Deux mois : c’est la durée que nous avons consacrée au test du P60 Pro de Huawei. C’est à notre avis le minimum afin d'évaluer correctement cet appareil photo ce smartphone pas vraiment comme les autres.
- Qualité photographique
- Écran
- Design très réussi
- Charge rapide
- Certification IP68
- Pas de 5G
- Pas de services Google (officiellement)
- Prix élevé
Le P60 Pro se distingue de la concurrence sur trois aspects principaux. Le premier, rédhibitoire pour la plupart des acheteurs potentiels, est l’absence des Google Mobile Services (GMS). Imposée par les sanctions américaines, elle est partiellement contournable. Ce sujet épineux fera l’objet d’un article que nous publierons prochainement.
Le second est l’absence de 5G, elle aussi due aux sanctions yankees. Huawei assure travailler sur le sujet. Mais, en attendant, peut-on vraiment parler de smartphone Premium sans cette technologie ? Vaste débat.
Contrairement aux deux précédents, le troisième aspect est nettement plus positif : Huawei innove de façon spectaculaire en matière de technologie photographique. Comme on le verra un peu plus loin, les capacités du P60 Pro en ce domaine en font un produit exceptionnel.
Si vous êtes un fan de technologie et de photographie, mettez de côté le temps de la lecture de ce test vos éventuels préjugés sur l’absence de 5G et des GMS.
Nous vous proposons de nous suivre dans l’analyse des technologies d’imagerie concoctées par Huawei… Ce qui ne nous empêchera pas d'aborder d'autres aspects de ce smartphone pas vraiment comme les autres !
Fiche technique Huawei P60 Pro
Taille de l'écran | 6.67 pouces |
Taux de rafraîchissement | 120Hz |
Mémoire interne | 512 Go, 256 Go |
Mémoire vive (RAM) | 12 Go, 8 Mo, 8 Go |
Capacité de la batterie | 4815 mAh |
Charge rapide | Oui |
Définition du / des capteur(s) arrière | 48 Mpx, 48 Mpx, 13 Mpx |
Système d'exploitation | HarmonyOS |
Version du système d'exploitation | EMUI 13.1 |
Assistant vocal | Celia |
Taille de l'écran | 6.67 pouces |
Type d'écran | LTPO OLED |
Définition de l'écran | 1220 x 2700 pixels |
Taux de rafraîchissement | 120Hz |
Densité de pixels | 444 ppi |
Écran HDR | Oui |
Mémoire interne | 512 Go, 256 Go |
Stockage extensible | Oui |
Processeur | Qualcomm SM8475 Snapdragon 8+ Gen 1 4G |
Finesse de gravure | 4nm |
Nombre de cœurs CPU | Octa-core |
Fréquence CPU | 3.9GHz |
GPU | Adreno 730 |
Mémoire vive (RAM) | 12 Go, 8 Mo, 8 Go |
Capacité de la batterie | 4815 mAh |
Batterie amovible | Non |
Recharge sans-fil | Oui |
Charge rapide | Oui |
Puissance de la charge rapide | 88W |
Nombre de caméras (avant & arrière) | 4 |
Définition du / des capteur(s) arrière | 48 Mpx, 48 Mpx, 13 Mpx |
Définition du / des capteur(s) avant | 13Mpx |
Enregistrement vidéo | 4K@30/60fps, 1080p@30/60fps, 1080p@960fps |
Stabilisateur caméra | Optique et Numérique |
Flash arrière | LED |
Flash Frontal | Non |
Taille des photosites objectifs arrière | NC |
Taille des photosites objectifs frontaux | NC |
Ouverture objectif photo arrières | f/1,4-4 , f/2,1, f/2,2 |
Ouverture objectif photo frontaux | f/2,4 |
Zoom Optique | 3,5x |
Carte(s) SIM compatible(s) | Nano-SIM |
Compatible double SIM | Oui |
Compatible 5G | Non |
Compatible VoLTE | Oui |
Wi-Fi | 6 |
Bluetooth | 5.2 |
NFC | Oui |
GPS | Oui |
Infrarouge | Oui |
Type de connecteur | USB Type-C 3.1 |
Lecteur biométrique à empreinte digitale | Oui |
Capteur de reconnaissance faciale | Reconnaissance faciale 2D |
Acceleromètre | Oui |
Gyroscope | Oui |
Capteur de lumière ambiante | Oui |
Prise Jack | Non |
Nombre de haut-parleurs | 2 |
Hauteur | 161mm |
Largeur | 74.5mm |
Epaisseur | 8.3mm |
Poids | 200g |
Certification IP | IP68 |
DAS tête | 0,50 W/kg |
DAS tronc | 1,20 W/kg |
DAS membres | 2,98 W/kg |
Un design brillant
Côté face, le P60 Pro ressemble à quasiment tous les smartphones haut de gamme. Une dalle AMOLED de 6,67’’ occupe l’essentiel de la face avant. De type waterfall (débord partiel de la dalle sur les flancs), elle dispose de très fines bordures noires. Notons aussi que le fameux débordement s’applique aussi sur le haut et le bas de l’écran, même si la courbure est nettement plus discrète.
