Europol a annoncé, vendredi, avoir procédé à 25 arrestations dans le cadre d'une opération de lutte contre le matériel d'abus sexuel entièrement généré par l'IA, opération à laquelle la France a pu participer.

Les cybercriminels se servent de l'IA pour diffuser des contenus choquants, et en font un business © THE YOOTH / Shutterstock
Les cybercriminels se servent de l'IA pour diffuser des contenus choquants, et en font un business © THE YOOTH / Shutterstock

On peut dire qu'Europol a frappé fort cette semaine en dévoilant, ce vendredi 28 février 2025, les résultats de l'opération Cumberland. Cette dernière a abouti à l'arrestation de 25 individus qui étaient impliqués dans la distribution d'images d'abus sexuels d'enfants générées par l'intelligence artificielle. L'action a été coordonnée entre 19 pays, parmi lesquels la France.

Des images d'abus entièrement créées par IA… sans victimes réelles

L'opération Cumberland, orchestrée principalement par les autorités danoises avec le soutien d'Europol, a permis de démanteler un réseau criminel spécialisé dans la production et la distribution de contenus pédocriminels virtuels, créés donc à l'aide de l'IA. Les arrestations, qui ont principalement été effectuées le 26 février, concernent des suspects répartis dans plusieurs pays, qui pu être identifiés avec le concours des autorités australienne, française, allemande et britannique.

Le cerveau de l'organisation est un ressortissant danois. Il avait été arrêté dès novembre dernier et est accusé de gérer une plateforme en ligne accessible moyennant un paiement symbolique. Ce système permettait aux utilisateurs d'obtenir un mot de passe pour consulter des images d'abus générées par IA. L'agence Europol le rappelle : il a contribué à l'objectification et à la sexualisation des enfants, même en l'absence de victimes réelles.

Le bilan de l'opération fait en tout cas froid dans le dos. On dénombre 273 suspects identifiés, 25 arrestations, 33 perquisitions et 173 saisies. Europol annonce d'ailleurs que d'autres interpellations sont prévues dans les semaines à venir, puisque l'opération est toujours active et qu'elle compte bien achever le démantèlement de ce réseau international.

De nombreux pays ont participé à l'opération Cumberland © Europol
De nombreux pays ont participé à l'opération Cumberland © Europol

Un vide juridique qui complique la lutte contre les contenus pédocriminels

Concernant cette affaire, qui n'est pas loin d'être inédite, Catherine De Bolle, la directrice exécutive d'Europol, déplore que « ces images artificielles aient été générées avec une facilité déconcertante, même par des individus sans expertise technique particulière, ce qui amplifie considérablement la menace ».

Cette criminalité crée malheureusement un vide juridique problématique. L'opération Cumberland constitue il est vrai l'une des premières affaires impliquant exclusivement du contenu généré par IA. Et cela complique d'autant plus l'enquête, compte tenu de l'absence de législation spécifique dans de nombreux pays.

Les États membres de l'UE veulent donc combler ce manque. Ils travaillent actuellement à une réglementation commune, sous l'impulsion de la Commission européenne. Parallèlement, Europol prépare une campagne de sensibilisation ciblant directement les acheteurs potentiels de contenus illicites sur internet, en associant à la fois répression et prévention, pour tenter de maîtriser cette nouvelle forme de cybercriminalité.