La première surprise avec le OnePlus One vient de son packaging. D'une boîte de carton parfaitement anecdotique, on extrait le véritable emballage, plus soigné que ce qu'on trouve chez Apple ou Samsung (ça n'est pas très dur en même temps). Le câble micro USB plat avec sa lanière pour l'enrouler constitue une attention rare, tout comme l'accessoire pour ouvrir la trappe à carte SIM, qui est ici conçu comme un porte-clé. OnePlus livre un vrai chargeur secteur européen (dans une boîte à part), mais pas de casque, c'est la seule fausse note. Et l'unique touche d'exotisme en langue chinoise que vous aurez à redouter se trouve sur la protection d'écran. Parce que dès qu'on allume l'appareil, on bascule sur une mise en route d'Android quasi-standard (exception faite de la mise à jour de Cyanogen et des quelques spécificités de cette ROM), en langue française.
Des airs de Nexus 5, mais aussi un tempérament propre
La forme du OnePlus One fait penser au Nexus 5 : un téléphone très plat, rectangulaire avec une légère courbure sur les tranches hautes et basses. Cette rapide filiation s'arrête là, puisque le One se démarque nettement sur deux points : sa taille (liée à son écran de 5,5 pouces) et sa coque arrière au toucher inédit. Dans la finition sandstone black, OnePlus a opté pour une sorte de plastique sablé qui confère à la coque une granularité digne d'une pierre ponce. Si le matériau n'a pas fait consensus, tout le monde était d'accord pour dire que ce choix a le mérite d'être original.Rien à redire sur la finition de l'appareil, tout a été usiné avec précision, le One semble bien solide. Il n'y a que la bordure chromée, a priori en plastique, sur laquelle nous pouvons émettre un doute : est-ce que la peinture brillante va tenir longtemps ? Seul le temps pourra nous le dire. Pour ce qui est de la prise en main, le OnePlus One se contente d'une commande à bascule pour le volume sur la gauche (avec l'écran de face) et un bouton marche-arrêt sur la droite. Tous deux ont été positionné plutôt vers le milieu de la hauteur, histoire d'être accessibles facilement. Au-dessus de la commande de volume se trouve la trappe à carte micro SIM. Le seul bémol à formuler à ce stade, c'est le très faible rétro-éclairage des trois touches tactiles situées sous l'écran. On peut fonctionner avec des touches virtuelles, mais on perd alors en hauteur d'écran. Dommage, même si on sait vite où elles se trouvent et à quoi elles servent (attention, les touches menu contextuel et retour arrière sont inversées, c'est perturbant).
Des composants résolument haut de gamme
Le OnePlus One n'est pas là pour vendre des cravates. Articulé autour d'un Snapdragon 801 quadruple cœurs à 2,5 GHz, 3 Go de RAM (LP-DDR3 à 1866 MHz), 64 Go de stockage et un écran de 5,5 pouces en 1 920 x 1 080 pixels, le One est tout à fait en phase avec l'offre de terminaux haut de gamme, vendus plus de deux fois plus cher. Son écran, qui occupe environ 71% de la façade du téléphone, se montre très lumineux (468 cd/m²) et bien visible depuis les bords, mais un peu moins contrasté que ses concurrents directs (point noir à 0,56 cd/m², produisant un taux de 835 : 1). Et sa température paraît froide, ce que notre sonde confirme (7 943 K). LG G3, OnePlus One et iPhone 6 Plus, trois smartphones avec écran de 5,5 pouces, trois gabarits différents.
OnePlus nous gratifie de deux technologies, le Touch On Lens et l'IPS LTPS. Le Touch On Lens est une variante de l'OGS (One Glass Solution), c'est-à-dire une technique où la couche tactile est supprimée pour être directement intégrée dans le substrat de verre supérieur. Il en résulte une plus grande finesse de l'écran (avec cette impression que les icônes sont collées sur la dalle), mais aussi une meilleure réactivité du tactile. Le LTPS (Low Temperature PolySilicon) est une variante de LCD, avec un substrat plus rapide que le silicone anamorphique (a-Si) utilisé habituellement, et également plus à même de supporter des densités de pixels élevées. Le tout est protégé par du Gorilla Glass 3 !
Pas de DAC audiophile comme chez Meizu, mais une sortie audio tout aussi pêchue, capable de produire le même volume élevé, 97,7 dB, sur une entrée ligne ! En revanche sur un casque, le MX3 conserve l'avantage - de peu - grâce à son amplificateur intégré. On notera également que le OnePlus One nous a fait quelques erreurs de détection lors des branchements - débranchements rapides de casque : rien d'inquiétant, tant que ce hic aléatoire ne s'intensifie pas sur le long terme. Dans un registre très positif, il nous faut mentionner l'application AudioFX, fort bien conçue et redoutable d'efficacité. Oui, l'amplification des basses booste réellement les basses, et que les basses. Le mode surround est sympa, les égaliseurs assez réalistes. Et surtout, on peut dissocier ses réglages en fonction du canal de restitution : casque, Bluetooth, haut-parleur, USB ou Wi-Fi.
