Si comme moi vous êtes adepte de nouvelles technologies et d’anticipation, vous avez probablement adoré la série Black Mirror de Netflix. Maintenant, imaginez un peu que la même chose existe en série littéraire. N’allez pas plus loin : c’est déjà là et ça s’appelle La Société des Anges.
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Nous nous donnons 5 citations et 5 paragraphes pour vous convaincre.
La Société des Anges (2020)
Keuma – Rocambole
Ça faisait un petit moment que je ne vous avais plus parlé de Rocambole, l’application française dédiée à la lecture de séries littéraires. Cette nouvelle chronique est donc l’occasion de remettre un peu avant ce service pas comme les autres, et que je chéris tant.
De plus, le modèle économique de Rocambole a été légèrement modifié depuis mon interview de Julien Simon. Il est maintenant possible de tester l’application Android et iOS durant 14 jours avant de vous décider pour l'abonnement - ou pas - à raison de trois épisodes par série. Vous vous en doutez, je vous recommande chaudement de faire l’essai avec La Société des Anges qui fait l’objet de la chronique de cette semaine.
Cette fois, on reste loin des batailles spatiales dantesques ou des distorsions temporelles impliquant des pirates et des porte-avions nucléaires. Pour être plus précis, on reste en France, au XXIe siècle. Mais comme vous allez voir, science-fiction et réalité s’emmêlent avec brio dans ce récit 100% Made in France !
“Je travaille pour la Société des Anges.”
Bienvenue à la Société des Anges. Inconnue du grand public, connue seulement de quelques richissimes privilégiés. Vous entrez maintenant dans une entreprise tentaculaire, une véritable fourmilière aux ramifications étendues dans toutes les strates de la société. Chaque jour, des centaines d’Anges œuvrent au bon plaisir des Dieux. Leur objectif ? Détruire votre vie par tous les moyens dans le seul but de divertir leurs clients.
Pas mal comme pitch, n’est-ce pas ? Je sais, pour l’instant il est difficile de discerner l’aspect SF – ou du moins anticipation – de ce récit, mais ça va venir. Laissez-moi d’abord vous présenter la société autour de laquelle s'articule l’histoire.
À l’instar de Bios, le vrai héros du récit n’est pas tant l’humain que la fameuse Société des Anges. Véritable monstre, cette entreprise intrigue, attire et répugne à la fois. Les personnages aux commandes ne sont que des marionnettes aux services de leurs « Dieux ». Le lecteur assiste ainsi tout au long des quinze épisodes à l’accomplissement d’une « commande », se plaçant lui-même dans cette société secrète à travers les yeux d’un Ange. Un conseil : accrochez-vous car ce récit va vous secouer le cerveau !
“Pour offrir le bon produit, il faut bien connaître la demande.”
Créée à l’origine pour régler discrètement les conflits politiques, la Société des Anges s’est peu à peu muée en spectacle de télé-réalité où les « Dieux » paient pour assister, durant un an, à la destruction quasi-totale d’individus lambda. Ce pourrait être moi, vous ou un de vos proches. Peu importe, seul compte le plaisir des « Dieux ». Et chacun à ses goûts particuliers. À la charge des Anges de trouver le « Sujet » idéal, cette personne dont la vie radieuse pourra s’écrouler comme un château de cartes devant les yeux sadiques du Dieu et, indirectement, du lecteur...
L’histoire nous est narrée du point de vue d’un Ange donc, l’un des meilleurs de son époque. Désabusé et dégoûté par son travail, il sait qu’il n’a d’autre choix que d’exécuter les ordres sous peine de voir s’écrouler sa propre vie. Car c’est ça aussi la Société des Anges : tous ses employés sont là pour échapper à leurs fautes graves, infligeant le mal qu’ils ont eux-mêmes éprouvé un jour.
Chaque année, le même cycle reprend. Notre Ange anonyme va ainsi présenter, le jour de Noël, sa nouvelle cible aux Dieux. Mis aux enchères, le Sujet choisi sera méticuleusement détruit, jour après jour durant une année. Plus la chute est haute, plus le Dieu est satisfait. Cette année, c’est Arthur Gutain qui va tomber de haut, de très haut...
“La Première Attaque avait touché sa cible.”
