Daniel Ichbiah vient de publier sa biographie de Mark Zuckerberg. L'écrivain et journaliste va vous donner envie d'en savoir plus sur le créateur et dirigeant de Facebook !
Mark Zuckerberg, c'est tout et son contraire. Un milliardaire qui ne se fait pas à l'argent, un collecteur de données qui veut « aider son prochain », un génie qui a connecté plus de deux milliards de personnes mais qui serait presque asocial.
À 34 ans, le natif de White Plains est un paradoxe qui pourrait bien, un jour et malgré les scandales que son bébé Facebook provoque, caresser un destin présidentiel. Qui est vraiment Mark Zuckerberg ? Comment est-il perçu par ceux qui ont pu croiser sa route ? Comment le comparer à d'autres géants de sa trempe ? Pour le savoir, nous avons eu le plaisir d'interviewer l'auteur de Mark Zuckerberg, la biographie, l'écrivain et journaliste Daniel Ichbiah, spécialiste du genre.
Pour que vous puissiez survoler ses réponses en un coup d'œil, nous avons raccourci ces dernières. Mais si vous avez quelques minutes supplémentaires devant vous, vous pouvez retrouver l'interview dans sa totalité juste en-dessous.
5 questions à Daniel Ichbiah, auteur de Mark Zuckerberg, la biographie
Clubic : Avouons que ce n'est pas tous les jours qu'on retrouve une biographie sur une personne qui a un peu plus de 30 ans...Daniel Ichbiah : Mark Zuckerberg a créé Facebook en 2004, et 14 ans plus tard, il est l'une des trois plus grandes fortunes mondiales. C'est assez incroyable en soi, et ce qui l'est tout autant, c'est qu'il n'a pas adopté le mode de vie des « très riches ». Souvent, le meilleur moment de la vie, c'est d'être étudiant et de vivre des moments avec ses potes. Zuckerberg semble vouloir prolonger ça le plus longtemps possible. Pendant de nombreuses années, on aurait pu penser à la réincarnation d'un moine bouddhiste. Il ne montre pas sa richesse.
Zuckerberg est un homme qui aime construire, qui pourrait même avoir un destin extraordinaire...
C'est quelqu'un qui aime accomplir, ce qui est une notion très américaine d'ailleurs. C'est pour ça qu'on parle de lui comme d'un futur président des États-Unis. En 2006, il y a eu un changement dans les clauses de Facebook, qui lui donne la possibilité de pouvoir prendre un congé d'absence de l'entreprise pour servir le gouvernement, tout en restant le PDG de Facebook. Cette petite ligne nous fait penser qu'il laisse la porte ouverte.
« Il faudrait qu'il ait un peu plus de poigne »
Comment vous avez pu vous documenter sur lui, comment êtes-vous parvenu à approcher son entourage ?
Grâce à Facebook, aux mails, on peut rentrer en contact avec des tas de gens. C'est plus facile aujourd'hui qu'il y a quelques années. Il y a des gens qui répondent plus facilement à leurs mails qu'au téléphone par exemple. Mais les entreprises sont plutôt fermées, comme Facebook. Tenez par exemple, toutes les semaines, il y a une réunion des employés de Facebook. Jamais un mot n'a filtré de ces réunions, sauf une fois, et Mark Zuckerberg s'était juré d'identifier la « balance » et de l'expulser de l'entreprise. Très peu de temps après, cette même personne a été licenciée.
Quels sont ses principales qualités selon vous ?
Il a ce côté Monsieur Tout-le-monde qui a pour conséquence une absence de charisme par rapport à un Steve Jobs ou un Bill Gates. Mark Zuckerberg est une personne d'une grande humilité. S'il s'énerve, et ça peut arriver, il va très vite vous dire qu'il est désolé, un peu comme un enfant qu'on aurait pu surprendre en train de faire une bêtise. S'il devient président des États-Unis, il faudrait qu'il ait un peu plus de poigne. Les anciens employés de Facebook sont extrêmement respectueux de Zuckerberg, car ils ont le sentiment d'avoir été traités avec beaucoup de respect.
