Rappelons tout d'abord que les Nokia X, Nokia X+ et Nokia XL ne disposent pas d'une version certifiée du système Android. Pour le constructeur finlandais il n'était pas question de mettre en avant les services de Google ni de se soumettre aux diverses contraintes pour obtenir le kiosque de téléchargement Google Play. A l'instar d'Amazon, Nokia a donc conçu sa propre version d'Android : la Nokia X Software Platform .
La nature de Nokia X Software Platform[/anchor]
Sur quelle version d'Android se base ce système ? M. Didascalou explique « nous avons pris l'AOSP (NDRL : Android Open Source Project) et commencé à travailler sur la version des interfaces de programmation en niveau 16 ». A en juger par la page officielle du projet, cela correspond donc à Android 4.1.x.L'une des interrogations concerne les performances offertes par cette version. L'on sait en effet qu'au sein de la dernière mouture en date - Android 4.4 Kitkat - Google a particulièrement travaillé sur l'optimisation du système afin qu'il trouve sa place sur les smartphones dotés de caractéristiques techniques modestes. Or la gamme Nokia X se positionne précisément entre l'entrée et le milieu de gamme.
« Nous avons planché sur la rétrocompatibilité de fonctionnalités qui n'ont été introduites qu'au sein d'Android 4.4 », précise ainsi M. Didascalou avant d'ajouter : « ce sont des terminaux d'entrée de gamme mais nous ne souhaitions pas faire de compromis sur la qualité perçue par l'utilisateur ».
Les ingénieurs ont notamment optimisé la gestion de la mémoire avec zRAM pour allouer en permanence de la RAM au système. Mais alors pourquoi Nokia ne s'est pas tout simplement basé sur le code source de Kitkat avec des API de niveau 19 ? « Parce que nous avions commencé ces travaux bien avant que Google ne publie cette version », nous précise-t-on.
La plateforme est bien entendu amenée à évoluer et les mises à jour seront déployées automatiquement.
La compatibilité des applications[/anchor]
En terme de compatibilité, Nokia garantie donc un niveau d'API 16 et ajoute que cela suffit largement pour assurer l'exécution de la majorité des applications qui ne tirent pas encore parti des nouveautés récemment introduites par Google. « Par ailleurs, techniquement toutes les applications sont rétro-compatibles, seules les nouveautés spécifiquement conçues pour les dernières versions ne seront pas activées », ajoute M. Didascalou.Puisque Nokia n'a pas cherché à obtenir de certification de Google, la plateforme ne dispose pas de Google Maps et cie. La cartographie se base sur Nokia Here. Celle-ci présente l'avantage de proposer un accès en mode déconnecté avec la possibilité de télécharger les cartes de pays/régions en local. Les applications faisant usage des interfaces de programmation de Google Maps devront donc employer celles de Here Maps. A cet effet, Nokia met à disposition un outil permettant de remplacer une à une les API de Google par celles de Here. « Il suffit d'effectuer une recherche et de procéder à un remplacement automatique avant de recompiler l'application. C'est très simple », nous explique-t-on.
Nokia a également modifié les options de paiement afin d'automatiser la facturation directe effectuée par l'opérateur. « La gamme Nokia X cible principalement les pays émergents et dans ces régions, personne n'a de carte de paiement », affirme M. Didascalou. Il précise que Nokia est la société la mieux positionnée auprès des opérateurs mobiles et que cette option assure globalement des paiements multipliés par quatre pour les éditeurs.
Enfin la plateforme embarque un système de notification différent de celui de Google. Nokia explique que les notifications retournées par chacune des applications peuvent affecter considérablement la batterie. « Nous disposons d'une API Nokia Notification spécialement optimisée pour ce type d'appareils ».
La disponibilité des applications mobiles[/anchor]
Cette nouvelle plateforme s'accompagne d'un répertoire de téléchargement. Ce dernier est-il bien fourni ? Difficile à dire selon Nokia. « Nous parlons de plusieurs dizaines voire de plusieurs centaines de milliers d'applications mais le problème c'est qu'il y en a des milliers qui viennent s'ajouter tous les jours ».Reste qu'Amazon a tenté l'expérience avec son propre fork d'Android. Malgré la position importante de la société, l'App Shop ne contient pas tous les titres disponibles sur Google Play. En outre, plusieurs applications n'ont pas été mises à jour. De quelle manière la société Nokia s'assurera-t-elle de contrer ce problème ?
« Nous avons 7 ou 8 partenaires disposant eux-mêmes de répertoires Android ». Si une requête au sein du Nokia Store ne retourne aucun résultat, le mobinaute sera invité à récupérer l'application depuis un autre kiosque et obtiendra une liste de suggestions alternatives.
La société précise qu'elle ne percevra aucun revenu sur les achats effectués sur les plateformes partenaires et propose donc librement d'installer des répertoires externes, même ceux avec lesquels elle n'a pas d'affiliation. Google Play fait figure d'exception puisque les applications y sont d'emblée optimisées pour les services de Google. Avec la facturation directe, Nokia estime avoir un avantage de taille tant pour le développeur que pour le consommateur.
M. Didascalou ajoute qu'au sein du Nokia Store toutes les applications sont testées, d'une part pour s'assurer de leur compatibilité, mais également pour la présence des interfaces de programmation fournies par Nokia et enfin pour la détection de malware.
Multitâche : compromis entre design et performances[/anchor]
Nokia explique avoir pensé l'ergonomie de la plateforme Nokia X pour les consommateurs "lambdas", c'est-à-dire ceux qui ne sont pas particulièrement technophiles. Il faut dire que l'édition classique d'Android peut en dérouter certains avec plusieurs écrans d'accueil affichant des raccourcis et des widgets ainsi qu'un autre second niveau permettant d'accéder aux mêmes raccourcis (!?), sans parler du gestionnaire d'applications, des diverses couches logicielles et des utilitaires pré-installés par les OEM.Sur les Nokia X, le système est simplement composé de deux volets : l'écran d'accueil et FastLane, c'est à dire un flux chronologique des activités effectuées sur le terminal. Techniquement il est toutefois possible d'installer un launcher tiers. C'est via FastLane ou via l'écran d'accueil que l'utilisateur exécutera et changera d'applications. Contrairement à Windows Phone, iOS ou Android, nous ne retrouvons pas un véritable gestionnaire de tâches permettant de stopper les processus en cours d'exécution. Pour ce faire, il faudra nécessairement se rendre dans les paramètres avancés du système basés sur ceux d'Android. Toutefois M. Didascalou ne s'attend pas à ce que les utilisateurs effectuent ce type de manipulations.
Alors quid des applications gourmandes affectant considérablement la batterie ? « Les consommateurs devront s'en rendre compte d'eux même (...) il n'y a aucun avertissement fourni par le développeurs avant l'installation d'une application », déclare Nokia en ajoutant : « il faut être honnête, il n'y a aucun moyen d'empêcher cela. Il existe des applications dont les services nécessitent un ping très fréquent vers leurs serveurs, mais cela fait partie de leurs fonctionnalités. Il faudra alors trouver une autre application similaire mais mieux optimisée ».
Reste à savoir si Nokia saura véritablement positionner cette plateforme face à la concurrence et si les travaux portées sur ce système lui permettront de se distinguer suffisamment auprès des consommateurs mais également des développeurs.
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