6 apps pour communiquer incognito

Lise Famelart
Publié le 29 juin 2014 à 00h01
En Décembre 2012, Facebook lançait Facebook Poke, une application destinée à partager du contenu éphémère. Le réseau aux 1,5 milliard de membres tente ainsi de faire croire à l'utilisateur qu'il peut bénéficier de son droit à l'oubli.

Mais personne n'est dupe : pour utiliser le service, il est obligatoire de se connecter avec son compte Facebook. Or, déjà à l'époque, tout le monde sait que l'entreprise conserve les données de ses utilisateurs pour s'en resservir à des fins publicitaires. Le projet fait un énorme flop ; il disparait des app stores. Mais l'idée, elle, est toujours là. Si clairement, personne ne fait confiance à Facebook quand il est question d'anonymat, d'autres entreprises ont tenté le coup. Petit tour d'horizon des services qui affirment préserver l'identité de leurs usagers.





Snapchat


En termes de communication éphémère, Snapchat est un des services les plus populaires. Lancé un an avant Facebook Poke, l'application totalisait 350 millions de snaps envoyés par jour dans le monde en 2013. L'idée est simple : après avoir pris une photo, l'utilisateur choisit la durée d'affichage de celle-ci. Elle est alors envoyée au contact de son choix. Dès l'ouverture de l'image, le compteur tourne. Après quoi, la photo est définitivement supprimée. Définitivement ? Pas sûr : il suffit d'une simple capture d'écran pour les mémoriser. De plus, toutes les photos et vidéos ouvertes sont stockées par la suite dans la mémoire interne du téléphone. De nombreux outils permettent de les révéler.

Malgré ces failles, Snapchat fait un carton. Facebook et Google se sont vu refuser leur offre de rachat de 4 milliards de dollars : il faut croire que les utilisateurs et les créateurs de ce type de communication ne veulent pas des grandes firmes. Toutefois, cette politique a des limites. En octobre dernier, Snapchat a lancé le service « stories ». Les images ajoutées dans la « story » de l'utilisateur sont alors visibles pendant 24h. Et depuis le 20 Juin dernier, l'extension « our story » permet de partager les images avec toutes les personnes présentes sur un même événement. Avec le temps, il est donc possible de partager des photos plus longtemps et avec plus de monde, ce qui s'écarte des principes de base de Snapchat.



+ Les plus


- Photos supprimées au bout d'un temps donné
- Signale lorsque le destinataire fait une capture d'écran


- Les moins


- Stockage des photos supprimées dans les fichiers du téléphone







Whisper


Whisper surfe sur la même idée, à la différence que le contenu partagé n'est pas supprimé. Le principe de cette application est de partager des pensées anonymement. Celles-ci prennent la forme d'un court texte sur une photo. Ces publications sont partagées avec tout le monde ; c'est là qu'est la notion d'anonymat. Il n'y a pas de liste d'amis, tout le monde peut donc visualiser le message. De plus, les utilisateurs peuvent changer à loisir leur pseudonyme, sans laps de temps limité. Peu de chances d'être identifié. Le service propose une importante banque d'images. L'utilisateur n'est donc pas obligé de prendre lui-même la photo qui illustrera sa publication. Un autre moyen d'empêcher qu'il soit reconnu.

Whisper aussi a son petit succès : l'application revendique vingt publications par seconde aux heures de pointe. Elle séduit plutôt les plus jeunes, puisqu'elle est utilisée à 90% par des utilisateurs de 18 à 24 ans. Mais là aussi, il y a un hic. Whisper localise automatiquement ses utilisateurs. Il est impossible de désactiver la géolocalisation, et l'application trie les publications par proximité par rapport à l'utilisateur. Celui qui travaillera en open space et aura beaucoup d'utilisateurs de Whisper parmi ses collègues, pourra donc aisément jouer à deviner qui a dit quoi.



+ Les plus


- Changement de pseudonyme facile et illimité
- Banque d'images énorme permettant d'éviter les photos personnelles


- Les moins


- Géolocalisation obligatoire








Secret


Whisper et Snapchat sont certes des géants de la communication discrète, mais ce ne sont pas les seules applications à se disputer la part du gâteau. D'autres services, plus discrets, s'essayent au business de l'anonymat. Secret n'est disponible que depuis le mois d'avril en France. L'idée est à peu près la même que sur Whisper. L'utilisateur peut lancer des déclarations, qui seront lues par tous. Mais ici, il peut avoir une liste d'amis. Il peut ainsi voir les secrets publiés par ses contacts, sans savoir précisément qui a dit quoi.

