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Dans son processus de restructuration, la fondation Mozilla a licencié près d'un quart de ses employés. Parmi eux certains planchaient sur le moteur de rendu expérimental de Firefox. Qu'est-ce que cela signifie pour l'avenir du navigateur ?

Mise à jour à 16h21

Le site Mozillazine.fr, indépendant de la fondation Mozilla, précise que les licenciements portent sur les ingénieurs de Servo, et ne concernent pas Gecko "dans lequel ont été intégrés certains composants expérimentés dans Servo (notamment dans Quantum)".

Paul Rouget, figure emblématique française chez Mozilla, a participé aux travaux de recherche de la fondation. Après cinq années de bénévolat, il est resté salarié 12 ans avant d'être remercié. Sur son site personnel, Paul Rouget explique avoir créé la première génération des outils de développement de Firefox. Il a également pris part au développement du langage de programmation Rust, spécifiquement centré sur la sécurité. Mais surtout, il faisait partie de l'équipe de chercheurs travaillant sur Servo, le moteur de rendu de nouvelle génération concocté par Mozilla et dont certains composants ont été implémentés au sein de Firefox en 2017.

L'épineuse question du moteur de rendu

Puisque le Web repose sur des standards ouverts, l'affichage des sites Internet doit être le même au travers de l'ensemble des navigateurs, indépendamment de leur moteur de rendu. Pourtant, cela a rarement été le cas.

Lorsque Internet Explorer dominait le marché, Microsoft avait conçu son propre moteur Trident. Ce dernier ne se basait pas autour des standards régis par le consortium W3C. Toutefois, les développeurs web étaient obligés d'optimiser le code HTML afin de rendre leurs sites accessibles au plus grand nombre. Microsoft était alors accusée d'entretenir un monopole avec une solution de mauvaise qualité.

La montée de Firefox a permis de changer la donne en introduisant le moteur Gecko. Historiquement, le navigateur Opera reposait pour sa part sur Presto et chez Apple, les développeurs de Safari articulaient leurs travaux sur WebKit. C'est ce dernier que Google a premièrement implémenté au sein de Chrome avant de concevoir un dérivé baptisé Blink.

Chromium, plus fort que les standards

Toutefois, malgré la présence de standards nous connaissons encore aujourd'hui une situation offrant peu de diversité. La montée en puissance de Google Chrome a orienté les développeurs Web à optimiser leurs sites strictement pour ce navigateur.

Opera a abandonné Presto au profit de Chromium. La société norvégienne expliquait passer trop de temps à ajuster son moteur pour le rendre compatible avec les sites Internet. C'est également le cas de Microsoft pour son navigateur Edge. L'éditeur de Redmond a tenté en vain de rendre Trident compatible avec les standards, mais s'est vu confronté à des sites spécifiquement pensés pour Chrome.

Plus globalement, mis à part Firefox, le Web repose donc sur presque entièrement sur WebKit. Et la situation est pire sur mobile puisque sur iOS, Apple force Mozilla a faire usage de ce moteur au sein de Firefox.

Quel est l'avenir de Firefox ?

Paul Rouget explique sur son site que tous les ingénieurs de Servo ont été licenciés au mois d'août. On le sait, le navigateur enregistre un fort déclin. Alors pour réduire les dépenses, la question mérite d'être posée : la fondation Mozilla prévoit-elle, elle aussi, de migrer vers Chromium ? Il semblerait en tout cas que les travaux de recherches de Servo pour optimiser Gecko aient été abandonnés.

Cette décision irait à l'encontre de la vision initiale de la fondation prônant le choix et la diversité.

Source : Paul Rouget