Il y a un peu plus de 25 ans, les joueurs Mega Drive découvraient la simulation de F1 ultime, avec Virtua Racing. Un jeu alors proposé dans une cartouche révolutionnaire, boostée au SEGA Virtua Processor (et affichée au tarif de 690 Francs !), pour permettre de retrouver toutes les sensations de l’arcade à la maison. En vrai, ce «V.R. » version Mega Drive était bien (biiiiiien) loin d’égaler la version arcade, mais qu’importe, on avait de la vraie 3D sur Mega Drive, des sensations de jeu grisantes…. et c’était juste complètement dingue !
Aux antipodes de la bataille des téraflops, de la 4K et des 60 fps, NEO·Classics vous propose un retour vers les origines du jeu vidéo. Du titre 2D en gros pixels au moins lointain jeu à la 3D hésitante, cette chronique vous invite à (re)découvrir les pépites vidéoludiques qui ont ouvert le monde au 10ème art...
Au début des années 1990, quelques chanceux ont le privilège de découvrir un nouveau jeu de course « made in SEGA » sur la nouvelle borne d’arcade maison Model 1. Son nom : Virtua Racing (ou V.R. pour les intimes).
Un jeu proposé alors dans une sublime borne pour deux joueurs (et aussi dans une version solo « Deluxe Type » avec écran WideScreen ou encore en version Upright, tout ce beau permettant de profiter du mode Virtua Formula pour 8 joueurs), permettant d’opter pour trois tracés (Big Forest, Bay Bridge et Acropolis), de définir sa boite de vitesses (manuel ou automatique), avant de partir en queue de peloton pour remonter à la 1ère place avant la fin du temps imparti.
Des bornes qui ont fait baver plus d’un joueur, et nombreux sont ceux qui étaient hypnotisés par la vidéo du jeu, qui permettait de visionner un replay façon transmission TV, mais aussi d’observer les différentes vues disponibles. Wow !
La F1 « comme si on y était » !
Depuis 40 ans maintenant, le joueur peut s’adonner aux plaisirs de la course de monoplace virtuelle, avec des jeux particulièrement entraînants comme Turbo, Pole Position, Super Monaco GP, Winning Run, F1 Circus… En août 1992, alors qu’il a déjà régalé les joueurs avec OutRun, le japonais SEGA lance en salles d’arcade son tout nouveau Virtua Racing.
Un jeu qui adopte alors une 3D polygonale d’une classe renversante. Pour la petite anecdote, Virtua Racing fut à l’origine développé comme une démo technique de la nouvelle architecture arcade Model 1… mais l’ensemble fut jugé bien trop excitant par SEGA pour ne pas décider d’en faire un jeu à part entière.
C’est simple, à l’époque, ce Virtua Racing arcade est le jeu en 3D polygonale le plus fluide, le plus beau et le plus rapide jamais vu. Le jeu proposait plusieurs vues (dont une vue cockpit impressionnante, à défaut d’être parfaitement jouable), et affichait bien plus de polygones que n’importe quel autre titre, sans oublier des détails alors incroyables comme les étincelles à l’arrière des bolides ou encore les traces de pneus laissées sur la piste. « Ah oui non mais là, c’est sûr, on fera jamais mieux !! » se disait-on à l’époque !
De l’arcade… à la SEGA Mega Drive, SVP !
Mais ce dont beaucoup de joueurs se souviennent, c’est qu’un peu avant l’été 1994, les détenteurs de SEGA Mega Drive ont pu se rendre fièrement en boutiques, et s’offrir Virtua Racing sur leur console fétiche.
Bon, la vérité c’est qu’on a tous tanné nos parents pendants quelques semaines ou mois, jusqu’à les convaincre de débourser les 690 Francs nécessaires à l’achat de la cartouche.
Mais qu’importe, le jeu que l’on a tant poncé en arcade est disponible entre nos mains, sous la forme d’une étonnante cartouche Mega Drive. On accroche le panneau « sens interdit » sur la porte de la chambre, et on encastre la cartouche dans la console, en caressant le fantasme de revivre le grand frisson de l’arcade sur sa petite TV cathodique 36 cm.
Bon, à l’écran, le résultat était évidemment loin (assez loin même) de la version arcade, mais SEGA avait malgré tout réalisé l’impossible en adaptant Virtua Racing sur sa console 16 bits.
Certes, le jeu est moins beau, moins complet, moins grisant, moins détaillé, moins spectaculaire… mais les sensations sont bien là, avec en prime une « vraie » 3D grâce au SEGA Virtua Processor greffé sur la cartouche et une impression de vitesse assez folle. Quelle tour de force de la part d’AM2 !
