Ceux que l'on appelle les « contractors », autrement dit, les intérimaires de Google, composent la moitié des effectifs de la firme américaine. Aujourd'hui, ils veulent une amélioration de leurs conditions de travail.
Il est vrai que lorsque l'on pense aux employés de firmes comme Google, Amazon ou Facebook, on imagine bien souvent de beaux bureaux, une paie bien grasse, la salle de sport intercalée entre son bureau et la salle de repos équipée d'une cuisine XXL... Il serait réducteur de penser ainsi et ce serait surtout oublier les « petites mains » : celles que l'on voit peu, ou pas du tout, mais qui font un travail bien visible. Chez Google, la moitié des effectifs est composée d'intérimaires, recrutés auprès d'agences comme Adecco, Randstad ou Cognizant. Las du manque de considération de leur employeur, certains ont décidé de hausser le ton.
Pour Google, le recrutement d'intérimaires lui permet de gagner du temps
En recrutant de nombreux intérimaires, Google fait appel à une main-d'œuvre bon marché qui lui permet de cibler davantage ses efforts sur le recrutement d'employés chevronnés du secteur, à prix d'or. Si les salariés doivent passer par une dizaine d'entretiens pour faire leur entrée à Moutain View (un processus qui peut prendre plusieurs mois), le recrutement de contractors ne nécessite que quelques jours, quelques semaines tout au plus. Serveurs dans les cafétérias du groupe, testeurs de voitures autonomes, personnel des call centers ou encore personnel d'entretien des locaux, on les voit partout au sein de l'entreprise. Jusqu'aux révélations de Bloomberg, relayées par Les Échos, on ignorait encore leur masse.Au début du mois de décembre, les intérimaires ont publié une lettre ouverte adressée au PDG de Google Sundar Pichai, dans laquelle ils réclament une « égalité de traitement » et dénoncent être « victimes de discrimination ». Chez Google, les contractors sont facilement identifiables par un badge rouge, alors que les salariés « en place » portent un badge blanc.
Les contractors ne disposent d'aucun avantage
Les intérimaires et certains salariés déplorent la création de « castes » au sein de la société. Jenny, diplômée d'une université reconnue et intérimaire, dénonce : « Dans la hiérarchie, nous sommes plus bas que les stagiaires, qui peuvent emmener des invités à la cantine, par exemple. Nous sommes également exclus de certains événements. Il y a une fête de Noël demain et je n'y vais que parce que l'un de mes collègues me donne son ticket supplémentaire au lieu d'inviter son épouse ». Mais il n'y a pas que ça.Outre le fait de ne pas bénéficier de stock-options ou de bonus, les travailleurs temporaires de Google ne disposent pas du même système d'information que les salariés et n'ont pas accès à la liste des postes ouverts en interne. Pour faire entendre leurs nombreuses voix, les contractors espèrent rebondir sur la grogne des employés, les Googlers, qui mettent eux aussi la pression sur leur direction, notamment pour lutter contre le harcèlement sexuel ou pour dénoncer l'association de leur entreprise avec le département américain de la Défense. Récemment, ils étaient 20 000 à manifester.
TVCs make up more than half of Google's workforce, and we demand fair treatment. #GoogleWalkout https://t.co/b85WMwi90T
— Google Walkout For Real Change (@GoogleWalkout) 5 décembre 2018