Galaxy S6, iPhone 6 et Lumia 930 : le choc des photos

Aurélien Audy
Publié le 31 mars 2015 à 17h57
Le Galaxy S5 comptait parmi les meilleurs photophones sous Android. Une importante tâche incombe désormais au S6 : faire au moins aussi bien. Samsung et Apple sortant leurs terminaux en décalé, le S6 va aussi devoir se mesurer à l'iPhone 6, un des appareils les plus efficaces du marché en photo. Un affrontement où le Lumia 930, haut représentant de la famille Windows Phone, a bien sûr son mot à dire. Nous voilà embarqués dans un duel à trois (le premier qui dit « truelle » sort...)

Les grandes évolutions du Galaxy S6

Entre le S4 et le S5, Samsung était passé de 13 à 16 mégapixels et avait inauguré un dispositif d'imagerie propriétaire baptisé Isocell. Pour ce Galaxy S6, la résolution n'évolue pas. En revanche, Samsung abandonne son capteur maison pour adopter comme sur le Note 4 une puce Sony IMX240. Le composant est toujours de type 1/2,6 pouce, plus grand que celui de l'iPhone 6 (1/3 pouce) et à peine plus petit que celui du Lumia 930 (1/2,5 pouce). Ce qui se traduit par des photosites relativement grands sur l'iPhone 6 (1,5 µ), grâce à « sa faible résolution » de 8 mégapixels, comparés aux autres de 1,12 µ sur le Galaxy S6 et le Lumia 930 (respectivement en 16 et 20 mégapixels).

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L'autre grand changement, c'est le bloc optique. La nouvelle lentille ouvre à f:1,9 (contre 2,2 précédemment), elle emploie une focale plus courte (équivalent 28 mm versus 31 mm sur le S5) et se dote d'une stabilisation optique (comme sur le Note 4). L'autofocus est également supposé avoir bénéficié d'améliorations, toutefois l'IMX240 reste bien dépourvu du système hybride à détection de phase de l'ancien capteur Isocell.

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Que disent les deux rivaux sur ces points ? L'iPhone 6 dispose d'un bloc optique équivalant à du 29 mm, qui ouvre à f:2,2 et avec une stabilisation numérique (la stabilisation optique étant réservée à l'iPhone 6 Plus). L'autofocus de l'iPhone 6 repose sur un système hybride à détection de contraste et de phase (Focus Pixel). Du côté du Lumia 930, c'est là que l'angle est le plus large (26 mm) mais l'ouverture, la plus « étroite » (f:2,4). Le système PureView se démarque en revanche par le double algorithme de zoom numérique sans perte ou de sur-échantillonnage. Et la stabilisation est ici optique.

Le Galaxy S6 filme toujours en 4K (3840 x 2160 pixels) à 30 im/s, mais aussi en QHD (2560 x 1440 pixels) ou encore en 1080p à 60 im/s. Comme le S5. Le capteur en façade passe quant à lui de 2 à 5 mégapixels. Il filme toujours en FullHD et, nouveauté, il hérite de la fonction « auto HDR » du capteur principal. Cette dernière présente deux avantages : elle effectue les traitements en une seule vue donc évite le dédoublement des contours, et elle affiche le rendu à l'écran en temps réel, contrairement aux modes HDR classiques qui font un assemblage a posteriori de plusieurs vues et donc ne peuvent pas afficher le rendu avant la capture des vues.

L'iPhone 6 se contente lui de Full HD, mais à 60 im/s ; et d'un capteur frontal de 1,2 mégapixel, mais également avec HDR automatique. Le Lumia 930 filme en 2160p à 30 im/s depuis la dernière mise à jour de l'application Lumia Camera, sa caméra frontale plafonne elle-aussi à 1,2 mégapixel, sans fonction HDR.

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Résultats en photo

La rapidité

Nous avons décidé de mesurer trois grandeurs différentes pour jauger nos trois smartphones : le délai avant le premier déclenchement, la vitesse de mise au point latence comprise et la rafale. Nous savions l'iPhone 6 très rapide et le Lumia 930 plutôt lent, la question était surtout : « Comment le Galaxy S6 se positionne-t-il ? » La réponse est claire : le Galaxy S6 s'impose comme une nouvelle référence. En dehors du démarrage de la couche photo, à peine plus long que sur l'iPhone 6 (1,49 s versus 1,23 s) mais beaucoup moins que sur le Lumia 930 (2,74 s), les autres chronos se placent assez nettement en la faveur du smartphone sud-coréen.