Un autre jeu de l’époque doté d’un chip similaire, permettant de gérer la 3D, était un certain Starwing, sur Super Nintendo, avec la puce Super FX.
TIME BONUS !
Côté technique, le SEGA Virtua Processor, la puce spécifique qui permet de faire tourner Virtua Racing, peut gérer 7500 polygones par seconde… contre 180 000 pour la version arcade Model 1.
À noter également que la cartouche européenne embarque un dissipateur de chaleur sur le VSP (avec de la pâte thermique, oui monsieur !), absent de la version nippone.
Les développeurs avaient expliqué l’absence d’un système de sauvegarde pour éviter un énième surcoût. Le seul moyen de sauvegarder ses exploits est donc…. de ne jamais éteindre sa Mega Drive.
En effet, en intégrant un système de sauvegarde, la cartouche de Virtua Racing aurait été plus chère… que la Mega Drive 2. Enfin, pour la petite anecdote, les développeurs se sont amusés à cacher des animaux dans la version Mega Drive. Spoiler : Il y en a trois dans le niveau Easy et deux dans le Hard.
Alors non, cette adaptation Mega Drive n’est pas « la version arcade à la maison », loin de là… mais quel coup de génie malgré tout à l’époque de la part de SEGA, et quel plaisir surtout pour les jeunes joueurs que nous étions de jouer à ce jeu qui semblait littéralement déchirer les entrailles de notre Mega Drive (sans oublier le logo SEGA en 3D !).
Aujourd’hui encore, il suffit de relancer le jeu « juste pour voir », pour enchaîner aussitôt quelques tours de Big Forest, et essayer sans cesse de s’améliorer. La marque des (très) grands jeux, assurément.
Aussi sur 32X (et Saturn), en version Deluxe
Outre les versions Arcade et Mega Drive, Virtua Racing s’est également posé sur le module 32X de SEGA. Davantage soigné visuellement que la déclinaison 16 bits, ce V.R. Deluxe s’offrait deux tracés supplémentaires et deux nouvelles classes de véhicules. En effet, en plus de la F1, on pouvait piloter ici un bolide de type stock car, ainsi qu’un prototype.
Une version Deluxe qui sera ensuite portée sur la SEGA Saturn, avec un total de 11 tracés, et de trois nouveaux bolides. Graphiquement, le jeu avait été revu en profondeur (par Time Warner Interactive) pour gommer les polygones trop apparents, perdant au passage l’âme Virtua Racing…
Toutefois, pour de nombreux joueurs, la « vraie » version console de Virtua Racing reste la version Mega Drive pour son côté « miraculeux » de l’époque, même si la meilleure version, la plus proche de l’arcade, reste incontestablement la déclinaison 32X.
Pour la petite histoire, outre les fêtes foraines (ou "vogues") temporaires installées dans les villages avoisinant, dans lesquelles on recherchait le jeu de F1 de SEGA aux côtés des bornes Terminator 2, TMNT Turtles in Time et autres Sunset Riders, Virtua Racing a également pu profiter à l’époque d’une mise en avant très particulière… via une émission de TV diffusée, alors sur Antenne 2.
L'effet… Télévisator 2 !
Oui, parce qu’au début des années 1990, pour le jeune collégien (et fanboy Nintendo je le confesse) que j’étais, il faut savoir que Virtua Racing est très largement popularisé par une émission de TV diffusée le mercredi matin : Télévisator 2. Une émission de jeux vidéo… à la TV… autant dire qu’à l’époque c’était complètement fou !
Certes, ce n’était pas forcément inédit (certains se souviennent peut-être de Micro Kids), mais entendre parler de Mega Drive, de Super Nintendo, de Game Boy à la TV le mercredi au petit déjeuner en avalant son bol de Chocapic était quelque chose d’assez exceptionnel… enfin, quand on n’avait pas école le mercredi matin évidemment…
Diffusée de mars 1993 à août 1994, l’émission Télévisator 2 faisait le tour de l’actu JV, sans oublier de diffuser quelques dessins animés (Aaaaah Beetlejuice…). Une émission au générique façon Street Fighter 2 Remix, alors pilotée par Céline Dubois, par Ness, par Matt Murdock, mais aussi par son « presentator » Cyril Drevet, qui prenait parfois un malin plaisir à affronter certains jeunes spectateurs du public sur… Virtua Racing ! De quoi mettre toute la lumière sur le jeu de SEGA, et inciter de nombreux adolescents de l’époque (coucou !) à partir en quête de ce jeu de F1 au réalisme juste indécent.