Au cours de vos nombreuses recherches, avez-vous appris quelque chose qui vous a déçu sur Mark Zuckerberg ?
On sait qu'il a tenu des propos assez durs sur la messagerie AIM, des conversations privées qui ont par la suite été dévoilées par Business Insider. Il a notamment dit avoir piraté le site de ses concurrents, les frères Winklevoss. Après... si on se met à diffuser au public les messages privés que tous les dirigeants échangent, ce ne serait glorieux pour presque personne, surtout que ce n'est pas destiné à être révélé au départ. Tout ça contraste un peu avec la candeur que Zuckerberg manifeste, mais on peut dire qu'il s'agissait d'erreurs de jeunesse.
L'interview complète de Daniel Ichbiah
Clubic : Quand on vous a proposé d'écrire la biographie de Mark Zuckerberg, qu'est-ce qui vous a poussé à accepter ? Avez-vous pris le temps de réfléchir avant de rendre votre décision ?
Daniel Ichbiah : Pour moi, ça semblait naturel, car je baigne dans cet univers. On m'a aussi proposé Jeff Bezos. Je suis admiratif de ce qu'il a accompli, mais il n'a pas la bienveillance d'un Mark Zuckerberg, nous allons y revenir. Je n'ai pas accepté tout de suite de faire la biographie. Sincèrement, j'ai eu un mal fou à avoir des interviews, je n'ai pas pu obtenir une interview de Zuckerberg, ce qui m'a vraiment énervé. Facebook, et je l'avais déjà vécu auprès de Google, est complètement cadenassé - c'est même pire. L'entreprise gagnerait pourtant à communiquer davantage, car elle a des atouts.
C'est une volonté de ne rien révéler de la part de Facebook ?
Nous sommes arrivés à une époque où il existe des sociétés comme Google, Amazon, Twitter ou Facebook qui n'ont plus besoin de faire de la publicité. Ce sont des entreprises d'un nouveau genre qui, quelque part, ont réussi à contourner les médias. On a commencé à le constater sur le tard chez Microsoft et Apple. Aujourd'hui, ce sont plus les médias qui ont besoin de Facebook et Google que l'inverse, c'est un vrai tour de force. Cela fait partie des signes qui montrent que nous avons changé de civilisation.
Avouons que ce n'est pas tous les jours qu'on retrouve une biographie sur une personne qui a un peu plus de 30 ans ?
Il a créé Facebook en 2004, et 14 ans plus tard, il est l'une des trois plus grandes fortunes mondiales, c'est incroyable. Et ce qui est tout aussi incroyable, c'est qu'il n'a pas adopté le mode de vie des « très riches ». Souvent, le meilleur moment de la vie, c'est d'être étudiant et de vivre de bons moments avec ses potes. Zuckerberg veut prolonger ça le plus longtemps possible, il ne veut pas rentrer dans les conventions, il préfère faire un bon barbecue avec ses potes, faire un babyfoot. Il est resté dans ce mode de vie très cool. Il y a du bon là-dedans. C'est peut-être l'éducation : il aime la vie simple, les choses simples. Pendant de nombreuses années, on aurait pu penser à la réincarnation d'un moine bouddhiste. Il ne montre pas sa richesse.
« Zuckerberg peut prendre un congé d'absence de l'entreprise pour servir le gouvernement »
Mark Zuckerberg est un homme qui aime construire, qui pourrait même avoir un destin extraordinaire...
C'est quelqu'un qui aime accomplir, ce qui est une notion très américaine d'ailleurs. C'est pour ça qu'on parle de lui comme d'un futur président des États-Unis. C'est très plausible.
Futur président des États-Unis, on en parle, certes, mais vous y croyez ?
En 2006, il y a eu un changement dans les clauses de Facebook, qui lui donne la possibilité de pouvoir prendre un congé d'absence de l'entreprise pour servir le gouvernement, tout en restant le PDG de Facebook, un peu comme Michael Bloomberg, l'ancien maire de New York. Cette petite ligne nous fait penser qu'il laisse la porte ouverte. Je pense qu'il veut vraiment laisser sa trace dans l'Histoire.
