Introduction
Alors qu'Archos est habituellement connu pour ses tablettes tactiles « classiques », le constructeur surprend avec un produit qui s'adresse principalement aux joueurs et autres amateurs d'émulation. Comme son nom l'indique, la GamePad est une tablette tactile Android munie de contrôles physiques. Contrairement aux autres tablettes et smartphones, notre test se concentrera sur cette fonctionnalité. Cette interface est-elle idéale pour l'émulation ? Peut-on utiliser la manette avec les jeux initialement conçus pour les contrôles tactiles ? La puissance est-elle suffisante ? C'est ce que nous verrons à l'issue de ce test !Archos GamePad | |
Caractéristiques principales | |
Système d'exploitation | Android Jelly Bean 4.1 |
Processeur / Fréquence | Rockchip RK3066 dual core @ 1.6GHz GPU mali 400 MP |
Mémoire / Stockage | 8 Go de Flash Micro SD jusqu'à 64 Go RAM : 1 Go |
Technologie d'écran et définition | Ecran LCD 7" (1024 x 600) |
Appareil photo | Caméra frontale de 0,3 mpix |
GPS | Non |
Divers | Tablette équipé d'une manette physique |
Batterie | Non amovible (capacité NC) |
Dimensions | 229.8 x 118.7mm x 15.4mm |
Poids | 330g |
Design et composants [/anchor]
Le design de l'Archos GamePad évoque par certains côtés la PSP de Sony. L'ensemble est fait d'un plastique de couleur grise métallisée et au global la finition est plutôt correcte. Au premier contact, l'Archos Gamepad laisse donc une meilleure impression que les tablettes Archos 101 G9 et Archos 101 XS.Sur le papier, les spécifications n'ont rien à envier à certains smartphones haut de gamme. Dans la pratique, l'Archos GamePad se traine. OS peu réactif, Web lent, jeux Android (Play Store) 3D manquant cruellement de fluidité... Comment expliquer ces phénomènes alors même que la faible résolution devrait donner des ailes à l'Archos GamePad ?
Commençons par le processeur. Officiellement Archos ne communique pas le modèle de processeur employé. La marque se borne à évoquer une partie CPU double cœur qui ne serait pas fournie par Texas Instruments. Il faut dire que le chip Ti retenu pour certaines tablettes de la marque avait suscité quelques critiques par le passé.
Selon l'application Android CPU Identifier, l'Archos GamePad est animé par un Rockchip RK3066 (dual core @ 1,6 GHz). Pour situer les choses, ce processeur équipe par exemple les tablettes chinoises 10 pouces à 150 euros que l'on trouve sur Aliexpress (voir fiche technique ici).
Passons cette fois au GPU. Archos parle d'une solution de type Mali 400 MP4 quadri cœur. Si l'on en croit la page Wikipedia, le seul mali 400 MP4 quadri cœur est le Mali-T604 MP4 qui est uniquement intégré au processeur Samsung Exynos 5 dual core (ChromeBook serie 3 et Nexus 10).
Antutu Benchmark et CPU Identifier confirment cette information : il s'agit bien d'un Mali 400 MP, et non MP4, comme cela est bien mentionné sur le site officiel d'Archos. Ces GPU sont tous deux munis de quatre cœurs, et équipés de 256 Ko de cache L2. Il est possible que la version MP4 soit cadencée à une fréquence supérieure. Il suffit d'observer le précipice qui sépare les scores GL Benckmark des Archos GamePad et Nexus 10 pour prendre conscience de la supériorité du Mali 400 MP4 sur son homologue MP.
La mémoire vive reste plafonnée à 1 Go, ce qui est suffisant avec Jelly Bean (oui, Archos nous gratifie d'une version 4.1 sortie de la boite !). Le stockage est assuré par 8 Go de mémoire interne (6,1 go utilisables) extensibles via carte micro SD (jusqu'à 64 Go).
Pour l'écran, Archos opte pour une matrice 7 pouces de 1024 x 600 pixels. Si le rendu des couleurs est acceptable, on ne pourra pas en dire autant de l'angle de vision. Dès qu'on incline la tablette, l'écran devient rapidement illisible. Sur l'écran on aperçoit distinctement les pixels que ce soit sur le fond d'écran, ou avec les icônes. Mais il est vrai que la console tablette est proposée à un prix attractif, il ne faut donc pas s'attendre à disposer d'un écran HD.
Concernant les interfaces si le Wi-Fi est bien présent, Archos a choisi de faire l'impasse sur le Bluetooth. Dommage que le constructeur n'ait pas poussé la logique jusqu'au bout : en mode « salon » raccordé en HDMI, le Bluetooth aurait permis de s'affranchir des câbles en associant l'Archos GamePad à une manette de type PS3, ou Wii par exemple.
