La presse nationale n'a pas de mots assez durs pour qualifier la négligence commise par l'administration de Sa Majesté britannique. Deux CD, contenant les données personnelles d'une bonne partie de de la population du pays, ont été égarés le 18 octobre dernier. Protégées par un simple mot de passe, ces informations n'auraient même pas été chiffrées, ce qui les laisse virtuellement à la portée du premier pirate venu. Noms, numéros de sécurité sociale et identifiants bancaires de 7,25 millions de sujets de la Couronne se sont volatilisés dans la nature. Tourné en dérision, le gouvernement n'a eu d'autre choix que d'exprimer ses plus plates excuses à la population.
L'affaire a tout d'un gag : le 18 octobre dernier, un employé des bureaux de l'administration fiscale fait partir, par l'intermédiaire d'un transporteur privé, deux CD à destination du bureau des statistiques londonien. Problème : les données ne sont jamais arrivées à destination, et n'ont pas été expédiées en recommandé. Le 8 novembre, l'administration fiscale est prévenue. Le 15, l'affaire est portée à l'attention de la police, avant d'être rendue publique quelques jours plus tard. Pourquoi un tel délai ? Gordon Brown, le Premier ministre britannique, explique à The Guardian qu'il correspondait au temps nécessaire aux banques pour vérifier qu'aucune activité suspecte n'avait été enregistrée sur les comptes des victimes de cette perte d'informations.
Tandis que la police continue ses recherches, Gordon Brown présente ses excuses à ses compatriotes. L'affaire est d'autant plus gênante que cette perte de données n'est pas la première que connait l'administration britannique, et qu'elle donne du grain à moudre à ceux qui s'opposent aux différents projets d'informatisation des données personnelles comme les dossiers médicaux mis en train par le gouvernement. La carte d'identité biométrique, que déploient actuellement la majorité des pays européens, est également pointée du doigt.