Virtua Racing, Télévisator 2, 99%…. nos questions à Cyril Drevet
Pour ce NEO.Classics, nous avons eu l’opportunité de revenir, avec Cyril Drevet himself, sur le phénomène Virtua Racing et ses souvenirs. L'occasion de lui poser quelques questions concernant Virtua Racing évidemment, mais pas seulement.
Stéphane Ficca : Pourquoi avoir choisi Virtua Racing à l’époque pour le grand jeu Télévisator 2 (plutôt qu’un jeu de combat par exemple) ?
Cyril Drevet : Au départ, l’idée c’était d’interagir avec les téléspectateurs ! Je trouvais dommage que dans une émission sur les jeux vidéo, le public ne puisse pas jouer. Mais la technologie ne permettait pas encore de proposer un jeu en direct via la TV (on le fera un an plus tard avec un Super Mario interactif inédit dans l’histoire de la télé !) alors l’idée a germé de les affronter sur une borne d’arcade. Comme à l’époque je battais tous mes potes sur Virtua Racing, c’est la borne qui s’est imposée. La production en a trouvé une chez un distributeur d’arcade et c’est comme ça que le jeu de Yu Suzuki s’est retrouvé sur France 2 !
Sans tricher, qui s’est chargé du test de Virtua Racing Mega Drive pour Player One en 1994, et quelle note avait alors été attribuée au jeu ?
Bon, c’est un sujet de blague chez mes potes (notamment chez MO5.COM l’association de préservation du patrimoine du jeu vidéo dont je suis membre d’honneur) car je te vois venir… C’est moi qui avait fait le test et, je n’en reviens pas aujourd’hui, lui avait mis la note ahurissante de 99% je crois... Pourtant dans mes souvenirs la version Megadrive était injouable, et loin graphiquement de la borne… J’avais fumé la moquette c’est pas possible !
NDLR : Effectivement, dans le Player One N°42 d'avril 1994, Virtua Racing avait reçu la note de 99%, dans un test de Cyril Drevet (Crevette).
Mis à part Virtua Racing, quels sont les jeux de courses qui ont marqué l’Histoire du jeu vidéo pour toi ?
Bon… Forcément… Pole Position (le premier de l’histoire), Out Run (encore aujourd’hui indémodable), Test Drive sur Atari ST / Amiga, Daytona USA et Sega Rally en Arcade, TOCA Touring Cars de Codemasters, F-Zero sur Super NES, Ridge Racer sur PS1, Project Gotham Racing 3 sur Xbox 360, Burnout, Gran Turismo (et particulièrement GT Sport sur PS4 qui défonce tout, et on ne le dit pas assez !), Forza Motorsport, i-Racing sur PC… Voilà et j’oublie les jeux de rallye ou les Destruction Derby ! Il y a eu beaucoup de jeux de course mythiques dans l’histoire !
Daytona USA, SEGA Rally, Super Monaco GP, Virtua Racing, Out Run… quelle mythique licence automobile SEGA aimerais-tu voir revenir via un nouvel opus en « 4K 60 fps ray-tracing » sur consoles « next-gen » ?
Définitivement Sega Rally ! Et Out Run bien sûr, aussi ! Il y avait eu sur PS2 la version Coast 2 Coast que j’avais bien kiffée, je reprendrais bien une dose de l’original en "remastered" version PS5/ Xbox Series X !!!
Entre nous, Virtua Racing sur Nintendo Switch… c’est la “superior version”, non ?
La version Nintendo Switch est un pur joyau ! La meilleure adaptation ever de Virtua Racing et on peut même le dire : la version « arcade perfect » ! (Après quand je rejoue à ma borne Virtua Racing perso, il y a quand même des sensations qui ne seront jamais transmissibles sur console) .
Question HS : puisque l’on évoque le grand rival historique de Nintendo, quel est ton meilleur souvenir sur une console SEGA ?
Je pense que c’est SEGA Rally sur Dreamcast… Avec une dose d’Aladdin sur Megadrive !
Virtua Racing, le "miracle" de la Mega Drive ?
Véritable révolution (ou miracle ?) technique sur Mega Drive, Virtua Racing fait incontestablement partie de ces jeux qui ont marqué l’histoire… et les mercredis de nombre d’entre nous. Vous l’aurez compris, je ne saurais que trop vous conseiller de le relancer cet après-midi si vous en avez la possibilité, sur Mega Drive, sur 32X ou sur Nintendo Switch… voire directement sur la borne d’arcade de l’époque, installée dans la « gaming room » de certains chanceux.