Une perforation, logée en haut de la médiane verticale, héberge la caméra frontale. Elle se révèle assez discrète pour ne pas devenir gênante au quotidien. Au bas de la médiane prend place sous la dalle un lecteur d’empreintes optique que nous évaluons comme étant à la fois fiable et réactif.
Le flanc gauche abrite les traditionnelles touches mécaniques tandis que le connecteur USB-C et le tiroir à carte prennent place sur la face inférieure.
Huawei a fait dans l’originalité pour la face arrière du P60 Pro… et l'on ne va pas s’en plaindre tant le résultat est convaincant. Notre modèle de test bénéficie de la finition « Rococo Pearl » dont le patronyme ne rend pas vraiment justice à l’effet « whaou » qu’elle suscite.
Au lieu de se contenter de verre plus ou moins travaillé, ses concepteurs sont partis de minéraux naturels réduits en poudre et compressés afin de recréer un aspect nacré du plus bel effet. Huawei ne s’est pas tellement étendu sur le processus de fabrication.
Tout juste saura-t-on que chaque exemplaire nécessite une dizaine d’heures de travail et qu’il est réalisé artisanalement. Le P60 Pro est certifié IP68, lui assurant de survivre à une brève immersion.
La finition nacrée de la face arrière change selon l’éclairage. Huawei précise qu’en raison de la méthode de fabrication, chaque exemplaire est unique. À la fois originale et très réussie, Rococo Pearl permet à Huawei de produire le smartphone le plus beau que nous n’ayons jamais eu en main. Rien que ça.
Nettement plus classique, mais tout aussi réussie, la finition noire est faite d’un verre sablé scintillant discrètement lorsqu’il est éclairé. Il a en commun avec Rococo Pearl d’être totalement insensible aux traces de doigts.
Un écran éblouissant sous bien des aspects
L’écran du P60 Pro est construit autour d’une dalle OLED de 6,67'' affichant 1220 × 2700 pixels (soit une densité de 445 points par pouce). Elle est recouverte d’un verre de protection Kunlun conçu par Chongqing Xinjing Special Glass Co, censé être nettement plus résistant que le Gorilla de Corning.
La dalle OLED prend en charge 1 milliard de teintes. Elle dispose d’une fréquence de rafraîchissement variable (30, 40, 60, 90 et 120 Hz) tout en étant compatible HDR10+ (même si ce n’est pas indiqué sur la fiche technique). Huawei ne donne pas d’information sur sa luminosité maxi. Nous nous contenterons de préciser qu’il reste parfaitement lisible en plein soleil.
Les couleurs sont remarquablement bien restituées même si elles sont un peu boostées par défaut. On pourra y remédier en choisissant dans les réglages le profil « normal » à la place de « vif », activé par défaut. On pourra aussi agir sur la température des blancs afin d’adapter l’écran à son goût.
Très bonnes performances
Le P60 Pro est construit autour d’un SoC SnapDragon 8+ Gen 1 4G de Qualcomm, soit une version spécifique de la puce vedette de l’an dernier+. L’absence de 5G est bien entendu justifiée par les sanctions américaines imposées à Huawei.
Faut-il regretter l’absence de 5G ? Oui, si l’on est un geek avéré et que l’on estime qu’à ce niveau de prix cette absence est intolérable. Non, si l’on considère que l’immense majorité des forfaits utilisés en Europe — et plus spécialement en France — sont pour l'instant limités à la 4G.
Notre modèle de test disposait de 8 Go de mémoire vive et de 256 Go de stockage interne que l’on peut étendre par l’adjonction d’une carte NM. À l’origine, ce format concocté par Huawei devait concurrencer Micro SD, objectif qu’il n’a pas su atteindre.
