En juillet 2008, Apple lançait l'App Store sur iPhone et iPod Touch. Ce kiosque de téléchargement d'applications gratuites ou payantes n'était pas le premier, le modèle ayant déjà fait ses preuves notamment dans le domaine des jeux. Néanmoins, grâce à un subtil mélange d'applications attractives, de prix incitant à l'achat impulsif et d'installation simplifiées au maximum, il est indéniable qu'Apple a secoué ce marché naissant avec un service réussi sur toute la ligne (du moins, du point de vue des utilisateurs)
Fort de son succès, Apple s'attaque à un plus gros morceau : intégrer un kiosque de téléchargement à ses Mac. L'App Store avait en effet un avantage : une plate-forme logicielle complètement neuve, sur laquelle il n'existait pas de moyen officiel d'installer des applications tierces. Sur une plate-forme vieille de 10 ans, où les modèles économiques et les habitudes des développeurs sont bien installés, c'est une autre affaire !
Mac App Store : les différences avec l'App Store iOS
Par rapport à l'App Sotre iOS, le Mac App Store présente d'emblée une différence fondamentale : il ne sera pas le seul moyen d'obtenir des applications sur Mac. Ça tombe sous le sens : il est évidemment impensable pour Apple d'annoncer à sa communauté de développeurs qu'ils devraient passer à ce mode de distribution alors qu'ils vendent leurs logiciels depuis des années par leurs propres moyens. En outre, il est clair que certains logiciels ne verront jamais le jour sur l'App Store, puisque celui-ci reproduit les conditions d'utilisation de son grand frère iOS : mises à jour gratuites et activation illimitée sur tous les Mac associés à un même compte iTunes. On imagine mal Photoshop ou Office, dont le modèle repose sur des activations très strictes, migrer vers la plate-forme.La deuxième différence, qui peut paraître étrange à première vue, c'est la forme du Mac App Store : une application dédiée, intégrée à Mac OS X 10.6.6. Ainsi, contrairement à l'App Store iOS, le Mac App Store n'est pas intégré à iTunes. En fait, c'est assez logique : le Mac App Store joue le rôle de l'App Store intégré à l'iPhone ou à l'iPad, et il s'agit d'applications qui vont rester sur votre Mac : iTunes serait donc inutile pour les transférer... vers quoi ? On notera au passage que l'application faisant partie intégrante de Mac OS X 10.6.6, les utilisateurs de Leopard ne seront pas de la fête. Cette intégration prend plusieurs formes : on retrouve ainsi l'App Store dans le menu pomme de Mac OS X ou, plus intéressant, dans les boites de dialogues vous informant de l'impossibilité d'ouvrir un fichier : vous pourrez alors vous diriger vers le kiosque pour tenter de trouver une application compatible.
Conditions d'utilisation
Le Mac App Store reprend à la lettre les conditions d'utilisation de l'App Store iOS et c'est une bonne nouvelle, puisque leur largesse en ce qui concerne l'installation d'applications fait partie des points forts de l'App Store. Ainsi, toute application achetée (ou téléchargée gratuitement) peut être retéléchargée à volonté, et installée sur tous vos Mac. Le nombre de Mac autorisés n'est pas clair, mais il semble en fait qu'il n'y ait pas de limitation imposée. Dans tous les cas, les applications ne passent pas par le système de 5 Mac autorisés via iTunes : nous avons pu installer l'App Store sur un Mac sur lequel iTunes n'est pas autorisé avec notre compte, et il nous a été possible de télécharger et installer les applications que nous avions déjà achetées sur notre Mac de test.On bénéficie également des mises à jour gratuites pour toute application, à moins bien sûr que l'auteur décide de créer une nouvelle version qui se présenterait en fait comme une nouvelle application.
Généralement, les développeurs jouent le jeu sur iPhone ou iPad, et de nombreuses applications ont passé le cap de plusieurs versions majeures sans que l'utilisateur ne repasse à la caisse. Sur Mac, on reste beaucoup plus dubitatifs et on imagine mal, par exemple, Apple fournir des mises à jour gratuites d'iMovie ou Aperture à vie !
