BQ PrintBot : les robots éducatifs pour enfants… et leurs parents

Aurélien Audy
Publié le 24 juin 2015 à 10h11
Les PrintBot peuvent sembler anecdotiques à côté de l'activité de fabrication de smartphones, centrale chez l'espagnol BQ. Et pourtant, ces robots bardés d'électronique incarnent plus que de simples jouets pour progéniture de geeks. C'est toute une entreprise éducative des makers de demain que BQ a imaginée et mise en œuvre. Assemblage des bestioles, sensibilisation à l'électronique et à l'impression 3D, rudiments de programmation et large palette de personnalisations : les PrintBot ne sont pas des jouets comme les autres.

Les PrintBot, nous les avons découverts par hasard, lors du dernier MedPi (le salon monégasque). Alors que nous visitions le stand de BQ en quête de nouveaux smartphones, c'est tout autre chose qui a attiré notre attention. Les PrintBot, des robots éducatifs destinés au jeune public. Michel Monier, directeur France de BQ, nous en a parlé avec un enthousiasme communicatif : nous avons voulu aller plus loin.



A la tête de BQ, nous explique Michel Monier, il y a des jeunes ingénieurs passionnés qui, lorsqu'ils ont un moment libre, expérimentent des nouvelles choses, pour s'amuser. Les PrintBot reflètent assez bien cet état d'esprit. On se plait à imaginer qu'ils sont peut-être même nés comme ça : une carte Arduino, des composants, du temps à tuer et quelques lignes de code... il ne restait plus qu'à faire tourner les imprimantes 3D - que conçoit également BQ - pour faire une carcasse sur laquelle tout fixer. Un parfum de légende autour d'une genèse fortuite, rien de tel pour l'image. Mais ne nous leurrons pas, rien n'est laissé au hasard. Le véritable carburant derrière cette aventure, c'est l'envie de partager des connaissances. Et plus tôt on commence, mieux c'est. Des makers - expression devenue à la mode pour décrire quelqu'un qui entreprend mais en plus cool - désireux de mettre le pied à l'étrier de bidouilleurs en herbe, les makers de demain.

Sans oublier de grandes ambitions, « devenir le Zara de l'électronique grand public », dixit Michel Monier. Ludivine Thomas du service Marketing et Communication nous explique par ailleurs qu'en Espagne « BQ est une entreprise de référence en matière d'éducation technologique. Dans le domaine scolaire, nous formons les enseignants des écoles publiques et privées grâce à des cours homologués par le Ministère de l'Education espagnol en impression 3D, robotique, conception et programmation. Nous délivrons aussi des certifications à des centres de formations. » Voilà pour le tableau, passons aux objets !

Présentation des kits

Ces robots sont commercialisés en kit. Ils comprennent des pièces de châssis en plastique imprimé, des composants électroniques et une documentation. L'objectif, c'est d'abord de les assembler, comme des Meccano, pour ensuite les programmer, tout en se familiarisant avec les différents composants (capteurs, moteurs, modules de communication, LED, etc.). Tout repose sur deux plateformes centrales : DIWO, considérée comme l'école BQ de makers, et bitbloq.BQ.com, l'interface de programmation simplifiée des PrintBot. Dit autrement, on trouve la théorie sur Diwo (explications, tutoriels, modèles, cours de programmation, etc.), et on la met en pratique sur Bitbloq.

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Les robots sont au nombre de trois pour l'heure : Renacuajo, Beetle et Evolution. Ce sont des véhicules roulants qui ont chacun leur spécialité et leur niveau de difficulté, tant à monter qu'à programmer. Le premier est capable de suivre une piste de manière autonome, le deuxième dispose d'une pince pouvant attraper des objets, le troisième est capable de se déplacer tout seul en évitant des obstacles. Chacun de ces robots peut être personnalisé, en ajoutant des composants et/ou en modifiant des comportements via le programme.

Par ailleurs, BQ commercialise le Mi primer kit de robotica, un coffret rassemblant tous les composants proposés par la marque, pouvant être utilisé soit pour faire des créations libres, soit comme pièces de rechange au besoin. Les prix s'étalent de 59,90 euros pour le petit Renacuajo à 99,90 euros pour le plus complexe Evolution.

