Acer Iconia Tab A500
Parallèlement aux deux autres produits de la gamme Iconia, basés sur Windows 7, Acer lance l'Iconia Tab A500, une tablette basée sur Android 3.0 (Honeycomb). Un concurrent sérieux pour l'iPad ?Si 2010 aura été marquée par l'absence de tablettes Android dignes de ce nom, les modèles se bousculent en cette première moitié de 2011. Certaines sont loin d'avoir convaincu ceux qui les ont eu entre les mains (la Motorola Xoom, par exemple), d'autres comme l'Eee Pad Transformer d'Asus, se révèlent être de bonnes surprises. Du côté d'Acer on attaque avec une gamme Iconia plutôt variée : on a pu découvrir le portable à double écran tactile du même nom, mais Acer lance également deux tablettes. L'Iconia Tab W500 propose un concept similaire à L'Eee Pad Transformer, mais sous Windows 7. L'A500, qui nous intéresse ici, est une tablette plus classique basée sur Android 3.0 (Honeycomb), la première version du système de Google optimisée pour les tablettes.
Ici, pas de concept original mais une offre plutôt bien fournie, notamment en connectique grâce à la solution Tegra 2 intégrée de NVIDIA, et des caractéristiques matérielles qui semblent à la hauteur. Du côté logiciel, Acer mise sur son application Clear Fi qui permet de diffuser des contenus multimédia à distance avec facilité, et sur quelques personnalisations de l'interface. Voyons comment cette tablette Android se défend par rapport à ses concurrentes.
Design et ergonomie
L'Iconia Tab A500 propose un look plutôt agréable mais des dimensions assez imposantes. Comme l'Asus Transformer, la tablette est très large, mais elle est aussi assez épaisse, et surtout plus lourde que la plupart de ses concurrentes : 756g sur notre balance, soit bien plus que l'iPad 2, et plus que l'Asus Transformer sans son dock.Le dos façon aluminium brossé est plutôt agréable, mais la finition n'est pas idéale, avec de multiples parties assemblées, un cache slot SD qui se referme mal, et des boutons qui n'inspirent pas franchement confiance, notamment l'interrupteur de verrouillage, trop renfoncé.
La connectique de la tablette est en revanche bien fournie. Outre le connecteur Micro USB et un connecteur dock propriétaire, on trouve un port USB host, un slot Micro SD, une prise jack et une sortie micro HDMI. Précisons que le port USB Host a été testé avec des résultats variables. Pas de reconnaissance d'une souris comme sur l'Asus Transformer, en revanche un clavier USB fonctionne. Le logiciel détecte une clé USB en FAT32 mais uniquement sur certaines applications.
Petit détail qui a son importance : le cache du slot SD abrite également une autre fente, recouverte d'un ruban gris. En le retirant on trouve... Un slot pour carte SIM ! Acer commercialisera effectivement, dans le courant de l'été, une version 3G de sa tablette.
L'Iconia A500 embarque un écran capacitif de qualité correcte mais sans plus. L'angle de vision est bon, mais l'affichage nous semble manquer de précision, la faute à une trame trop visible. On est en dessous de l'Asus Transformer sur ce point, et un autre défaut s'avère assez gênant : la grille de l'écran capacitif est très visible sous certains angles. En revanche, la réactivité de l'écran capacitif est au rendez vous.
Au dos, on trouve le capteur photo/vidéo accompagné d'un Flash LED, et deux enceintes, qui délivrent un son relativement honorable.
Composants
Pas de surprise dans les entrailles de l'Acer Iconia A500 : on retrouve exactement les spécifications de l'Asus Eee Pad Transformer, à commencer par la solution « System on a Chip (SoC) » Tegra 2 de NVIDIA. Au programme, donc, on trouve toujours 2 cœurs de processeur ARM A9 cadencés à 1 GHz, et un cœur graphique dont les capacités sont, grosso modo, équivalentes à une GeForce 6200, compatible OpenGL ES 2.0, OpenVG 1.1, et EGL 1.4. De quoi booster l'usage de la tablette pour les jeux et applications 3D, mais également pour la vidéo HD puisque Tegra 2 garantit également le décodage et l'encodage vidéo jusqu'à 1080p, et fournit une sortie au format HDMI. Ici, contrairement à l'Asus Transformer, c'est le Micro HDMI qui est retenu.
Niveau mémoire, c'est également du pareil au même : on retrouve 1 Go. La tablette n'est disponible qu'en version 16 Go, mais propose un slot Micro SD compatible SDHC, prenant donc en charge 64 Go supplémentaires.
