Les éditeurs de navigateurs se sont lancés dans une course effrénée à la recherche de performances et de nouvelles fonctionnalités plus ou moins utiles. Qu'il s'agisse d'optimiser la gestion des onglets, de vous assister via une intelligence artificielle ou, plus récemment, de vous apporter un peu de zen. La quête du navigateur Web parfait ne finira-t-elle donc jamais ?
Sur un PC, le navigateur est l'application la plus utilisée. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Google lançait Chrome OS en 2011. L'idée qu'un navigateur puisse supplanter un système d'exploitation et se suffire à lui-même a émergé assez tôt dans ma tête. J'ai passé ces 25 dernières années à essayer de repousser leurs limites. En commençant par exploiter, sans même le savoir, les failles de sécurité d'Internet Explorer. La barre des favoris finissait par accueillir des dossiers de raccourcis .lnk permettant d'ouvrir directement des logiciels installés sur Windows XP, voire des dossiers contenant des fichiers MP3. Mais quelle idée !
Le web devait devenir la plateforme principale, alors jongler régulièrement entre les navigateurs tout-en-un allait devenir une habitude... Entre tester des dizaines d'extensions pour Mozilla Suite et SeaMonkey, tout en gardant un œil sur les logiciels pour néophytes comme MSN Premium ou Yahoo SBC (après avoir importé le CD d'installation depuis les États-Unis.…). C'est en essayant de transformer le navigateur du client mail Outlook 2003 pour en faire une alternative à Mozilla Suite que j'ai compris : j'avais visiblement un problème.
Passé depuis sur macOS, aujourd'hui la donne n'a pas vraiment changé ; il y a encore plus de logiciels à tester. Le mode compact de Safari est ingénieux, le design d'Opera Air est réussi, les options de vie privée de Brave sont efficaces, l'engagement de Firefox est remarquable…mais on attend encore que la solution parfaite puisse enfin se présenter. Mais non. Toujours pas. Alors pour tenter de maitriser cet éternel chaos, voici quelques outils devenus indispensables.
Choisissez votre navigateur en un clic
Pour suivre l'évolution des navigateurs Web, il est nécessaire de les utiliser régulièrement, dans des conditions réelles et sur des périodes plus ou moins longues.
Sur macOS, certains navigateurs (oui, toi, Opera) ne prennent toujours pas en charge de vrais profils permettant de cloisonner un usage professionnel et une session personnelle. D'autres, (comme toi, Safari) affichent encore quelques problèmes d'incompatibilité sur certains outils de travail optimisés pour Chromium. D'autres encore, se montrent un peu trop curieux (n'est-ce pas, Chrome ?).
Pouvoir changer de navigateur par défaut très facilement devient alors indispensable. Cependant, devoir se rendre systématiquement au sein des paramètres du système... ce n'est quand même pas très pratique.
Vendu pour 4 euros, Browser Ninja est un petit utilitaire venant se greffer dans la barre de menu du système. Il suffit d'y ajouter les différents navigateurs installés sur son Mac et simplement de choisir en un clic celui que l'on souhaite configurer par défaut. C'est simple, efficace et bien pratique.
Les alternatives à Browser Ninja sur Windows :
BrowserChooser : permet seulement d'associer un navigateur à un lien en particulier.
Optez pour une barre d'adresse survitaminée
Pouvoir disposer d'une barre d'adresse partout, quel que soit le navigateur configuré, et peu importe l'application au premier plan, en voilà une bonne idée.
Sans doute l'un des outils les plus polyvalents sur macOS, Alfred App se présente comme un launcher couplé à un moteur de recherche universel. Envoyer des commandes système, définir des automatisations, prendre le contrôle d'applications tierces, les possibilités sont très nombreuses .
D'un côté, Alfred App pourrait faire penser à PowerToys sur Windows en permettant de définir des raccourcis, par exemple, dans notre cas, pour lancer certains favoris au sein du navigateur configuré par défaut. D'un autre côté, à l'instar de l'Omnibox de Chrome, il permet aussi d'effectuer des recherches directement au sein de certaines applications web, qu'il s'agisse de Wikipedia, d'un dictionnaire, d'un agent IA ou d'un traducteur...
Alfred dispose d'une version gratuite, mais l'édition la plus complète est payante, à l'année ou en achat unique. Mais près de quinze ans plus tard, il est utilisé de manière constante entre 30 ou 40 fois par jour.
