Reporté à maintes reprises, le nouveau chapitre de la saga Gran Turismo est enfin disponible sur PlayStation 4. Pas de Gran Turismo 7 ici, mais un opus sous-titré "Sport", qui met donc l'accent à la fois sur la présence (presque) exclusive de véhicules dédiés à la compétition automobile, mais aussi à l'eSport. En effet, s'il ne met pas de côté l'adepte des plaisirs mécaniques solitaires, ce GT Sport négocie un virage multijoueur très marqué, qui pourrait en désarçonner certains. Un GT Sport très attendu, reporté à de nombreuses reprises, et qui laissait augurer le pire pour la saga signée Polyphony Digital...
GT Sport : un solo chiche mais sympa
Pour le joueur solo, soyons francs, Gran Turismo Sport va proposer un contenu nettement moins dense que par le passé. Pas de mode orienté Histoire ou Carrière, mais un mode Arcade qui permet de participer à des courses pré-établies sur les différents circuits du jeu, en quelques tours seulement, avec trois niveaux de difficulté au choix. Le mode Course Personnalisée permet néanmoins de façonner son propre grand prix, et de décider des principaux critères (nombre de tours, dégâts, difficulté...). A cela s'ajoute un mode 2 joueurs en écran splitté, l'indispensable Contre-la-Montre, ainsi qu'un mode VR.A ce sujet, le mode PlayStation VR est assez limité à l'heure actuelle, puisqu'il permet de s'adonner à une course Arcade sur quelques tracés seulement, et contre un seul adversaire. Casque sur le crâne, l'expérience est plutôt réussie, malgré un évident downgrade graphique, mais il est clair qu'acheter ce GT Sport uniquement pour son mode VR revient à s'offrir le dernier album d'un chanteur à textes pour ses performances vocales.
Heureusement, le joueur solitaire pourra également s'adonner au mode Campagne, qui se subdivise en trois sections. En plus de l'école de conduite, et ses dizaines de petites épreuves permettant d'inculquer les bases du pilotage, on retrouve un mode Missions, qui demande au joueur de réaliser diverses prouesses (battre un certain temps, finir la course en tête, gérer une mini course d'endurance...), ainsi qu'un mode Expérience du Circuit. Ce dernier, particulièrement addictif, va permettre de faire la démonstration de ses talents de pilote, en participant à divers challenges sur chaque circuit du jeu. Ces derniers sont découpés en petite portion, avant de proposer de faire un tour complet pour remporter le précieux trophée associé. Ainsi, les adeptes de la complétion auront de quoi faire avant de récolter toutes les médailles d'or.
A ce sujet, Gran Turismo Sport propose au joueur de collecter de très nombreuses récompenses à la fin de chaque épreuve. Outre la récompense suprême au terme d'une série de défis (souvent une nouvelle voiture), on reçoit également de l'XP pour améliorer son rang de pilote (et déverrouiller les circuits), mais aussi des Miles, que l'on pourra échanger contre des voitures, ou encore des éléments de personnalisation comme des stickers, des jantes, des casques, des combinaisons... Bien sûr, le joueur engrange également des crédits, indispensables pour aller s'offrir de nouveaux bolides chez les concessionnaires du coin. A ce sujet, chaque concessionnaire dispose d'un espace très soigné, avec un showroom, mais aussi parfois un concept Vision, sans oublier une section Musée.
Au catalogue, ce jeu de course de voiture propose environ 150 bolides, dont la plupart taillés exclusivement pour la compétition. On s'étonne de retrouver quelques modèles toutefois (comme la BMW i3), mais globalement, pas de véhicule sans intérêt ici (ni même de véhicule lunaire...), contrairement aux opus précédents, dont la moitié (voire plus) du garage était franchement sans intérêt. Un mal pour un bien finalement. Cette restriction vaut malheureusement aussi pour les circuits présents, avec certes quelques tracés mythiques (Nürburgring, Suzuka, Willow Springs), quelques bonnes surprises (Dragon Trail, Lago Maggiore...), mais aussi quelques absents de taille (Spa, Monza, Silverstone, Hockenheim, A1 Ring, Le Mans, Hungaroring ou encore des circuits emblématiques comme Deep Forest ou Trial Mountain...). A cela s'ajoute quelques circuits sans le moindre intérêt, dont un ovale ridiculement court... Dommage. Bien sûr, on imagine que Polyphony Digital proposera rapidement une vague de DLC pour ajouter bolides et circuits, mais on aurait apprécié un peu plus de quantité/qualité au niveau des circuits proposés, surtout quand on voit ce que propose la concurrence, avec Project CARS 2 pour ne citer que lui...