La mise au point est redoutablement rapide : on a beau enquiller les vues, le S6 ne dépasse jamais les 0,15 s, parfois il frôle le 0,10 s. Dans les mêmes conditions, l'iPhone 6 oscille entre 0,25 et 0,30 s, un score déjà excellent mais désormais battu. Le Lumia 930 se montre plus imprévisible : s'il vient juste d'effectuer un rafraîchissement de sa mise au point, la prise de vue ne prend que 0,20 s. En revanche, si on tombe en plein sur un cycle de recherche du point, le chrono peut atteindre 0,95 s.

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Le Galaxy S6 est le plus rapide

La rafale du Galaxy S6 atteint la cadence impressionnante de 12 images par seconde en pleine résolution, contre 10 images par seconde pour l'iPhone 6. Ce dernier présente toutefois l'avantage de ne pas être limité dans le buffer, alors que Samsung limite la rafale à 30 vues. Côté Lumia 930, la rafale tient 4 images par seconde sur 7 vues, puis la cadence tombe à 3,4 images par seconde. Ce avec l'application « Appareil Photo », parce qu'avec « Lumia Camera » la cadence est plus lente. Il est sinon possible d'utiliser la fonction « Sélectionner un instant » sur un shoot vidéo : on dispose alors de 25 images par seconde mais en 2 880 x 2 160 pixels maximum.

La qualité d'image

Dans ce domaine, on observe des différences mais il n'y a pas de mauvais élève. Disons-le sans détour : le Lumia 930, lorsqu'on photographie en DNG (format brut RAW), dépasse de loin ses deux concurrents. On a alors quantité de détails en plus, une dynamique nettement supérieure et un bruit numérique beaucoup moins destructeur qu'en Jpeg.

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Le même extrait à 400 ISO du Lumia 930, capturé en Jpeg et en RAW

Seulement voilà, utiliser du DNG nécessite un développement numérique, c'est-à-dire du post-traitement sur ordinateur et donc du temps. Pour un usage mobile, ce n'est pas forcément commode, en tout cas pas pour tout le monde.

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En qualité d'image brute, c'est le Lumia 930 qui gagne, grâce au DNG

Si l'on s'en tient à du Jpeg produit par le smartphone, les écarts se resserrent fortement. Là, les images du Lumia 930 apparaissent bien contrastées, avec une mesure d'exposition assez sombre de base, une dynamique faible et un niveau de saturation généreux. Un rendu bien typé. Le Galaxy S6 propose une mesure de balance des blancs similaire à celle du Lumia 930. Toutefois le nouveau protégé de Samsung se distingue par un meilleur piqué de son optique, une exposition plus juste, une colorimétrie adoucie et un traitement Jpeg un peu plus conservateur en détails. L'iPhone 6 perd le match des détails, souffrant d'une résolution au moins deux fois inférieure à celle de ses rivaux, mais il ne manque pas de finesse pour autant. En plein jour, le traitement révèle un bon équilibre, permettant à la fois de capturer des textures réalistes mais aussi de conserver davantage de dynamique. Les plus grands photosites jouent pleinement leur rôle.


Le traitement HDR, baptisé Capture enrichie sur Windows Phone, donne des résultats variables. Sur iPhone 6 et Lumia 930, le gain de dynamique est plutôt bon mais les contours se dédoublent sur les sujets en mouvement. Sur le Galaxy S6, le gain de dynamique est plus aléatoire, en revanche les contours ne se dédoublent pas.

Quid des basses lumières ? Là, c'est encore le Lumia 930 qui remporte le combat. En DNG principalement, mode d'enregistrement qui préserve une quantité de détails impressionnante mais surtout qui préserve la dynamique et les couleurs. Parce qu'en Jpeg, si le bruit numérique reste très bien contenu, la colorimétrie et la dynamique s'effondrent. On préfère alors le rendu des iPhone 6 et Galaxy S6.


