Canon D30 : le compact étanche à 25m
Aussi redoutable soit Canon en photo, le secteur des appareils étanches n'a jamais été son fort. Le D30 n'est que le troisième compact de la marque, là où d'autres, comme le pionnier Olympus, approchent de leur trentième modèle ! Il n'empêche que Canon frappe fort, du moins sur le papier, avec une étanchéité annoncée à 25 m, un record absolu. Est-ce suffisant pour s'imposer en référence ?Le Canon PowerShot D30
Prise en mains et ergonomie
Le D30 est bel et bien taillé pour la plongée. Outre le design très "marin" (tandem bleu/noir fréquent dans les combinaisons), les deux imposants grips caoutchoutés ne trompent pas. En revanche, si la préhension est bonne sous l'eau, quand l'appareil est sec, c'est une autre histoire. Le revêtement noir en plastique dépoli ne créé pas d'aspérité, au contraire il provoque un effet talque. Et comme le boîtier est dense et rondouillet, la glissade guette. Heureusement qu'il est costaud. Les commandes sont, elles, bien fermes mais la croix multidirectionnelle qui borde la touche Func. centrale n'est pas franchement commode à manipuler : trop petite et pas assez en relief. Les concurrents ont tous ajouté un rebord ou une aspérité pour rendre leur croix parfaitement fonctionnelle, pas Canon...Pour ce qui est de l'étanchéité, le D30 ne propose pas de dispositif plus spécifique que d'habitude pour permettre cette profondeur record de 25 m. Deux trappes, l'une à connectique (mini HDMI, mini USB, alimentation), l'autre à batterie et carte SD, entourées d'un joint de caoutchouc. Le mécanisme est simple à ouvrir côté connectique, mais pour la carte mémoire et la batterie, il va falloir de bons apports en calcium pour ne pas s'arracher un ongle. Mais pas de dispositif spécifique pour autant, c'est plutôt dans l'épaisseur conséquente du carénage et le choix des matériaux, que l'ingénierie de Canon a dû œuvrer pour atteindre 25 m.
Trappes étanches
Deux points forts à noter : son GPS intégré et son écran bien visible, avec une fonction « Soleil LCD » qui dope sur demande la luminosité de façon conséquente. Notez que le GPS ne fait que géotaguer les images : ce n'est pas une solution de cartographie autonome. Et Canon n'a pas poussé l'équipement jusqu'à la boussole, l'altimètre, le baromètre ou le profondimètre comme chez quelques concurrents. On reste donc sur un appareil relativement simple, très point and shoot (visez, déclenchez).
Quid des menus ?
C'est du Canon... On a envie de dire à l'ancienne, mais non, c'est juste que l'identité visuelle et la structure des menus n'a pas bougé depuis moult temps. Une continuité qui a l'avantage de ne pas perturber les habitués, sauf que la présentation commence à faire vieillotte. Et on aimerait voir certains comportements de cette interface changer. Comme la barre de menu (touche « Func. ») rapide qui ne disparaît pas quand on appuie à mi-course sur le déclencheur. Ou l'absence de certains réglages depuis cette même interface, forçant à aller les chercher par le menu principal (dosage du flash, boost de l'écran LCD et mode muet). Tout cela reste toutefois de l'ordre du détail, le D30 demeure un appareil simple et agréable à utiliser.Performances : réactivité, objectif et ISO
En bon petit compact taillé pour l'action, le D30 se montre bien réactif. Une fois le splash screen et la visualisation des images désactivés, on obtient un appareil plutôt vif : allumage en moins de 1,5 s, une petite seconde entre deux prises de vue, latence faible et autofocus très correct (et fiable). En revanche, la rafale n'est pas le point fort du D30, puisqu'en dépit de son capteur BSI et de sa puce de traitement Digic IV, le D30 ne parvient pas à proposer mieux que du 1,9 im/s...La formule optique n'a pas changé depuis le D20 : un zoom 5X stabilisé (de manière optique), couvrant la plage de focales 28-140 mm. Les ouvertures, à f:3,9-4,8, n'ont pas de quoi faire sauter au plafond (quand certains concurrents ouvrent à f:2,0 au grand-angle), il va falloir assurer dans la montée en ISO pour pallier cette lacune, notamment dans les fonds marins. Le piqué est très bon au centre à la focale courte (comme sur la plupart des appareils). Sur les bords au grand angle, on voit apparaître des aberrations chromatiques marquées (décalage des couches RVB), et la netteté en prend aussi un coup. Au télé, l'optique s'homogénéise, dans la douceur : c'est mieux. Au global, la prestation est donc moyenne.
S'il est un conservatisme chez Canon qui ne nous déplaît pas, c'est bien celui des résolutions de capteur. 12 mégapixels, depuis le D10 sorti en février 2009, et c'est bien suffisant. On est en revanche passé d'un CCD à un CMOS, puis aujourd'hui un CMOS BSI (rétro-exposé), toujours de même taille 1/2,3 pouce. Que donne-t-il ? Sans prouesse particulière, il procure des images assez fines en détails, notamment à 100 et 200 ISO. Dès 400 ISO, l'image devient voilée par le traitement anti-bruit. Ce dernier est bien contenu puisqu'il n'apparaît véritablement qu'à 1600 ISO. Mais la netteté générale de l'image en pâtit. Sur 12 mégapixels c'est plus pénalisant que sur 16. Cela dit, les clichés restent exploitables correctement jusqu'à 800 ISO, pour des sorties standard (10x15 cm). On aurait espéré mieux, même si la concurrence ne se démarque pas dramatiquement dans ce registre.