Marché automobile électrique et hybride rechargeable : où en est-on en 2019 ?

Alexis Maniere
Publié le 20 octobre 2019 à 10h52
Voiture electrique

On entend tout et son contraire sur les véhicules hybrides rechargeables (PHEV) et électriques (EV). Pour avoir une meilleure idée du marché actuel, oublions la dimension affective pour nous intéresser uniquement aux chiffres. Nombre d'immatriculations neuves et d'occasion, évolutions du marché, modèles les plus populaires et intentions d'achat des Français : tour d'horizon du marché automobile électrique et hybride rechargeable tricolore.

Les voitures électriques et hybrides rechargeables sont sur toutes les lèvres depuis plusieurs années maintenant. Mais est-ce que cet engouement se traduit dans les chiffres de vente ? Faisons le point sur le marché EV et PHEV en 2018, avant de nous intéresser à ses perspectives d'avenir.

Électrique et hybride rechargeable dépassent la barre symbolique des 2%

Si c'est l'essence qui a davantage profité du déclin annoncé du diesel l'année dernière, l'électrique n'en reste pas moins sur une bonne lancée. Pour preuve, le nombre de nouvelles immatriculations a progressé de 25% en 2018, pour un total de 31 059 ventes (contre 24 910 en 2017). Même si ce résultat est encourageant, rien n'est encore joué puisque les voitures électriques ne représentent encore qu'à peine 1,5 % des immatriculations neuves.

Même constat pour les véhicules hybrides rechargeables qui se sont écoulés à 14 528 exemplaires en 2018 (contre 11 868 en 2017), soit une progression de 22 % sur un an. La part de marché de cette énergie reste néanmoins anecdotique puisqu'elle n'a représenté que 0,67 % des ventes l'année dernière1. En cumulé, les véhicules électrifiés (EV et PHEV) parviennent néanmoins à franchir la barre symbolique des 2 %.

La Renault ZOE, reine de l'électrique

Ces belles progressions sur l'année ne doivent toutefois pas nous faire oublier une chose : seuls quelques véhicules électrifiés parviennent à tirer leur épingle du jeu. Avec 17 038 nouvelles immatriculations, la Renault ZOE en est le parfait exemple puisqu'elle a réalisé près de 55% des ventes électriques à elle seule en 2018. Une hégémonie qui ne semble pas prête de s'arrêter puisque la mini citadine a progressé de 11,8 % sur un an.


Si la Nissan Leaf II fait bonne figure avec plus de 4 570 unités écoulées, les autres modèles se contentent des miettes : 1 278 immatriculations pour la Smart Fortwo, 1 267 pour la BMW i3 et 1 030 pour la Peugeot Ion1.

Le constat est plus nuancé du côté des hybrides rechargeables car les trois premiers modèles PHEV se tiennent dans un mouchoir de poche : 1 394 immatriculations neuves pour le Volvo XC60, 1 332 pour le Mini Countryman et 1 312 pour le Mitsubishi Outlander2.


Marché électrifié : 2019 fait déjà mieux que 2018

Si l'année 2018 a été globalement positive, qu'en est-il pour ce début 2019 ? Pour le savoir, intéressons-nous aux chiffres de vente des véhicules électriques et hybrides sur les 9 derniers mois.

Le 100 % électrique tire le marché vers le haut

Les bons résultats réalisés par les véhicules électrifiés en 2018 semblent se confirmer sur le début de l'année 2019. En octobre, le parc automobile français comptait plus de 200 000 véhicules légers électriques grâce notamment à 50 000 nouvelles immatriculations au cours des 12 derniers mois. Entre janvier et fin septembre, ce sont même 36 545 voitures électriques qui ont débarqué sur nos routes, soit une hausse de 37 % par rapport à la même période en 2018. Le 100 % électrique poursuit donc son bonhomme de chemin et représente désormais 1,8 % des ventes de véhicules légers3.


Pour ce qui est des hybrides rechargeables, le constat n'est pas aussi flatteur. Entre janvier et fin août, les PHEV se sont écoulés à 10 420 exemplaires, soit une progression de 15 % par rapport à la même période l'année dernière4. La barre des 14 500 immatriculations, atteinte en 2018, risque toutefois de ne pas être évidente à égaler. Avec un total de 250 000 véhicules EV et PHEV en octobre 2019, le parc automobile semble d'ailleurs encore loin de l'objectif visé : 1 million d'électriques et d'hybrides rechargeables d'ici 2022.

Un modèle indétrônable face à un nouvel entrant

Une fois n'est pas coutume, la Renault ZOE tire à elle seule les ventes de voiture électrique en 2019 avec près de 13 000 immatriculations. Elle fait néanmoins face à l'arrivée d'une nouvelle concurrente : la Tesla Model 3 qui, malgré son prix élevé, s'est écoulée à 4 800 exemplaires entre janvier et fin septembre. Relayant par la même occasion la Nissan Leaf à la troisième place du podium avec seulement 2 912 nouvelles immatriculations5.

Pas d'évolution notable du côté des hybrides rechargeables puisque le trio de tête au premier semestre 2019 était toujours composé du Mitsubishi Outlander, du Volvo XC60 et du Mini Countryman.