Même s'il est obligatoire d'avoir au minimum trois amis pour accéder à cette fonctionnalité, les messages ne sont pas vraiment « secrets » si l'utilisateur a quatre ou cinq contacts. De plus, lorsque quelqu'un « like » une image, celle-ci est retransmise à tous ses contacts. Il faut donc accepter que les messages prétendument anonymes soient transmis aux proches et proches de proches. En gros, mieux vaut ne pas annoncer d'informations cruciales sur Secret.



+ Les plus


- Messages non géolocalisés




- Les moins


- Messages recevant des « j'aime » automatiquement partagés
- « secrets » peu personnalisables






Yik Yak


Plus textuel, Yik Yak est très peu connu en France, mais a eu un franc succès aux Etats-Unis. Le principe : échanger des messages complétement anonymes avec les personnes à proximité. Point question ici d'images mystérieuses et de diatribes mélancoliques. Les utilisateurs parlent de ce qui se passe autour d'eux, et n'importe qui peut voir et répondre à leurs déclarations. Chacun peut choisir s'il souhaite avoir un identifiant, et si oui, quel sera-t-il. Grâce aux « peeks » (sortes de groupes), les élèves d'une même école par exemple, ont leurs propres canaux de discussion. La géolocalisation est toujours active dans cette application, afin que l'utilisateur voie les messages publiés dans son secteur. Même s'il choisit de ne pas être localisé lorsqu'il publie, n'importe qui pourra voir la zone (et non un point précis), d'où a été publié le message.

Même si l'absence d'identifiant est un plus, une application proposant de discuter anonymement tout en localisant ses utilisateurs reste assez paradoxale. De plus, Yik Yak est le parfait exemple des dangers de l'anonymat sur internet. Aux USA, l'application a été le théâtre de plusieurs cas de « bullying » (une sorte de harcèlement). Si bien que les lycées n'ont plus eu le droit d'avoir leurs propres groupes. Seules les universités ont aujourd'hui leurs canaux de discussion, où il est facile de trouver des horreurs sur tel professeur ou tel élève. Yik Yak en a même fait les deux première règles de sa charte d'utilisation : « 1-You do not bully or specifically target other yakkers. 2- You do NOT bully or specifically target other yakkers. ».



+ Les plus


- Numéro de téléphone non demandé
- Possibilité de n'avoir aucun pseudonyme



- Les moins


- Dangers de harcèlement
- Impossibilité de créer son propre « peek »
- Géolocalisation obligatoire






Pikichat


Ce danger des messages publics et anonymes, Pikichat le contourne habilement. Cette application toute récente codée en une semaine par deux Français propose un principe relativement novateur. Le service fonctionne par groupes. Une fois créé, l'utilisateur peut y inviter autant d'amis qu'il veut. Celui-ci sera alors privé, et permettra à chacun d'envoyer des photos à tous. Une fois qu'une nouvelle photo est envoyée, l'ancienne disparait. Mais de même que sur Snapchat, n'importe qui peut prendre une capture d'écran et donc garder une trace de cette photo « éphémère ». La différence, c'est qu'ici l'utilisateur peut passer en « incognito ». Il est alors impossible de savoir qui a posté telle ou telle photo... à part s'il n'y a que deux membres dans le groupe.

Le hic, parce qu'il y en a toujours un, c'est qu'il est obligatoire de se connecter avec Facebook et de donner son numéro de téléphone. C'est déjà discriminatoire pour ceux qui n'ont pas Facebook, mais c'est en plus rare de trouver des applications qui EXIGENT le numéro de leurs nouveaux membres. Un comble pour une application qui propose de passer « incognito »...



+ Les plus


- Mode incognito permettant de publier sans être identifié
- Messages et photos réservés aux amis


- Les moins


- Obligation de donner son numéro de téléphone
- Obligation de se connecter avec facebook





Slingshot


Les services tentant de protéger le contenu de leurs utilisateurs se multiplient, preuve qu'ils sont plébiscités par le public. Facebook vise toujours ce marché : l'entreprise vient de lancer Slingshot. L'application ressemble fort à Snapchat. L'utilisateur, pour visualiser les photos qu'il a reçues, doit obligatoirement lui renvoyer lui-même une photo. Une fois que l'image a été ouverte, elle se supprime d'elle-même. Facebook n'a pas refait l'erreur d'obliger son utilisateur à connecter son compte personnel à l'application. Cependant, là encore il est obligatoire de donner son numéro de téléphone. C'est à se demander si un service proposera un jour à l'utilisateur un anonymat sans condition.



+ Les plus


- Image supprimée après visionnage



- Les moins


- Obligation de donner son numéro de téléphone


Lise Famelart
Par Lise Famelart

Experte et passionnée de bande dessinée, Lise est également à l'aise dans la high tech comme un cookie sur le web... ou un poisson dans l'eau (comme disent les anciens).

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