Critique Tales from the Loop : une série qui (dé)peint l'irréalité

Antoine Roche
Publié le 09 mai 2020 à 16h00
Tales from the Loop

Composée de multiples histoires intrigantes, tantôt déprimantes tantôt bienveillantes, mais toujours chargées d'une ambiance unique et mélancolique, la série Tales from the Loop est à classer dans la colonne des succès vraiment originaux signés Amazon Prime Video.

Dans un contexte où l'offre en matière de séries n'a jamais été aussi pléthorique, le Veilleur d'écran[s] se propose d'être votre guide à travers les saisons. Qu'il s'agisse d'une ancienne série aujourd'hui culte, d'un carton récent ou d'un show plus anonyme, cette chronique vous aidera à ne perdre votre temps qu'en bonne compagnie.

Accompagnez la lecture de cet article avec la musique de la série :


Tales from the Borderloop

« Adapter un roman ou un comics en film ou en série, c'est trop facile... passons à la difficulté supérieure ».C'est peut-être ce que s'est dit Amazon - ou pas du tout du tout - en décidant d'adapter Tales from the Loop. En effet, la série disponible sur Prime Video depuis début avril dernier tire son inspiration originale de... peintures. Plus exactement d'oeuvres signées Simon Stålenhag.

Tales from the Loop

Les travaux les plus connus du Suédois, qui mêlent notamment paysages ruraux de son pays où s'intègrent des éléments de science-fiction au design néofuturiste, ont d'ailleurs déjà servi de base à la création d'un jeu de rôles, puisque l'artiste a créé tout un univers derrière ses peintures. De quoi donner de la matière à la série qui a la lourde tâche de raconter une histoire et de mettre tout cela en mouvements et d'y ajouter du son.


Tales from the Loop se déroule dans les années 80, dans une petite ville que l'on devine être aux Etats-Unis. Il est d'ailleurs dommage de ne pas avoir pris le risque de faire se dérouler l'action en Suède afin de changer un peu de ce que l'on voit déjà beaucoup à la télévision, mais passons. L'intrigue suit différents personnages dans ce coin un peu perdu au centre duquel se trouve The Loop, un centre scientifique souterrain où travaillent de nombreuses personnes. Qu'y font-ils exactement ? Quel est leur objectif ? On ne sait pas trop, si ce n'est que la technologie qui s'y trouve, et dont l'objectif ultime est “d'explorer et de débloquer les mystères de l'univers”, génère bien des évènements étranges dans la ville.

Love, Death and Robots

Vous commencez à me connaître, je pense, je n'en dirai pas plus sur ces fameux évènements, puisqu'une grande partie de l'intérêt de la série réside dans leur découverte. Sachez juste que chaque épisode utilise avec plus ou moins d'imagination et d'explications des éléments assez classiques de la science-fiction pour raconter l'histoire de ses personnages impactés par The Loop.

Tales from the Loop

« Tales from the Loop ne tombe pas dans le piège de terminer tous ses contes par des happy ending »


Car c'est là l'une des spécificités que j'ai préférée de Tales from the Loop : il s'agit - presque - d'une anthologie façon Black Mirror ou surtout The Twilight Zone. En effet, chacun des 8 épisodes s'intéresse uniquement à un personnage (ou deux) à la fois et prend son temps pour raconter le moment où sa vie bascule de manière étrange et unique. Cependant, puisque tout se déroule au même endroit, plus ou moins au même moment, et que certains personnages apparaissent dans plusieurs épisodes en installant ainsi un léger fil rouge, il ne s'agit donc pas d'une véritable anthologie, mais de quelque chose d'un peu hybride.


L'autre élément que j'ai beaucoup aimé dans la série Amazon, au-delà de cette méthode de narration, c'est qu'elle ne tombe pas dans le piège de terminer tous ses contes par des happy ending. Certes il y en a quelques-uns (et heureusement, tout de même), mais la plupart des histoires racontées ne finissent pas de manière idéale et parviennent ainsi à surprendre le spectateur en allant à contrepied de ce qu'il est habitué à souvent voir ailleurs.

Une merveilleuse histoire du temps

Émotionnelle et mélancolique au possible (grâce notamment à la formidable musique entêtante de Philip Glass et Paul Leonard-Morgan), Tales from the Loop rappelle par moments la "non moins éprouvante pour le cœur" The Leftovers. Vos tripes risquent d'être remuées plusieurs fois devant le show, surtout si vous appréciez les séries portées en partie par les enfants (ce qui n'est pas trop mon cas habituellement et pourtant je me suis parfaitement laissé emporté). Les jeunes acteurs et actrices font un travail aussi admirable que celui des adultes, et les quelques défauts du show que j'ai à relever ne sont absolument pas de leur fait.

