Microsoft a annoncé ce matin au cours d'une conférence de presse dans ses locaux parisiens - et en même temps dans ses différentes antennes du monde entier - la disponibilité en bêta publique d'Office 365, sa suite de productivité en mode hébergé. Si le géant dit vouloir viser toutes les entreprises, il fait une avancée inédite en direction des très petites entreprises (TPE).
Désormais, Microsoft Office 365 va pouvoir toucher toutes les entreprises. Car contrairement à son ancêtre, BPOS (Business Productivity Online Suite), Office 365 ne propose pas des licences aux entreprises à partir de cinq employés. Pour s'inscrire à Office 365, un seul utilisateur suffit. De quoi viser des entreprises de très petites tailles, voire des indépendants, alors que ceux-ci sont traditionnellement moins équipés que les grands comptes en solutions informatiques.
Selon une étude de l'institut GfK de novembre 2010 sur les TPE / PME, en effet, il apparaît qu'une TPE / PME sur deux a une messagerie d'entreprise, que 30% ont un site web, et que seuls 20,5% ont une solution de téléphonie VoIP. De même, moins d'une TPE / PME permettrait à ses employés de se connecter depuis l'extérieur du réseau de l'entreprise, et sur les deux tiers d'entreprises qui équipent au moins un salarié d'un téléphone mobile, seules 40,5% disposent d'un accès aux emails.
Echange Online + Lync Online + SharePoint Online
Une opportunité assez évidente pour Microsoft et son Office 365, même si ces chiffres ne donnent en rien les intentions d'équipement ou les besoins de ces TPE / PME. Mais pour Ariane Gorin, directrice ligne de produits Office chez Microsoft France, la réponse est claire : « Nous voyons une demande énorme, que ce soit pour la bêta d'Office 365 ou sur BPOS. Tous les secteurs viennent sur BPOS, et le fait d'ouvrir aux entreprises à partir d'un utilisateur va permettre d'amener encore plus de monde. Le problème, ce n'est souvent pas une question de besoin, mais de facilité d'accès. Les artisans et les TPE voient parfois l'informatique comme quelque chose de compliqué. Microsoft et ses partenaires ont donc un vrai travail pour faire comprendre que le fait de mettre un site en ligne, ou avoir une adresse professionnelle, peuvent constituer un axe de croissance pour les TPE. »
Pour pallier ce manque, Microsoft met donc à disposition dans Office 365 toutes ces fonctionnalités : messagerie professionnelle et calendrier Exchange, communications instantanées grâce à Lync, intégration d'un site SharePoint, etc. On peut y accéder à travers un navigateur web directement. En tous cas « avec Internet Explorer, Mozilla Firefox, et Apple Safari, les trois navigateurs », selon Laure Goudiard du Mesnil, chef de produit Office 365 et en charge de la démonstration ce matin. L'oubli des produits concurrents made in Google semblent devenir la règle dans les conférences de presse Microsoft... Après vérification auprès d'Ariane Gorin, « Google Chrome est a priori compatible, mais à faire revalider. »
3 questions à Ariane Gorin,
Directrice ligne de produits Office
Microsoft France
Quel service apportez-vous qui justifie un abonnement payant dès le premier utilisateur, quand Google Apps est gratuit jusqu'à 100 ?
Je ne souhaite pas commenter la qualité de ce que font nos concurrents, mais la première chose, c'est que nous ne mettons pas de publicité dans nos logiciels. Sur le grand public, je comprends qu'on puisse utiliser un business model basé sur la pub, mais est-ce qu'un chef d'entreprise ne veut pas plutôt donner à ses employés les meilleurs outils ? Nous sommes leaders sur le marché, et nous développons des outils qui vont rendre les gens plus efficaces. Nous avons des retours très positifs.
Est-ce que cela suffira à assurer une base de clientèle payante par rapport à la concurrence ?
J'aimerais préciser que j'aime avoir des concurrents, on a besoin de se battre. Mais je suis très à l'aise face à la concurrence. Nous avons des outils vraiment conçus pour les entreprises, avec une vraie sécurité et une vraie pérennité. C'est ce qu'apprécient nos clients, c'est qu'ils savent que demain, ils pourront toujours compter sur nous.
Vous axez beaucoup sur la facilité, mais en même temps, Office 365 apporte aussi une lourdeur supplémentaire, en même temps que de nouvelles fonctionnalités, à Office. De même, vous semblez tenir pour faciles des opérations qui ne sont pas à la portée de tous, comme la redélégation de nom de domaine...
C'est important qu'il y ait un accompagnement. Et là aussi, nous devons travailler avec noter réseau de revendeurs, qui est très proche de nos clients. De plus, sur la version entreprises, il y aura un support téléphonique 24h/24, et pour les TPE, il y aura toujours un accès à des communautés en ligne.
Cette solution « de base », orientée TPE / PME, s'appelle Kiosk. Elle coûte 3,57 euros par utilisateur et par mois dans sa version sans les Office Web Apps, et 5,25 avec. Pour Office 365 entreprises, ce ne sont pas moins de quatre versions qui sont proposées, de E1 à E4. Les fonctionnalités augmentent graduellement, et le coût par mois et par utilisateur débute à 9 euros. A noter que si une entreprise souhaite avoir l'accès aux fonctionnalités avancées Office Professionnel Plus, et donc bénéficier de l'intégration d'Office 365 dans la suite de productivité Microsoft Office Professionnel, il lui faudra débourser au minimum 22 euros par mois et par utilisateur. Une solution dédiée au monde de l'éducation devrait également arriver dans l'année.
Une offre étagée qui pourrait certes décontenancer ces béotiens de l'informatique que semble vouloir toucher Microsoft. Mais pour Ariane Gorin, i« l y aura un accompagnement des revendeurs Microsoft, et de plus, cela correspond à une demande de nos clients : pouvoir personnaliser au maximum leur suite en fonction de leurs besoins. » Pourquoi ne pas proposer une solution entièrement à la carte dans ce cas, puisqu'il est aussi possible de choisir application par application ce qui sera utilisé ? « Parce que les packs permettent d'obtenir des réductions pour nos clients, » précise Ariane Gorin.
Bêta ouverte
Au final, on notera donc que Microsoft veut poursuivre un peu plus sa logique de cloud computing autour de ses logiciels historiques. L'offre se veut extrêmement simple d'accès dans sa version dans le navigateur web - même si parfois, Microsoft semble considérer certaines opérations comme la redélégation de nom de domaine comme étant à la portée de tout le monde. Et, même si l'équipe de Microsoft a une fois de plus réussi l'exploit de ne pas évoquer le nom de Google au cours de la présentation, c'est bien à Google Apps que les entreprises compareront cette bêta publique d'Office 365 (voir l'encadré ci-contre).
Le site de la bêta publique est d'ores et déjà ouvert.