Attention cependant : les apparences sont trompeuses ! Si vous disposez d'un logiciel présent sur l'App Store, dans la même version, il apparaîtra sur la boutique comme déjà installé. Cela ne signifie absolument pas que vous aurez droit à la moindre mise à jour ! Il faudra, pour cela... Oui, vous connaissez la suite !
Il faut également rappeler que les développeurs doivent également se soumettre aux mêmes conditions que sur l'App Store iOS. Traduction : vous ne trouverez pas n'importe quel type d'application, les logiciels modifiant l'apparence du système sont par exemple proscrits. Contrairement à iOS, cette limitation peut être aisément contournée : le Mac App Store n'a visiblement pas pour but d'être le seul moyen de se procurer des applications Mac, ambitionnant simplement d'être « le meilleur ».
Que trouve-t-on sur le Mac App Store ?
Apple a annoncé le Mac App Store il y a 3 mois, avec la ferme intention d'inciter les développeurs à proposer leurs applications. À la différence de l'iPhone en 2008, Mac OS X est déjà une plate-forme assez ancienne. Conséquence logique : on trouve sur le Mac App Store de nombreux éditeurs phares, à commencer évidemment par Apple elle même qui propose ses suites iLife et iWork, mais pas sous la forme de bundle : les applications sont disponibles séparément (à l'exception de iWeb et iDVD, ce qui devrait sonner logiquement le glas des packs, à terme. Cela permet de composer sa propre suite : intéressant si vous n'avez pas besoin d'applications tout de même assez ciblées comme Keynote ou Garageband. Plus surprenant, Aperture fait partie des premiers entrants, à un tarif nettement plus bas que sa version boite. L'arrivée sur le Mac App Store des ténors du domaine pourrait en effet quelque peu compromettre les bons résultats enregistrés par les éditeurs Mac plus modestes.C'est l'autre tendance généralement constatée : des prix plus bas par rapport aux versions boites ou proposées sur les sites des éditeurs. Certains ne bougent pas, mais on constate tout de même des écarts parfois considérables.
La deuxième catégorie d'applications est encore balbutiante, mais on peut déjà en voir les premiers signes : au fil des visites, on constate la présence d'un nombre significatif d'applications en version 1.0 d'une part, et issues d'iOS d'autre part ! Les jeux sont notamment représentés dès le lancement, avec quelques classiques mobiles : Angry Birds, The Incident ou encore Toki Tori. On remarque au passage que si la plupart des catégories sont encore assez anarchiques et peu fournies, la catégorie jeux est déjà bien achalandée et met nettement mieux les applications en valeur. On imagine que le même effort sera fait à terme pour les autres catégories, mais on voit assez bien, dans l'urgence, où Apple met ses priorités !
Les bonnes affaires du Mac App Store : on télécharge quoi ?
Il est évidemment assez tôt pour se faire une idée du contenu du Mac App Store dont il faudra évaluer l'impact sur la durée. Il faut bien l'admettre, on a le sentiment que la plupart des nouveaux venus se sont empressés de proposer des applications qui n'ont pas franchement l'air d'être des chefs d'œuvres. Néanmoins, un premier tour des rayons permet de dégager quelques applications intéressantes à télécharger. En voici une rapide sélection, évidemment pas exhaustive.Twitter for Mac
Attendue depuis longtemps, Twitter for Mac est la suite de Tweetie, un client Twitter particulièrement populaire sur la plate-forme, si populaire que Twitter lui même avait décidé de le racheter et d'employer son développeur. Celui-ci a, depuis programmé de très bonnes versions de l'application pour iPhone, iPod Touch et iPad... Mais laissé Tweetie à l'abandon.La version 2 fait enfin son apparition avec le Mac App Store et s'il n'y a pas grand-chose à signaler (c'est un client Twitter, quoi !), on apprécie le soin apporté à la réalisation qui fait un usage peut-être un peu gratuit, mais agréable de Core Animation. On se demande simplement pourquoi le bouton plein écran ne fonctionne pas. Peut-être qu'un mode plein écran mimant le fonctionnement de la version iPad serait prévu pour plus tard ?