En revanche, on note un petit mieux (sur le papier) en ce qui concerne les capteurs photo/vidéo : on trouve toujours 5 mégapixels au dos, mais 2 mégapixels en façade (contre 1,2 sur l'Asus Eee Pas Transformer). Une fois de plus de quoi ridiculiser l'iPad 2, du moins en théorie.
A l'intérieur de la bête, on trouve un équipement désormais standard : circuit Wifi N, accéléromètre et gyroscope. Pas de 3G en revanche, sur ce modèle, mais comme nous l'avons vu, Acer a prévu un emplacement pour une carte SIM puisqu'un modèle 3G est bien dans les tuyaux.
Interface
Si les smartphones sous Android présentent parfois des interfaces complètement différentes selon le degré de personnalisation de leur constructeur, rien ne ressemble plus à une tablette Honeycomb qu'une autre tablette Honeycomb. Hormis quelques icônes et fonds d'écrans, l'OS présent sur l'Acer Iconia A500 est exactement le même que celui de l'Asus EeePad Transformer ou la Motorola Xoom.Nous avons évoqué en détail les nouveautés apportées par Honeycomb dans notre test de l'Asus Transformer, mais revenons tout de même sur les points forts et points faibles du système.
Côté positif, on appréciera une interface d'accueil vraiment optimisée pour une tablette. Les écrans d'accueil sont clairs, bénéficient de widgets spécifiques, et même si les effets 3D sont gratuits, on trouve immédiatement ses marques sans avoir l'impression d'utiliser un smartphone géant.
Malheureusement, l'interface rompt au passage avec de nombreuses conventions d'Android sur smartphone, là où Apple sait garder une certaines cohérence entre les deux : un utilisateur d'iPhone saura immédiatement utiliser un iPad, alors qu'un habitué de smartphone Android sera complètement désorienté par Honeycomb : tout a changé de place, les boutons sont désormais remplacés par une barre d'outils, la recherche et la liste des applications ont bougé, et surtout, le système de notification a complètement changé : plus de tiroir mais un accès individuel aux notifications via la barre des tâches. On préfère l'ancien système...
Plus gênant : certains détails de l'interface sont complètement aberrants : ainsi, l'accès aux dernières applications en cours d'exécution bénéficie de vignettes plutôt parlantes, mais on ne peut pas les faire défiler, et il faudra donc placer la tablette en mode portrait pour en voir l'intégralité ! De manière générale, d'ailleurs, du fait du format des tablettes Honeycomb (1280x800), l'interface semble plutôt pensée pour un usage en mode paysage. Néanmoins, tout n'est pas négatif comme nous allons le (re)voir avec les applications intégrées.
En plus de l'interface standard, Acer a ajouté une sorte de surcouche, sous forme de hubs (multimédia, social, lecture...). On ne comprend pas trop l'intérêt de la chose, et l'interface façon étagère Ikea n'est pas des plus heureuses...
Internet
On retrouve avec plaisir la version tablette du navigateur Chrome Lite. Celui ci se comporte comme son frère pour smartphone en ce qui concerne le rendu des pages (avec là encore une gestion pas toujours précise du « tap to zoom ») mais offre une interface très agréable, très inspirée de la version desktop de Google Chrome. On dispose donc d'onglets, d'une vue favoris en mosaïque des plus agréable et d'un historique à double panneau facilitant les recherches.La prise en charge de Flash est assurée mais il faudra télécharger le plug-in sur l'Android Market . Pas de surprise sur la lecture des vidéos : ça passe plutôt bien en SD, et plutôt mal en HD, comme sur l'Asus Transformer. La prise en charge de l'accélération matérielle, permise par la dernière mise à jour de Flash, résoudra sans doute ce problème mais pour l'instant il faudra se contenter d'un décodage logiciel : cette fonctionnalité nécessitera Android 3.1. Autrement dit, on espère que les tablettes Android ne souffriront pas des mêmes problèmes de mise à jour que les smartphones, suspendus au bon vouloir des constructeurs. Sur des produits principalement destinés à être commercialisés sans opérateur, ça fait déjà un filtre de moins...
Mais revenons à nos applications pour nous attarder sur les clients mail. Comme toujours sous Android, on en trouve deux : le client Gmail et le client POP/IMAP. On se demande également pourquoi deux clients, mais ça a au moins le mérite de séparer clairement mails personnels et professionnels...
Dans les deux cas on dispose d'une interface certes très sobre, voire même austère, mais assez pratique, avec une vue à double panneau. Idem pour le calendrier et le gestionnaire de contacts. C'est propre, clair et cohérent avec le reste de l'interface.