Tales from the Loop

En effet, et même si j'ai globalement beaucoup aimé Tales from the Loop, j'aurais souhaité que la production aille encore plus loin. Tout d'abord, et malgré une réalisation très soignée, je n'ai pas été visuellement bouleversé comme je l'aurais espéré. La série ne nous offre, à mon sens, que quelques plans véritablement dignes des peintures dont elle tire sa moelle. En outre, les décors mêlant avec délicatesse éléments des années 80 et objets néofuturistes sont bien là, mais l'utilisation de l'univers visuel de Simon Stålenhag est finalement un peu trop timide à mon gout. D'aucuns me diraient que, justement, le matériau de base en impose par sa sobriété et qu'ici la série est fidèle... mais une fois l'étincelle apparue... votre veilleur d'écran[s] veut du feu !


Même chose pour certaines des histoires racontées qui, si elles ne manquent pas toutes d'efficacité et de personnalité, auraient de temps en temps mérité d'aller un peu plus loin (à l'instar d'épisodes des récents reboots d'Amazing Stories et de The Twilight Zone, soit dit en passant). En essayant à tout prix de rester dans sa case de drama sobre teinté de science-fiction, la série se coupe ainsi d'un brin de folie et de légèreté qui aurait peut-être pu lui faire du bien. Cela plaira probablement à l'inverse à ceux qui recherchent avant tout une série posée et humaine qui sait rester dans ses clous pour raconter ses histoires en toute simplicité.

Cette série est pour vous si :

- Vous voulez être spectateur de pleins d'histoires différentes et pourtant liées
- Vous aimez la science-fiction et tout ce qu'elle permet
- Vous cherchez une série chargée en émotions

Cette série n'est pas pour vous si :

- Vous n'aimez pas les séries lentes
- Vous êtes vraiment allergiques aux œuvres portées (en partie) par des enfants
- Vous êtes trop cartésien pour les mystères sans explications précises


La saison 1 de Tales from the Loop est disponible sur Amazon Prime Video. A l'heure où sont rédigées ces lignes, on ne sait pas encore si une saison 2 est prévue.

Antoine Roche
Par Antoine Roche

Journaliste spé culture pop (séries/ciné/JV), technologie (SVoD, OS, apps…) et jeux de mots douteux. Pas forcément dans cet ordre.

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Fulmlmetal

Fan des 4eme dimension et Twilight zone j’étais assez client de ce style de série SF. Les 3 premiers épisodes étaient plutot bon bien qu’un peu ennuyeux mais les 4 suivants étaient vraiment très mauvais et d’un ennui à mourir, je n’ai pas été plus loin.
Sinon, oui c’est lent, ambiance vide, sombre, ca parle peu, on ne comprend pas trop où tout ça mène, on ne comprend pas cet environnement et ambiance étrange, et la musique endort plus qu’elle n’intrigue. donc j’ai arrêté là.
Série que je déconseille

Si vous voulez voir une bonne série étrange optez plutot pour Lock & Keys
Mais, tout ceci n’est qu’un avis perso

Droz

Moi aussi j’ai trouvé ça ennuyeux mais j’ai été très impressionné par la qualité générale de l’image. Je ne sais pas si ils ont utilisé des caméras spéciales mais à des moments c’est vraiment bluffant.

Kahn-San

moi au contraire j’ai adoré, j’ai bien aimé ce coté posé, calme, le rythme lent va très bien avec les histoire.
c’est de la pure Science Fiction, on image, on n’a clairement pas de réponse du pourquoi et du comment tout fonctionne mais perso je m’en fout ^^ j’ai passé un bon moment, tranquille détendu à regarder cette série
mais je comprends bien qu’elle puisse déranger, il n’y a pas ou peu d’action, il n’y a aucune explication sur comment on en est arrivé là, comment tout fonctionne, c’est un peu frustrant, mais c’est aussi ce qui fait le charme de la série je trouve :wink:

MRB

Je n’ai pas encore terminé la série, car mon « compagnon de série » m’a laissé en route, la trouvant trop lente.Moi pour l’instant, j’ai aimé cette lenteur/douceur et cette simplicité. Par contre, en apprenant sa source, grâce à cette critique (merci !), je suis déçue au final de deux points relevés dans l’article (et donc que je partage) : la localisation… au moins en Scandinavie aurait été plus pertinente… et les images manquent d’une dimension artistique (même si la qualité est là, rien de transcendant).

Aristote76

Fan de SF j’ai tenté plusieurs fois mais franchement j’accroche pas du tout, scénario creux, dont on connais la fin dès le début. Un tempo Lent voir ultra lent, pas ou presque de décors en adéquation avec le genre.

Nounours_Psx

espèce de Black Mirror / twilight zone mélancolique, sous couvert de SF ( switch de corps, voyage ou figeage temporel, etc…) bcp de relations humaines et de questions classiques (ralations conjugales, amitiés, amours, habdicap) image et musique au top rythme très lent … pas mal

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