OnePlus propose son One en 16 Go ou 64 Go, mais avec 30 € d'écart, il faudrait vraiment vouloir absolument son téléphone en version Silk White pour choisir le 16 Go. Pas d'extension de stockage en micro SD ici, mais avec 64 Go pour 299 €, ce n'est pas bien grave. En outre, il n'y a aucune fausse note à déplorer sur la section connectivité : Wi-Fi ac, Bluetooth 4.0, NFC et LTE (catégorie 4) sont au rendez-vous. Enfin, la géolocalisation fonctionne bien, et la LED multicolore de notification, chère à bon nombre d'utilisateurs, n'a pas été oubliée.
CyanogenMod 11S et usage
OnePlus a décidé d'installer la ROM alternative la plus populaire : CyanogenMod. Mais il s'agit ici d'une CyanogenMod modifiée par OnePlus, connue sous le matricule 11S. L'expérience et l'apparence de celle-ci sont très proches de la version stock d'Android 4.4. Sauf que le degré de personnalisation va beaucoup plus loin qu'avec Android : batterie de thèmes (la plupart payants), paramètres avancés (verrouillage d'écran, barre d'état, volet de notifications, etc.), gestuelles (redoutables !), modification du rôle des boutons ou encore gestion de profils (automobile, bureau, défaut, maison, nuit, silencieux). Certes, tout cela densifie les menus, mais on reste dans de l'optimisation très propre. Sauf à activer les options pour les développeurs, il n'y a pas d'overclocking ou de réglages techniques risquant de rendre l'appareil instable en cas de mauvaise manipulation.Et pour peu qu'on prenne le temps de parcourir ces menus additionnels, on prend très vite goût à la souplesse d'utilisation que la CyanogenMod autorise. Vraiment très sympa ! Notez que le bundle d'applications Google est pré-installé par défaut, et complété (mais pas doublonné) par des applications CyanogenMod comme la calculatrice, la lampe de poche, le magnétophone, l'explorateur de fichiers ou encore le screencast (oui, c'est natif !). Il n'y a donc rien qui manque par rapport à une version stock d'Android, que des choses en plus, vraiment bien senties.
Dans la pratique, le One est un téléphone très agréable à utiliser. Il est juste un peu grand. Disons qu'il faut bien avoir en tête le gabarit de l'engin pour ne pas être déçu : on n'est pas tout à fait sur une phablet, mais pas loin. Le smartphone encaisse les épreuves les plus délicates qu'on lui confie, des jeux gourmands comme Real Racing 3 ou Asphalt 8 aussi bien que du décodage de FLAC en 96 kHz et 24 bits, et sans chauffer s'il vous plait. Le SoC Qualcomm est ce qu'il se fait de mieux à l'heure actuelle, rien d'étonnant donc.
La couche téléphonie ne souffre d'aucun défaut, si ce n'est un temps de recherche du réseau un peu plus long que la moyenne quand on lui greffe une nouvelle SIM. La qualité des appels est très bonne, côté haut-parleur interne comme microphone. Les trois micros d'atténuation du bruit ambiant gèrent parfaitement les appels en mode mains libres, alors que le haut-parleur sort un impressionnant 88,8 dB sur notre morceau de test (mesuré au sonomètre à un mètre). Bon, ça ne sonne pas aussi bien que sur un HTC One M8, on se situe plutôt autour du rendu du Blackberry Passport. Mais c'est tout de même pas mal du tout !
Test des haut-parleurs des trois smartphones
Test des micros des trois smartphones
Photo et vidéo
Là non plus, OnePlus n'a pas lésiné. Son smartphone intègre un capteur Sony IMX 214 Exmor (CMOS rétro-exposé) de type 1/3 pouces totalisant 13 mégapixels (soit des photosites de 1,12 µ). Le bloc optique est monté d'un groupe de six lentilles (avec des éléments anti-distorsion et aberrations chromatiques) qui ouvre à F:2,0. Un flash à double LED sert de solution d'appoint. La couche logicielle s'inspire directement de celle des débuts de KitKat, avec là-aussi des ajouts « cyanogenesques » bienvenus. Outre le mode automatique, où l'on peut tout de même ajuster la correction d'exposition et la balance des blancs, l'interface offre une fenêtre de réglages bien pensée : taille des images, niveau de compression, rafale, obturation lente, durée du verrouillage de mise au point, mode de mise au point, ISO, mode de mesure d'exposition et anti-scintillement.
Depuis la dernière mise à jour (XNPH38R) qui a été déployée sur notre modèle le 9 octobre, le OnePlus One prend en charge le format brut RAW ! Une fois l'option activée, le smartphone enregistre alors un Jpeg de 2 à 3 Mo et un DNG de 16,3 Mo. Attention, ça ralentit l'appareil photo et si vous avez un OnePlus One en 16 Go, il va falloir penser à faire du tri régulièrement.