L'électrique et l'hybride rechargeable débarquent sur le marché VO

Il a tendance à se faire oublier, pourtant le marché des véhicules électrifiés d'occasion connaît un vrai boom. Une fois encore, c'est l'électrique qui dynamise les ventes VO (véhicules d'occasion). Plus de 8 800 voitures EV de seconde main se sont vendues au 1er semestre 2019, soit une croissance record de 83% sur un an. Pas vraiment étonnant, c'est la Renault ZOE qui s'accapare 62 % des immatriculations VO sur la période, soit une progression de 118 % par rapport à 2018. Suivent la Nissan Leaf, la Peugeot iOn, la fameuse BlueCar de Bolloré et la Tesla Model S. Cinq modèles qui, à eux seuls, ont représenté 8 ventes électriques d'occasion sur 10.


L'hybride rechargeable d'occasion n'a pas à rougir puisque 4 174 PHEV de seconde main ont été vendus au 1er semestre, soit une hausse de 35 % sur une année. Tout comme sur le marché du neuf, la concurrence est féroce car les trois premiers modèles sont au coude-à-coude : le Mitsubishi Outlander (504 ventes sur la période), la Volkswagen Golf (423 ventes) et l'Audi A3 (363 ventes). Rappelons néanmoins qu'avant de céder aux sirènes de l'électrifié d'occasion, il est important de demander le SOH du véhicule (niveau de performance de la batterie) afin de s'éviter toute déconvenue.

Des résultats encourageants pour l'avenir ?

Les bons résultats de l'électrique et de l'hybride rechargeable, tant dans le neuf que dans l'occasion, nous amènent à nous poser une question : les Français sont-ils prêts à passer à la voiture électrifiée ? Malgré les espoirs que l'on pourrait fonder à voir les EV et PHEC accélérer leur progression, les automobilistes ne semblent pas partager cet optimisme.

Des perspectives d'achat qui n'invitent pas à l'optimisme

Après avoir atteint 10 % en 2018, grâce à une hausse de 4 points sur un an, les intentions d'achat d'une voiture électrique stagnent : seul 1 Français sur 10 se déclare prêt à acheter une électrique en 2019 si l'on en croit le Baromètre Énergies 2018 d'Argus Conseil6. Malgré les nombreuses aides à l'achat accordées par les pouvoirs publics (prime à la conversion et bonus écologique) et les campagnes massives de communication des constructeurs, les automobilistes tricolores se montrent encore réticents. Même constat pour l'hybride (hybride classique et hybride rechargeable confondus) qui stagne à 23 % d'intention d'achat en 2019, alors qu'il était déjà à 21 % en 2016.


L'électrique, encore loin d'entrer dans le cœur des Français

Le problème, c'est que les causes du désamour pour l'électrique semblent à la fois nombreuses et profondes. Les performances, l'image et les infrastructures sont d'ailleurs tout particulièrement pointées du doigt.
  • Une autonomie jugée limitée : plus de 6 répondants sur 10 du Baromètre Énergies 2019 considèrent que l'autonomie des batteries est encore insatisfaisante, et ce, alors que les modèles les plus populaires affichent déjà des performances plus qu'honorables (395 km pour la Renault ZOE et 550 km pour la Volkswagen ID.3 par exemple).
  • Un défaut d'image : alors que 47 % des répondants jugent l'électrique pas plus écologique que le thermique, notamment à cause du coût environnemental des batteries, ils sont même plus de la moitié à considérer que l'EV n'incarne pas une technologie d'avenir. Au contraire des seules hybrides qui sauvent l'honneur en étant plébiscitées par 72 % des sondés.
  • Des infrastructures pas à la hauteur : l'impossibilité de recharge au domicile et le manque de bornes sont dénoncés par la plupart des répondants (respectivement 35 et 54 %). Le coût d'installation d'une Wallbox à la maison et la rareté des supers bornes (permettant de récupérer la moitié de l'autonomie en 20 minutes) n'améliorent d'ailleurs pas le tableau.
  • Un prix dissuasif : 20 à 30 % plus cher qu'un modèle thermique équivalent, les véhicules électriques peinent également à séduire côté budget. Les constructeurs se veulent néanmoins rassurants à ce sujet, prédisant même que les prix baisseront considérablement dans les 5 années à venir grâce aux innovations et aux effets d'échelle. Il faut dire que le temps presse...

1. Le marché automobile français - CCFA
2. Le bilan 2018 des ventes d'hybrides rechargeables - Auto Plus
3. Baromètre mensuel : la France compte désormais plus de 200 000 véhicules électriques en circulation ! - Avere France
4. Baromètre mensuel : cet été, le marché du véhicule électrique a enregistré une progression de + 54 % ! - Avere
5. Voitures électriques et hybrides rechargeables : les immatriculations de septembre en détails - Automobile Propre
6. Baromètre Énergies 2019 - Argus Conseil
Alexis Maniere
Par Alexis Maniere

Venu tout droit du monde de la pub, Alexis couche aujourd'hui ses idées sur le papier. Rédacteur touche-à-tout, il décrypte l'actualité et les tendances dans divers domaines, de l'automobile à l'assurance, en passant par l'immobilier. Mais comme vous l'aurez peut-être deviné, Alexis aime avant tout parler de lui... et si possible à la 3e personne.

