Comparatif de trois compacts experts !

Aux deux compacts experts que sont les Canon Powershot S95 et Panasonic Lumix LX5 testés le 1er décembre 2010 s'ajoute aujourd'hui le Coolpix P300, la réplique de Nikon, à sa façon, sur ce marché séduisant. Le duel se transforme ainsi en triangulaire, si je puis dire...



Cette catégorie d'appareils, assez restreinte, trouve sa légitimité dans cette ambition partagée : séduire les photographes chevronnés désireux de trouver un petit appareil performant. Et pour combler l'éternel insatisfait qu'est l'utilisateur pointilleux, la finition doit être haut de gamme, l'ergonomie avancée, la qualité d'image élevée, les réglages complets ou encore la réactivité soutenue. Bref, il n'y a guère de domaine où l'attention se relâchera facilement, à charge donc pour les constructeurs de mettre dans leurs produits tout leur savoir-faire du moment.

Et l'indicateur qui ne trompe pas, c'est le tandem capteur « aéré » - objectif lumineux. Du bon fonctionnement de ces deux éléments dépendra en grande partie le succès de l'appareil photo. Ici, Canon et Panasonic ont quasiment aligné leurs choix technologiques. Les deux compacts embarquent en effet des capteurs CCD plus grands que la moyenne (1/1,7'' chez Canon et 1/1,63'' chez Panasonic) mais dotés de nombres de pixels plus faibles que la moyenne (10 Mpix). Il en résulte donc une densité de pixels assez faible pour les deux rivaux, d'environ 23 Mpix / cm². Nikon a fait un choix un peu plus risqué, du moins en théorie, avec 12,7 Mpix sur un capteur de 1/2,3'' (soit 45 Mpix/cm²). Mais son capteur est un CMOS rétro-exposé, supposé pouvoir mieux gérer la montée en sensibilité que le CCD. Nous verrons ce qu'il vaut sur le terrain.

Du côté des objectifs, les Canon et Panasonic proposent un zoom 3,8 X, plutôt court mais démarrant au grand angle (et même très grand angle chez Panasonic) et surtout lumineux (pour des compacts...) : un 28-105 mm (f:2-4,9) sur le S95 et un 24-90 mm (f:2-3,3) sur le LX5. Le P300 de Nikon fait une sorte de mix de ces deux objectifs avec un zoom 4,2 X couvrant la plage de focales 24-100 mm et ouvrant à f:1,8-4,9. Dernier point : le positionnement tarifaire de Nikon est plus agressif (en dessous de 300 €). Le P300 s'érige ainsi en alternative moins coûteuse aux S95 et LX5.

Spécifications

Il était déjà dur de départager les S95 et LX5 ; l'arrivée du P300 ne va pas nous faciliter la tâche. Sur un plan strictement technique, le LX5 conserve son avantage, grâce à son capteur multi-aspect, sa finition ultra soignée ou encore sa formule optique ambitieuse (car lumineuse, au grand angle comme au téléobjectif et très qualitative). Pour une utilisation plus posée et construite de la photo, où l'on peaufine ses réglages et on prend le temps de tester des choses, le LX5 apparaît donc comme une excellente solution. Mais pour une pratique de la photo plus spontanée, les S95 et P300 s'avèrent plus agréables à utiliser. Notamment grâce à leurs gabarits inférieurs, procurant l'avantage de la discrétion et les faveurs des petites poches.




Les compacts de Canon et Nikon apparaissent plus nerveux, au bénéfice (entre autres) d'un allumage rapide pour lequel il n'est en plus pas nécessaire de penser à enlever le cache objectif. Un atout maître pour de la photo de rue ! Leurs écrans LCD procurent un visionnage aussi réaliste qu'agréable, ce qui est loin d'être le cas du LX5.

Maintenant entre le S95 et le P300 ? L'APN de Canon propose une ergonomie que nous jugeons plus travaillée, grâce à son tandem bague d'objectif - roue crantée et sa touche d'accès rapide aux réglages essentiels. Simple mais ultra efficace ! Le P300 met lui l'accent sur les fonctionnalités (panoramique par balayage, rafale rapide, vidéo Full HD, mode photo de nuit à main levée...), donnant un aspect ludique à la photo, tant elles sont faciles à utiliser. Cela dit, en termes de qualité d'image, le S95 prend l'avantage. C'est incontestable dans les basses sensibilités et à la focale longue. Le P300 se rattrape dans les hautes sensibilités, mais ce sursaut intervient un peu tard, c'est dommage.
Ainsi conseillerons-nous le S95 aux utilisateurs plus exigeants, qui passeront notamment du temps à travailler leurs photos en post-production et à shooter en RAW. Et le P300 plutôt à un public d'amateurs désireux d'avoir un appareil très compact, bien fini et rapide, mais pas franchement enclin à trifouiller ses clichés à la loupe. Le positionnement tarifaire, plus agressif chez Nikon, apparaît d'ailleurs adéquat.