon des produits promettant une réduction de votre exposition aux ondes.
Les patchs à coller sur votre smartphone
On retrouve très facilement ce genre de patchs sur internet. Il suffirait de les coller pour réduire d'au moins 60% notre exposition aux ondes émises par nos smartphones, par rapport au DAS maximal.
Ils permettraient une meilleure régulation de la puissance du téléphone portable en éliminant l'absorption d'une partie des ondes inutile à l'établissement et au suivi d'une bonne communication.
Mais nous avons vu précédemment que nos smartphones émettent dans la très grande majorité des cas beaucoup moins d'ondes que la mesure du DAS qui se fait dans des conditions extrêmes. Au quotidien, votre smartphone n'a donc aucun mal à émettre un niveau bien inférieur au DAS maximal mesuré.
Dans ces conditions, il est difficile de tirer des conclusions sur ces dispositifs “anti-ondes” qui n'ont pas encore fait l'objet d'études suffisamment importantes pour déterminer leur réelle efficacité.
Les coques de protection
À la différence des patchs, les coques présentées comme “anti-ondes” sont contre-productives. En effet, elles baissent de manière significative le DAS, ce qui a pour inconvénient de réduire le signal, vous empêchant ainsi d'utiliser votre smartphone correctement.
Les conséquences sont doubles.
La première et qu'en dégradant les performances radioélectriques, ces coques incitent les smartphones à mettre plus d'ondes pour pouvoir établir une communication. On retrouve ce phénomène lorsque vous vous trouvez dans des zones géographiques ou vous captez très mal.
La seconde conséquence est que la batterie sera beaucoup plus sollicitée en cherchant en permanence du réseau, ce qui fera fondre l'autonomie de votre téléphone.
Les vêtements “anti-ondes"
Si aucune étude scientifique ne l'a encore prouvé, les ondes électromagnétiques sont suspectées d'avoir des effets néfastes sur les spermatozoïdes, et donc sur la fertilité des hommes. Il n'en fallait pas plus pour que certaines entreprises comme Lambs ou Petit Bateau proposent des caleçons, t-shirt, couvertures, casquettes et bonnets “anti-ondes” à des prix parfois très élevés.
En 2018, l'Anses s'est penchée sur la question dans son étude sur l'hypersensibilité électromagnétique attribuée aux champs électromagnétiques.
Elle conclut sur ce sujet :
“L'utilisation d'un accessoire vestimentaire (casquette, bandeau, etc.) réduit faiblement et très localement l'exposition d'une personne aux champs électromagnétiques. En raison des nombreuses ouvertures, ce type de produit n'est pas suffisant pour réduire efficacement l'exposition globale de la personne et peut augmenter la valeur de l'exposition en périphérie du dispositif.”
D'autres produits comme de la peinture “anti-ondes” sont également vendus à prix d'or, sans qu'aucune étude sérieuse n'ait encore prouvé leur réelle efficacité.
Conclusion
Si les conséquences de notre exposition permanente aux ondes radioélectriques sont encore difficiles à connaitre, des mesures de précautions s'imposent.
Par son utilisation fréquente et rapprochée, les smartphones se trouvent en première ligne parmi les objets de notre quotidien émettant ce type d'ondes.
Nous espérons que ce dossier vous a éclairé sur l'importance de la mesure du DAS sur nos équipements radioélectriques
Vous avez maintenant les clés pour choisir en conscience votre mobile et adopter les bons gestes pour vous protéger des effets potentiellement néfastes des ondes radioélectriques sur la santé.