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Les packagings particulièrement soignés donnent envie de déballer et explorer leur contenu : design moderne, composants bien rangés dans des boîtes individuelles colorées, documentation dessinée façon BD... D'une manière plus globale, l'accent est mis sur le participatif, avec partage et mise à disposition de modèles 3D à imprimer mais aussi de codes de programme. Le ton se fait extrêmement didactique.

Le montage et la programmation

Les PrintBot s'adressent aux 8 ans et plus, et ils sont interdits aux 0-3 ans. Compte tenu des petites pièces - notamment dans les sachets de visserie - qu'il faut manipuler, cette décision paraît sage. Il suffit de se munir d'un tournevis cruciforme assez fin (type d'électricien) et d'avoir 8 piles AAA (oui, tout de même ! Privilégiez celles rechargeables), le reste est fourni. Tout est bien expliqué, il n'y a rien de bien compliqué, il faut simplement un minimum de minutie et de concentration.

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Nous nous sommes toutefois heurtés à un petit défaut d'impression sur la plateforme avant du Renacuajo, empêchant de placer les deux capteurs infrarouge côte à côte comme demandé. Il nous a fallu corriger cela au cutter, à défaut de lime sous la main. Aussi, la présence d'un adulte s'impose à nos yeux, au moins comme témoin, histoire de fournir l'assistance nécessaire en cas de besoin. Le têtard (renacuajo en espagnol) a été monté en un peu moins de 30 minutes, l'Evolution, plus complexe, en 1 h environ.

Une fois montés, ces robots ne servent pas à grand-chose sans un programme pour les animer. C'est là qu'interviennent le site bitbloq et quelques notions d'espagnol. Bon, pour nous autres Français, la langue de Cervantès est relativement transparente, plus que celle de Kant en tout cas pour un non linguiste. Heureusement, on peut basculer sur le français en se créant un compte et en se connectant. Le site DIWO lui doit être traduit en français d'ici la fin de l'année 2015. C'est capital puisque c'est là qu'on va tout apprendre.

Pour faire au plus simple et rapide, on clique sur Empezar a jugar (commencer à jouer), puis Nuevo proyecto (nouveau projet). Sur les pages DIWO respectives des robots, on télécharge les codes du Renacuajo ou du Evolution, qu'on charge dans son interface bitbloq en cliquant sur Mas opciones puis Importar proyecto. Quand la vérification est bonne (Verificar), on peut alors transférer le programme sur la carte mère du robot (Cargar, après avoir branché le robot à l'ordinateur en USB). La première fois, il se peut que l'interface vous indique d'installer des pilotes. Faites-le, débranchez puis rebranchez le robot et normalement, tout fonctionne.

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Bien sûr, ça c'est la méthode « on ne se foule pas, on veut que ça marche et vite ». Efficace, mais pas très instructif. Le mieux c'est de passer un peu de temps à suivre les tutoriels - en espagnol, ça fait en plus travailler la langue - pour comprendre comment fonctionne la programmation. BQ s'est employé à rendre la prise de contact simple et ludique, à l'image de cette page Primeros pasos (premiers pas, vous voyez l'espagnol n'est pas si compliqué) tout à fait instructive. L'autre page à consulter obligatoirement pour enrichir l'expérience et apprendre les rudiments de la programmation liée à la robotique, c'est l'introduction à Bitbloq. Cette interface permet de visualiser le code sous forme de blocs colorés et organisés par rôles : matériels, contrôle, logique, mathématique, variables, fonctions, etc. Ces blocs s'empilent et s'imbriquent assez naturellement, avec un peu d'entrainement et de jugeote, on parvient à faire des choses facilement. Et quand on est vraiment curieux, on peut aussi voir son code sous forme de texte.

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Voilà, il ne reste plus qu'à potasser, essayer, expérimenter, imaginer pour se faire plaisir de manière intelligente. Nous trouvons cette initiative intéressante parce qu'originale, constructive et bien intentionnée. Moins coûteux que les Lego Mindstorms, plus Do It Yourself et orientés éducatif que Littlebits, les PrintBot trouveront certainement leur public. Il faut en revanche que BQ se dépêche de traduire sa source d'informations DIWO pour que le projet fasse mouche dans nos contrées. La barrière de la langue est probablement plus compliquée à franchir que celle technologique.
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