iMovie '11
Pourquoi mettre iMovie '11 dans notre sélection ? Parce que, si vous n'avez pas encore procédé à la mise à jour de la suite iLife, il peut être intéressant de se procurer le logiciel de montage grand public d'Apple tout seul. La dernière version de la suite inclut en effet un iPhoto '11 vraiment perfectible (peu de vraies améliorations en dehors de l'interface, et une certaine lourdeur) et un Garageband toujours aussi intéressant pour les musiciens... et inutile pour les autres. Sachant que iDVD et iWeb n'ont pas évolué depuis 2006, iMovie '11 est vraiment le logiciel le plus intéressant de la fournée 2011 d'iLife.Le logiciel propose enfin un compromis idéal entre les fonctionnalités d'iMovie « ancienne génération » et la simplicité de la nouvelle approche. En l'occurrence, on dispose dans cette version 2011 d'une édition audio digne de ce nom, et même du retour optionnel d'une timeline horizontale pour ceux qui n'ont jamais réussi à se faire à la disposition singulière des clips sur plusieurs lignes. Ajoutez à cela de nouveaux thèmes « bande annonce hollywoodienne » du meilleur effet et vous obtenez un logiciel de montage, certes très loin de la précision d'un Final Cut, mais à un prix vraiment intéressant.
Aperture
Si on attendait que les applications iLife soient disponibles sur le Mac App Store, ce qui n'a finalement que peu d'intérêt pour les nouveaux venus qui en profitent déjà, la grosse surprise au lancement du kiosque, est la présence d'Aperture, qui plus est à un prix plancher ! Le gestionnaire de photos pour professionnels d'Apple était jusqu'ici commercialisé au prix de 199 euros : sur le Mac App Store, on passe à 62 euros, et ça ne semble pas être une simple promotion !Aperture est un « super iPhoto » pour professionnels. Il reprend de nombreux éléments de l'interface et les fonctionnalités de base d'iPhoto mais ajoute évidemment des outils de retouche et de développement infiniment plus complexes, et notamment dédiés au traitement des fichiers Raw. La dernière version d'Aperture grapille quelques fonctionnalités d'iPhoto telles que la géolocalisation des photos et la reconnaissance faciale, et offre de nouveaux outils de retouche non destructifs. À ce prix, même si les adeptes de son concurrent Photoshop Lightroom sont nombreux, et à juste titre, il va être difficile pour Adobe de maintenir son logiciel au tarif actuel. Si les possibilités d'iPhoto vous paraissent trop justes (et elles s'avèrent très rapidement trop justes), il est fortement conseillé de passer à Aperture, certes plus lourd et plus complexe à utiliser, mais beaucoup plus puissant ! À quand Final Cut Express et Logic Express sur le Store ?
Pixelmator
Autre bonne affaire du Mac App Store pour les amateurs de photo : Pixelmator ! Ici, il s'agit d'un logiciel de retouche qui ne concurrence peut-être pas Photoshop, mais juste assez puissant pour jouer dans la catégorie de Photoshop Elements ou Paint Shop Pro. Les fonctionnalités sont assez basiques, mais on trouve tous les outils dont on a besoin : brosses, outils de clonage, recadrage, pipette...Les filtres sont de la partie, tout comme la gestion des calques, la création de masques de fusion et même la gestion des découpes d'image pour le web ! L'interface est très simple d'utilisation, agréable et même agrémentée d'animations « eye candy » qui sauront plaire au grand public et aux utilisateurs venus d'iOS. L'éditeur de Pixelmator l'a bien compris, et compte faire du Mac App Store l'unique canal de distribution de son logiciel, qui là encore voit son prix fondre à 23,99 euros. Pour inciter les utilisateurs existants de Pixelmator, une mise à jour gratuite vers Pixelmator 2 sera proposée aux acheteurs réalisant la « transition ».