Il est désormais plus raisonnable de le voir comme un type spécifique de carte d’extension. Notons-en tout cas que le constructeur est l’un des rares — sinon le seul — à permettre l’extension du stockage interne d’un smartphone haut de gamme.
La puissance de calcul brute délivrée par le Snapdragon 8+ Gen 1 s’avère excellente. Le P60 Pro récolte ainsi 1 022 241 points Antutu (mesure des performances globales), 2785 points 3DMark Mobile Wildlife Extreme (évaluation de la partie graphique). Geekbench 5.5.1 attribue au processeur central 4 258 points en fonctionnement multicœurs du CPU (1 307 points en monocœur).
Pourquoi ne pas utiliser Geekbench 6, comme nous le faisons depuis le début de l’année ? Tout simplement parce que nous n’avons pas réussi à l’installer sur l’appareil de façon satisfaisante.
Tant que nous y étions, nous nous sommes intéressés à la dissipation thermique, source de ralentissements si elle est mal gérée. Sur ce point, le P60 Pro a un comportement étonnant : tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes pendant les 30 premières minutes d’utilisation intensive.
Passé ce laps de temps, on assiste à intervalles réguliers à de brefs, mais intenses ralentissements (une quinzaine de secondes à peu près toutes les 10 minutes). Est-ce un bug ou est-ce voulu ? Impossible d’en savoir plus.
Quoi qu'il en soit, la puissance de traitement du P60 Pro s’avère très satisfaisante et l’on pourra lui confier sans hésiter des tâches très demandeuses en puissance de calcul.
EMUI : la vie sans Google (officiellement)
Les restrictions yankees empêchent Huawei d’utiliser l’Android de Google. Huawei s’est donc résolu à développer son propre OS à partir de la version open source librement disponible. Baptisée HarmonyOS en Asie, elle prend le nom d’EMUI en Occident.
Afin de pallier l’absence de GMS (Google Mobile Services), le constructeur a développé HMS (Huawei Mobile Services, vous l’aurez compris) qui propose exactement les mêmes fonctionnalités que la version Google d’Android… sans être compatible.
Par exemple, Google Drive est remplacé par Huawei Cloud, Google Maps par Petal Maps tandis que le moteur de recherche prend le nom de Petal Search. On pourrait continuer l’énumération pendant un bon bout de temps !
On l’a compris : il est impossible d’installer les applications acquises sur le Play Store de Google sur le P60 Pro. Même constat pour toutes ses données qui pourraient être coincées dans l’écosystème Google (agenda, photos, etc).
Heureusement, il existe quelques méthodes afin d’installer GMS sur un smartphone Huawei. Nous n’allons pas les détailler ici (ce n’est pas le sujet), mais plutôt vous les présenter très prochainement dans un article consacré à cet épineux sujet.
Avec ou sans Google, force est de constater qu’EMUI est un système bien conçu. Il dispose de quelques fonctions que l’on aimerait trouver chez la concurrence.
Citons par exemple SuperHub, sorte de presse-papiers survitaminé où l’on stocke temporairement du texte et des images afin de les exploiter dans diverses applications. Ou encore les « dossiers agrandis » qui facilitent l’organisation et l’accès des applications les plus utilisées.
D’autres fonctions, elles aussi agréables, sont « inspirées » de ce que produit la concurrence. C’est, par exemple, le cas des widgets empilables, de l’excellente gestion du multifenêtrage ou encore de l’analyse avancée du temps que l’on passe devant son appareil.
On regrette en revanche la présence massive de bloatwares et d’apps Huawei dont on n’aura pas forcément l’utilité. Heureusement, tout cela est désinstallable… mais leur présence par défaut reste agaçante.
À n’en pas douter, EMUI est bien foutu, bénéficie d’un fonctionnement très fluide et permet de profiter pleinement des joies simples du multitâche. Les allergiques à Google apprécieront l’absence du géant américain. Malheureusement, ils ne sont pas légion…
Charge et autonomie
Le P60 Pro embarque une batterie LiPo non amovible de 4 815 mAh. Même si elle n’atteint pas les 5 000 mAh des haut de gamme de la concurrence, elle devrait offrir une autonomie très correcte. Devinez quoi… c’est bien le cas.
En utilisation standard (réseaux sociaux, messagerie instantanée, quelques photos/vidéos, e-mails, une heure de multimédia/jeux 3D, écoute de musique), l’autonomie dépasse 1,5 jour.