Bref, pour le joueur solitaire, Gran Turismo Sport ne propose pas réellement un mode de type "Carrière", comme dans le récent Forza Motorsport 7 par exemple. Il impose ainsi au joueur de façonner sa propre expérience, en participant à une course Arcade, à un petit contre-la-montre, à une Mission... Toutefois, malgré un contenu solo somme toute assez chiche, les nombreux bonus accumulés à chaque fin de course donnent un vrai goût de « reviens-y », et on se surprend parfois à enchaîner les courses, simplement pour faire gonfler son XP, ou parvenir à l'objectif quotidien de 42 kilomètres, synonyme d'une voiture offerte. D'autre succès sont également à déverrouiller, et permettent de mettre la main sur un nouveau bolide, en se basant sur la consommation d'essence, le nombre d'heures jouées, le nombre de véhicules obtenus...
Gran Turismo Sport : une vraie réussite visuelle
Lors de la phase bêta lancée il y a quelques mois, Gran Turismo Sport faisait clairement peur à voir. A la récente GamesCom, le jeu affichait une forme nettement plus resplendissante. Dans sa version finale, les joueurs peuvent pousser un vrai ouf de soulagement car oui, Gran Turismo Sport est très agréable visuellement parlant. Son interface générale est absolument sublime, avec en prime des chargements assez brefs, et une navigation très simple. Le tout est soutenu par de nombreuses images HD en arrière-plan, et des anecdotes à n'en plus finir issues des Musées de chaque constructeur. Une jeu qui transpire littéralement la passion automobile, c'est indéniable. Côté son, on n'échappe pas aux effets audio caractéristique de la saga, et les moteurs ont enfin su évoluer, avec une vraie sonorité propre à (presque) chaque bolide. Bonne nouvelle également du côté des stands, avec des arrêts joliment détaillés et très dynamiques. En revanche, ne cherchez pas les dégâts sur les véhicules...Sur la piste, le constat est assez similaire, avec des effets de lumière stupéfiants, et une modélisation des bolides absolument impeccable. On regrette toutefois un léger manque de dynamisme général en vue cockpit, ainsi que quelques détails parfois un peu limites, mais quel plaisir d'évoluer dans certains lieux d'une beauté juste époustouflante comme le Nürburgring (absolument incroyable), d'apprécier pleinement le gigantisme de Willow Springs ou encore certains rallyes très agréables à l'oeil, comme le tracé de Sardaigne. On regrette quand même la présence de certains tracés pas forcément indispensables à nos yeux (Tokyo Expressway...), ni même très agréables à regarder, d'autant plus quand on s'imaginait franchir Eau Rouge au petit matin avec un soleil rasant... A noter que le jeu offre une compatibilité 4K HDR via la PS4 Pro, et le résultat est vraiment bluffant par moments.
Côté gameplay, non, Gran Turismo Sport n'est pas un "vrai simulateur de conduite". La jouabilité reste assez accessible, avec ce juste mélange de réalisme et de simplicité qui a fait le succès de la saga. Le jeu reste très permissif sur certains points, même s'il faudra bien gérer sa sortie de virage, mais c'est surtout le grip qui est très agréable ici, avec des bolides qui semblent collés au sol, et qui ne vont pas forcément survirer en permanence. On peut ainsi pleinement attaquer ses trajectoires, et tenter à chaque tour d'aller chatouiller la limite du bolide. Evidemment, il arrivera de partir en tête à queue (c'est d'ailleurs indispensable pour trouver la limite), et le gameplay reste clairement l'un des points forts de cet opus, tant il est appréciable de parvenir à boucler les tours de piste avec une précision chirurgicale, sans forcément serrer les fesses à chaque mouvement de volant ou à chaque freinage un brin tardif. L'IA adverse a elle aussi joliment su évoluer, et si le constat n'est toujours pas parfait, l'effet "train-train" des opus précédents laisse sa place à des IA qui sortent parfois de leur trajectoire, qui loupent leur freinage, leur accélération, et qui bataillent entre elles. Sympa. Dommage toutefois que la météo dynamique ne soit pas de la partie, ni même la possibilité d'évoluer sous la pluie... A noter la présence encore des courses de type rallye, qui se déroulent sous la forme d'un duel avec un autre bolide. Le pilotage est alors davantage basé sur la glisse, mais force est d'admettre que le feeling est assez spécial, avec une adhérence que l'on peine un peu à juger. Toutefois, à force d'entrainement, d'anticipation et avec une bonne gestion de l'accélérateur, on parvient à effectuer quelques jolies sessions de jeu, mais le côté rallye n'est clairement pas le point fort de ce GT Sport.