Courier
Parmi les premiers éditeurs à basculer activement vers le Mac App Store, on trouve Realmacsoftware, connus pour Rapidweaver, un éditeur de pages web basé sur des modèles prédéfinis et des plug-ins, et Little Snapper, une solution de capture d'écran. L'éditeur fait de son petit dernier, Courier, une exclusivité App Store avec une baisse de prix conséquente (3,99 euros contre 24,99 euros)Qu'est ce que Courier ? Un logiciel de transfert de fichiers et de photos qui utilise une métaphore plutôt orginiale. Vous créez ainsi une enveloppe, sur laquelle vous collez un timbre Facebook, Flickr, MobileMe, FTP, WebDAV, YouTube ou encore Vimeo. Évidemment vous ne pourrez transférer que les types de fichiers prévus pour les services respectifs (photos pour Flickr ou Facebook, vidéos pour YouTube...). Le tout se fait par glisser/déposer avec une interface plutôt léchée. On peut trouver tout cela très gadget, et ça l'est probablement, mais malgré tout, Courier peut rendre service pour poster une même vidéo sur plusieurs services, plus une copie du fichier original sur un serveur FTP, par exemple. Son prix original était abusif, mais à ce prix plancher, l'application devient le type même de petite application découverte de qualité qui manque encore un peu parmi les premiers entrants du Mac App Store, il faut bien l'avouer.
Angry Birds
On n'imaginait pas un nouvel App Store sans une version Mac d'Angry Birds, tant le jeu de Rovio est devenu indispensable à tout kiosque de téléchargement qui se respecte. La bonne surprise n'est donc pas la disponibilité du jeu, mais le fait que la version Mac, à l'inverse de certains portages à l'arrache d'applications iOS, est une réussite. On rappelle le principe pour ceux qui n'auraient pas encore joué à cet excellent petit jeu : propulser des oiseaux incapables de voler de leurs propres ailes au moyen d'une catapulte pour dégommer de vilains cochons bien planqués dans des forteresses de plus en plus complexes à mettre en pièce !Sur le plan du jeu en lui même, rien n'a changé : mêmes oiseaux furax, mêmes cochons, mêmes niveaux. La version Mac propose déjà l'ensemble des nombreux niveaux ajoutés au fil des mises à jour, et on imagine que Rovio ne tardera pas à commercialiser également sa version Seasons. La réalisation est exemplaire : bien entendu, Angry Birds est un jeu très simple à porter sur n'importe quelle plate-forme plus puissante qu'un iPhone, mais on apprécie les petits détails du portage. La résolution native de tous les Mac testés est prise en charge en plein écran (certains jeux, comme Cocoto Kart Racing, ne proposent même pas de plein écran !), et surtout, les contrôles restent intacts. Le jeu détecte automatiquement la présence d'un trackpad ou d'une souris. Dans le premier cas, on interagit directement avec le pad pour étirer et diriger l'élastique, et on utilise les gestes multi-touch pour déplacer ou zoomer dans le niveau. Avec une souris, c'est un peu moins fun mais tout aussi précis : le pointeur se transforme en main qui permet de saisir l'élastique et de le tirer.
Reste un problème : le prix ! 3,99 au lancement et le double à terme, Rovio fait décidément payer les pixels supplémentaires au prix fort ! Ça vaut peut-être mieux que d'avoir l'horizon temporairement obstrué par des publicités, mais on rappelle que la version iPhone/iPod Touch est vendue 0,79 euros !
The Incident
Autre « classique » issu d'iOS, The Incident est un jeu à l'ambiance volontairent rétro : graphismes « pixel art » et bande son 8 bits au programme. Le pitch du jeu est là encore d'une simplicité enfantine : votre héros appelle un taxi dans la rue. Malheureusement, celui-ci arrive... du ciel, et manque de lui tomber sur la tête ! Et ce n'est que le premier d'une longue pluie d'objets en tous genres : meubles, étagères Ikea, machines d'arcade, statues de l'ile de Pâques, Smart... Votre but : éviter de vous les prendre sur le crâne, d'une part, et de vous servir de cet amas de déchets pour grimper le plus haut possible d'autre part !C'est connu : les jeux les plus réussis sur iOS sont souvent ceux qui tirent parti du tactile et de l'accéléromètre, et The Incident en faisait partie. Fort heureusement, la version Mac s'avère au final encore plus jouable, puisque ce jeu à la prise en main résolument rétro (gauche, droite et saut !) se prête finalement encore mieux aux touches de curseur et à la barre d'espace ! Là encore, le portage a été soigné. En plus des deux modes fenêtrés (format iPhone ou iPad), on trouve un mode plein écran, et on apprécie les petites touches d'humour : même la bordure de la fenêtre et les boutons de fermeture ou de minimisation adoptent le look pixel art du jeu. On regrettera peut-être, comme sur iOS, le nombre de niveaux finalement assez limité, mais un mode infini est également de la partie. Comme Angry Birds, le jeu ne sera certainement pas indispensable si vous possédez déjà une des versions existantes, mais dans le cas contraire, il s'agit d'un petit jeu « casual » à avoir. Un seul regret : impossible (pour l'instant ?) de contrôler le jeu en utilisant l'iPhone comme manette. Saugrenu ? Non : voir jeu suivant !