Contrôlez les navigateurs du bout des doigts
Afficher ou masquer la barre de favoris, ouvrir ou fermer un nouvel onglet, dévoiler une barre de lancement ou un panneau latéral, accéder à l'historique ou aux paramètres... il existe des raccourcis clavier pour à peu près tout sur un navigateur. Et la bonne nouvelle, c'est qu'ils sont souvent similaires d'un logiciel à l'autre. Mais, il y a moyen d'être encore plus feignant.
BetterTouch Tools fait partie de ces utilitaires fourre-tout permettant aussi bien d'optimiser le système de fenêtrage de macOS que d'associer des actions à la souris, au trackpad ou au clavier. Et ce qui nous intéresse ici, c'est le contrôle des gestuelles du touchpad.
Ce petit programme permet donc de définir, pour une application en particulier, ou pour toutes, des gestuelles à deux, trois, quatre ou cinq doigts puis de les associer à des actions, notamment, à des raccourcis clavier. Dans ma configuration, taper avec trois doigts ouvre un nouvel onglet, en les balayant vers le bas, il se ferme, tandis qu'avec quatre doigts, on peut choisir de masquer ou d'afficher la barre de favoris etc... Une fois ces gestes bien maitrisés, le gain de temps est loin d'être négligeable.
BetterTouch Tools n'est pas gratuit. La licence pour deux ans est à $12 ; comptez deux fois plus pour une licence à vie. Il n'en reste pas moins que l'utilitaire tourne en tâche de fond depuis plus de douze ans sur mes machines.
Prenez le contrôle de vos favoris
Tous les navigateurs disposent d'un système de synchronisation de favoris. Le mécanisme est généralement amorcé à l'installation pour opérer un transfert directement depuis un navigateur déjà installé ou via un fichier HTML précédemment exporté. Parfois ces favoris sont rattachés à un compte utilisateur, c'est notamment le cas avec Chrome ou Opera.
Si l'idée d'avoir vos favoris synchronisés sur le serveur d'un GAFAM vous irrite un peu, il est possible de les centraliser sur un espace de stockage personnalisé. L'extension Floccus permet notamment d'opérer une connexion WebDAV à un serveur tiers comme NextCloud. D'autres options de sauvegarde sont également proposées.
Parmi les points intéressants de Floccus, notons la possibilité de créer des profils. Il sera, par exemple, possible de synchroniser ses favoris personnels dans un répertoire spécifique et ses signets professionnels dans un autre. Via un jeu de double synchronisation - "risquée mais maitrisée" - il devient possible de remplacer les favoris de la barre à la volée tout en sachant qu'ils se trouvent tous dans un endroit sécurisé.
Floccus est disponible sur les navigateurs Chromium, Firefox, Android et iOS.
Simplifiez et sécurisez la gestion de vos mots de passe
La prise en main d'un nouveau navigateur est toujours un peu excitante (si, si), et c'est encore mieux si vous avez désormais l'ensemble de vos favoris avec vous. Mais, il n'y a certainement rien de plus pénible que de devoir se connecter sur chacun de ses comptes. C'est sans aucun doute la principale raison pour laquelle j'ai finalement migré vers un gestionnaire de mots de passe. Attention, cela nécessite tout de même de désactiver la collecte directe par le navigateur au sein des paramètres.
Proton Pass, disponible gratuitement, en version premium ou directement avec Proton Unlimited, fait plutôt bien le job pour le remplissage automatique et la génération d'alias personnalisés. Tout est synchronisé dans un endroit chiffré, et c'est quand même bien rassurant.
Finissons simplement par mentionner l'extension Stylebot. Cette dernière permet de modifier n'importe quelle page web en injectant les propriétés CSS de votre choix. Qu'il s'agisse de masquer un élément, de peaufiner un design, voire d'apposer votre propre thème personnalisé sur une Web app, vous prenez le contrôle. Stylebot synchronise l'ensemble de vos feuilles de style via Google Drive, ce qui permet donc de retrouver d'emblée vos modifications d'un navigateur à l'autre, qu'il s'agisse de Firefox ou qu'il soit basé sur Chromium. Pour les adeptes de Safari, regardez du côté de Cascadea.
qui sait ce qui va se passer la semaine prochaine…
