Une nouvelle ruée vers l'or, que la Chine mène pour le moment avec brio © Scharfsinn / Shutterstock
Une nouvelle ruée vers l'or, que la Chine mène pour le moment avec brio © Scharfsinn / Shutterstock

À quelques milliers de kilomètres à vol d'oiseau de notre beau pays, il y en a un autre qui assoit doucement sa position en tant que futur leader planétaire de l'hydrogène vert : la Chine.

L'Empire du Milieu continue sur sa lancée et commence à devancer sérieusement tous les autres pays sur ses capacités de production d'hydrogène vert (produit principalement à partir d'électrolyse de l'eau). Dans un contexte de raréfaction des énergies fossiles, l'hydrogène devient progressivement le centre de l'attention. Si la Chine n'a pas la chance d'être assise, comme nous, sur la plus grande réserve d'hydrogène blanc au monde, le pays concentre ses efforts sur la production de ce précieux gaz. Des efforts justement récompensés, si l'on en croit les résultats de l'année 2023.

Le déploiement de l'hydrogène à l'échelle locale

La Chine, pays centralisé par excellence, montre en revanche qu'elle est capable d'instaurer une vraie dynamique provinciale dans sa course à l'hydrogène vert. Pour rappel, la Chine est composée de 23 provinces, cinq régions autonomes, quatre municipalités (Beijing, Tianjin, Shangai et Chongqing) et deux régions administratives spéciales (Macao et Hong-Kong). Parmi toutes ces entités, elles sont déjà 27 à avoir déjà établi des plans afin d'accélérer le développement de la production d'hydrogène. Si les échéances varient (de 2025 à 2035), l'ambition derrière est semblable : l'utilisation et la production massives d'hydrogène vert à long terme.

Les progrès à l'échelle nationale

Au niveau national, la Chine souhaite même dépasser ses prévisions. Alors qu'elle envisageait la mise en circulation de 50 000 véhicules à l'hydrogène d'ici à 2025, ce nombre est passé à 117 000. Une avancée remarquable, mais qui reste marqué par une forte hétérogénéité au niveau territorial. En effet, ce sont huit provinces majeures (Shanxi Beijing, Guangdong, Shangdong, Hebei, Pékin, Shanxi, Jiangsu et Shangai) qui vont concentrer cet effort de déploiement. Effectivement, chacune ambitionne de déployer 10 000 de ces véhicules jusqu'à 2025.

Un autre indicateur très parlant prouve également le dynamisme du secteur : celui de la vente des véhicules à hydrogène. Ceux-ci ont vu leurs ventes augmenter de 44,8 % sur les onze premiers mois de l'année 2023. Une belle hausse, même si elle concerne en grande partie les véhicules lourds.

L'usine d'hydrogène vert de Sinopec à Kucha, un des plus grands sites au monde © Sinopec
L'usine d'hydrogène vert de Sinopec à Kucha, un des plus grands sites au monde © Sinopec

Infrastructures et expansion industrielle

Un autre témoin de l'engagement solide du pays dans la transition vers cette énergie alternative au pétrole : l'expansion massive des infrastructures destinées à produire ou à dispenser de l'hydrogène. Au niveau national, 439 stations de ravitaillement sont désormais fonctionnelles, toutes provinces confondues et sans compter le Tibet. La province du Guangdong se distingue particulièrement, puisqu'elle en accueille 60.

Du côté de la production, les progrès sont également remarquables. L'année 2023 a été celle des grands projets : la gigafactory appartenant à Sinopec (une des plus grandes compagnies pétrolières d'état en Chine) à Kucha, dans la région du Xinjiang, déjà opérationnelle et destinée à produire 20 000 tonnes d'H2 par an. Sinopec ne compte pas s'arrêter en si bon chemin, puisque l'entreprise a déjà prévu de construire une installation encore plus importante en Mongolie-Intérieure, à Ordos en 2025.

Ces projets font partie intégrante du gigantesque plan de Sinopec, qui vise à produire 500 000 tonnes annuelles d'hydrogène d'ici l'année prochaine. D'autres acteurs mettent également la main à la pâte, comme China Energy Engineering Corporation Ltd. L'entreprise construit actuellement cinq sites de production, dont celui de Songyuan qui fonctionnera uniquement à l'énergie solaire. Il est tout de même attendu pour produire 45 000 tonnes par an.

L'année 2023 a été très prolifique pour la Chine, qui continue d'affirmer sa position sur le marché mondiale de l'hydrogène. Un panorama plutôt positif, même si certaines réalités tempèrent ce constat. En effet, ce nouvel El Dorado risque de creuser les inégalités territoriales en laissant certaines provinces à la traîne. Même si l'industrie chinoise de l'hydrogène progresse à vitesse grand V, il est important de souligner que celle-ci reste en partie dépendante des subventions gouvernementales pour fonctionner. Le pays a dû affronter dernièrement des pertes sèches dans deux secteurs en raison de la concurrence : les piles à combustibles et les électrolyseurs. Cet élan industriel ne pourra se maintenir que si la Chine parvient à le soutenir financièrement de manière stable.

Source : H2 Mobile