Zoom sur les contrôles physiques : du bon et du moins bon [/anchor]
Archos opte pour une implantation des touches, pads et sticks analogiques, parfaitement symétrique. Sur les parties supérieures, côté gauche ou côté droit, on retrouve quatre boutons physiques pensés pour pouvoir être utilisés comme des boutons, ou des touches directionnelles, accompagnées de sticks analogiques qui gagneraient à être de meilleur facture.Les touches de droite (boutons X, Y, B, A) sont légèrement biseautées vers le centre, alors que ce n'est pas le cas à gauche (flèches). L'inverse aurait été plus logique : la forme concave est plus adaptée au pad directionnel. Cette différence de conception donne l'impression que la course des touches est plus importante côté Pad, ce qui n'est pas agréable au toucher. À cela s'ajoute le bruit émis pas les touches : de quoi agacer les joueurs pointilleux.
De plus, si Archos s'inspire de la croix sans point central apparu sur PSX (pour contourner le brevet de Nintendo), une différence de taille sépare les deux contrôleurs. Sur PSX, les quatre touches de direction sont implantées sur une seule et même pièce de plastique qui pivote sur un axe. Sur GamePad, les quatre boutons sont indépendants.
En résumé, il ne faut clairement pas s'attendre à disposer d'un confort comparable à ce que peut offrir un pad console (salon ou portable) Microsoft, Sony ou Nintendo avec cette Archos GamePad.
Sur l'extrémité, les touches L et R sont un peu dures, mieux vaut les actionner en appuyant sur le milieu du bouton. L'ensemble est complété par 4 touches (L2, R2, Select, Start). À noter que les touches L2 et R2 sont parfois gênantes, et ne sont pas accessibles lorsqu'on utilise les deux sticks analogiques (cas d'un FPS, par exemple).
Enfin, deux sticks analogiques sont placés de part et d'autre de la manette. Idéal pour les FPS qui monopolisent des deux pouces pour les déplacements (contrôle horizontal / visée avec les sticks analogiques) !
Sur Archos GamePad, un bouton peut en cacher un autre [/anchor]
Plus problématique encore : lorsqu'on utilise des émulateurs, les touches posent des problèmes de réponse. Avec de nombreux émulateurs (tous ?), il arrive que l'appui d'une touche rende inopérante une autre touche (voir vidéo ci-dessous).Par exemple, après avoir associé les commandes aux touches physiques avec SNESDroid (émulateur Super Nintendo), l'appui sur les touches A ou Y rend inopérante la flèche bas du gamepad, et vice versa ! On constate les mêmes problèmes avec un autre émulateur tel que MD.EMU (Megadrive). Pour contourner le problème, il faut assigner les directions au pad analogique, et non aux croix directionnelles. Pour nous assurer que ce souci est bien lié à l'Archos GamePad, et non à un bug logiciel lié à Android ou l'un de ces émulateurs, nous avons lancé les mêmes jeux sur un smartphone appairé à une Wiimote (via Bluetooth). Avec cette configuration, le problème n'est pas reproductible.
D'autres bugs plutôt gênants ? [/anchor]
Lors de nos tests, nous avons pu constater quelques bugs. Tout d'abord, en présence de nombreuses notifications, la faible résolution empêche parfois d'accéder à l'horloge et aux raccourcis menant aux paramètres système. Lorsque le problème se présente, il faut passer par le menu des applications pour accéder aux paramètres système.Autre souci plus gênant : à plusieurs reprises, nous avons pu constater un plantage de la couche tactile nécessitant l'arrêt brutal de la tablette avec un appui long sur la touche « Power ». Dans le même registre, nous avons pu constater un redmémarrage inopiné de la tablette lors de l'arrêt du processus de Shadowgun (en vue d'une désinstallation).
Enfin, lorsqu'on utilise l'utilitaire Archos permettant d'associer les touches physiques aux contrôles tactiles, il arrive qu'un bouton reste « collé » sur l'écran de façon permanent. Pour le faire disparaitre, il faut redémarrer l'Archos GamePad.
Quid de l'émulation avec l'Archos GamePad ?[/anchor]
L'Archos GamePad est-il idéal pour l'émulation ? Avec le problème du bug de l'association des boutons (voir chapitre intitulé « un bouton peut en cacher un autre» ) ainsi quel le relatif inconfort du pad numérique composé de touches, et non d'une pièce unique - l'Archos GamePad ne part pas du bon pied. Vient ensuite la problématique de la puissance. Si le SoC (system on a chip) parvient généralement à exécuter la grande majorité des émulateurs 2D sans broncher, les consoles de l'ère 32/64 bit fonctionnent, mais ne sont pas à leur aise.Voyons ce que donne la N64... Avec Mupen 64 Plus, selon le plug-in graphique utilisé, on oscille entre un jeu fluide accompagné de gros bugs graphiques, ou lent aux graphismes fidèles. Heureusement, N64oid - un programme indisponible sur le Play Store (il faut télécharger le fichier APK payant séparément, puis l'installer) - rattrape le coup. Côté PSX, FPse est jouable, mais on sent que l'émulateur à besoin de ressources supplémentaires pour s'exprimer pleinement. Enfin, on regrette que le stick analogique droit ne soit pas reconnu avec la majorité des émulateurs.