Bien entendu, on retrouve avec plaisir la très bonne version de Google Maps intégrée à Honeycomb. On dispose donc d'une interface confortable, d'une vue 3D prenant en charge la boussole, et de la modélisation des immeubles (uniquement en vue plan) quand elle est disponible. Google Navigation est également intégré à cette version, ce qui permet d'exploiter à bon escient la puce GPS de la tablette.
Multimedia
La partie multimédia de l'Acer Iconia est sans surprise. On commence d'emblée par ce qui fâche : comme sur l'Asus Transformer, la tablette est limitée aux formats supportés nativement par Android. En ce qui concerne la vidéo, il s'agit en l'occurrence du H264. Pas de DivX, pas de MKV. Voilà qui est clair...En revanche, Acer a eu la bonne idée d'inclure un lecteur vidéo dédié, Nemo Player, et celui ci offre une interface plutôt agréable.
Côté musique, outre l'application native de Honeycomb, toujours aussi fluide et intuitive, on trouve MusicA, une sorte de Shazam, et Aupeo, un service de radio en streaming (payant, mais une offre de découverte est incluse).
La tablette se distingue également par la présence d'une visionneuse photo plutôt originale, qui complète la galerie de Google. Photo Browser 3D permet de visualiser ses photos dans un album dont on tourne les pages avec l'accéléromètre. Un peu gadget mais suffisamment fluide pour être amusant.
Dernier ajout et de taille : Acer inclut dans son offre logicielle la version tablette de Clear Fi, qui permet de diffuser de la musique, des photos et des vidéos depuis et vers des périphériques compatibles. Si vous ne disposez pas de périphériques Acer utilisant l'application Clear Fi, une application DLNA générique est également au programme. Dans un cas comme dans l'autre nos tests se sont avérés concluants, et l'interface de Clear Fi, sans être extraordinaire, est abordable. On note au passage quelques fonctionnalités plutôt sympathiques comme la possibilité de transférer des contenus d'un périphérique vers un autre en Bluetooth, de les envoyer sur un compte Dropbox, ou encore via Gmail.
Terminons la partie multimédia avec l'application YouTube : on rappelle là encore que la version Honeycomb du service est plutôt bien faite : interface tactile aux effets 3D sympathiques bien qu'un peu gratuits et disposition en panneaux multiples pour l'affichage des commentaires et des vidéos associées. Du tout bon !
Jeux et applications
L'Acer Iconia Tab offre un accès complet à l'Android Market, avec une interface dédiée pour les tablettes. Celle ci est plus propre que ce qu'on trouve sur smartphone, mais cela ne règle pas les problèmes de classement inhérents au Market où on a toujours du mal à trouver ce que l'on cherche. Les catégories sont vite polluées par des applications hors sujet, et on ne peut pas filtrer la logithèque pour n'afficher que les applications conçues pour Honeycomb.Bien entendu, vous pourrez installer toutes les applications disponibles pour les smartphones Android, mais avec des résultats variables quant au rendu et à l'exploitation de l'espace. Honeycomb est encore peu répandu et on espère que le nombre d'applications dédiées va croitre, mais pour l'instant il faut bien avouer que le catalogue est plutôt pauvre, malgré la présence de quelques applications phares : c'est notamment le cas de l'application Kindle d'Amazon, ou du lecteur de flux RSS Pulse News.
Qui dit Tegra 2, dit accès à la Tegra Zone, une application de NVIDIA permettant de suivre l'actualité des jeux compatibles Tegra 2, et surtout de les centraliser sans avoir à les chercher sur le Market. La liste est pour l'instant très courte, et la moitié des jeux proposés ne sont même pas disponibles.
Parmi ceux que nous avons pu tester, comme Dungeon Defenders ou Samurai II, le bilan est en tous points identique à celui de l'Asus Transformer : c'est beau et fluide, mais le poids considérable de la tablette est tout de même un handicap pour l'utilisation en tant que périphérique de jeu.
On trouvera enfin un lecteur de livres électroniques à l'interface plus que largement inspiré d'iBooks sur iOS, mais plutôt bien fait. Compatible ePub, il offre notamment un confort de lecture qui nous paraît supérieur à ce que l'on trouve sur iPad au niveau du rendu des polices. Malheureusement, le format 16/10e de la tablette se prête moins à cet usage.
Autonomie
Afin de tester l'autonomie de l'Acer Iconia Tab, nous avons utilisé une vidéo de 36 minutes, en résolution DVD, et au format H264, que nous avons lu en boucle jusqu'à extinction de la tablette. Le circuit Wifi est branché, le circuit Bluetooth débranché. La luminosité de l'écran est poussée à 80% et le volume à 50%. La synchronisation de données en tâche de fond est désactivée.Nous obtenons avec l'Acer Iconia un résultat honorable mais sans plus : 548 minutes, c'est toujours ça de pris, mais c'est en dessous de l'iPad 2.
