Clubic : Comment avez-vous eu l'idée ?
Ilan Zerbib : A l'époque où nous habitions tous les trois à San Francisco, un de mes associés devait aller à un dîner chic mais n'avait rien à se mettre. Il se rend alors chez Zara, et achète un costume à 120 dollars. Le lendemain, mon autre associé se rend à son tour chez Zara, et voit que le même costume est à moitié prix ! Il l'achète et montre à mon autre associé que la même pièce lui a coûté 60 dollars. Un déjeuner ensemble nous a suffit pour avoir l'idée d'Earny.
Earny est inspiré du price protection, où votre banque vous rembourse la différence si le produit que vous achetez est moins cher ailleurs. A l'époque du costume, on a fait la démarche et on s'est rendus compte qu'il nous a fallu attendre des semaines avant de recevoir les 60 dollars sur notre compte...
On s'est alors dit que le price drop étant une pratique courante aux Etats-Unis, il y avait un énorme potentiel si nous arrivions à accélérer le processus de remboursement.
Clubic : Comment ça marche ?
I. Z. : Earny est une application mobile qui compare le prix des produits achetés par le consommateur et rembourse immédiatement la différence. Elle limite l'attente imposée par les banques traditionnelles.
Nous avons des partenariats avec les plus grandes banques : Chase, Citibank mais aussi les cartes Mastercard et Discover. En interne, on a un algorithme spécifique pour chaque chaîne de magasins. On a une quinzaine d'enseignes sur l'app, comme Amazon, Nike, Walmart ou encore Gap.
Clubic : Après avoir levé 12 millions d'euros, vous êtes désormais dans le top des téléchargements sur l'Apple Store USA. A quand une version française ?
I. Z. : Le marché aux Etats-Unis pour le price protection est énorme : nous avons accès à près de 200 millions de cartes de crédits. Il y a tellement de chaînes de magasins et tellement d'enseignes, qu'il y a de quoi faire.
La France est un marché très différent. Il y a 15 millions de cartes et le marché est très petit. Le price protection est d'ailleurs un produit bancaire en option, contrairement aux Etats-Unis où il est généralisé. On pourrait éventuellement répliquer le modèle pour des magasins comme la Fnac, mais ça nous prendrait beaucoup de temps pour une audience réduite.
Clubic : Comment s'annonce le premier trimestre ?
I. Z. : Après un an et demi de discussions, nous venons de signer un partenariat avec Yahoo qui va nous intégrer dans leurs boîtes email. A chaque fois que l'utilisateur recevra la facture d'un produit acheté en ligne, Yahoo enverra un message pour l'encourager à utiliser Earny, du type: "Vous pourrez obtenir un remboursement sur cet achat en vous enregistrant sur notre site partenaire Earny". Ils nous ouvrent la porte à 80 millions d'utilisateurs actifs, c'est incroyable !
Nous comptons recruter près d'une quinzaine d'ingénieurs et de product managers d'ici à la fin de l'année prochaine. Los Angeles est une ville très dynamique pour les start-ups. Il est possible de s'y démarquer plus facilement qu'à San Francisco, où il y a beaucoup de concurrence. Nous avons bien fait de déménager ici, la Silicon Beach nous a définitivement porté chance !