Pour clore ce chapitre, il est impossible de parler d'émulation sans évoquer l'écran. Même si cela dépendra des gouts, la diagonale de 7 pouces est presque trop importante pour les jeux d'antan. La résolution de la plupart des jeux SNES était de 256 x 224 pixels. Pire, la Game Boy Advance n'excédait pas les 240 x 160 pixels. Lorsque ces résolutions de timbre-poste sont étirées sur un écran aussi large (pour une console portable), le résultat n'est pas flatteur.
Expérience avec les jeux tactiles Android du Play Store[/anchor]
Plusieurs cas de figure se présentent avec les jeux Android « classiques » commercialisés au travers du Play Store. Cas idéal : certains titres sont nativement prévus pour supporter un pad physique. C'est par exemple le cas avec Shadowgun ou Riptide qui proposent un menu permettant d'assigner chacune des touches physiques manuellement.Seconde possibilité : si le titre est doté de contrôles tactiles, Archos propose un utilitaire particulièrement astucieux (mapping tool) qui permet d'associer les contrôles physiques aux commandes tactiles. L'outil est accessible à n'importe quel moment via une icône placée dans la barre des tâches.
La palette met à disposition des boutons et pads virtuels qui peuvent être positionnés sur les commandes tactiles du jeu. Le système fonctionne plutôt bien... à condition que le jeu ne nécessite pas d'effectuer des gestes sur l'écran (Angry Birds, Cut The Rope), ou qu'il ne soit pas limité aux contrôles par accéléromètre. C'est le cas avec Need for Speed Hot Pursuit qui gère uniquement l'accéléromètre pour les contrôles, ce qui coupe court à toute possibilité d'association d'une touche physique (photo ci-dessous).
À noter que la nouvelle version du Mapping Tool que nous avons pu tester (disponible prochainement publiquement) ajoute la modification de taille du stick analogique virtuel à l'aide du pad analogique gauche, ainsi qu'une meilleure prise en charge des sticks virtuels flottants (cas de Gun Bros ou Bat Man, par exemple).
En revanche, le manque de puissance de l'Archos GamePad se fait clairement ressentir avec les jeux 3D les plus gourmands. Par exemple, Batman Dark Knight est injouable sur la tablette d'Archos. Shadowgun et Dungeon Defender tournent, ma la fluidité n'est pas au rendez-vous. Dommage.
Enfin, dernier cas de figure, certains jeux sont tout simplement incompatibles avec l'Archos GamePad. C'est notamment le cas de GTA III ou Max Payne Mobile.
Performances et autonomie [/anchor]
Voyons maintenant comment se comporte le SoC Rockchip qui équipe l'Archos GamePad face à la concurrence Qualcomm, NVIDIA ou Exynos. Pour le savoir, nous avons effectué l'ensemble de nos benchmarks habituels. Commençons par le processeur...LinPack
LinPack est un benchmark qui évalue la puissance brute du processeur. Le résultat est exprimé en millions d'opérations en virgules flottantes par secondes (MFLOPS). Par rapport à Benchmark Pi, le principal avantage réside dans la possibilité d'effectuer des tests multithreadés (si processeur à cœurs multiples). Ici, l'Archos GamePad fait à peine mieux qu'un Samsung Galaxy S2 sorti il y a un an et demi.Geekbench 2
Geekbench 2 réalise plusieurs tests sur le processeur (calculs entiers et virgule flottante), ainsi que la mémoire. Il délivre un score général que nous reprenons dans notre graphique. Ce benchmark confirme la première tendance observée sur Linpack : l'Archos GamePad est loin d'être un foudre de guerre. Cette machine pourtant pensée pour supporter une activité gourmande en ressources (jeux vidéo) fini bonne dernière du comparatif. De quoi rappeler que rien de ressemble moins à un SoC dual core 1,5 GHz qu'un autre SoC dual core 1,5 GHz. En effet, le Qualcomm Snapdragon S4 (ici, sur Razr HD) domine outrageusement le malheureux Rockchip RK3066 pourtant fréquencé à 100 MHz de plus.Sunspider
Place au Web avec Sunspider, le benchmark JavaScript des auteurs du moteur de rendu HTML Webkit (Safari, Chrome...). Ici, l'Archos GamePad s'en tire honorablement. En revanche, faible résolution oblige, l'expérience Web est loin de laisser un souvenir impérissable.GL Benchmark 2.1 (Off Screen)
