Le SMS souffle sur ses 30 bougies ce samedi 3 décembre. Rétrospective sur son histoire, son apogée… et sa descente aux enfers.
Déjà 30 ans ! Le 3 décembre 1992 fut un jour marquant pour l'histoire du numérique, puisque le premier SMS commercial était envoyé par un dénommé Neil Papworth. Frileux à l'idée de déployer cette nouvelle technologie auprès de leurs clients, les opérateurs téléphoniques pensaient alors que le concept ferait un flop et que les utilisateurs préféreraient la communication vocale aux échanges écrits. Pourtant, même si, à cette époque, les SMS étaient facturés à l'unité, le prix bien moins élevé que celui d'un appel téléphonique a fortement contribué à populariser ce mode de communication.
La naissance de nouveaux usages liés au SMS
Ce fameux premier SMS commercial envoyé il y a 30 ans jour pour jour par Neil Papworth sur le réseau GSM de Vodafone a été écrit sur un ordinateur et contenait le message « Merry Christmas ». Rappelons qu'à cette époque, les téléphones ne disposaient pas de clavier pour saisir du texte.
La démocratisation des téléphones mobiles a fortement contribué au succès du SMS à partir du début des années 2000. SFR a d'ailleurs déposé en 2001 le terme « texto » en tant que marque déposée. Au fil des années, le SMS est devenu un moyen efficace pour désengorger le réseau téléphonique établi sur la communication vocale. Le nombre de messages envoyés s'est littéralement envolé, allant jusqu'à créer un nouveau marché à lui tout seul.
Ainsi sont nés de nouveaux usages comme faire voter les téléspectateurs pour un candidat dans une émission en envoyant 1 ou 2 par SMS à un numéro surtaxé. Dans la même lignée, nombre d'acteurs économiques se sont intéressés au SMS, engendrant l'apparition du précurseur de la notification push des smartphones, à savoir les notifications sur l'état de la livraison d'un colis ou l'authentification à 2 facteurs (2FA) lors d'un achat par carte bancaire sur Internet.
Explosion du nombre de SMS envoyés
Au fil des années, la popularité du SMS a connu une croissance fulgurante. En 2007, on estime qu'entre 50 000 et 60 000 SMS étaient envoyés chaque seconde à échelle mondiale. En 2011, le chiffre est multiplié par quatre, soit une moyenne de 200 000 SMS par seconde.
Dans l'âge d'or du SMS, on observe d'ailleurs certains ralentissements de réception lors des fêtes de fin d'année, et particulièrement pendant le réveillon du Nouvel An. Le réseau, alors surchargé, ne permet pas à tous les utilisateurs d'envoyer et de recevoir les messages de bonne année en temps et en heure. La pluie de SMS prévue à chaque Saint-Sylvestre ira même jusqu'à créer une forme de coopération entre les différents opérateurs afin d'assurer la continuité du service.
Quand l'Internet mobile vient gâcher la fête
L'avenir du SMS semblait tout tracé. Mais c'était sans compter l'évolution rapide de la technologie et l'arrivée du réseau de l'Internet mobile. Profitant de l'essor du smartphone, de ses applications et de la croissance exponentielle des enveloppes de données mobiles proposées dans les forfaits des opérateurs, certains services se sont positionnés comme des concurrents directs du SMS. Citons ici l'un des plus célèbres et des plus utilisés à l'échelle mondiale : WhatsApp.
Reposant sur le protocole internet, les services de messagerie instantanée se sont vus de plus en plus plébiscités par les utilisateurs. Notons que certains pays ne disposent pas d'enveloppes d'Internet mobile aussi généreuses que celles proposées par les opérateurs français. De ce constat, certains opérateurs étrangers, comme ceux installés dans les pays d'Amérique latine, ont commercialisé des offres incluant l'envoi de messages illimités sur certaines applications de messagerie, et notamment par le biais de WhatsApp. Un nouveau marché concurrentiel était né et mène désormais la vie dure au SMS.
Impact écologique
À l'heure où l'impact écologique de nos actions n'a jamais été aussi mis en avant, les experts exhortent à revenir aux SMS, notamment pour les campagnes publicitaires. Bien que le dématérialisé ne soit pas mentalement perceptible comme polluant, à l'inverse des gaz émis par un véhicule, il est bon de rappeler que 4 % des émissions mondiales de CO2 sont directement liées au numérique. À titre de comparaison, ce chiffre représente le double des émissions produites par le domaine de l'aéronautique. On estime qu'un message envoyé sur une application de messagerie instantanée représente une émission de 0,2 à 0,9 g de CO2. L'impact écologique dépend ici du contenu du message, à savoir de la présence ou non d'une image, d'un GIF, d'émojis, etc.
Privilégiées aux SMS, les communications par messagerie instantanée sur mobile sont certes plus pratiques du point de vue de l'expérience utilisateur, mais elles se révèlent bien plus polluantes. Avec une émission de 0,014 g de CO2, le SMS obtient ainsi la palme d'or du moyen de communication le plus écoresponsable.
Quel sera donc l'avenir du SMS ? Est-il réellement voué à disparaître au profit des applications mobiles ? Seul l'avenir sera à même de nous le dire. En attendant, souhaitons un joyeux anniversaire au SMS !