Le succès de Peugeot, qui a réussi une montée en gamme éclair grâce en grande partie au 3008, n’a pas échappé à Renault. Le nouveau Austral, qui remplace un Kadjar dépassé dès son lancement, applique les mêmes recettes de montée en gamme : une finition plus léchée, un design travaillé, mais aussi des motorisations électrifiées. Clubic a pu monter à bord en avant-première.
Envers et contre toutes les réglementations, le SUV continue de séduire la clientèle européenne - et Renault est passé à côté dans le segment des modèles compacts. En essayant sans succès de moderniser la formule monospace avec le Scénic et en proposant un Kadjar sans ambition, le Losange a laissé en France la voie grande ouverte au Peugeot 3008, qui a dépassé il y a peu le million d’exemplaires produits.
Avec le changement de direction et l’arrivée à sa tête de Luca De Meo, le constructeur a entamé sa fameuse « Renaulution », qui reprend la stratégie qui a fait le succès du Lion : une montée en gamme combinée à l'électrification. Après la Mégane électrique, l’Austral, présenté en mars 2022, incarne cette nouvelle direction.
Un SUV classique
Au premier abord, l’Austral ne donne pas une sensation d’audace aussi marquée que la Mégane E-Tech. Conforme aux standards du marché, il cherche à rassurer avec des lignes assez musculeuses et germanisantes. Dans son format également, l’Austral joue une partition classique. Avec 4,51 m de long, il se situe dans la moyenne du segment : c’est 6 cm de plus que le 3008 et très exactement la longueur du Volkswagen Tiguan, star européenne incontournable de la catégorie. Même constat en ce qui concerne la longueur et la hauteur. Il s’agit bien d’un modèle cinq places, mais on peut s’attendre à l’avenir à l’arrivée de dérivés sept places rallongés, les jours du Renault Espace étant comptés.
L'Austral repose sur une évolution de la plateforme CMF de l’Alliance, qu’il partage avec le Nissan Qashqai. Il reprend donc la même architecture de trains roulants avec un essieu Mc Pherson à l’avant, et une traverse déformable à l’arrière.
L’Austral s’offre cependant en option sur les hauts de gamme une spécificité « maison », à savoir le système quatre roues directrices 4Control inauguré en son temps par la Laguna 3. Ce système oriente les roues jusqu’à 5° en dessous de 50 km/h puis 1° au-delà. Il a largement fait ses preuves en matière de maniabilité et de comportement routier sur les Laguna, Espace et Talisman. Il entraîne l’adoption d’un train arrière multibras spécifique, tout comme le Qashqai qui en propose un sur ses modèles dotés de jantes de 20 pouces.
Electrifié, mais pas trop
Difficile de lancer un nouveau modèle en 2022 sans proposer des motorisations électrifiées, mais l’Austral ne pousse pas aussi loin le radicalisme que la Mégane E-Tech, proposée exclusivement en version à batterie. Le réalisme commercial sur un segment qui représente 24% des ventes en Europe a dicté sa loi.
Le SUV adopte donc le système hybride simple à boîtes à crabots déjà vu sur l’Arkana, le Captur et la Mégane, mais il est revu de fond en comble sur la nouveauté. Il abandonne le 1.6 atmosphérique d’origine Nissan pour un tout nouveau trois cylindres 1.2 de conception « maison ». L’ingénieur motoriste responsable du projet avec lequel nous avons échangé, Michael Proust, est particulièrement fier de son bébé, qu’il présente comme le moteur ayant le meilleur rendement de la catégorie, grâce notamment à l’emploi d’une pompe à eau pilotée, un cycle de combustion Miller et l’emploi d’une huile à très basse viscosité, rendue possible par le traitement des cylindres (non chemisés) au plasma.
Quoi qu’il en soit, avec 130 ch et 205 Nm de couple, soit respectivement 38 ch et 61 Nm de plus que le 1.6, disponibles beaucoup plus bas dans les tours, il devrait proposer un surcroît de performances et d’efficacité énergétique bienvenu. C’est particulièrement vrai pour les clients de montagne, qui se sont beaucoup plaints du comportement du système e-Tech dans les montées ou descentes de col.