Elle peut frôler les deux jours si l’on prend la peine d’optimiser quelques réglages (pas d’always on, fréquence de rafraîchissement bloquée sur 60 Hz, etc).
Vous êtes plutôt du genre geek ? Alors le P60 Pro vous accompagnera une journée complète, mais guère plus. En nous privant de jeu, mais pas de streaming vidéo, on a réussi à tenir 1,2 jour, ce qui n’est pas si mal pour un Snapdragon 8+ Gen1.
Il est vrai qu’en l’absence de 5G, la partie réseau est nettement moins gourmande en énergie… C’est sûrement le seul (minuscule) avantage de la mise à l’index de Huawei par les USA !
Huawei a l’excellente idée d’accompagner le smartphone d’un chargeur rapide 88 watts. Mieux encore : il dispose de deux ports (USB-A et USB-C), permettant d’y relier deux appareils. d'utiliser un câble autre que celui fourni (pour un autre appareil par exemple, mais pas simultanément) . Le constructeur annonce fièrement que le passage de 0 à 100 % peut s’effectuer en « 30 minutes environ », ce qui n’est pas mal du tout.
D’après nos tests, le constructeur pèche par excès d’optimisme puisqu’il nous a fallu 40 minutes pour remplir complètement la batterie. Notons toutefois qu’il faudra seulement 10 minutes pour atteindre 33 %, ce qui est plutôt appréciable, et 16 minutes afin de passer de 0 à 50 %. Sur cet aspect, Huawei se classe donc parmi les bons élèves.
Autre possibilité, utiliser la charge par induction, capable de monter jusqu’à 50 watts si l’on possède un socle compatible. Enfin, la charge inversée est aussi de la fête afin de transmettre un peu d’énergie à un appareil compatible Qi (écouteurs, montre connectée, etc).
Sans être faramineuse, l’autonomie du P60 Pro s’avère tout à fait correcte. On apprécie aussi la charge rapide capable de remplir l’accumulateur à 50 % en 16 minutes.
Photographie : le meilleur des meilleurs ?
Longtemps associé à Leica pour la coconception la partie photographique, Huawei fait désormais cavalier seul. On ne développera pas ici les raisons de ce divorce à l’amiable — ou plutôt du non-renouvellement de l’accord, arrivé à terme début 2022. Dorénavant, toutes les technologies de traitement d’image du Chinois sont regroupées sous le patronyme XMAGE, dont on retrouve le logo sur la caméra dorsale du P60 Pro.
Celle-ci se compose de trois modules :
- Principal (grand-angle) : capteur 48 Mpxl RYYB ; objectif 27 mm f/1,4 - 4,0 ; stabilisation optique
- Ultra grand-angle : capteur 13 Mpxl RYYB ; objectif 13 mm f/2,2 ; champ de vision de 120° ; stabilisation optique
- Téléobjectif : capteur 48 Mpxl RYYB ; objectif périscopique 27-95 mm f/2,1 (zoom optique 3,5 x) ; stabilisation optique
La caméra frontale dispose d’un seul module composé d’un capteur 13 Mpxl RYYB et d’un objectif 13 mm f/2,4.
On aura peut-être remarqué l’absence d’informations sur la taille des capteurs et de leurs photosites. Questionné à ce sujet, Huawei répond que ces caractéristiques n’ont pas d’intérêt. Le constructeur explique que la technologie mise en œuvre sur un capteur RYYB étant différente de celle de son concurrent RGB, ces informations ne sont pas comparables.
En définitive, seule l’indication du nombre de pixels de l’image finale et de l’emploi de capteurs RYYB sont pertinents.
Photographie computationnelle et amélioration matérielles
Une fois n’est pas coutume : nous allons commencer par la conclusion. Après un peu plus de six semaines de test, nous pouvons affirmer sans hésitation que la partie photographique du P60 Pro est digne d’un compact expert haut de gamme. Voire dans certains cas d’un boîtier hybride.
En lisant cela, les puristes vont sans doute s’étrangler d’indignation et affirmer que rien ne pourra jamais remplacer un « vrai » appareil photo. Certains oseront même ajouter que de toute façon, une « chinoiserie » comme ce P60 Pro n’est même pas digne d’attention.
Force est de constater que ces ayatollahs de la photographie ont de moins en moins raison… sans pour l’instant avoir tout à fait tort. En ce printemps 2023, il existe toujours des situations où un smartphone ne peut pas rivaliser avec un boîtier photographique.
