Le verdict est tombé ! 10 fabricants et 2 distributeurs vont devoir s'acquitter d'une amende record de 611 millions d'euros pour avoir mis en places des pratiques anticoncurrentielles. Leur objectif était on ne peut plus simple : augmenter les prix de ventes, et donc les recettes, par le biais d'un système d'ententes entre fabricants et distributeurs.

Pendant 7 ans, les prix de vente des appareils électroménagers ont été artificiellement gonflés © Shutterstock / BestPhotoPlus
Pendant 7 ans, les prix de vente des appareils électroménagers ont été artificiellement gonflés © Shutterstock / BestPhotoPlus

L’Autorité de la concurrence française vient de frapper un grand coup ! 611 millions d'euros d'amendes viennent d'être infligées à 12 acteurs du marché de l'électroménager dans le cadre de pratiques d'ententes verticales ayant eu lieu sur une longue période, entre 2007 et 2014.

Une entente qui visait à contrer l'essor du commerce en ligne

Au tournant des années 2010, alors que les plateformes de vente en ligne commençaient à séduire les consommateurs, plusieurs fabricants, ainsi que deux distributeurs français historiques (Boulanger et Darty), ont mis en place des stratégies afin de maintenir leurs marges et limiter la concurrence.

Les leviers actionnés semblaient bien huilés. Les fabricants communiquaient ainsi des prix de vente "conseillé" et s'assuraient ensuite de leur application, tandis que certaines mesures discriminantes pour les magasins en ligne avaient cours : retards de livraisons, arrêts d’approvisionnement ou mise en place de systèmes de distribution sélective.

Bien conscient du caractère illégal de ces pratiques, qui ne sont autres qu'une entente verticale de fixation du prix de vente au détail, ces nombreux acteurs recouraient à des échanges codés qui prouvent, selon l'Autorité de la concurrence, qu'elles étaient institutionnalisées. Au final, les distributeurs en ligne, qui proposaient des prix plus compétitifs, se voyaient ainsi exclus ou limités dans leurs activités, notamment par des interdictions de commercialiser certaines références. De son côté, le consommateur ne pouvait donc profiter des prix les plus attractifs. L'Autorité de la concurrence souligne par ailleurs l'important poids qu'ont pu avoir les deux distributeurs dans cette affaire, notamment car ils s'assuraient systématiquement que les produits vendus dans leurs magasins ne se retrouvaient pas moins cher en ligne.

611 millions d'euros, une addition salée

Parmi les entreprises sanctionnées, on retrouve Candy, Indesit, Whirlpool, Smeg, SEB, Electrolux, Miele, BSH, Eberhardt ou encore LG, ainsi que les distributeurs français, Boulanger et Darty. Au total, les 12 amendes infligées par l'Autorité de la concurrence s'élèvent à 611 millions d'euros. L'amende la plus salée revient à SEB, qui devra s'acquitter de 189,5 millions d'euros, tandis que les distributeurs régleront 89,35 millions d'euros pour Boulanger, et 109 millions pour Darty. La plupart des acteurs ont pris acte du verdict. SEB a néanmoins indiqué dans un communiqué qu'il formera un recours devant la cour d'appel de Paris.

Il faut dire que les faits reprochés sont graves. Les prix des produits de gros et petit électroménager sont en effet restés artificiellement élevés pendant près de sept ans, privant les acheteurs des avantages financiers qu’aurait apporté un marché pleinement concurrentiel. Par ailleurs, les distributeurs émergents, principalement actifs en ligne, ont été fortement impactés. Selon l’Autorité, près de 95 % des distributeurs présents sur Internet au début de ces pratiques illégales ont disparu ou ont été rachetés par des acteurs traditionnels… comme Darty et Boulanger !