Un slide vers la droite donne accès aux réglages vidéo : taille, ralenti (60 fps en 1080p ou 120 fps en 720p), accéléré, codecs vidéo et audio. Le troisième volet propose, lui, une personnalisation des touches (déclencheur avec bouton marche-arrêt, zoom avec touches de volumes, contrôles pour les gauchers). La HDR et la panoramique sont bien évidemment de la partie, toutefois, la panoramique n'est pas le fort du One, très limité en résolution (616 pixels de hauteur).
A gauche sans HDR, à droite avec HDR. Le rendu est un peu forcé, Xiaomi fait mieux. Mais bon...
Que donne le OnePlus One en photo ? La donne a bien changé depuis la dernière mise à jour de l'OS, survenue la veille de la publication (on aime toujours quand il faut refaire tous les tests en cours de route...). Avant, ses images uniquement en Jpeg étaient bien piquées, elles révélaient une quantité et une finesse de détails impressionnantes... mais également du bruit, chromatique (dans les sensibilités élevées) et de luminance (y compris à 100 ISO). Ça conférait un aspect, presque un grain argentique, pas déplaisant du tout, mais qui exigeait du post-traitement quand on montait en ISO (pour les tâches colorées).
Extrait de la scène de test à 1600 ISO, à gauche avant la mise à jour, à droite après la mise à jour
Depuis la mise à jour, le format RAW est apparu... et le traitement du Jpeg a changé. Les images sont un peu plus légères, donc compressées, et le lissage beaucoup plus fort. Les images exigent moins ou pas de post-traitement, mais scrutées à 100%, on constate que les détails fins sont gommés. Heureusement, le RAW est là, et quitte à post-traiter, autant le faire sur des fichiers bruts. Là, la qualité d'image est spectaculaire, sur toute la plage de sensibilités ! En clair, on a perdu sur le Jpeg, mais on gagne énormément sur le RAW. L'autofocus mériterait un peu plus de nervosité (on est assez loin de l'efficacité d'un Galaxy S5, d'un LG G3 ou d'un iPhone 6), mais dans la pratique, on ne trouve rien de bloquant (équivalent ou mieux qu'un Nexus 5).
En vidéo, le OnePlus One se montre très ambitieux. Outre le 1080p à 30 im/s avec un débit d'encodage de 20 Mbps (le 60 im/s n'est utilisé que pour créer un ralenti en exportant un fichier à 20 im/s), le One propose également de l'Ultra HD à 30 im/s (et 60 Mbps), superbe. Et aussi de la 4K DCI en 4 096 x 2 160 pixels, le standard cinématographique, à 24 im/s ! La qualité des rushs est très bonne, il n'y a que l'autofocus qui ne suit pas (il faut l'actualiser à la main) et la stabilisation électronique qui ne casse pas des barres. Attention, pour filmer en 1080p à 30 im/s, il faut penser à désactiver le format RAW (sinon l'appareil bloque à 18 im/s).
Performances et autonomie
C'est là que le OnePlus One excelle véritablement, fort de sa configuration musclée. En dehors de Sun Spider, où l'écart se creuse avec un iPhone 6, tous les benchmarks placent le téléphone dans le haut du panier, au niveau d'un One M8 ou d'un Galaxy S5.Notre test d'autonomie place le One sur les bonnes marches du podium, puisqu'avec 7 h 09 (429 minutes), le téléphone de OnePlus vient flirter avec l'iPhone 6 Plus (442 minutes). Certes, la batterie fait tout de même 3 100 mAh (contre 2 915 mAh sur l'iPhone 6 Plus). Et avec 2 800 mAh, le Galaxy S5 tient plus de deux heures au-delà (544 minutes). Si l'optimisation ne fait pas rêver, cette autonomie est déjà un beau score, meilleur que la moyenne des smartphones (et mieux qu'un iPhone 6, qui lui, n'a certes que 1 810 mAh). Pour un appareil avec un écran de 5,5 pouces, le OnePlus One s'en sort finalement bien.
Conclusion
Difficile de ne pas être sous le charme du OnePlus One. En dehors de ses grandes dimensions, dont il convient de s'assurer qu'on s'en accommodera, et quelques babioles (comme les touches tactiles mal rétro-éclairées par exemple), c'est un quasi sans faute ! Joli design, bonnes finitions, performances à revendre, puissance de la prise casque et du haut-parleur, bonne qualité photo et vidéo, format RAW, bel écran, autonomie confortable et système d'exploitation CyanogenMod très bien ficelé : le OnePlus One en donne pour son argent, et bien davantage encore. On comprend mieux pourquoi le constructeur a souhaité ralentir la commercialisation avec un système de commande via invitation : il aurait été en rupture de stock trop rapidement. On espère maintenant une version (un One mini ?) avec un plus petit écran. Le meilleur rapport qualité-prix de l'année 2014, assurément !
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