Extraits avec de gauche à droite, le Galaxy S6, le Lumia 930 et l'iPhone 6

Autre intérêt du Lumia 930 : il monte à 3 200 ISO, là où l'iPhone plafonne à 2 000 ISO et le Galaxy S6 à 800 ISO, et le réglage de vitesse débrayable permet de réaliser des poses de 4 secondes (sur trépied). En revanche, le sur-échantillonnage très faible avec ce capteur de 20 mégapixels ne sert ici pas à grand-chose : la qualité du PureView 808 est bien loin. Maintenant, les Galaxy S6 et iPhone 6 s'en sortent bien aussi. Le téléphone de Samsung exécute un traitement d'image plus propre que celui d'Apple à ISO équivalent, et reste bien exploitable jusqu'à sa limite de 800 ISO. Mais l'iPhone 6, quand il ne se noie pas dans l'obscurité, réussit à restituer davantage de dynamique que les autres (du détail dans les zones sombres, bouchées sur les Lumia 930 et Galaxy S6). Et sa colorimétrie se maintient relativement bien.


Restent les selfies, où là Samsung prend l'ascendant, suivi de près par l'iPhone 6, très loin devant le Lumia 930. D'abord, la résolution de 5 mégapixels chez Samsung permet de capturer beaucoup plus de détails que chez les compétiteurs en 1,2 mégapixel. Mais le mode HDR auto permet également de bien gérer les contre-jours, même si le rendu de l'iPhone 6 est meilleur dans ce domaine. Samsung propose par ailleurs son mode beauté qui lisse le grain de peau des visages (à utiliser avec parcimonie). Et les amateurs de selfies en groupe apprécieront le très grand angle choisi par Samsung (22 mm versus 31 mm sur l'iPhone 6). Les teintes carnées sont fidèlement restituées chez Samsung et Apple, pas chez Nokia qui nous propose un blanc bleu-vert et une dynamique toujours très poussive.

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Dans une acception plus globale de la notion de qualité d'image, les Galaxy S6 et iPhone 6 sont ex aequo


Interface, ergonomie et fonctionnalités

Nous trouvions l'interface du Galaxy S5 très complète, bien qu'un peu chargée, Samsung a réussi à l'alléger sans rien compromettre. Une discrète ligne de pictogrammes blancs en haut de l'écran donne accès au flash, au retardateur, à la HDR, aux effets et aux paramètres de l'appareil photo. Tandis qu'en bas, on retrouve le bandeau avec les deux déclencheurs (photo et vidéo), l'accès à la pellicule, la bascule entre appareil dorsal et frontal et les modes de prise de vue.

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La mise au point sélective et la photo virtuelle


Tout se manipule aisément, l'interface est parfaitement fluide. On se rapproche du caractère instinctif de l'iPhone 6, qui reste encore la référence en matière de simplicité, tout en restant fidèle à l'héritage d'Android sur le plan des réglages, c'est assez bien vu.

On ne pourra pas en dire autant du Lumia 930, très déroutant pour les non-initiés. Multiplicité des applications photo qui font doublon, filtres à télécharger séparément et qui se comportent en fait comme des applications, intitulés et organisation des menus pas toujours judicieux. Bref, tout cela est bien sûr affaire de goûts et d'habitudes, mais Nokia et Microsoft ne nous facilitent pas la tâche.

Que dire d'autre sur le Galaxy S6 ? La lecture en USB du répertoire photo DCIM se montre est assez lente, notamment comparée au Lumia 930 et à l'iPhone 6. Et l'écran courbé du Edge nous a perturbé plus qu'autre chose à l'usage. Déjà que le ratio 16/9 natif n'est pas très naturel en photo, alors avec deux bandes gondolées en haut et en bas ça perturbe encore plus le cadrage horizontal. C'est un peu moins gênant à la verticale, mais on ne peut s'empêcher de penser que cette courbure d'écran n'est rien d'autre qu'esthétique.

Résultats en vidéo

Le Galaxy S5 était très doué pour capturer des vidéos, le S6 reprend point par point toutes les forces de son prédécesseur. Il filme donc en 1080p à 30 ou 60 im/s, mais également en 2 560 x 1 440 (QHD, soit la définition de l'écran) et en UHD (3 840 x 2 160 pixels) à 30 im/s. Attention, tous les modes supérieurs au Full HD à 30 im/s se voient privés du stabilisateur vidéo (numérique), du suivi d'AF (tracking du sujet), de la HDR ou encore des effets vidéo.


