TikTok a annoncé la démission de son responsable mondial de la sécurité, Roland Cloutier, alors que les données personnelles de ses utilisateurs américains sont en pleine migration vers les serveurs d’Oracl, et que l’application est touchée par un scandale outre-Atlantique.
Au mois de juin, une enquête signée Buzzfeed a en effet révélé que des employés chinois de ByteDance, maison-mère de TikTok, ont accédé à plusieurs reprises à des données non publiques sur des utilisateurs américains.
Le chef de la sécurité démissionne alors que TikTok change de stratégie
Dans une note interne, Roland Cloutier, qui occupe sa position depuis 2020, explique sa décision : « Avec notre récente annonce sur les changements de gestion des données aux États-Unis, il est temps pour moi de passer de mon rôle de chef de la sécurité mondiale à un rôle de conseiller stratégique axé sur l'impact commercial des programmes de sécurité et de confiance, en travaillant directement avec Shou, Dingkun et d'autres dirigeants ». Cloutier sera remplacé à titre intérimaire par Kim Albarella, actuellement responsable mondial de la sécurité des risques, des fournisseurs et des clients de TikTok.
« Une partie de notre approche évolutive a été de minimiser les préoccupations concernant la sécurité des données des utilisateurs aux États-Unis, y compris la création d'un nouveau département pour gérer les données des utilisateurs américains pour TikTok. Il s'agit d'un investissement important dans nos pratiques de protection des données, et cela modifie également la portée du rôle de responsable de la sécurité mondial. Dans cette optique, Roland a décidé de prendre du recul par rapport à ses activités quotidiennes », a déclaré Shou Zi Chew, P.-D.G. de TikTok.
Il fait notamment référence à l’annonce du réseau social, faite au mois de juin, de la migration des données des utilisateurs américains vers les serveurs d’Oracle, une démarche évoquée depuis 2020 et destinée à apaiser les inquiétudes des autorités du pays.
Les suspicions à l’encontre de TikTok toujours vives aux États-Unis
C’est l’administration Trump, en 2020 justement, qui a émis les premiers doutes quant à TikTok, alors en pleine expansion. Sa maison-mère, ByteDance, était en effet accusée d’entretenir des relations fortes avec le Parti communiste chinois (PCC) et de lui fournir des informations sur les données personnelles des utilisateurs de l’application. À l’époque, Trump exigeait un rachat des activités américaines de TikTok par une firme de son pays et menaçait son interdiction dans le cas contraire.
Après de très nombreux retournements de situation, TikTok a continué d’opérer de la même manière, mais le récent scandale révélé par Buzzfeed l’a poussée à changer sa stratégie en stockant les données des Américains aux États-Unis. Malgré cela, un groupe bipartisan de législateurs a demandé à la Federal Trade Commission (FTC) d'ouvrir une enquête sur les allégations selon lesquelles des employés de ByteDance ont eu accès à des données concernant des utilisateurs américains.
« Le problème n'est pas le responsable de la sécurité de l'entreprise, c'est l'entreprise elle-même. Les changements de personnel n'ont aucun sens car ByteDance, qui a des liens directs avec le PCC, reste aux commandes malgré les affirmations précédentes de TikTok », a déclaré le député républicain Marco Rubio à propos de la démission de Cloutier.
Si la migration des données vers Oracle devrait apaiser les tensions, il n’est pas certain qu’elle permette de faire oublier les nombreuses suspicions pesant à l’encontre de TikTok outre-Atlantique…
Sources : The Wall Street Journal, The Verge