GL Benchmark évalue les performances graphiques du terminal. Étrangement, l'Archos GamePad s'en tire avec les honneurs en parvenant à dépasser allègrement le score du Razr HD intégrant un GPU performant de type Adreno 225. De quoi rappeler la différence qui sépare la théorie de la pratique. Dans les faits, au risque de nous répéter, l'Archos GamePad est poussif avec les jeux 3D (émulation ou jeux Android du Play Store).Autonomie vidéo
Lors du test d'autonomie vidéo, la tablette lis un film MP4 H264 basse définition jusqu'à épuisement total de la batterie. Le Wi-Fi reste actif, mais le volume ainsi que la luminosité sont réglés sur une valeur médiane. Le résultat obtenu se passe de commentaires. La tablette gamepad d'Archos finit sa course au bout de 4 h 15 alors même qu'elle n'est pas équipée de circuit GSM, contrairement aux autres terminaux listés dans ce graphique. De plus, il s'agit là d'un test en lecture vidéo. Le jeu vidéo entraine généralement un surcroit de charge GPU/GPU; de quoi réduire un score déjà particulièrement faible.Les précisions du constructeur[/anchor]
Archos nous indique qu'une mise à jour prochaine (OTA) corrigera la majeure partie des bugs mentionnés dans cet article (conflit avec les boutons, notamment). En parallèle, Archos distribuera une nouvelle version du « GamePad Mapping Tool » via le Play Store. Ces deux déploiements sont prévus pour courant de la semaine prochaine. Ce firmware n'a pas pu être installé sur le modèle de test dont nous disposons. Nous réceptionnerons prochainement un nouvel échantillon équipé de ce firmware et au besoin, le test sera réactualisé.Conclusion [/anchor]
L'Archos GamePad laisse une impression mi-figue, mi-raisin. Soyons clairs, si vous êtes à la recherche d'un appareil alliant le confort d'utilisation d'une PS Vita ou d'une 3DS à la puissance d'un SoC Tegra 3, passez immédiatement votre chemin. En revanche, si vous êtes inconditionnel de l'émulation, ou que vous voulez absolument disposer de contrôles physiques en déplacement (un pad bluetooth peut être associé sur n'importe quelle autre tablette Bluetooth), et que vous êtes prêt à faire des concessions, l'Archos GamePad peut être envisagé.Au rang des points négatifs, le pad digital composé de 4 grosses touches indépendantes n'est pas des plus confortables. Plus gênant : avec certains émulateurs, il arrive que la croix directionnelle entre en conflit avec les touches A, B, Y ou X. Par exemple, l'appui sur Y peut bloquer la touche bas, et vice versa, ce qui s'avère particulièrement gênant avec la plupart des jeux. Dans un autre registre, il arrive souvent que le pad analogique droit ne soit pas assignable.
D'une manière plus générale, l'Archos GamePad souffre encore d'une série de bugs plus ou moins gênants. Dans le lot, on peut évoquer l'apparition aléatoire d'une touche inerte au beau milieu de l'écran lorsqu'on utilise l'outil d'association de touches d'Archos ou pire, l'absence de réponse de la couche tactile qui nécessite une extinction brutale de l'appareil (6 cas recensés lors de notre période de test) suivi d'un (re) démarrage.
Enfin, parlons puissance. Le choix de proposer une tablette orientée jeux aux spécifications techniques faiblardes est étonnant. Le Rockchip RK 3066 double cœur cadencé à 1.6 GHz et son GPU Mali 400 MP ne parviennent pas à suivre la cadence avec les gros jeux 3D. Et que dire de l'autonomie qui se montre particulièrement limitée ?
Malgré cela, l'Archos GamePad est presque unique en son genre si l'on occulte les Dea MyPlay et autres consoles Android chinoises. L'utilitaire d'association constitue une vraie bonne idée, et une fois que les embûches des contrôles ont été contournées, les contrôles physiques donnent tous leur sens aux émulateurs qui n'ont pas de réel intérêt en présence d'uniques contrôles tactiles. En revanche, par rapport à la MyPlay, ou la JXD S603, en mode « jeux », l'Archos GamePad est bien trop grand. Son format nettement moins portable ne tient pas dans la poche... De quoi rappeler que la convergence a ses limites.
Difficile de demander la lune en raison de son prix, mais on pourrait rétorquer qu'avec la Nexus 7, Asus à prouvé qu'il était possible de proposer une tablette 7 pouces qualitative pour 200 euros. Au final, on aurait préféré payer un peu plus pour disposer d'un produit débarrassé des nombreux défauts pour l'instant inhérents à l'Archos GamePad.