Elles sont de moins en moins nombreuses, les progrès accomplis par la photographie computationnelle étant spectaculaires. Et notamment par Huawei, qui fut le premier constructeur à proposer avec le P9 Pro un smartphone intégrant l’IA dans le traitement de l’image. Et nous parions que la tendance n’est pas prête de changer.
Est-ce un bien ou un mal ? A-t-on besoin d’une technologie démentielle afin de photographier ses doigts de pieds au bord d’une piscine ou pour faire profiter la planète entière de ce qu’on s’apprête à manger au déjeuner ? Nous préférons pour l’instant nous tenir prudemment à l’écart de ce débat…
Il faut aussi prendre en compte les progrès techniques réalisés par la R&D en termes de matériel. Ainsi, les capteurs évoluent constamment (voir encadré), mais pas autant que les objectifs.
Ceux-ci se miniaturisent tout en bénéficiant d’une sophistication croissante. Citons pour l'exemple l'emploi de lentilles en verre de plus en plus précises, de diaphragmes à lamelles à l'ouverture de plus en plus grande ou encore de téléobjectifs périscopiques plus performants.
Ces derniers permettent d’intégrer dans un smartphone un zoom optique variable avec un encombrement moindre. Plutôt que d’être perpendiculaire au châssis du smartphone, l’objectif est « couché » dans son épaisseur. Un jeu de miroir transmet la lumière au capteur exactement comme le ferait un périscope de sous-marin.
Lumière du jour : rien à redire
En luminosité moyenne ou bonne, les images produites par le P60 Pro sont tout bonnement excellentes. Bien sûr, l’image accuse une petite perte de piqué sur ses bords, ce qui n’a rien d’étonnant à une telle longueur focale (13 mm) et à cette ouverture (f/2,2).
Le module principal embarque quant à lui un diaphragme mécanique à lamelles. Le P60 Pro n'est certes pas le premier smartphone à en disposer. Il offre toutefois une amplitude d'ouverture assez large (f/1,4 - 4).
Son principal avantage est de permettre la production d’un flou d’arrière-plan naturel sans utiliser de traitement numérique. Même s'il ne l'égale pas encore, il s'avère digne de ce que peut réaliser un appareil photo hybride traditionnel.
Huawei a aussi prévu un diaphragme virtuel (basé sur l’IA, donc) afin de proposer une plage d’ouverture encore plus vaste (f/0,95 - 16). Ce diaphragme virtuel ouvre de nouveaux horizons créatifs, y compris aux photographes néophytes.
Une fois l’image mise en boîte, il est possible de faire varier a posteriori l’ouverture et la zone de mise au point par quelques effleurements.
À notre connaissance, seul Huawei propose un mode de fonctionnement aussi abouti, seuls Huawei et Xiaomi proposent un mode de fonctionnement aussi abouti, la concurrence n’autorisant que la modification du flou d’arrière-plan ou de la zone de mise au point… mais pas les deux.
Autre point non négligeable, l’apparition d’un mode « télé-macro » permettant par exemple, de photographier un insecte sans trop s’en approcher. On évite ainsi qu’il ne s’envole avant que l’image soit réalisée. Le résultat s’avère fort satisfaisant à condition de rester entre 3,5 x et 10x.
Le téléobjectif produit lui aussi de belles images en zoom optique 3,5 x. L’ouverture du diaphragme est alors moins grande, mais l’éventuelle apparition d’un flou de bougé est compensée par une stabilisation optique efficace.
Au-delà d’un facteur de grossissement de 3,5 x, l’IA prend le relais et se débrouille afin de produire un zoom hybride. Il est parfaitement convaincant jusqu’à 10x, reste exploitable sans trop de problèmes jusqu’à 50x, voire jusqu’à 80x si l’on accepte une perte de finesse des détails. Dans tous les cas, l’autofocus s’avère à la fois rapide et précis.
Photo de nuit
La photographie en faible luminosité ou de nuit s’avère tout aussi remarquable. Le capteur RYYB, associé à une excellente stabilisation et à un objectif disposant d’une grande ouverture, capte assez d’informations pour que l’IA puisse effectuer son travail avec pertinence et sans massacrer l’image finale.
OK, mais jusqu’où peut-on pousser le P60 Pro ? Afin de nous faire une idée, nous l’avons torturé selon trois scénarios plus ou moins extrêmes. Et comme on va le voir, le résultat est plein d’enseignements !