Capture photo et vidéo
Le capteur 5 mégapixels au dos de l'Iconia A500 offre des performances plutôt satisfaisantes. Par rapport à l'Asus Transformer, on note des couleurs beaucoup plus flatteuses, tandis que la précision reste de la partie. On est loin du capteur médiocre de l'iPad.En ce qui concerne la vidéo, aucun des problèmes constatés sur notre exemplaire de présérie de l'Eee Pad Transformer ne se manifeste ici : les vidéos capturées sont fluides et offrent une bonne qualité générale.
Performances
Benchmark Pi
Le premier test, Benchmark Pi, calcule comme son nom l'indique le nombre de millisecondes nécessaires au calcul du nombre Pi. Le plus petit résultat est donc le meilleur. L'Acer Iconia Tab obtient des résultats logiquement similaires à ceux de l'Asus Transformer, et donc un petit cran au dessus du meilleur smartphone, le LG Optimus 2X.CaffeineMark
Même tendance constatée avec CaffeineMark qui se base sur l'environnement Java. Ici le résultat le plus élevé est le meilleur. L'Acer Iconia est un tout petit peu en dessous de l'Asus Transformer, mais l'écart n'est pas significatif.SunSpider
On boucle cette série de tests avec Sunspider, le benchmark javascript des auteurs du moteur de rendu HTML Webkit (Safari, Chrome...). On retrouve ici de très bonnes performances du navigateur, nettement au dessus de sa version smartphone, et dépassant l'iPad 2 et Safari.Conclusion
Les tablettes Honeycomb semblent se succéder sans que l'on puisse vraiment les départager autrement que sur certains points matériels spécifiques. Ainsi, techniquement parlant, l'Acer Iconia A500 est très proche de l'Asus Transformer : même composants, même système donc mêmes performances. Le seul point réellement différenciant se situe au niveau du capteur vidéo : celui ci, sans être extraordinaire, offre tout de même des performances satisfaisantes. Néanmmoins, notre version de l'Asus Transformer ne disposait pas d'un firmware définitif et il y a très fort à parier que ce soit la cause de cette contre performance.
Cela dit, que penser de l'Iconia A500 ? C'est tout simplement une assez bonne tablette Android, bien fournie en composants comme en connectique. On apprécie notamment l'USB disponible en standard (sur l'Asus Transformer, il faut investir dans le dock clavier), et toujours cette connectique HDMI, caractéristique de Tegra 2. En parlant de Tegra, c'est également sans surprise que l'on constate que l'Iconia A500 s'en tire très bien en ce qui concerne les jeux. Pas encore aussi nombreux que sous iOS, certains d'entre eux, notamment ceux que l'on trouve sur la Tegra Zone de NVIDIA, s'en sortent particulièrement bien.
Malheureusement, si l'Iconia A500 est une bonne tablette, plusieurs points l'empêchent de nous faire craquer comme sur l'Asus Transformer. Tout d'abord, le poids de la tablette est conséquent : plus de 750g, encore plus que l'Asus, alors que même l'iPad 2 nous paraît encore sensiblement trop lourd pour être réellement confortable. La finition du modèle que nous avons eu entre les mains nous a également déçu : plutôt correcte dans l'ensemble, mais certains détails manquent de soin (espace entre les différentes parties, cache pour slot SD discutable...)
Au final, on pourrait trouver l'Iconia A500 tout à fait honorable si on ne trouvait pas en face l'Asus Transformer accompagnée de son dock clavier. Asus propose pour le même prix une tablette qui nous semble mieux finie et plus légère, avec un accessoire irrésistible qui rajoute certes 100 euros à la facture mais qui fait du Transformer un produit assez unique. Acer fait au moins l'effort de proposer un tarif plus serré que celui de l'iPad (499 euros en version 32 Go), mais la tablette est beaucoup plus classique. En espérant bien entendu qu'Asus ait corrigé les bugs assez gênants que l'on avait constaté sur notre exemplaire de présérie (plantages d'applications, capture vidéo inutilisable) d'ici la version finale, l'avantage nous semble donc aller à la Transformer. Précisons tout de même pour les plus pressés que l'Iconia A500 est déjà disponible, alors que la Transformer ne sera disponible qu'en juin.
Pour aller plus loin : découvrez notre comparatif des meilleurs smartphones.