Après cinq épisodes d’une présentation de plus en plus angoissante de la Société des Anges, le travail commence. Arthur, jeune travailleur prometteur de la finance, amoureux fou de sa copine, apprécié de ses nombreux amis, va déchoir. Il ne le sait pas encore, mais la soirée fantastique qu’il vient de passer vient de signer la fin de son monde.
Notre Ange et son équipe, invisibles du commun des mortels, ont tout mis en œuvre pour surveiller de près le Sujet : micros, caméras, GPS... Arthur et ses amis sont surveillés 24h/24 7 jours/7 via leurs smartphones et les réseaux sociaux. Pire encore, les Anges ont un pouvoir technologique pour orienter les vies des Sujets. C’est d’ailleurs comme ça que commence la « première attaque » : la petite amie d’Arthur reçoit un mail d’une entreprise basée en Chine, une opportunité en or qu’elle ne peut pas refuser. C’est le début de la fin pour notre pauvre innocent...
L’auteur met en place une ambiance incroyablement oppressante où chaque SMS, mail, message social devient un piège tendu à son sujet. Par une habile manipulation, lente mais efficace, le Sujet est amené à prendre des décisions qu’ils n’auraient jamais prises avant. Et nous, lecteurs, assistons à ça, tel le richissime Dieu dans son bureau de luxe. Derrière le dégoût se dissimule un sentiment malsain qui nous donne envie de savoir quelle sera la prochaine étape de la destruction d’Arthur. La pression monte à chaque épisode, impossible d’arrêter la lecture tant le récit est prenant !
“Dès le premier jour de la mission, Arthur était condamné. Il n’avait aucune issue. Si vous pensez le contraire, c’est que vous sous-estimez la force de la Société des Anges. À sa place, vous auriez suivi le même chemin.”
Mon épisode préféré de la série est certainement le onzième. Car c’est celui qui nous montre à quel point la société secrète a ruiné la vie d’Arthur sans qu’il en ait conscience et surtout sans qu’il n’ait aucune chance d’en sortir.
Un ami tente de prendre contact avec lui ? Les agents déroutent l’appel pour qu’il tombe sur un numéro non attribué. Arthur a le choix entre une sortie ou des heures supp ? Il sera subtilement orienté vers le boulot grâce à des mails détournés, l’invention de clients fictifs mais pourtant bien réels pour lui. La technologie est au service constant de la redoutable Société des Anges. Bien entendu, durant tout ce temps, le Dieu – ainsi que nous, lecteurs – assistons à la déchéance d’Arthur, persuadé d’être juste victime du mauvais sort...
On profite aussi d’un choix narratif intéressant : l’Ange s’adresse directement à nous qui devenons des Dieux scrutateurs, avides d’assister à la suite des événements. La série casse d'ailleurs le quatrième mur tout du long, renforçant l’immersion dans ce récit d’un réalisme terrifiant. Et si notre vie était guidée par une main diabolique sans que nous le sachions ?
“Arthur Gutain, avant de sauter, tu devrais écouter ce que j’ai à te dire.”
L’heure fatidique approche. Arthur a tout perdu : amis, travail, famille, logement... Il ne lui reste plus rien, à peine un an après sa rencontre fortuite avec un Ange. La fin du « jeu » est proche, libre au Dieu de décider du sort du Sujet : tout arrêter là ou lui laisser une chance de reconstruire sa vie. Je vous laisse deviner quel est le choix le plus répandu parmi les spectateurs divins de la Société des Anges...
Arthur va-t-il plonger dans le plus insondable des abîmes ? Arrivera-t-il à se relever ? Je vous laisse découvrir la fin croustillante de cette fabuleuse série française, elle vaut le coup. La Société des Anges est accessible gratuitement avec l'essai de 14 jours sur l'application. Comptez environ 1 heure 30 de lecture pour les quinze épisodes, ce qui fait de quoi s’occuper agréablement durant un petit voyage !
Sur ce, je vous dis à bientôt pour une future chronique. Et faites bien attention, on ne sait jamais ce qui peut vous observer depuis les ombres...
La Société des Anges (2020) est édité chez Rocambole en version numérique. L'application est disponible sur l'App Store Apple pour iOS et sur le Play Store pour les appareils Android. Notez que ça fonctionne aussi sur les liseuses Android.