La fondation Mozilla se trouve dans une position bien délicate. D'un côté, elle doit revendiquer sa place face à Google et son navigateur Chrome, de l'autre, elle doit se ranger du côté du géant de la recherche face à la justice américaine.

Dans le cadre de son enquête portant le monopole de Google sur le marché de la recherche en ligne, le Département de la Justice aux États-Unis a déjà quelques idées. D'un côté, elle souhaite voir le géant californien se séparer du navigateur web Chrome, considéré comme une formidable porte d'entrée vers le service de recherche de Google. De l'autre, elle souhaite interdire les partenariats de recherche établis par Google avec des entreprises tierces, dont Mozilla.
La fondation Mozilla tente depuis quelque temps de diversifier ses sources de revenus. On retrouve ainsi une souscription pour Mozilla VPN, une autre pour l'outil de lecture Pocket Premium, une autre encore pour son dispositif de surveillance Monitor. La fondation propose par ailleurs son offre Relay Plus, pour créer des alias de messageries et de numéros de téléphone ainsi que divers abonnements à sa bibliothèque de ressources pour développeurs.
Mais malgré ces efforts, la part des revenus de Mozilla provenant de son accord avec Google reste encore à ce jour très significative. Selon les derniers chiffres, les requêtes effectuées sur Google au travers de Firefox représenteraient 85% des revenus de la société en 2023.
De toute évidence, la fondation ne peut donc pas encore se passer de Google et doit maintenir cette position bien inconfortable alors que le géant de la recherche s'impose également sur le secteur des navigateurs Web.

Une solution radicale mais pas efficace selon Mozilla
Pour le département de la justice aux États-Unis, interdire Google de négocier des accords avec des entreprises tierces serait un bon moyen d'enrailler progressivement l'omniprésence de la société sur le secteur de la recherche, notamment si Google se trouve en plus dépourvu de son navigateur Chrome.
Mais pour continuer de survivre, Mozilla a donc besoin de Google et la fondation le clame haut et fort dans un billet de blog. On le sait, Apple et Google aussi ont un accord. En 2023, on estimait que la firme de Mountain View déboursait pas moins de 18 milliards de dollars à Apple pour que google.com soit configuré par défaut sur l'ensemble des iPhone et Mac à travers le monde. Seulement, comme le souligne Mozilla, les revenus d'Apple ne dépendent pas vraiment de cet accord. La multinationale puise son argent en vendant ses terminaux, ses souscriptions ou en récoltant les commissions au sein de l'App Store.
Par ailleurs, si l'on combine tous les navigateurs indépendants ayant un accord avec Google, dont notamment Firefox et Opera, cela ne représenterait que 1,15% de l'ensemble des requêtes effectuées aux États-Unis.
Le web ne peut pas perdre le moteur Gecko
Pour Mozilla, si une telle décision devait être prise, cela mettrait non seulement à mal la fondation mais également le web dans son intégralité. Les développeurs ne seraient plus en mesure de développer le moteur de rendu Gecko, lequel, aux côtés de WebKit, apporte un peu de diversité dans un marché largement dominé par Chromium.
"Il ne s'agit pas seulement de Firefox", explique Mark Surman, président de Mozilla. "Si nous perdons notre capacité à maintenir Gecko, c'est la fin du jeu pour un web ouvert et indépendant", ajoute-t-il avant de rappeler que Microsoft et Opera ont déjà jeté l'éponge sur leurs propres moteurs de rendu, EdgeHTML et Presto.
D'un côté, Mozilla se félicite que Google et Apple aient été obligés de mettre en avant les navigateurs tiers pour favoriser le choix et la diversité. De l'autre, la fondation se voit elle-même obligée de reconnaitre que l'argent de Google reste indispensable à sa survie et, par la même occasion, à maintenir aussi cette diversité.
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