© Netflix
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La quatrième saison de You vient d'arriver sur Netflix, prolongeant les péripéties de Joe Goldberg, dont les dérives n'empêchent pas les amateurs de la série de s'y attacher. Certains s'inquiètent néanmoins de la romantisation du harcèlement en ligne ou hors ligne que le programme met en avant.

On dit souvent que de la fiction à la réalité, il n'y a qu'un pas, et c'est sans doute ce qui inquiète les experts cyber. La première partie de la saison 4 de You vient d'être mise en ligne par Netflix, avec le retour tant attendu par les fans d'un Joe Goldberg toujours aussi obnubilé par la vie des femmes qu'il désire. La série, véritable phénomène, soulève certaines questions auprès d'experts de la sécurité informatique qui s'inquiètent d'une possible banalisation, par la fiction, du harcèlement et du cyberharcèlement.

Le phénomène du « stalkerware », le logiciel espion utilisé dans les relations abusives

Dans le triste courant du harcèlement en ligne existe ce que l'on appelle le « stalkerware », matérialisé par des logiciels pouvant être achetés puis installés sur le smartphone d'une personne que l'on souhaite espionner, et ce, donc, dans la plus grande discrétion. Kaspersky, qui nous alertait déjà en 2020 sur les risques de violences conjugales qu'occasionnent les stalkerwares, saisit l'occasion de l'engouement constaté autour de la série You pour alerter les potentielles victimes.

Kaspersky nous apprend qu'en 2022, pas moins de 29 312 personnes ont été victimes de stalkerwares dans le monde. En France, elles seraient 365, avec des données qui sont en réalité bien plus importantes. « Ce n'est malheureusement que la partie émergée de l'iceberg, car nous disposons seulement des informations provenant des utilisateurs des solutions de sécurité mobile Kaspersky », rappelle honnêtement la firme.

L'hexagone figure parmi les trois pays les plus touchés en Europe par cette pratique du logiciel espion. La Coalition Against Stalkerware, fondée en 2019 par les professionnels Kaspersky, Malwarebytes, NortonLifeLock, Avira et certaines organisations comme l'Electronic Frontier Foundation (qui compte une quarantaine de membres aujourd'hui), considère que l'utilisation de ce type de logiciel pourrait avoisiner le million de cas par an.

Ne pas sous-estimer la puissance de la fiction

Dans la série You, où le stalkerware fait partie de l'arsenal de l'individu intrusif incarné par l'acteur américain Penn Badgley, les comportements de harcèlement font partie du personnage même de Joe Goldberg, ce que Kaspersky dénonce. « Il est important de ne pas romantiser les comportements tels que ceux qui sont reproduits dans "You." Il faut les dénoncer pour ce qu'ils sont : du harcèlement », a réagi Arnaud Dechoux, responsable des affaires publiques chez Kaspersky France. 

« Les chiffres dissimulent des histoires vraies, qui affectent durablement les personnes qui en sont victimes. C'est pourquoi il est important de prendre des mesures actives contre ce phénomène », ajoute-t-il.

La vice-présidente de Una Casa Per L'Uomo, une association italienne d'aide aux victimes, dénonce au travers de la série « des conséquences qui ont des impacts concrets dans la vie réelle de ceux qui subissent (le cyberharcèlement), avec des effets psychologiques, physiques et sociaux à moyen et long terme que nous constatons quotidiennement dans nos centres anti-violence ». La prudence est donc de mise, et mieux vaut toujours protéger l'accès à son smartphone et ne pas partager les éventuels codes et procédures de déverrouillage avec qui que ce soit, pour limiter les risques.

Source : Kaspersky