Le flux en H.264 à 17 Mbps (et jusqu'à 48 Mbps en UHD) est de très bonne qualité. La bonne optique du Galaxy S6 et le capteur maîtrisé par Samsung n'y sont pas pour rien. Par ailleurs, le stabilisateur vidéo fonctionne bien, même s'il faut avoir à l'esprit qu'il engendre un recadrage important puisque de type numérique. Et l'autofocus réagit à merveille aux changements de plans : l'iPhone 6 est sur ce point largement égalé. Et même dépassé si on prend en compte les différents formats de capture du Galaxy S6.

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En matière de vidéo, le Galaxy S6 dépasse ses concurrents

Le Lumia 930 accuse le coup ici. S'il filme lui aussi en UHD à 30 im/s sa dernière mise à jour, il souffre en revanche d'une colorimétrie parfois hasardeuse, d'un manque de finesse dans les détails capturés et d'un autofocus pas assez vif et qui pompe de manière désagréable. Le seul point sur lequel le Lumia 930 parvient à rivaliser avec ses concurrents, c'est sur la stabilisation optique. Insuffisant, d'autant que les stabilisations numériques de l'iPhone 6 et du Galaxy S6 sont particulièrement efficaces.



Complétons ce volet en évoquant les deux nouveaux modes, le ralenti et l'accéléré. Ils font penser aux fonctionnalités éponymes d'iOS 8, en mieux. Ici, il est possible en visionnage d'ajuster la séquence ralentie ou accélérée, mais également d'en ajouter une deuxième et de déterminer le facteur de ralenti ou d'accélération. Le tout est exportable facilement, avec ou sans son, en 1 280 x 720 pixels à 30 im/s et 8 Mbps (en H.264). Vraiment sympa !

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Et si on prête une oreille à la capture audio (sur la pertinente remarque de plusieurs lecteurs) ? Le Lumia 930 revient en force. Il embarque quatre microphones, contre deux sur le Galaxy S6 et un sur l'iPhone 6 (un seul qui enregistre en vidéo, les deux autres ne servent qu'à l'atténuation des bruits ambiants lors des appels). La spatialisation du son s'en ressent, même si le smartphone de Samsung accomplit un travail remarquable sur ce plan. Le Lumia 930 peut d'ailleurs filmer en encodant l'audio en Dolby Digital Plus 5.1 (codec E-AC-3 à 384 Kbps en 16 bits et sur 6 canaux). Côté qualité, c'est le Lumia 930 qui restitue la gamme de fréquences la plus large, notamment dans le bas du spectre. Le Galaxy S6 se hisse en deuxième position avec également un très bon son (AAC à 256 Kbps, en 48 kHz sur 2 canaux). L'iPhone 6, mono et très compressé (64 Kbps en 44,1 kHz) sonne nettement plus étriqué, autant en matière de spatialisation qu'en gamme de fréquences reproduites.

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Podium de la capture audio, où le Lumia 930 l'emporte

Conclusion

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Ne tournons pas autour du pot : le Galaxy S6 est un excellent photophone. Il est diablement rapide, doté d'un autofocus tout à fait efficace, délivre de belles images dans la plupart des circonstances et propose des fonctionnalités utiles et rondement menées. Est-il meilleur que le Galaxy S5. Oui, mais la progression n'est pas non plus spectaculaire. L'arrivée de la stabilisation optique en photo et le gain de luminosité de l'optique sont appréciables, les meilleurs résultats par faible luminosité aussi. L'interface épurée rend l'expérience plus directe et plaisante, les ajouts comme le ralenti ou l'accéléré ne peuvent que nous réjouir. Et la caméra frontale a bénéficié d'une mise à jour conséquente (HDR et résolution).

Maintenant, le Galaxy S6 n'est pas forcément beaucoup plus performant que le Galaxy S5. Et la partie vidéo n'a quasiment pas évolué. Que faudrait-il changer en même temps ? Si, Samsung pourrait inclure dans son prochain smartphone l'enregistrement en format brut RAW. C'est le point fort majeur du Lumia 930, qui s'affiche sinon en retrait sur tous les autres plans. Le Galaxy S6 vient en tout cas sérieusement titiller l'iPhone 6, dont les 8 mégapixels commencent à sembler un peu limités. Le smartphone d'Apple reste malgré tout une des meilleures illustrations qui soient du concept « simple et efficace ». Mais dans l'absolu, nous lui préférons le Galaxy S6 pour faire des photos et vidéos.


Pour aller plus loin : découvrez notre comparatif des meilleurs smartphones.
Aurélien Audy
Par Aurélien Audy

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