En partant du principe que la France cherche à faire numériser un catalogue d'environ 15 millions de livres, il estime « qu'avec les moyens actuels de la BnF, il faudrait environ 750 millions d'euros et 375 ans pour numériser l'ensemble des ouvrages », alors que les délais pourraient être ramenés à dix ans en cas d'accord avec Google.
En France, le débat fait rage depuis 2006. A cette époque, la BnF est dirigée par Jean-Noël Jeanneney, qui voit d'un très mauvais oeil le programme de numérisation systématique des livres qu'est en train de construire Google. A plusieurs reprises, il s'insurge contre Google Book Search, et affirme que la France ne doit surtout pas laisser son patrimoine tomber entre les mains d'une société étrangère.
Aujourd'hui, la Culture et la BnF ont adopté une position moins véhémente, mais personne n'a encore réussi à trouver un modèle qui permettrait de concilier l'exigence de numérisation aux moyens consentis. D'où l'idée, récurrente, de se tourner vers Google. Reste à mettre sur pied un accord susceptible de convenir au numéro un mondial de la recherche en ligne, qui souhaite pouvoir rentabiliser les investissements que représente la numérisation.
Dans son rapport, Yann Gaillard dit donc approuver la suggestion déjà formulée par la mission Tessier proposant, « dans le cadre d'un partenariat avec Google, d'échanger des fichiers, ou à défaut de mettre en place une filière commune de numérisation ».
Il souligne toutefois que le « principal enjeu pour les éditeurs, et donc pour le maintien de la diversité éditoriale, est de ne pas se trouver dans l'obligation de vendre leurs livres à un prix très bas à un libraire numérique qui serait en situation de quasi-monopole » et propose donc la mise en place d'une « entité coopérative réunissant les bibliothèques publiques patrimoniales et les éditeurs », qui fournirait au lecteur une offre exhaustive. Rien ne dit toutefois que Google ait envie de s'associer à un tel projet...