Shunfei Pu pensait certainement faire un excellent investissement © aijiro / Shutterstock
Shunfei Pu pensait certainement faire un excellent investissement © aijiro / Shutterstock

Un coup de maître de l'escroquerie immobilière, voilà ce qu'a vécu Shunfei Pu, victime d'une fraude qui lui a coûté un million d'euros. Il n'aura fallu qu'une seule signature pour que ses escrocs se sauvent avec le pactole.

Si certains se creusent un peu la tête pour monter des arnaques immobilières, comme Shray Goel par exemple, d'autres visent plus simple. Shunfei Pu, investisseur de 35 ans, a été dépouillé par deux fraudeurs notoires dans une affaire d'investissement immobilier. Aujourd'hui, les responsables sont poursuivis devant le tribunal judiciaire de Paris. Comment ces deux voleurs ont-ils pu dérober un million d'euros en se servant d'une signature ?

Un stratagème simple mais ingénieux

Tout a commencé lorsque Shunfei Pu a acquis des parts dans une société civile immobilière (SCI) en janvier 2022. Cette dernière, baptisée Le Petit Suchet, était propriétaire de deux appartements parisiens, un investissement plutôt sûr, à priori. Le souci, c'est que les deux marchands de bien à qui il a eu affaire pour cette acquisition sont des escrocs bien connus de la justice : originaires de Saint-Brice (Val d'Oise), les deux frères avaient déjà été mis en examen dans le cadre d'une vaste opération de fraude immobilière. Celle-ci concernait également 17 autres personnes, qui ont toutes été mises en cause en 2019.

Quelques mois après l'acquisition, les frangins avaient réussi à regagner le contrôle de la SCI, par une cession de parts frauduleuse en date du 26 juillet et enregistrée le 8 septembre au tribunal de commerce. Comment est-ce possible ? Très simplement, les deux charlatans ont en réalité imité la signature de Shunfei Pu, en caractères chinois.

Le concerné déclare : « Ils sont parvenus à voler ma société en falsifiant ma signature ». Celui-ci s'est appuyé sur une expertise graphologique du cabinet LFD criminalistique. La manœuvre révélée par le cabinet est assez étonnante, puisque l'expertise a prouvé qu'il s'agissait d'une superposition exacte des deux signatures. Pu, plutôt médusé, s'étonne : « C'est dingue ce qu'ils ont fait, photoshoper ma signature ! À leur place, j'aurais quand même essayé de la changer un peu… ».

 Une arnaque presque trop simple  © Kittisak Jirasittichai / Shutterstock
Une arnaque presque trop simple © Kittisak Jirasittichai / Shutterstock

Conséquences de l'arnaque

L'usurpation ne restera pas impunie, et Pu est aujourd'hui assisté de son avocat, Me Jean-Marc Descoubès. La bataille judiciaire est lancée avec pour objectif d'annuler cette cession frauduleuse et que Pu recouvre son million d'euros. Me Descoubès affirme « nous allons user de toutes les voies judiciaires possibles pour récupérer cet argent ». Toutefois, il semble reconnaître volontiers la « naïveté et l'excès de confiance » de son client.

Les désagréments pour Pu ne s'arrêtent pas là et vont désormais au-delà du matériel. L'affaire a pris une tournure un peu plus sombre lorsque ce dernier a été victime de deux tentatives de cambriolage, commises le 17 et le 18 novembre. « Depuis que j'ai déposé le dossier au tribunal, des personnes sont venues chez moi et ont tenté de forcer l'entrée » explique-t-il. Pu a pu reconnaître l'un des deux escrocs lors de la deuxième. De ce fait, Pu craint pour sa propre sécurité et on peut très bien imaginer qu'une agression à domicile soit dans les cordes des deux criminels. Une situation plutôt angoissante, qui a mené Pu à consulter un psychologue. Ce dernier lui a diagnostiqué un « un stress post-traumatique » accompagné « d'une humeur dépressive, des insomnies avec cauchemars, la peur de sortir ».

Suite de l'affaire au mois de mars prochain, moment où aura lieu la première audience. Un fait assez surprenant semble pertinent à relever dans cette histoire : l'absence totale de vérification en profondeur des signatures de la part du greffe lors de la cession des parts. Une faiblesse du système dont les voleurs ont su profiter comme il le fallait.

Source : Le Parisien