La partie électrique et transmission ont également été revus, avec l’adoption d’une nouvelle batterie à cellules chinoises forte de 1,7 kWh et 400V contre 1,2 kWh et 230V pour l’ancien système. Autant dire que les sensations de conduites devraient être sensiblement différentes des E-Tech actuels pour les deux versions proposées fortes de 160 ch et 200 ch.
Pour l’instant, pas de rechargeable au programme, mais l’éclaté présentant la plateforme du modèle avec un emplacement de batterie prévu en son centre montrait qu’il y avait la place de loger des accumulateurs beaucoup plus imposants… tandis que la trappe à carburant paraît clairement dimensionnée pour accueillir des connecteurs CSS. Quoiqu’il en soit, les deux versions hybrides annoncent des consommations en cycle WLTP particulièrement basses avec 4,6 l/100 km et 105 g/km de CO2, des valeurs extrêmement compétitives pour un SUV de cette taille. Elles ne manqueront pas d’interpeller les sociétés.
La gamme intègre également en entrée de gamme un moteur mild hybrid 48V toujours basé sur ce nouveau 1.2 TCe de 130 ch, lequel propose des émissions de 123 g/km qui devraient lui permettre d’échapper durant quelques années au malus écologique. Enfin, la gamme sera complétée par des versions mildhybrid 12V du 1.3 TCe fortes de 130 et 160 ch, déjà vues sur le reste de la gamme.
Un habitacle spacieux et résolument moderne
L’habitacle de l’Austral est clairement inspiré par celui de la Mégane électrique, dont il reprend en grande partie la planche de bord. Reste que pour les conducteurs des Renault du monde d’avant, le choc va être rude, tant le changement est profond.
La première évolution concerne la finition, qui hausse singulièrement le niveau, tant au niveau de la qualité des matériaux que des assemblages. Il faudra attendre d’essayer des modèles de série définitifs pour se faire une opinion définitive, mais l’Austral ne semble plus avoir de leçons à recevoir de Volkswagen… d’autant plus que ce dernier a très nettement baissé la garde sur le sujet.
C’est cependant l’environnement numérique qui change complétement par rapport à la gamme actuelle de Renault. L’Austral reprend en effet sur ses deux écrans de 12 pouces, dont le deuxième est placé de manière verticale et orienté vers le conducteur, un système multimédia animé par Android. Rigoureusement identique à celui de la Mégane que nous avons pu tester, il profite des mêmes caractéristiques d’intuitivité et de facilité de mise à jour « Over the Air ».
L’Austral aura droit à un assistant de conduite prédictif pour économiser du carburant et à des aides à la conduite de niveau 2 équivalentes au Travel Assist de Volkswagen. Il sera ainsi capable d’adapter sa vitesse au rayon de courbe. Enfin, son aménagement profite d’une banquette coulissante assez rare parmi ses concurrents. De quoi proposer au choix une habitabilité à l’arrière royale ou un coffre au volume de 555 dm3 VDA (20 dm3 de moins sur le full hybrid).
A noter enfin une petite originalité d’aménagement au niveau du poste de conduite : un repose main coulissant qui intègre la recharge pas induction et recouvre au choix l’emplacement du téléphone ou un autre rangement.
Arrivée au dernier trimestre 2022
Evidemment, Renault ne diffuse aucune structure de gamme ni même des prix pour l’Austral. On sait cependant que la gamme comptera deux déclinaisons haut de gamme dont une baptisée « Esprit Alpine » à tendance sportive, qui apparaît comme la dotation remplaçante de la R.S. Line encore existante dans la gamme.
Comme il se doit, la couleur bleue y est déclinée à l’envi à l’intérieur avec force surpiqûres sur la sellerie en Alcantara, tandis que l’extérieur abandonne ses chromes satinés au profit du noir et s’offre des jantes spécifiques. Pour autant, il ne s’agit que d’une ligne au traitement assez subtil.
Quoiqu’il en soit, l’arrivée en concession pour ce SUV produit dans l’usine espagnole de Palencia est prévue au dernier trimestre 2022.