WhatsApp transforme la vie de quartier. Nés pendant le Covid, les groupes de voisins persistent et deviennent de véritables forums numériques de proximité, entre entraide et débordements parfois houleux.
Fini le temps où l'on toquait à la porte du voisin pour emprunter du sel. Aujourd'hui, c'est sur WhatsApp que se joue la nouvelle sociabilité de quartier. Une étude de l'Ined (Institut national d'études démographiques) relayée par Ouest-France révèle que 57% des Français utilisent désormais les outils numériques pour communiquer avec leurs voisins. Une tendance qui dessine un nouveau paysage social, partagé entre bienveillance numérique justement, et surveillance de proximité.
Les groupes WhatsApp, ces nouveaux gardiens du quartier connecté
La vigilance collective s'organise désormais sur WhatsApp, vous n'y avez peut-être pas échappé. Des points de deal aux colis égarés, en passant par les chats à nourrir pendant les vacances, ces groupes sont devenus de véritables postes d'observation numériques. À Nantes par exemple, une rue de soixante habitants coordonne carrément sa vigilance via l'application. « On alerte, on partage, ça rassure », témoigne Nathalie, 59 ans, membre très active de son groupe de quartier.
L'entraide prend aussi une nouvelle dimension grâce à ces boucles de discussion. Une pioche à emprunter ? Une remorque pour la déchetterie ? Un diable pour déménager ? Pas de souci chers amis, en quelques minutes, les réponses affluent. Et pensez bien que cette solidarité numérique transcende même les générations, en créant parfois un lien social inédit dans des quartiers auparavant impersonnels.
Mais attention aux débordements, car on connaît le revers de la médaille. Ces groupes peuvent rapidement se transformer en arènes virtuelles où… les tensions s'exacerbent. L'humain ne se refait pas. À Rennes, dans un ensemble d'immeubles, les discussions s'enflamment régulièrement autour de sujets sensibles comme les intrusions d'adolescents ou les vols de vélos. Et à la fin, « Il arrive que ça dégénère », confie Suzanne, 34 ans, désespérée.
Le côté obscur des discussions entre voisins
Étonnamment, cette hyperconnexion de voisinage ne se traduit pas toujours par des relations plus profondes dans la vraie vie. Les échanges numériques quotidiens ne débouchent que rarement sur de véritables liens sociaux. Suzanne en témoigne : « On se dit bonjour, c'est cordial, mais sans plus », observe-t-elle, en soulignant le paradoxe de cette proximité virtuelle.
Pour pallier ces dérives potentielles, des solutions un peu plus encadrées sont en train ou ont émergé. Des applications comme Inch, ChouetteCopro ou Ma Vie de Copro, que vous connaissez peut-être déjà, proposent désormais des espaces de discussion modérés par les syndics. Voilà une évolution qui témoigne du besoin d'organisation dans ces nouveaux espaces numériques de voisinage qui ont rapidement pris un peu trop de place.
Ce que l'on sait, c'est que l'avenir de ces groupes semble d'ores et déjà assuré. Pourquoi ? Parce qu'ils répondent à un besoin réel de communication de proximité immédiatement accessible (vive le smartphone), même si celle-ci reste principalement utilitaire. Entre le partage d'un moule à tarte et l'organisation d'un ramonage collectif, ces groupes WhatsApp dessinent une nouvelle forme de lien social, plus pragmatique que chaleureux, mais définitivement ancré dans nos habitudes de voisinage.
Source : Ouest-France