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Commentaires (10)
max_971

Je ne sais pas si c’est techniquement possible, mais pourquoi n’y a-t-il pas de panneaux solaires sur les véhicules électriques ?

Un rechargement même partielle via les panneaux solaires serait intéressant.

Quand le véhicule électrique sera au prix des véhicules essences, je pense que les ventes décolleront.

Blackalf

C’est en développement, mais de là à dire si ça se généralisera, il y a encore un grand fossé à franchir ^^

Je ne serais pas si catégorique, parce que le prix d’achat n’est pas le seul critère à prendre en compte, et ça a déjà été abondamment discuté…au final ce sera la situation personnelle de chaque acheteur potentiel qui déterminera si un VE est pertinent ou non et si ses avantages seront supérieurs aux inconvénients neutre

Je connais des personnes qui ont franchi le pas du VE parce que dans leur cas les avantages surpassaient les inconvénients, mais j’en connais d’autres pour qui ça a été l’inverse et qui après réflexion sont restés sur un VT ^^

jaceneliot

Dans 4 à 5 ans selon plusieurs experts, dont malheureusement je ne retrouve plus la source.

jaceneliot

Cet article manque un peu l’occasion de remarquer que le vrai problème, c’est le nombre de ventes de voitures (point). Un électrique qui remplace un vieux véhicule foutu, passe encore, mais le but de toute ce bordel c’est de sauver notre cul face au réchauffement climatique. Et ça, ça part mal si on commence à tous changer de voiture. Les gens doivent acheter d’occasion, et ceux des villes penser à arrêter d’utiliser une voiture. Une voiture, thermique ou électrique, c’est un nombre infernal de ressources.

ZScrapped

Les constructeurs se veulent néanmoins rassurants à ce sujet, prédisant même que les prix baisseront considérablement dans les 5 années à venir grâce aux innovations et aux effets d’échelle. Il faut dire que le temps presse…

Qu’est ce que je disait il y 6 mois laisser payé les bourges et les bobof d’écolo pour que l’on est des prix attractif plus tard.

^^

wave91

Les 6000€ de prime ne seront pas possibles à financer à partir d’un certain nombre de ventes. Enfin il faut l’espérer car ça n’a aucun effet sur le CO2 tant que le réseau électrique auquel on est connecté comprend des centrales à charbon. Réseau qui dépasse les frontières françaises… qu’on émette du CO2 dans Paris pendant qu’un allemand consomme notre électricité nucléaire n’est pas plus mauvais pour la planète que si on consomme notre nucléaire dans une voiture électrique pendant que notre voisin démarre une centrale à charbon… chez lui ou chez son voisin de l’Est.
Avec ces grosses sommes d’argent, on pourrait faire des choses utiles pour la planète. Inciter à l’achat de plusieurs voitures hybrides qui consomment réellement moins de pétrole sans faire tourner de centrale à charbon, ou financer des centrales électriques propres pour permettre, plus tard, que les voitures électriques permettent de réduire les émissions de CO2.

redosk

Ce qui est faux… Les études ont déjà démontré que même sur le mixe électrique allemand et polonais, après 40-50 (ici) à 100-150 (DE/PL) milliers de km, il y a un gain sur le CO2 de par l’efficacité du moteur électrique.
Et encore on ne parle là que du CO2, si on regarde du côté des SOx, NOx, particules fines, là il n’y a pas photo, c’est clairement le VE qui est vertueux.

newseven

Le problème n’est pas les panneaux solaires mais plutôt que de 1 que c’est fragile et 2 c’est que la voiture a plus de risque d’avoir un accident vs une maison qui est immobile .
Imagine toi le prix de remplacement du capot ou d’un coffre à bagage recouvert de panneaux solaires $$$.
Il y a aussi que la voiture ne maximise pas l’efficacité des panneaux solaires rapport au soleil.

jidge

Tant que la pile à combustible ne remplacera pas les bornes de recharge, cela ne décollera pas.

Autre solution intermédiaire, le moteur thermique qui utilise une partie de sa puissance pour recharger les batteries (techno I-MMD de Honda).

TAURUS31

Vision limité du réel pb.
Le problème du réchauffement climatique est lié a toute l’activité humaine.
Nous sommes en perpétuelle expansion, on combat la sélection naturelle (j’en suis le premier ravi)
Tout ces milliard d’humains faut je loger, les nourrir et qu’ils se déplacent.
A moins d’une énorme prise de conscience planétaire, d’une guerre mondiale pour réguler la population ou je ne sais quoi d’autre. Tu auras beau tourner l’équation dans tout les sens, te mettre a l’électrique, manger bio , pour te donner bonne conscience, on sera encore loin, très loin de régler ce problème du réchauffement climatique, qu’on réglera sûrement jamais, car le problème c’est l’être humain.

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