Les nouvelles combinaisons sont adaptées aux sorties spatiales (mais ressemblent aux normales) © SpaceX
Les nouvelles combinaisons sont adaptées aux sorties spatiales (mais ressemblent aux normales) © SpaceX

Développées sur fonds propres avec le programme spatial privé Polaris, ces combinaisons qui font double emploi seront portées à l'intérieur et à l'extérieur à l'occasion de la première sortie spatiale (EVA) privée de l'Histoire. De quoi fournir des vues extraordinaires à haute altitude, mais aussi de préparer l'avenir pour SpaceX.

Le milliardaire Jared Isaacman a décidé il y a déjà une demi-décennie de mettre une large part de sa fortune au service de sa passion pour le secteur spatial. Ainsi, après avoir réalisé le premier vol touristique de la capsule Crew Dragon avec Inspiration4 (aventure qui fit l'objet d'un documentaire sur Netflix et qui a levé de nombreux fonds caritatifs), il a mis en place le projet Polaris, directement avec SpaceX.

Et les ambitions sont élevées : pour la mission Polaris Dawn, Isaacman a souhaité aller encore plus loin que la coupole panoramique dont il disposait la dernière fois et faire une sortie extravéhiculaire. Cela a vite soulevé un double challenge, car Crew Dragon n'était pas prévue pour ça, et SpaceX ne disposait pas de scaphandres adaptés à des sorties spatiales. En effet, les combinaisons des astronautes portées depuis 2020 au sein des capsules de SpaceX sont belles et bien pressurisées, mais elles ne sont pas adaptées à des cabrioles dans le vide. Elles sont juste suffisantes pour garder les astronautes en vie si la capsule se dépressurise par accident.

De la protection et du design

Depuis deux ans, les spéculations vont bon train sur les scaphandres développés par SpaceX, en partenariat très proche avec Jared Isaacman, qui n'est pas que mécène ! Ce dernier compte bien évidemment enfiler la nouvelle combinaison et aller lui-même faire quelques saltos comme Alexei Leonov ou Ed White avant lui. Et c'est ce 4 mai que SpaceX et Polaris ont choisi pour montrer le résultat. Visuellement, le style est une évolution directe et peu prononcée des combinaisons actuelles. Pourtant, le diable se cache dans les détails.

D'abord, SpaceX a travaillé sur la mobilité, en particulier des mains, des poignets et des épaules, avec de nouvelles jointures semi-rigides. Il y a également la question de l'isolation à la chaleur, pour résister au très chaud côté Soleil et aux températures très négatives à l'ombre. Pour cela, on trouve encore des matériaux souples, avec plusieurs couches d'un isolant développé à l'origine pour la fusée Falcon 9 et le revêtement intérieur de Crew Dragon. Enfin, SpaceX a travaillé sur la résistance extérieure, et sur une version revue et corrigée de son casque étanche. En plus d'un nouveau viseur (qui intègre à l'intérieur un affichage LED tête haute – HUD), le casque est équipé d'une caméra, de plusieurs capteurs et, là aussi, de nouvelles jointures.

Le casque a fait l'objet d'un travail spécifique © SpaceX
Le casque a fait l'objet d'un travail spécifique © SpaceX

Rendez-vous 700 kilomètres au-dessus des terres inconnues

Évidemment, le scaphandre fait jaser, puisqu'il est minimaliste lorsqu'on le compare aux combinaisons EMU utilisées par les astronautes depuis les années 80, qui sont de véritables petits véhicules spatiaux indépendants. Mais la comparaison s'arrête vite. Les scaphandres de SpaceX ne sont pas autonomes, ils devront rester attachés et recevoir leur oxygène d'ombilicaux reliés à l'intérieur de la capsule. Ils ne sont pas faits pour travailler 7 à 8 heures à l'extérieur et n'offrent pas à leurs occupants les mêmes conditions de souplesse théorique (les matériaux souples se gonflent et se rigidifient rapidement dans le vide spatial).

Pourtant, il s'agit d'un « premier jet » qui fera date si Jared Isaacman et ses compagnons de vol réussissent leur pari et sortent observer la Terre dans un grand saut, le tout à 700 kilomètres d'altitude comme cela semble prévu pour cet été. Sur son site, SpaceX prévient que son vêtement a été conçu dès le début pour, à terme, équiper de futurs astronautes sur la Lune et Mars.

Source : SpaceNews