Chopper 2
A priori, Chopper 2 n'est pas un jeu particulièrement original : il s'agit d'un remake en 3D (avec gameplay 2D) de l'antique Choplifter, dont le but était de sauver des otages en terrain ennemi avec un hélicoptère. Un remake assez réussi d'ailleurs, puisque remis au goût du jour : des environnements assez complexes et variés ont remplacé les terrains désespérément plats de l'original. La 3D est relativement simple (on parle d'un jeu fait à la base pour tourner sur un iPhone, même 3G), le jeu est certes amusant... Mais l'originalité de Chopper 2 réside dans la combinaison des différentes versions : on pouvait déjà utiliser la version iPhone pour contrôler la version iPad, voire même brancher l'iPad sur un écran externe !Chopper 2 Mac reprend le même principe : on peut y jouer au clavier, ce qui n'est pas très fun d'une part, et peu pratique d'autre part puisque le jeu est conçu pour un clavier QWERTY uniquement (on n'utilise pas les touches fléchées). Mais surtout, on peut y jouer en utilisant l'iPhone comme manette, en Wifi, à condition bien entendu de disposer de la version iPhone de l'application. Ça ne vous ruinera pas : chaque version vous coûtera 0,79 euros !
Logithèque Ubuntu
Si le Mac App Store bénéficie de la médiatisation d'Apple, ça n'est pas le premier kiosque de téléchargement pour PC (au sens large du terme). Télécharger et installer automatiquement des applications depuis le net via un système centralisé, finalement, n'est-ce pas ce que les distributions Linux proposaient depuis des années avec des systèmes comme Apt-get ou URPMI ? Certaines d'entre elles, notamment Ubuntu, ont essayé de rendre ce processus plus accessible au grand public, et les dernières versions de la distribution proposent une « Logithèque Ubuntu » proche d'un App Store dans son fonctionnement.Évidemment, ici il s'agit principalementt d'applications gratuites et libres. En outre, si l'initiative est à saluer, il faut bien avouer que la mise en avant des applications est bien sommaire : le concept est là, les sélections font remonter des applications susceptibles de plaire à un large public, et la simplicité d'installation d'Ubuntu n'est plus à démontrer. Il faudrait maintenant rendre le tout un petit peu plus attractif... Néanmoins, un joli effort pour les utilisateurs novices !
Intel AppUp
En attendant que Microsoft ne saisisse peut être un jour l'opportunité d'intégrer un App Store à Windows, Intel s'est déjà penché sur le sujet, et plus particulièrement sur les utilisateurs de netbooks avec son AppUp Center, disponible pour les systèmes Windows et Meego. Conçu sur le même modèle que le Mac App Store, l'Intel AppUp Center se présente sous la forme d'une application Adobe AIR à installer sur son PC. Le service gagne à être connu : il offre une ergonomie tout à fait satisfaisante, une navigation claire et un catalogue qui semble proposer un choix correct, où l'on retrouve même des titres ayant fait leur preuve sur iOS : les Angry Birds sont de la partie, entre autres ! En revanche, si le store est accessible en France, tout est en anglais !On trouve comme sur le Mac App Store un onglet MyApps permettant d'accéder aux applications déjà téléchargées ou aux mises à jour, et même à la désinstallation, ce qui manque d'ailleurs au Mac App Store (certes, la plupart du temps, sur Mac, il suffit de jeter l'application à la corbeille, ou d'utiliser un logiciel comme AppCleaner). Bref, Intel semble avoir assez bien soigné sa copie, mais si les chiffres de téléchargements donnés sur le store sont exacts, l'AppUp Center n'a pas l'air de déplacer les foules. Un effet Mac App Store pourrait peut-être lui être bénéfique ?