Dans ma rue
Les images urbaines nocturnes sont un grand classique de la street photographie. Nous en avons réalisé essentiellement en mode automatique, sans nous préoccuper plus que cela des réglages. Le résultat est tout bonnement excellent.
Selon le sujet, on obtiendra des résultats très satisfaisants jusqu’en 10x, voire 30x sur les images dotées d’éclairages ponctuels (lampadaires de rue, enseignes lumineuses, etc).
Bien qu’il soit possible de monter jusqu’à un facteur de zoom 100x, on se cantonnera prudemment aux alentours de 50x maxi afin de ne pas être déçu par le résultat. Ce n’est déjà pas si mal !
Le mode Nuit impose un temps de pose nettement plus long. Il est soit calculé automatiquement par l’appareil (généralement aux alentours de 3 secondes), soit déterminé par le photographe s’il veut créer un effet.
Dans un cas comme dans l’autre, le risque de flou de bouger est grandement atténué par la stabilisation optique de l’objectif. Toutes les photos réalisées ici l’ont été à main levée. Dans la mesure du possible, on essayera tout de même de trouver une surface où caler l’appareil si l’on utilise un temps de pose long.
J’aurais voulu être un artiste
Le P60 Pro peut-il servir à photographier un artiste sur une scène ? Petit problème : nous n’avions pas d’artiste (et encore moins de scène) sous la main au moment où nous avons réalisé ce test.
Nous nous sommes donc contentés d’un évènement moins ludique, mais offrant les mêmes conditions qu’un concert : la présentation officielle du P60 Pro. L’évènement organisé par Huawei s’est tenu au Showpalast de Munich, salle de spectacle pouvant accueillir jusqu’à 2400 spectateurs.
Fidèle à notre habitude, nous nous sommes empressés de ne pas utiliser le moindre réglage spécifique pour nous contenter du mode tout automatique. Le résultat est largement au-dessus de nos espérances : comme on le constate sur la vidéo, l’IA effectue un boulot remarquable sur l’image brute afin de la rendre plus présentable.
Fly me to the moon
Huawei met en avant la qualité des photos de la Lune que l’on peut réaliser avec le P60 Pro. Vraiment ? Afin de le vérifier, nous avons commencé par shooter une image en mode automatique, IA désactivée. Le résultat n’est guère engageant comme on peut le voir.
Les choses changent lorsqu’on active l’IA : l’appareil reconnaît la scène et affiche une étiquette « Lune » sur l’interface. Les réglages sont alors automatiquement adaptés afin d’optimiser la prise de vue, puis l’IA apporte sa touche finale.
Le résultat s’avère très convaincant, voire même spectaculaire grâce au traitement effectué par l’intelligence artificielle. Comment est-ce possible ? S’agit-il d’une véritable photo ou d’un fake collé par une IA peu scrupuleuse afin de créer une image plausible ?
On s’est bien entendu penché sur la question afin de tirer cela au clair. Nous sommes arrivés à la conclusion qu’il s’agit effectivement d’une photo réelle et non pas d’une sombre bidouille.
Lorsque l’on presse sur le déclencheur l'appareil, une série d’images à la volée, chacune ayant des caractéristiques légèrement différentes de la précédente (valeur d’exposition, ISO, etc).
L’IA les recombine puis les « retouche » afin de produire un résultat le plus proche possible de ce qu’elle sait de la Lune (elle a été entraînée à la reconnaître sous toutes les latitudes et sous toutes ses phases).
Cela ne veut pas dire qu’elle se comporte en IA générative, mais plutôt fait appel à sa « mémoire » afin de retoucher l’image. Elle agit en quelque sorte comme un photographe qui améliorerait une image pas assez nette à l’aide d’un logiciel de retouche comme Photoshop, par exemple.
Très bien, mais à quoi ressemble l’image de base, celle réellement captée avant l’intervention de l’IA ? Nous avons donc essayé de la recréer en shootant en mode « pro », c’est-à-dire sans aucun réglage automatique.
Après quelques essais, nous avons réussi à produire une image décente. Elle n’est bien entendu pas parfaite, mais elle se rapproche de celle servant de base de travail au mode automatique.
