Le chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, intervient dans le débat relatif à la numérisation et à l'indexation sur le Net de millions de livres. Le président de la République n'a pas nommé Google. Toutefois, M. Sarkozy a déclaré mardi qu'une société, américaine qui plus est, ne saurait « spolier » le patrimoine littéraire de la France. Combat d'arrière garde ou résistance nécessaire ?
Depuis l'intervention anti-Google de Jean-Noël Jeanneney en 2005, prédécesseur de Bruno Racine à la présidence de la Bibliothèque nationale de France (BNF), le discours des dirigeants français sur le sujet n'a pas ou peu changé. A leurs yeux, la France et l'Europe devraient s'appuyer sur un groupe d'acteurs des secteurs public et privé pour numériser leurs ouvrages.
Ont-ils oublié le fiasco de Quareo, projet franco-allemand de moteur de recherche multimedia ? Ont-ils conscience que les bibliothèques numériques européennes peinent à monter en puissance ? Pensent-ils que l'Etat soit mieux placé qu'une société privée pour faire progresser l'économie numérique ? Le libéralisme (responsabilité individuelle, moindre intervention de l'Etat, libre entreprise) existe-t-il en France ?
« Nous ne nous laisserons pas dépouiller de notre patrimoine au profit d'une grande entreprise, peu importe qu'elle soit accueillante, grande ou américaine », a souligné le président français, le 8 décembre, lors d'une intervention dans le Nord-Est du pays. Nicolas Sarkozy a ajouté à cette occasion que le projet national de numérisation de livres fera partie des priorités du 'grand emprunt' censé remettre la France sur les rails de la croissance.
Il est vrai que Google, société californienne née en septembre 1998, n'est pas exempte de défauts. Il est bon que des internautes, éditeurs, auteurs, organisations de défense des droits numériques et juristes lui rappellent ses obligations en termes de rémunération des ayants droit, de droits d'auteur, de protection des données, de libre expression, etc. Toutefois, Google est une véritable réussite commerciale et plus d'un jeune apprécierait d'y faire ses classes.
En cinq ans, Google aurait numérisé plus de 10 millions de livres, 2 millions seraient entrés dans le domaine public, 2 autres millions auraient été indexés avec l'autorisation expresse des ayants droit, 6 millions seraient épuisés dans leur version imprimée, mais toujours protégés.