Cet opus permet également aux plus créatifs de s'exprimer pleinement, avec un département personnalisation d'un côté, mais aussi une section photo très poussée, qui permet d'immortaliser ses plus belles prouesses sur la piste et de placer son bolide au coeur d'un des (très) nombreux environnements du jeu. Malgré son côté un peu cheaté, le mode Photo permet de réaliser des clichés d'une beauté hallucinante, en seulement 2 ou 3 clics. Evidemment, comme tout bon Gran Turismo, cet opus Sport permet de revisionner sa course a posteriori via une Rediffusion elle aussi de toute beauté, si bien que certains pilotes ne verront aucun inconvénient à revoir leur course en intégralité, juste après avoir passé la ligne d'arrivée, et ce, pour le simple plaisir des yeux. Un peu comme on le faisait à l'époque, avec un certain Gran Turismo 3 sur PS2.
GT Sport, côté multi
GT Sport mise évidemment sur le online pour convaincre. Ainsi, outre la possibilité de créer des Salons et mettre au point des parties personnalisées, le jeu offre également un nouveau mode Sport. Ce dernier permet notamment de participer à des courses online régulières (toutes les 20 minutes), avec une séance de qualifications en amont pour établir la grille de départ. Des courses généralement courtes, avec un système de matchmaking qui va tenter de placer le joueur avec d'autres pilotes de son niveau.Pour cela, le jeu va se baser sur le chrono, mais aussi sur la réputation de joueur (RP), ainsi que le rang de fair-play. Si le premier évolue au fil des prouesses en piste, le second sera calculé en fonction du "fair play" (RFP) du pilote, soit sa faculté à éviter les accidents et autres manoeuvres illicites. Le rang est calculé via une note (de E à S), et il faudra ainsi enchaîner les courses sans accrocs pour faire grimper le rang de fair play, et ainsi tomber progressivement dans des salons peuplés uniquement de « gentlemen drivers ». Malgré quelques couacs, la formule marche plutôt bien, et nos quelques parties effectuées en ligne se sont plutôt bien déroulées, avec des adversaires assez respectueux dans l'ensemble.
A ce sujet, le jeu se charge de désactiver les collisions lorsqu'un pilote est immobile sur la piste, ou décide de rouler en sens inverse (oui, cela existe encore..). Un système de pénalités est également de la partie pour qui coupe un virage, ou s'appuie un peu trop sur un adversaire pour doubler, mais on sent que ce dernier a encore besoin de quelques optimisations pour être plus "juste".
Le verdict en Ferrari 458 Italia de Clubic
Plus que jamais, ce Gran Turismo Sport divise les joueurs. Il y a ceux qui vont adorer la prise en main signée Polyphony Digital, réaliste mais suffisamment permissive pour s'éclater à la manette comme au volant, et ceux qui ne jurent que par la concurrence, et/ou qui ne veulent même pas/plus accorder le moindre crédit à la saga GT. Toujours est il que ce GT Sport transpire l'authentique passion automobile, avec une interface d'une beauté sidérante et un pilotage assez grisant, permettant à la fois au néophyte et à l'expert de prendre un vrai plaisir sur la piste. A cela s'ajoute une section graphique parfois sidérante de beauté et parfois un peu plus terne en fonction des tracés, sans oublier ces replay d'une qualité bluffante. Quel dommage toutefois de ne pas profiter de davantage de circuits, ni même d'une gestion dynamique de la météo ou même de la pluie. Côté multi, le pari est réussi, avec des courses régulières très plaisantes, sans oublier des modes Course des Nations, Championnat des Constructeurs et Coupe Polyphony Digital à venir.Bref, un Gran Turismo Sport qui accuse clairement quelques faiblesses, mais qui profite d'un gameplay parfaitement équilibré entre réalisme et plaisir, ainsi que d'une section graphique à la hauteur, pour convaincre le joueur d'enchaîner (parfois malgré lui) les tours de piste. Ce qui est certain, c'est qu'avec Project CARS 2, Forza Motorsport 7 et maintenant ce GT Sport, chaque joueur peut choisir librement la "simulation" qui lui convient le mieux, et s'y adonner avec un vrai plaisir. Et c'est bien là le principal.