Chrome Web Store
Terminons cette sélection par un store un peu particulier : celui annoncé par Google et principalement destiné à alimenter Chrome OS en applications web. Soyons francs : ici le terme d'App Store est franchement galvaudé, puisque bien entendu, il s'agit de signets vers des applications web plus ou moins évoluées. Certaines comme celle du New York Times sont assez réussies et proposent une vraie expérience utilisateurs, d'autres ne sont que de simples signets.L'intégration avec Google Chrome est en revanche assez réussie : un bouton « Install » permet d'ajouter l'application à une mosaïque qui s'affiche à chaque ouverture d'onglet. Le Chrome Web Store, tout comme Chrome OS, est un pari dont la réussite reste encore assez floue à l'heure actuelle, mais on note que Google a plutôt soigné l'ergonomie de son kiosque d'applications web.
Conclusion
Le Mac App Store n'a rien d'une révolution en soi : ce n'est pas le premier kiosque de téléchargement dématérialisé (on pense notamment à Steam dans le domaine des jeux), ni le premier à être intégré à un OS, puisque certaines distributions Linux comme Ubuntu proposent déjà une telle fonctionnalité. En revanche, il part avec un avantage certain : la popularité de l'App Store pour iPhone, iPod Touch et iPad. Quelque part, il s'agit d'une évolution logique : les clients Apple venus au Mac par iOS vont s'attendre à retrouver le même modèle sur leur ordinateur.
Il est vrai qu'il comporte des avantages. Le Mac App Store simplifie le processus d'installation et le rend complètement naturel et transparent pour l'utilisateur : on achète, ça s'installe tout seul, et les mises à jour sont accessibles par la suite en quelques clics, comme sur iPhone ! On apprécie également les conditions d'utilisation généreuses : une application peut être installée sur n'importe quel Mac à volonté, à condition de renseigner son compte iTunes.
Reste malgré tout quelques freins : même si on note de bonnes affaires et les prix de certaines applications existantes en forte baisse, il ne faudra pas s'attendre, dans la plupart des cas, à des prix incitant à l'achat impulsif comme cela peut être le cas sur l'App Store iOS : il n'est pas rare de croiser des applications dépassant les 30, 50 voire 100 euros ! Dans la plupart des cas sauf dans un : celui des jeux ! Le jeu a largement contribué au succès de l'App Store, et il pourrait bien en être de même sur Mac : on trouve déjà nombre de jeux issus des catalogues de l'iPhone ou de l'iPad, et à des prix assez bas pour le coup, même s'ils sont souvent plus élevés que sur leurs équivalents iOS.
En outre, pour les utilisateurs d'applications existantes, des surprises risquent d'être au rendez-vous : certains éditeurs commencent déjà à franchir le pas de la distribution exclusive sur le Store, ce qui oblige un passage à la caisse pour continuer à bénéficier de l'application. Dans le cas de Pixelmator, l'éditeur fait passer la pilule en promettant une mise à jour gratuite vers la version 2.0...
On peut enfin se demander si le modèle s'avèrera aussi rentable pour les développeurs. Les premiers chiffres sont encourageants : 1 million de téléchargements sur la première journée, et des ventes qui semblent s'envoler pour les éditeurs dont les applications sont mises en avant. Néanmoins, les éditeurs s'engagent tout de même à reverser à Apple 30% sur la vente d'une application, et mettent un doigt dangereux dans l'engrenage du processus de validation d'Apple et ses ratés. Steve Jobs a assuré que le Mac App Store ne sera que « le meilleur moyen de proposer ses applications », et pas le seul. Mais comment être sûr que ce sera toujours le cas, et même si c'est le cas, le store ne va-t-il pas à terme éclipser les autres modes de distributions et rendre les applications libres ou ne rentrant pas dans les clous moins visibles, et menacer leur développement ?
Quoiqu'il en soit, il suffit d'observer les nombreuses manoeuvres dans le domaine pour s'apercevoir que chacun bouge ses pions sur un marché qui devrait prendre de plus en plus le pas sur la distribution physique ou même sur le modèle « classique » de distribution en ligne : entre l'annonce récente de la solution de publication et de monétisation d'applications Adobe InMarket, ou le recrutement de développeurs pour le futur kiosque d'applications Android d'Amazon, on n'a sans doute pas fini d'entendre parler d'app stores en 2011...