Pas loin de la perfection
Le P60 Pro est à n’en pas douter un excellent appareil photo. Le soin apporté au matériel (diaphragme à lamelles, qualité des lentilles, technologie de capteurs novatrice), conjugué aux performances de l’IA, en fait un produit exceptionnel à plus d’un titre. Mieux encore : il fait aussi office de smartphone !
Cela ne l’empêche pas d’avoir quelques petits défauts que l’on espère temporaires. Lors du passage du mode de prise de vue Pro au tout-auto en faible luminosité, les capteurs de la caméra dorsale se désactivent soudainement.Il faut redémarrer l’application Caméra pour revenir à la normale.
Plus anecdotique, l’IA a parfois des interprétations étranges d’objets de la vie courante. Nous nous en sommes rendus compte un peu par hasard, quand une paire de speakers a successivement été reconnue comme un tas de « feuilles d’automne » puis comme un « feu d’artifice » ! Huawei assure travailler constamment à l’amélioration du P60 Pro et ces quelques petits défaut devraient rapidement disparaître.
Vous avez dit "capteur RYYB" ?
Avant d’aborder la spécificité d’un capteur RYYB, un bref rappel sur le fonctionnement de la version RGB du composant s’impose. Si vous êtes allergiques à toute forme d’explication technique, vous pouvez vous dispenser de la lecture de cet encadré…
Trois couleurs
C’est par combinaison des trois couleurs primaires (rouge, vert et bleu) que l’on peut décrire la totalité des teintes perçues par l’œil humain. Pour numériser tout cela, les concepteurs de capteurs se sont fort logiquement concentrés sur la conception d’un filtre RVB (rouge, vert, bleu) ou RGB en anglais (red, green, blue).
Celui-ci prend place sur la surface sensible du capteur, faite d’une matrice de photosites. Ces composants de base savent évaluer une intensité lumineuse.
Le filtre leur « apprend » à séparer les couleurs afin de transmettre au processeur d’images une information exploitable. Ce dernier peut ainsi reconstituer la scène à photographier.
Ce filtre — ou matrice — de Bayer, du nom de son inventeur (Bryce E. Bayer), est composé de 25 % de filtres rouges et de 25 % de filtres bleus, les 50 % restants étant verts. Cette répartition réplique celle existant dans l’œil humain (les cônes de la rétine activés par la vision diurne sont plus sensibles au vert) et porte le nom de matrice RVVB (ou RGGB pour les anglophiles).
Le matriçage RVVB est devenu un standard dans la conception de capteurs, même s’il souffre de quelques défauts. Dans certaines situations, il s’avère incapable de restituer avec précision la luminosité de la scène captée, particulièrement en faible ou très faible luminosité.
Une façon d’y remédier est de multiplier les traitements numériques via l’intelligence artificielle et d’autres algorithmes numériques. Mais cela entraîne une perte non négligeable de piqué (effet de flou sur les détails dû au lissage appliqué).
Depuis le P30 Pro, Huawei tente une approche pour le moins originale en remplaçant les filtres verts par des jaunes. On parle alors de capteur RJJB, ou RYYB en anglais. Principal avantage de la manœuvre : gagner en précision du signal, un filtre jaune laissant passer une intensité lumineuse quatre fois plus importante que son homologue vert.
On imagine tout de suite le bénéfice pour les scènes peu éclairées, surtout si l’on a sous le coude une grosse puissance de calcul. Les informations liées au vert ne sont pas pour autant ignorées, mais recréées par soustraction par les processeurs neuronaux (jaune = bleu-vert, donc vert = bleu-jaune).
Précisons pour finir que ces derniers effectuent l’opération en temps réel afin de pouvoir afficher une image lisible sur l’écran RGB du smartphone.
Huawei P60 Pro : l'avis de Clubic
Un smartphone, le P60 Pro ? Plutôt un appareil photo sachant aussi téléphoner, si l'on s'en tient à la qualité des images produites. Huawei a su effectuer des choix technologiques audacieux afin de permettre la réalisation de photos d'excellente tenue quelles que soient les conditions d'éclairage.
On apprécie également le soin apporté au design (notamment à la version Rococo Pearl), l'autonomie honorable et bien entendu un écran irréprochable. Dommage qu'il soit privé de 5G et des services Google : il aurait alors cassé la baraque sans aucun doute, surtout s'il était proposé à un prix plus doux.
- Qualité photographique
- Écran
- Design très réussi
- Charge rapide
- Certification IP68
- Pas de 5G
- Pas de services Google (officiellement)
- Prix élevé