En France, on a du mal à imaginer un grand patron devenir président de la République...
Aux États-Unis, quelqu'un qui a réussi dans son business peut être considéré comme un potentiel candidat. À un moment, je m'étais demandé si Bill Gates n'allait pas tenter le grand saut, mais il a préféré l'humanitaire.
Comment avez-vous pu vous documenter sur lui, comment êtes-vous parvenu à approcher son entourage ?
Grâce à Facebook, aux mails, on peut rentrer en contact avec des tas de gens. C'est plus facile aujourd'hui qu'il y a quelques années. Il y a des gens qui répondent plus facilement à leurs mails qu'au téléphone par exemple. Le travail peut être plus facile, mais les entreprises sont plutôt fermées, comme Facebook. Tenez par exemple, toutes les semaines, il y a une réunion des employés de Facebook. Jamais un mot n'a filtré de ces réunions, sauf une fois, et Mark Zuckerberg s'était juré d'identifier la « balance » et de l'expulser de l'entreprise. Très peu de temps après, cette même personne a été licenciée.
« Un côté Monsieur Tout-le-monde »
Quels sont ses principales qualités selon vous ?
Ce qui est surprenant, c'est qu'il a ce côté Monsieur Tout-le-monde qui a pour conséquence une absence de charisme par rapport à un Steve Jobs ou un Bill Gates. Pas une personne que j'ai pu rencontrer ne vous dira le contraire. Mark Zuckerberg est une personne d'une grande humilité. S'il s'énerve, et ça peut arriver, il va très vite vous dire qu'il est désolé, un peu comme un enfant qu'on aurait pu surprendre en train de faire une bêtise. S'il devient président des États-Unis, il faudrait qu'il ait un peu plus de poigne. Il est pour donner plus d'accès aux immigrés, il serait en faveur d'un revenu minimum... C'est un démocrate pur et dur. En 2016, il a appelé plusieurs fois les gens à aller voter contre Trump. Il a un côté humain, humanitaire, dont on ignore s'il serait suffisant une fois arrivé au pouvoir. Les anciens employés de Facebook sont extrêmement respectueux de Zuckerberg, car ils ont le sentiment d'avoir été traités avec beaucoup de respect.
Quand voyez-vous Zuckerberg tenter sa chance pour la Maison-Blanche ?
Sur ses ambitions présidentielles, le scandale Cambridge Analytica a sans doute retardé un peu les choses. Je le vois bien tenter le coup en 2024. Il aura 40 ans, il aura peut-être envie, comme Bill Gates, d'accomplir autre chose. Les gens comme Bezos ou Jobs à son époque sont stimulés par la concurrence. Or, Facebook n'a plus de concurrent, ou alors c'est lui qui les possède. Et Mark Zuckerberg fait partie de ces gens qui aiment être stimulés. Avec son intelligence hors-norme et son ambition, la présidence ou un destin à la Bill Gates (humanitaire) pourrait le tenter. Il est vraiment très préoccupé par le sort des immigrés aux États-Unis.
Au cours de vos nombreuses recherches, avez-vous appris quelque chose qui vous a déçu sur Mark Zuckerberg ?
On sait qu'il a tenu des propos assez durs sur la messagerie AIM, des conversations privées qui ont par la suite été dévoilées par Business Insider. Il a notamment dit avoir piraté le site de ses concurrents, les frères Winklevoss. Après... si on diffusait au public les messages privés que tous les dirigeants s'échangent, ce ne serait glorieux pour presque personne, surtout que ce n'est pas destiné à être révélé au départ. Tout ça contraste un peu avec la candeur apparente qu'il manifeste, mais on peut dire qu'il s'agissait d'erreurs de jeunesse.
Un grand merci pour vos réponses et on rappelle que votre livre, Mark Zuckerberg, la biographie, est disponible aux Éditions de La Martinière depuis le 4 octobre.