Conscients de leur dépendance aux réseaux sociaux, comme TikTok par exemple, les personnes âgées de 18 à 25 ans concernées peuvent trouver du soutien dans ce centre psychiatrique pour jeunes adultes.
40 heures par mois. Ce chiffre paraît anodin en soi, mais lorsqu'on l'associe à l'utilisation moyenne des Français sur les réseaux sociaux, comme TikTok, il devient tout de suite plus problématique. Et pour cause, l'algorithme puissant de la plateforme détermine précisément ce que l'utilisateur est venu chercher et l'invite à scroller toujours davantage sur la vidéo suivante qu'on lui suggère. C'est ce qui s'appelle se perdre sur les réseaux sociaux. Des 5 minutes de distraction qu'on s'était promis de passer devant TikTok pendant la pause café, on se retrouve à avoir fait défiler plus de 2 heures de vidéos.
C'est ce qui a poussé l'UE à siffler la fin de la récré pour la plateforme chinoise (et YouTube) en 2023 en leur demandant de détailler leurs actions pour garantir la protection des mineurs en ligne.
En Suisse, on prend le problème très au sérieux. Une nouvelle clinique traite les jeunes adultes dépendants aux réseaux sociaux. Et la demande est plus importante que jamais.
Des symptômes allant de la dépression aux troubles anxieux provoqués par l'addiction aux réseaux sociaux
La clinique privée de Meiringen, chargée des soins psychiatriques de base dans le canton de Berne, a ouvert un nouveau site à Thoune, une commune voisine, spécialement dédié à ces troubles. Depuis le début de cette année, les jeunes adultes âgés de 18 à 25 ans concernés peuvent bénéficier de soutien au sein du centre psychiatrique dédié.
Stephan Kupferschmid, médecin-chef et directeur du centre, explique le fondement de ce projet : « Lorsque de jeunes adultes sont traités chez nous pour des dépressions ou des troubles anxieux, les médias sociaux ont une grande influence. Et très souvent ce qui les stresse le plus, ce sont ces réseaux sociaux ».
Le médecin qualifie l’application chinoise d' « aspirateur à attention. On fait quelque chose même si ce n'est pas bon pour nous, parce que le frisson à court terme l'emporte sur les conséquences à long terme. Une caractéristique typique de la dépendance », poursuit-il.
Au programme, thérapies de groupes et individuelles et… réseaux sociaux
Combattre le mal par le mal pourrait être le mantra de la clinique. C'est en tout cas ce que pense Stephan Kupferschmid. Il ne souscrit pas à l'idée d'interdire la consommation médiatique.
L'approche consiste plutôt à élaborer une solution en collaboration avec les personnes concernées. La clinique opte pour la thérapie comportementale dialectique, offrant des séances individuelles deux fois par semaine, en plus des thérapies de groupe qui se tiennent de trois à quatre fois par semaine. Le programme inclut également des activités telles que le sport, la peinture et la pleine conscience. Les jeunes sont encouragés à acquérir des compétences pour organiser leur quotidien de manière autonome et à explorer des alternatives à la consommation des réseaux sociaux.
C'est également l'avis de Lulzana Musliu, responsable politique et médias pour la fondation suisse Pro Juventute qui conseille plus l'apprentissage des bonnes pratiques des réseaux sociaux plutôt que leur interdiction. « TikTok fait désormais partie du quotidien. Il serait irréaliste de prétendre que les réseaux sociaux vont disparaître », explique-t-elle.
03 mars 2024 à 10h12
Selon la récente étude réalisée sur 400 000 familles et écoles à travers le monde par Qustudio, société spécialisée dans le contrôle parental, en 2023, TikTok continue de captiver les enfants, qui ont passé 112 minutes par jour en moyenne au niveau mondial sur cette application, contre 107 minutes en 2022. Bien que YouTube reste la plateforme de streaming la plus populaire, les enfants français ont passé 120 % de temps en plus sur TikTok, leur consacrant respectivement 50 et 100 minutes par jour.