L’US Air Force a récemment annoncé que le drone XQ-58A Valkyrie de la société Kratos avait été utilisé pour déployer depuis sa soute interne un mini-drone ALTIUS-600. L’essai s’est déroulé le 26 mars dernier et marque une étape importante pour Kratos, qui nourrit de grandes ambitions auprès des forces armées américaines.
A terme, Kratos espère être sélectionné dans le cadre du programme Skyborg, qui vise à créer des nuées de drones autonomes exploitant au mieux les dernières technologies IA.
Valkyrie, le drone taillé pour l’escorte
Développé depuis 2016, le XQ-58A Valkyrie est un drone furtif de 6,7m d’envergure, conçu pour être low-cost et donc « sacrifiable » (attritable en anglais). Ses performances doivent lui permettre de pouvoir accompagner les avions de combat américains dans leurs missions, où il servira de relais de communication, de plateforme de reconnaissance ou d’appareil d’escorte électronique. Toutefois, sa conception repose sur des technologies existantes et éprouvées, ce qui permet de réduire ses coûts de développement et de tolérer un taux de pertes assez élevé en opérations. Cette nouvelle conception, qui tranche avec la vision classique des programmes de drones américains, se retrouve également chez les principaux concurrents du Valkyrie, notamment le Loyal Wingman de Boeing.
Répondant parfaitement aux impératifs des programmes de drones de nouvelle génération, le Valkyrie doit pouvoir opérer en essaim. Dotés de liaisons de données à haut débit et résistantes au brouillage, les Valkyrie doivent ainsi pouvoir opérer en groupe en se répartissant les tâches à accomplir. Mieux encore, Kratos souhaitait dès la conception du Valkyrie que ce dernier soit capable de déployer ses propres essaims de mini-drones sacrifiables, capables d’effectuer une multitude de tâches allant de l’identification de cible à l’attaque électronique, en passant par la lutte anti-drones.
Un drone porte-drones, et bien plus encore
Le 26 mars 2021, la soute du Valkyrie s’est donc ouverte pour larguer un ALTIUS-600, un mini-drone tactique d’environ 12 kg produit par Area-I. Ce petit drone est déjà bien connu des forces armées, qui l’utilisent depuis des hélicoptères, des avions de transport et même des véhicules au sol ou des navires, aussi bien pour des opérations de renseignement, la préparation de frappe ou des missions de sauvetage. L’année dernière, un premier essai de largage d’ALTIUS-600 depuis un drone à hélice MQ-1C Gray Eagle avait d’ailleurs été mené par l'US Army.
Pour Kratos, la compatibilité du Valkyrie avec l’ALTIUS-600 n’est pas une fin en soi, mais plutôt une première étape vers des projets plus ambitieux. L’entreprise a en effet été sélectionnée par l’US Air Force, avec Boeing et General Atomics, pour fournir prochainement les démonstrateurs du programme Skyborg, qui vise à repousser les limites de l’utilisation de l’intelligence artificielle.
Pour l’heure, les IA intégrées aux drones servent principalement à la gestion du vol, permettant à un opérateur humain de contrôler à distance les paramètres tactiques et la charge utile. A l’avenir, Skyborg vise à doter les drones d’accompagnement de capacités semi-autonomes : à partir de paramètres de missions simples, ces derniers sauront comment gérer au mieux leurs missions d’escorte, l’humain ne restant dans la boucle décisionnelle que pour contrôler d’éventuels tirs d’armes, ou pour redéfinir à la volée les paramètres de mission.
Source : Defense News