Cette semaine Huawei tenait à Paris un événement dédié à la présentation de son MateBook 14S, un nouvel ultraportable cossu, attendu fin octobre. Présents sur place, nous avons pu rencontrer Stéphane Curtelin, Directeur Marketing de Huawei France.
Comment va Huawei ? La question mérite d’être posée alors que le géant chinois subit d’importants revers, notamment sur le marché des smartphones, depuis la mise en place des sanctions américaines. La firme a néanmoins su réagir avec une certaine adresse en lançant ses propres solutions logicielles : Harmony OS d’une part, et l’environnement HMS (Huawei Mobile Services) de l’autre. Cette direction, prise à marche forcée par la marque, a notamment permis d'accélérer et affermir le développement de son propre écosystème, avec une interconnexion de plus en plus marquée entre ses différents appareils au travers de solutions comme Huawei Share par exemple.
De quoi faire faire émerger dans nos esprits quelques interrogations quant aux projets de Huawei, cette fois sur le segment PC portables, un marché pour l’instant largement épargné par les sanctions venues d’outre-Atlantique.
À l’occasion de l’événement dédié à la présentation du nouveau Huawei MateBook 14S (un ultraportable premium que nous avons pu prendre en mains), nous avons rencontré Stéphane Curtelin, Directeur Marketing de Huawei France. Cela tombait bien, Clubic avait cinq questions à lui poser, et lui avait quelques minutes à nous accorder.
« Un écosystème le plus riche et intuitif pour le consommateur moyen »
Clubic : Depuis combien de temps dure la collaboration entre Huawei et Microsoft sur le marché du PC portable ?
Stéphane Curtelin : Depuis les premiers PC portables. En fait on a toujours travaillé avec Microsoft, donc ça fait des années. Plus précisément, ça fait trois ans et demi que je suis chez Huawei, et je pense qu’on a dû lancer nos premiers PC portables au début [de cette période]. Donc on travaille avec cette entreprise depuis toujours.
Huawei a-t-elle profité du déploiement de Windows 11 pour apporter des nouveautés logicielles particulières à ses MateBook (en termes de surcouche logicielle) ?
Ce qui est certain c’est que nous avons poursuivi la vision qu’on avait de l’écosystème Huawei, pour le rendre le plus riche possible et, aussi, le plus intuitif pour le consommateur moyen. Ça veut dire qu’on va retrouver sur nos appareils des points de surcouche auxquels on tient énormément, comme Huawei Share. Pour nous, il n’y a pas de meilleure façon d’interagir avec un smartphone, du moins lorsqu’on a un smartphone Huawei. Et ensuite on a toute la partie connexion avec une tablette ou un écran comme le MateView, qui permet aussi d’avoir un affichage sans fil.
Ce sont ces types de surcouche qu’on a voulu apporter, qu’on avait déjà apporté et qu’on continue d’apporter, justement. On les a enrichies, parce que désormais le Huawei Share gère trois écrans de smartphone simultanément sur PC au lieu d'un seul précédemment. Maintenant il est par exemple possible d'afficher en même temps sa messagerie WhatsApp, sa messagerie professionnelle et sa galerie photo, par exemple.
Hichem El Assri (directeur produits PC , tablettes, moniteurs et enceintes), qui se joint à l’entretien :
On est dans la continuité de l’expérience quel que soit l’OS. C’est quelque chose qu’on a lancé dès le départ sur nos produits et que nous développons depuis pas mal de temps. Donc on a maintenant une certaine expertise, c’est hyper fluide, ça marche très bien, et ça nous donne une longueur d’avance sur pas mal de nos concurrents.
Cela dit, on a souri quand on a vu que Windows 11 s’orientait aussi vers cette multi-convergence, le fait de faire communiquer, enfin, les différents OS. Mais je pense que ce ne sera jamais aussi bien intégré que ça l’est pour Huawei. C’est d’ailleurs pour ça que nous nous concentrons uniquement sur les produits que nous commercialisons : pour maîtriser l’expérience. En revanche, tout ce qui est valable sur Windows 11 sera valable sur nos produits, avec nos fonctions additionnelles en prime.
Huawei très attachée à Microsoft, Intel et AMD
On sait que Huawei a été brusquement privée des services de Google et a adopté dans la foulée HarmonyOS sur smartphones et tablettes (entre autres). Y-a-t-il un risque pour qu’une situation similaire survienne sur les laptops ?
Stéphane Curtelin : Ce qu’on constate aujourd’hui, c’est que l’on travaille très bien avec Microsoft, avec Intel, et avec AMD aussi. C’est déjà une réassurance. Mais on ne va pas se lancer à lire dans des boules de cristal. Là c’est la réalité, donc c’est la meilleure réponse que je puisse donner.
Les consommateurs vont trouver des PC ultra complets, ultra performants, avec Windows 10 dans la boîte et Windows 11 en téléchargement ; mais aussi avec les derniers processeurs Intel et la plateforme EVO (dont profite la version la plus haut de gamme du nouveau MateBook 14S, NDLR). Donc voilà, pour le moment ça se passe très bien.
Un écosystème entièrement propriétaire (comme chez Apple par exemple), étendu à l’ensemble des appareils Huawei, est-ce une piste étudiée en interne ? Ou est-ce qu’au contraire, Huawei ne voit pas son avenir sur laptop sans Microsoft à ses côtés ?
Stéphane Curtelin : Sur les laptops, on a toujours été clairs, on travaille avec Microsoft, on travaille bien avec eux et on va continuer.
Hichem El Assri : Non, ce n’est pas quelque chose qui est en travaux. Nous on travaille plutôt sur l’usage. On n'est pas dans cette vision « OS » à outrance. C’est vraiment l’expérience consommateur qu’on privilégie et aujourd’hui, sur le PC, elle est très bonne avec Windows 10 et maintenant Windows 11. Il n’y a pas de raison de travailler [sur un écosystème entièrement propriétaire] de l’autre côté. C'est plutôt l'interopérabilité et l’interconnexion qui nous intéressent. Si la solution est déjà bonne sur PC, on n'a pas de raison de travailler sur un autre système.
La situation de Huawei sur le marché des smartphones est devenue compliquée, notamment en Europe. Qu’en est-il sur le marché du PC portable ? Les ventes sont-elles à la hauteur de vos attentes ?
Stéphane Curtelin : Oui, complètement. La preuve, on tient notre agenda sur les MateBook. On a introduit un MateBook X Pro au cours du second trimestre et là on tient nos objectifs sur la fin d’année. Donc ça se passe bien. On une réponse au niveau de la distribution qui est positive elle aussi […]. Et notre agenda est respecté malgré les pénuries au niveau mondial.
On profite d’une belle performance de nos ingénieurs, de nos designers, de notre recherche et développement. En plus on a de très bons échos du côté des consommateurs. On le voit sur les réseaux sociaux et dans les ventes qui se passent très bien aussi. Et c’est ce qui fait qu’on peut continuer. Si les ventes étaient mauvaises, ce serait plus compliqué, les distributeurs arrêteraient de nous référencer. Donc pour le moment c’est très encourageant. On aimerait même faire encore plus, mais il y a cette pénurie de composants qu’il faut réussir à gérer. Pour l’instant on s’en sort plutôt bien et ça devrait continuer.
Pour rappel, le nouveau MateBook 14S, dernier né de Huawei sur le segment ultraportables, arrivera en France à compter du 15 octobre, à partir de 1 149 euros. Le produit est actuellement en test chez Clubic.