Renaut Waymo voiture autonome

Serpent de mer de l’automobile, la voiture autonome n’est pas encore une réalité. Du moins dans sa version la plus automatisée, qui lui permet de se passer de conducteur. En revanche, plusieurs niveaux existent, et ceux-là sont une réalité.

En 1959, le magazine Science et Vie imaginait la voiture de 1980, qui devait être soit volante (donc sans roues), soit autopilotée si elle était équipée de roues. Plus de 60 ans plus tard, la voiture volante n'est pas vraiment une réalité. En revanche, la voiture autonome en est une… ou presque, puisque si elle n'a pas vu le jour dans sa forme ultime où le conducteur pourrait se prélasser en laissant la voiture atteindre sa destination sans aucune intervention humaine, elle se décline en plusieurs degrés.

Une hiérarchie existe donc pour segmenter les voitures en cinq catégories distinctes, notamment définies par la norme SAE, qui fait foi dans le segment des voitures autonomes. Ces niveaux sont utilisés par les constructeurs et la presse pour évoquer le niveau d’autonomie d’une voiture.

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Niveau 0 – Aucun système autonome

Il s’agit du niveau le plus bas dans la hiérarchie. Il n’est même pas question d’autonomie ici, puisque seules quelques aides à la conduite basiques permettent à une voiture d’atteindre ce niveau, telles que les warnings automatiques ou les détecteur d’angles morts. Soit des équipements qui permettent d’améliorer la note à l’EuroNCAP, mais en aucun cas de prendre le contrôle sur la conduite. Pris en compte par SAE International, ce niveau n'a aucune pertinence en matière de conduite autonome.

Niveau 1 – Assistance au conducteur

Le conducteur est toujours le seul maître à bord et doit constamment superviser les assistances à la conduite, qui se désactiveront s'il ne montre pas de signes d’attention. Les aides présentes, qui peuvent agir de façon autonome, n’offrent donc qu’un niveau d’assistance à la conduite. 

Mais la marge laissée au système est mince : les aides ne peuvent s’occuper que de la direction ou (on insiste sur le terme) de l’accélération et du freinage. En plus des autres systèmes précédemment cités, une voiture doit s’équiper du régulateur de vitesse adaptatif ou de l’aide au maintient dans la voie pour grimper au niveau 1 en matière de conduite semi-autonome. Cela représente une très grande majorité de voitures disponibles sur le marché.

Niveau 2 – Automatisation partielle de la conduite

Pour atteindre le niveau 2 de conduite semi-autonome, l’évolution est très légère par rapport au précédent grade. Ici, une voiture doit être capable de gérer à la fois la direction et le contrôle longitudinal (accélération et freinage). Une petite différence qui donne un peu plus de responsabilité à la voiture.

Avec les mains sur le volant, le conducteur peut laisser la voiture s’occuper de la direction avec un système de centrage sur la voie et de l’accélération/freinage avec le régulateur de vitesse adaptatif. Entrent aussi en ligne de compte, dans ce niveau 2, les différents systèmes d’assistance dans les embouteillages.

Le système Ford CoPilot assure une conduite "main-libre" sur certaines portions

Niveau 3 – Automatisation de la conduite sous conditions

Ce niveau est le premier pallier vers la véritable voiture autonome. Selon la définition des autorités, le conducteur ne doit pas nécessairement conduire pour garder les assistances actives, mais seulement reprendre la main lorsqu’elles l’estiment nécessaire. Une différence de taille donc, puisque la voiture est suffisamment équipée pour prendre en compte l’environnement extérieur.

C’est ce que propose entre autre le système AutoPilot de Tesla, trompeur dans son nom puisque pas entièrement autonome. Mais il est bridé par le cadre règlementaire, où le niveau de conduite autonome de niveau 3 n’est pas autorisé.

En revanche, ce niveau sera autorisé dans l’Hexagone dès le mois de septembre 2022 : faisant suite au décisions de l’ONU, la France permettra aux voitures de niveau 3 de circuler en toute autonomie (sans les mains sur le volant, mais avec un conducteur derrière ce dernier) dans certaines zones. Et la décision est de poids, puisque le Code de la route a été modifié en conséquence : en cas d’accident, le conducteur pourra être dégagé de toute responsabilité si le système est utilisé correctement. C’est là toute la différence entre une voiture semi-autonome (ou sur-assistée) et la véritable voiture autonome, qui prend les commandes et avertit le conducteur selon les différentes situations rencontrées.

Niveau 4 – Haut niveau d’automatisation de la conduite

C’est à partir de là que la véritable définition de voiture autonome commence à faire sens. Ici, le système ne réclame pas l’intervention du conducteur. Même en cas de danger ou face à d'autres situations complexes, la voiture doit être capable de continuer son chemin ou de prendre les bonnes décisions afin d'éviter un danger.

Mais le cadre est toujours le même, et ces voitures autonomes de niveau 4 ne peuvent évoluer que dans un secteur ou sur un trajet prédéfinis. C’est le cas notamment de quelques taxis ou navettes autonomes, comme la navette Navya de Keolis qui circule entre Saint-Quentin-en-Yvelines et Montigny-le-Bretonneux. A l’image de ces dernières, les véhicules de niveau 4 peuvent se passer de pédales et de commande de direction.

L'Audi Skysphère Concept propose un volant rétractable

Niveau 5 – Automatisation complète de la conduite

La vraie voiture autonome, c’est elle : bardée de capteurs et de radars, elle est capable de rouler en parfaitement autonomie, partout, tout le temps et quelles que soient les conditions. Elle s’affranchit donc de toutes les limites.

Mais bien que de nombreux constructeurs et équipementiers s’efforcent d’atteindre ce niveau ultime, la voiture autonome est encore un rêve lointain : de nombreux paramètres variables peuvent venir compliquer la conduite autonome dans un environnement donné. La route est encore longue avant de laisser cette automobile entièrement autonome en liberté. Au même titre que la voiture volante, elle n'existe que dans la fiction pour le moment.

Reste qu’à ce niveau, de nombreuses questions se pose en cas de danger avec peu d’issues possibles, notamment celles qui mettront en cause la sécurité d'un piéton et celle du conducteur : qui des deux devra être épargné ? Personne ne sait répondre à l’heure actuelle, tant le dilemme est cruel.