Comme les quelques rares modèles de livres électroniques déjà disponibles sur le marché français, le Reader de Sony embarque la technologie d'encre électronique e-Ink. L'écran monochrome, au format A5, n'est donc pas rétroéclairé, et utilise une affichage basé sur de minuscules billes d'encre, qu'il suffit de faire traverser par un courant électrique pour que leur état passe du noir au blanc. Cette technologie permet donc de limiter la consommation d'énergie au changement de page d'un livre électronique, et assure au Reader une autonomie de 6000 pages selon Sony. Autre argument en faveur de cette technologie : très net, l'affichage n'est pas rafraichi comme sur une dalle LCD, et n'entraine donc aucune fatigue visuelle.
Avec un poids de 260 grammes et une épaisseur de 8 millimètres, le Reader dispose d'une sortie casque destinée à l'écoute de livres audio, et permet d'afficher une vaste palette de formats allant des images (JPEG, etc., en noir et blanc) au PDF en passant par certains types de fichiers bureautiques (les .doc sont par exemple acceptés, mais convertis en .rtf). On dispose d'une navigation sous forme de liens hypertextes au sein des sommaires et index, de menus détaillés, et de trois tailles d'affichage de texte. Un accessoire, vendu 60 euros, permettra de pallier l'absence de rétroéclairage pour par exemple lire dans l'obscurité.
S'il est possible de charger ses propres contenus au sein du Reader, Sony et ses partenaires entendent bien mettre en avant le téléchargement payant de contenus spécifiques au Reader. Quelque 2.000 titres devraient être disponibles au lancement, dont certains best-sellers attendus comme le dernier Amélie Nothomb. Le prix précis de ces ouvrages reste à définir, mais l'on parle d'un tarif « inférieur de 10 à 15% à la version papier ». Les livres électroniques devraient donc être vendus entre 10 et 20 euros la pièce, un tarif élevé qui risque d'en refroidir plus d'un.
Il faudra par ailleurs se plier à quelques contraintes techniques : encore réticents à l'idée de diffuser leurs productions sous forme électronique, les éditions Hachette tiennent sans surprise à ce qu'un système de gestion des droits numériques, ou DRM, soit utilisé par Sony. Le fabricant japonais indique avoir fait appel à une technologie signée Adobe, qui permettra de restreindre le transfert d'un livre électronique à un seul et unique lecteur de type Reader. Les transferts devront donc être faits au moyen d'un logiciel fourni, e-Book Library. Les DRM d'Adobe seraient toutefois suffisamment souples pour qu'un éditeur puisse décider d'étendre les droits alloués à un fichiers. Relativement frileux, ces derniers risquent toutefois d'opter pour la solution la plus restrictive.
Accessible en précommande dès maintenant, le Reader de Sony sera disponible de façon effective dans le courant de la seconde quinzaine d'octobre. L'appareil sera vendu aux alentours de 299 euros. Dans un second temps, les différents partenaires impliqués dans ce lancement espèrent pouvoir ouvrir le Reader à la presse (voir l'initiative des Echos en la matière).
Inspirée des deux ans d'expérience de Sony aux Etats-Unis et du succès d'opérations comme le Kindle d'Amazon, la mécanique Reader parait bien huilée. Prendra-t-elle au pays des Lumières, où bon nombre de lecteurs manifestent un attachement tout particulier au papier ? Sony admet que le pari n'est pas gagné, mais compte sur les qualités intrinsèques de son lecteur et sur ses partenaires de poids pour le remporter. Reste à savoir si les amateurs de gadgets seront séduits par ce concept alors que fleurissent sur des plateformes comme l'iPhone ou les smartphones Windows Mobile les applications dédiées à la consultation de livres électroniques. Des terminaux certes moins confortables pour une lecture de longue durée, mais qui sont déjà présents dans bon nombre de poches.